Le village décrit par le manuscrit du bénédictin, et nommé par lui Kennaquhair, est connu en effet sous une dénomination qui se termine par la même syllabe celtique que Traqubair, Caqubair, et autres composés. Le savant Chalmers tire le mol quhair du cours sinueux d’une rivière, étymologie qui coïncide singulièrement avec les nombreux détours de la Tweed près du village dont nous parlons. Ce village fut long-temps célèbre à cause du superbe monastère de Sainte-Marie, fondé par David Ier, roi d’Écosse, sous le règne duquel se formèrent dans le même comté les établissements non moins considérables de Melrose, Jedburgh et Kelso. Les concessions de terres dont le roi dota ces opulentes communautés lui firent donner par les historiens monastitques l’épithète de saint, et lui attirèrent de la part d’un de ses descendants appauvris ce reproche amer d’avoir été un rude saint pour la couronne.
Il paraît néanmoins que David, monarque sage autant que pieux, n’était pas uniquement mu par des motifs religieux dans sa munificence envers l’Église, mais qu’il alliait des vues politiques à sa pieuse générosité. Ses possessions dans le Northumberland et le Cumberland étaient devenues précaires depuis qu’il avait perdu la bataille de l’Étendard[3] ; et comme il avait à craindre que la vallée comparativement fertile de Teviot ne devînt la frontière de son royaume, on peut penser que le roi voulût sauver une partie de ces précieuses possessions en les plaçant entre les mains des moines, dont les propriétés furent long-temps respectées, même au plus fort de la rage des partis guerroyant sur la frontière. Ce n’était que par ce moyen que David pouvait assurer protection et sécurité aux cultivateurs du sol ; en effet, les possessions ecclésiastiques furent pendant plusieurs siècles une terre de Gessen, jouissant d’un calme profond, tandis que le reste de la contrée, occupé par des clans sauvages et des barons maraudeurs, offrait une scène affreuse de confusion, de sang et de licence effrénée.
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Comment un roman qui met en scène les dernières heures de la chevalerie peut-il nous aider à comprendre le triomphe actuel du réalisme politique ? C'est le tour de force réussi par l'homme qui a inventé le roman historique.
« Quentin Durward » de Walter Scott, c'est à lire aux éditions Omnibus.