Ca faisait un petit moment que "La mémoire des cendres" était dans ma bibliothèque. Je ne sais plus comment il y est arrivé. Je viens de refermer ses pages avec émotion. Les poèmes de Scheinert m'ont touchée. Certains sont noirs et violents. Forcément, ils évoquent la Shoah. D'autres sont teintés d'humour, de tendresse, de force. J'ai beaucoup aimé !
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Le souffle
Toi seule conduit ma plume et dit ce qu’elle doit écrire, la grotte ou le plein ciel, l’amour ou la cité, l’horreur ou le silence.
Serai-je finaud ou indigné, serein ou furieux, drôle ou douloureux, médusé par un charme ou charmeur de serpents ?
La route sera-t-elle droite, creusée d’aléas, ou en quelques secondes, vivrai-je au paradis, entouré d’un harem ou étreint par une seule ?
Je te cherche partout et nulle part ne te trouve, je parcours le monde, et tu es là sous mon nez, au beau milieu de la page.
Déjà je m’efface, déjà je m’évanouis, le bipède impérieux n’est rien en ta présence, je plonge à ta suite, toi, évanescence.
Une rue provisoire :
Dans cette vieille rue sans rime ni raison, presque provisoire, un chat fond doucement dans le flou de la façade.
Pas une âme ne rompt le silence des portes, seules venant d'en haut la chanson des cerises et l'odeur des confitures.
Une fillette débouche en vélo et vous dévisage de ses grands yeux, dont on a peur de troubler l'innocence.
La paix de la rue est une tisane bienfaisante qu'un vieillard assis sur le seuil boit dans un bol bleu.
Le chat est dans le mur, la petite fille sur le vélo, le nez du vieillard dans la tisane et la chanson dans l'air à la ronde.
Il fait doux et silencieux dans cette vieille rue où le soleil et l'ombre se font des confidences.