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Olga et Herbert se connaissent depuis l'enfance et s'aiment mais dans cette Allemagne de fin de XIXème siècle, la famille bourgeoise d'Herbert voit d'un mauvais oeil cette relation avec une fille d'un milieu modeste, qui, de surcroît affirme sa force de caractère en suivant des études pour devenir institutrice. Et Herbert, malgré ses sentiments, se rêve aventurier, un destin qu'il va connaître d'abord avec son service militaire, en Afrique du Sud-Ouest, à l'époque colonie allemande, puis en voyageant dans la péninsule russe du Kamtchatka, et enfin organisant une expédition pour l'exploration de l'Arctique en passant par le Nord-Est. Une expédition qui va être considérée comme perdue après plusieurs tentatives infructueuses de recherches. La vie d'Olga va continuer, malgré la plaie béante de cette disparition.

En s'inspirant de la vie d'un explorateur ayant réellement existé - Herbert Schröder-Stranz, Bernard Schlink évoque l'histoire de l'Allemagne au tout début du XXème siècle quand elle se livre dans sa colonie (l'actuelle Namibie) -, au massacre du peuple Herero qui s'était soulevé pour se libérer du joug allemand, un massacre qui sera considéré comme le premier génocide du XXème siècle. C'est également l'aventure de l'exploration du Pôle Nord, qu'il tente, mais une préparation bâclée et un départ tardif conduiront à sa disparition et celle de son équipe. Mais au delà de l'histoire avec un grand H, Olga évoque également l'histoire d'amour que la jeune fille va idéaliser pour se construire, l'acceptation de la mort d'Herbert étant trop douloureuse. Et c'est au travers du regard d'une famille pour laquelle elle travaille comme couturière, que l'on suit la vie de cette femme, qui reste d'une fidélité indéfectible à son amour disparu, un amour que l'on peut découvrir au travers de ses lettres.
Olga, avec sa construction originale, est un très beau portrait de femme, c'est également une très belle histoire d'amour sublimé et l'évocation d'évènements historiques méconnus de l'Allemagne du début du siècle dernier.
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Née à la fin du XIXè siècle dans une ville de Silésie, Olga n'est encore qu'une petite fille quand ses parents meurent du typhus. Elle est alors recueillie par sa grand-mère qui l'emmène dans son village de Poméranie. Cette enfant éveillée et curieuse, animée d'une intarissable soif d'apprendre n'est pas au goût de son aïeule et son refus obstiné de se faire appeler Helga -Olga étant jugé trop slave- marque le début d'une vie commune faite de mésentente et de conflits larvés. Mais Olga ne se laisse pas démoraliser par ce foyer sans amour et c'est à l'école qu'elle s'épanouit malgré les obstacles que dressent sur la route du savoir, l'instituteur et le pasteur. Olga est déterminée à étudier et à devenir institutrice. L'amour, elle le découvre dans les yeux puis dans les bras de son meilleur ami, Herbert. Elle n'est qu'une fille du village parmi les autres, une pauvresse orpheline, lui est l'héritier de la plus riche famille du village, des propriétaires terriens à la tête d'un empire sucrier. Ces deux-là s'aiment envers et contre tout. Olga qui rêve d'enseigner et Herbert qui ne pense qu'à parcourir le monde, à le conquérir au nom de la grande Allemagne. Cet amour jugé impossible par tous survivra aux temps, aux guerres et même à la mort. Toute sa vie, Olga sera la femme d'un seul homme…

