Retour à Watersbridge est le genre de roman qui vous marque dans votre vie de lecteur.
James Scott dépeint ici une Amérique sombre, noire, sauvage telle que je me l'imagine en tout cas. Tout se règle à coup de gâchette dans cet univers qui n'a pas tout à fait tourner la page des cow-boys.
Elspeth est sage-femme. Elle part parfois des mois loin de sa famille qui vit dans une maison reculée au fin fond de l'État de New-York, le premier village étant à six heures de marche. Alors qu'elle rentre d'une de ses tournées, elle retrouve sa famille massacrée par trois mystérieux hommes aux foulards rouges. Un seul de ses enfants a survécu: Caleb, douze ans. le fils et la mère vont alors s'unir pour faire justice eux-mêmes.
La scène inaugurale de ce roman est incroyable. On ressent dès les premières pages que quelque chose cloche. Et puis, en même temps qu'Elspeth, on découvre le massacre d'une famille. Et bientôt, la vengeance sourd dans les veines de Caleb et de sa mère. On devine aussi que les liens unissant Elspeth à sa famille sont spéciaux. On découvrira rapidement dans quelles circonstances elle a eu ses enfants, comment elle a rencontré Jora, son mari. Un mari bien étrange d'ailleurs qui répond par sentences religieuses. En effet, dans cet univers rude et sombre, la religion pèse comme un couvercle et régit encore les vies au quotidien.
Quand Caleb et sa mère se lancent à la poursuite des assassins, il n'y a pas de course-poursuite effrénée ici, cheval au galop mais un
retour à Watersbridge, la ville natale de Caleb. Pour y parvenir, Caleb et sa mère devront d'abord affronter la nature sauvage, rude, sans pitié. C'est l'hiver: il neige. Il faut se frayer un chemin dans les congères, ne pas s'endormir, succomber à la paresse sous peine de mourir de froid. Et il y a enfin l'arrivée à Watersbridge, une petite ville constituée de trois ou quatre rues: sa mine, son bordel, ses quelques boutiques. C'est là que les personnages s'établissent pour tenter de retrouver les tueurs.
Certains passages sont un peu longuets. On suit assez longtemps Caleb et Elspeth à Watersbridge, cherchant du travail mais n'enquêtant pas vraiment. Les silences entre le fils et la mère sont souvent longs, remplis de non-dits et de gêne et participent à l'économie du roman. On bascule peu à peu dans un roman noir, un polar glauque et sombre malgré la blancheur sépulcrale de la neige qui emprisonne tout.
Quant à la fin, je ne m'y attendais pas du tout. J'ai été ébahie, bouleversée par le chemin qu'avait choisi d'emprunter l'auteur. Quelle fin magistrale à la hauteur de tout le livre finalement!
« Retour à Watersbrige » est un premier roman fort et sombre qui me laissera un souvenir profondément gravé dans la mémoire.
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