C'est l'histoire d'une femme, d'un amour, d'un pays.
Olga, que l'on découvre se tenant à peine debout sur ses deux jambes et que l'on quitte nonagénaire morte héroïquement, est l'une de ses femmes de papier qui marque profondément un lecteur.
Olga tient à la fois du chêne et du roseau, elle ne plie pas, elle ne rompt pas. C'est une femme libre, une féministe avant l'heure, passionnée par son métier d'institutrice à une époque où les femmes ne sont pas vouées à faire des études et exercer une profession. C'est une femme amoureuse aussi. D'un homme qui n'est pas pour elle, d'un égoïste, d'un courant d'air. Mais Olga est fidèle et jusqu'au bout de sa vie, elle continuera à lui écrire, poste restante à Malmø, dans ce Grand Nord où il a disparu corps et biens. Lui contant son quotidien solitaire, son attachement indéfectible et les grandes secousses de l'histoire. Car Olga est née en Allemagne. Un petit pays qui rêve de grands espaces. de Bismarck à Hitler, ses dirigeants ont toujours vu trop grand, trop serrés dans les frontières d'une Allemagne qu'ils voulaient ‘'über alles''. Olga a connu les deux guerres et n'en a jamais démordu, c'est la folie expansionniste instillée par Bismarck qui a conduit son pays à sa perte. Libre penseuse, Olga a résisté aux appels patriotiques et aux sirènes du nazisme, ne ressentant qu'une immense peine pour tous ces jeunes soldats sacrifiés.
Olga est une femme simple dont la vie recèle pourtant bien des secrets. C'est avec Ferdinand, jeune homme d'abord, puis vieillissant lui aussi, que nous pénétrons dans l'intimité de cette femme hors du commun. Elle a été pour lui une amie, une confidente, une conseillère, une mère, une grand-mère, et il a été fidèle à ce lien toute sa vie, curieux de son histoire et de ses secrets.
Olga est un magnifique roman, une belle leçon de vie, le parcours émouvant d'une femme forte et inspirante. Un coup de coeur.
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Fin du XIXe siècle, Olga orpheline est élevée par sa grand-mère qui ne l'a jamais portée dans son coeur, comme si elle était une déception ou le rappel de quelque chose de fâcheux. Elle est solitaire, elle n'est pas intégrée, n'a aucun ami jusqu'au jour où elle trouve quelqu'un qui est aussi différent. Herbert, son père est l'homme le plus riche du village. L'amitié va se transformer en amour, mais Herbert rêve de vastes horizons, aventurier passionnément attiré par les grands espaces lointains. Il n'aura de cesse de voyager, jusqu'à disparaître.

J'ai bien aimé la construction originale de ce récit en trois parties. Dans la première, le narrateur raconte la vie d'Olga jusqu'à sa retraite. Elle obtient alors un poste de couturière dans une famille de pasteur et se lie d'amitié avec le plus jeune des enfants, Ferdinand. Dans la deuxième partie, celui-ci devient le narrateur jusqu'à ce qu'il retrouve des lettres qu'Olga a adressées régulièrement à Herbert. Ces lettres vont constituer la troisième partie et nous éclairer sur la vie de cette femme volontaire, indépendante, intelligente, tolérante et aimante qui espère pendant des années le retour de l'être aimé.

Un récit tout en sensibilité pour raconter une triste histoire d'amour, mais ce roman est aussi un morceau d'Histoire contemporaine de l'Allemagne. J'ai apprécié la mélodie de la vie d'Olga entre accomplissement et déception. Des chapitres brefs, une écriture simple, un personnage fort, tous les ingrédients pour un bon roman.

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Le premier tiers d'Olga, dernière traduction en date de Bernhard Schlink, est comme une vie en accéléré. Celle d'une femme qui a vécu dans l'ombre de l'histoire allemande : les ambitions coloniales, deux guerres mondiales, jusqu'au terrorisme des années 70. Une existence anonyme, dans la simplicité, rien d'une héroïne a priori. Sauf que Schlink, après avoir presque tout dit, semble t-il, change de focale dans les deux autres parties du livre et raconte Olga à travers quelqu'un qui l'a connu à l'automne de sa vie et s'est tellement intéressée à elle qu'il s'évertue à rechercher des lettres envoyées à l'homme de sa vie, égaré dans un voyage en terre inconnue. Ainsi, le portrait s'affine au fil des pages, devient plus intime et nous fait aimer cette femme de convictions, lucide quant à l'évolution dramatique de son pays et amoureuse éternelle d'un homme qui s'est perdu dans la fuite et n'a pas su voir que le bonheur était proche de lui et non dans des aventures aux allures de suicide. le style de Schlink peut paraître froid, notamment dans toute la première partie du livre. Il est surtout clair et limpide, au service d'une architecture narrative d'une grande intelligence qui récompense le lecteur dans ses dernières pages avec l'émotion qui affleure et un joli pied de nez final, qui l'est aussi vis-à-vis de l'histoire de l'Allemagne.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Une histoire passionnante, d'amour, de fidélité, de transmission, qui me reste en mémoire bien des semaines après la lecture. Un portrait absolument brillant d'une femme forte, passionnée et audacieuse, qui sera contrainte de vivre en deçà de ses capacités intellectuelles, privé de son amour. C'est également l'histoire d'un homme, Herbert-Stranz, explorateur méconnu, qui brillera par son absence dans la vie d'Olga.

« Elle se blottit contre lui et il passa son bras autour d'elle."Que vas-tu chercher là-bas ?– Nous Allemands…– Non, pas nous Allemands. Que vas-tu chercher, toi ?"Il gardait le silence, et elle attendit. Tout à coup, le bruit du vent, le cheval qui s'ébrouait et le chant du rossignol lui semblèrent tristes. Comme s'il lui était signifié que sa vie serait attente et que l'attente n'aurait pas de but, pas de fin. »
En toile de fond, la grande Histoire de l'Allemagne, ses ambitions coloniales excessives, ses guerres mondiales, les actes terroristes des années 70.

La construction du récit est intelligente. Elle permet au lecteur de découvrir le personnage d'Olga au fur et à mesure de sa lecture, sa vie et sa relation amoureuse avec Herbert, l'homme de sa vie, son lien également avec le narrateur du récit, et de faire monter l'émotion du lecteur crescendo pour finir en apothéose.

Une écriture épurée, comme dans "Le Liseur", livre que j'avais également beaucoup apprécié.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Après le plaisir d'avoir lu le recueil de nouvelles « Couleurs de l'adieu », j'ai voulu découvrir un roman du même auteur et dans ma bibliothèque, je mets la main sur ce livre. Allez hop ! Et surprise, il y est inscrit « pique-nique babelio 2022 ». Merci à Christelle :-)

Fin 19ème siècle, en Allemagne. Olga. Olga, orpheline de père et mère, est recueillie par sa grand-mère qui ne cesse de la malmener. Très vite, la petite fille a le goût de la lecture, de l'écriture et n'a qu'un rêve : faire des études afin de devenir institutrice, alors qu'elle est prédestinée à n'être qu'une ouvrière. Dotée d'un caractère volontaire, bravant les interdits, repoussant les obstacles, Olga est une femme forte, ambitieuse, persévérante, mais jamais elle n'oublie où est sa place dans la société en cette fin du 19è siècle. Et ce, malgré l'amour d'enfance avec Herbert, fils d'un riche industriel. Cet amour réciproque grandit avec eux... Y a-t-il quelque espoir ? D'autant plus qu'Herbert ne rêve que de partir.

Un magnifique roman avec un personnage féminin qui se bat pour avoir le droit à la culture dans une société rigide, aux convenances sociales qui se veulent inaltérables mais aussi le portrait d'une femme amoureuse passionnément.
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Voici un excellent roman dans l ambiance de la fin du 19 ème siècle au coeur de l'empire Allemand.
Olga fait tout pour devenir institutrice dans un monde où les femmes ne peuvent pas encore prétendre à tous les métiers. Elle se bat et réussit professionnelement. Son premier amour décide de partir dans une expédition périlleuse dont elle reste sans nouvelles. Et c'est là la touche originale de l'auteur .Il nous emmène dans un voyage épistolaire ou l'on découvre au rythme des lettres l'amour puis l'inquiétude que Olga ressent au fil du temps.
On retrouve le même plaisir de lecture que la personne qui découvre les lettres dans le roman.
A la fin du roman, en guise de cadeau, l'auteur nous fait découvrir une facette inattendue de l'héroine. On découvre alors la véritable identité de Olga et on en reste sans voix…

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Olga ou la passion presque irrationnelle d'une femme pour un homme.
Orpheline, elle est issue d'une famille modeste, lui enfant de bourgeois peu tolérants ; ils fréquentent la même école. Ils ne se quitteront plus même quand Herbert n'est pas là, n'est plus là, quand elle ne sait pas où il est.
Une lecture en demi-teinte malgré un style impeccable car les 150 pages sont laborieuses et m'ont presque perdues.
Et puis, arrivent les 100 dernières pages, les lettres qui mettent de la lumière dans ce roman. On ne peut pas rester insensible à l'humanité de la mystérieuse et lumineuse Olga.
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Un très beau roman dont le personnage principal, Olga, est difficile à quitter, à oublier.
Début du siècle en Allemagne, Olga est confiée à une grand-mère peu affectueuse ; sa présence semble encombrante alors même que la fillette est douce, gentille et sans problème.
A l'école, elle rencontre Herbert et Viktoria sa soeur - les enfants des notables du coin. Une jolie amitié se noue entre eux et, à l'adolescence, des sentiments plus profonds s'installent entre Olga et Herbert.
Malgré un amour sincère, leurs aspirations divergent : Olga souhaite intégrer l'école normale et devenir enseignante, Herbert est attiré par des contrées lointaines qu'il souhaite conquérir pour honorer la grandeur de son pays.
La 4ème de couverture étant très succincte, je ne savais pas vraiment quel était le sujet du roman - je me suis juste fiée à la renommée de l'auteur dont j'avais, comme beaucoup, adoré le liseur.
L'histoire ne suit pas du tout un cours attendu et, tournant les pages, je me demandais où Schlinck souhaitait amener son lecteur. Toujours avec plaisir, et parfois avec surprise, j'ai suivi Olga, ses menues joies et ses grands espoirs, ses attentes et ses grandes déceptions. Quelle femme, quel beau personnage, intelligent et sensible, profond et bienveillant, aux intuitions fulgurantes.
Olga est un roman d'amour mais pas seulement : il évoque aussi la guerre et l'ambition des hommes ; l'ineptie d'un patriotisme romantique souvent destructeur.
La narration, en trois parties distinctes, éclaire le destin d'Olga de diverses façons et cette construction produit à la fois de l'inattendu et renforce l'empathie générée par la conduite d'Olga, la façon dont elle a mené sa vie : libre et bienveillante.
Beau style, belle et triste histoire : à lire.
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Fin du XIXème siècle, en Allemagne. de basse condition et orpheline, Olga devient la compagne de jeu de Herbert et Viktoria, enfants d'un riche industriel. Les années passant, Olga et Herbert développent des sentiments amoureux et resteront fidèles l'un à l'autre alors même que les conventions sociales ne leur permettent pas de se marier.
Herbert se révèle attiré par les voyages et la conquête des grands espaces. C'est ainsi que, quelques mois avant la première guerre mondiale, il entreprend une expédition en Arctique dont il ne revient pas.
A travers le portrait d'une femme forte et passionnée, de son amour indéfectible pour un homme porté par les rêves de grandeur de son pays, l'auteur nous délivre son approche des politiques coloniales et expansionnistes de l'Allemagne.
Olga est une femme terriblement attachante, à la vie bien remplie, dont le lecteur découvre les tenants et les aboutissants dans la dernière partie du roman grâce à une construction très habile qui se fait fi de la chronologie.
Un pan d'histoire, de belles tranches de vie : un excellent roman

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