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3,66

sur 352 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les romans historiques dont l'action se déroule au Moyen-Age m'attirent, mais souvent le Moyen-Age n'est qu'un décor, une toile de fond pour une histoire qui pourrait tout aussi bien se passer à une autre époque. Là, tous les détails historiques sont en lien avec l'action, qu'il s'agisse du siège de Kaffa, des geôles de l'inquisition, du jardin de simples du monastère, de la fabrication des vélins, des béguines, des disputes entre franciscains et dominicains ...
Il n'y a pas vraiment une enquête au sens strict, mais le lecteur se pose vite beaucoup de questions et, comme Antonin, s'interroge sur le contenu des confessions du prieur Guillaume. Que peut bien vouloir confesser Guillaume qui justifie le luxe du vélin et l'intérêt de l'Inquisition ? le lecteur le découvre, par épisodes, car le prieur Guillaume sait ménager ses effets et garder ses secrets les plus importants jusqu'au dernier moment. Au passage nous voyageons beaucoup (France, Allemagne, Crimée, et même Italie), la plupart du temps à pied. Certes la langue employée n'est pas d'époque, heureusement d'ailleurs (le plus important est que l'état d'esprit et les mentalités le soient). Par ailleurs, c'est un roman très bien documenté, avec beaucoup d'érudition qui s'intègre parfaitement dans le récit au fil des nécessités de l'intrigue, par ailleurs passionnante. A vrai dire j'ai eu, tout comme les personnages, bien du mal à suivre la pensée de Maître Eckhart (personnage historique bien réel mort en 1328) . C'est sans doute à cause de cela que, malgré toutes les qualités que je trouve à ce roman, je ne me suis pas sentie emportée comme avec le Nom de la Rose.
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Pas sûre d'avoir vraiment tout compris, cependant c'est un grand plaisir de lecture de ce roman. On ne peut pas ne pas penser au Nom de la Rose, puisqu'il y est question de livres, de monastère et d'Inquisition... S'y ajoutent la peste, des concoctions des plantes, des béguinages, et on apprend plein de choses. Malgré quelques longueurs à mon goût au milieu du livre dues au fait que le narrateur raconte à son disciple sa propre histoire lorsqu'il était lui même un disciple, c'est un vrai polar historique qui nous tient en haleine avec quelques péripéties gratinées. Mes amis babeliotes vous en diront plus dans les critiques ci dessous...
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J'avoue que j'ai toujours eu un faible pour les romans comme celui-ci, dont l'action se situe au moyen âge, à l'heure où l'église est toute puissante et omniprésente à chaque instant.
Non pas que cela ait été une période plaisante et que cela soit une bonne chose..non. Et ce n'est pas la lecture de "Croix de cendre" qui va me faire changer d'avis.

Pour autant, j'aime me plonger dans cette période et ce livre érudit est passionnant.
L 'inquisition, la peste, les trahisons, des sujets plein de noirceurs mais au milieu desquels se glissent quelques lueurs de clarté et de bonté tels que l'amitié, le courage, l'espoir.

On peut le qualifier à la fois de polar historique, l'histoire est inspirée de personnages réels (je l'avoue, je ne connaissait pas Maitre Eckhart, ma culture générale remonte un peu), de roman d'aventure, d'étude théologique.

Un saut dans le passé à la fois dépaysant et instructif servi par une écriture de qualité.


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Au monastère de Verfeil, à quelques kilomètres de Toulouse, l'hiver fut froid en cette année 1367. Même « les cierges grelottaient ».
Le livre s'ouvre sur un dialogue entre deux frères dominicains, certes victimes du froid mordant de ce mois de février, mais dont le vocabulaire ne correspond sûrement pas au langage utilisé à cette époque, qui plus est dans un monastère ! Mais mis à part ce petit écart qui nous éloigne un peu d'une période moyenâgeuse, ce roman est un pur dépaysement historique agitant dans son chaudron bouillonnant rivalités religieuses, amitiés fraternelles, écrit mystérieux, souvenirs redoutables, bactéries redoutables, ambition, hérésie, Inquisition… Avec une telle mixture, inutile de préciser que le lecteur doit rester vigilant, ne pas laisser passer les informations. Heureusement, l'auteur a une plume qui glisse aisément sur toutes ces données, nous laissant dériver sans trop d'efforts vers 1367 et ses précédentes années.

Retournons au monastère. Les poumons du prieur Guillaume lui donnent une respiration sifflante, ses jambes sont toutes congestionnées, autant de signes pour ne pas négliger plus longtemps le devoir d'écrire ses mémoires. Pour que celles-ci soient gravées durablement, il envoie les deux jeunes frères Antonin et Robert quérir à Toulouse du parchemin et de l'encre de grande qualité.
En périphérie de la ville la peausserie dégageait sa puanteur. À Toulouse, un attroupement se forme autour d'une maison abritant des lépreux, et, au détour d'une rue, des oblats intiment l'ordre aux deux frères de les suivre à la maison de l'Inquisition où Robert sera fait prisonnier, accusé d'avoir molesté un franciscain.
Ce n'est pas uniquement cet hiver-là que la bonté chrétienne entre franciscains et dominicains est de glace. Leurs doctrines diffèrent et où il y a différence, il ne peut y avoir d'entente.
Robert deviendra otage, et Antonin poussé à la traîtrise pour préserver la vie de son ami. L'Inquisiteur désire connaître l'histoire qui va être gravée sur le vélin. Pourquoi ces signes de cruauté, de perversité, pour de simples souvenirs d'un prieur ?
Même dans les prières Antonin ne peut apaiser la morsure de la trahison qu'il commet envers le prieur alors que son angoisse vis-à-vis du frère Robert ne fait que croître.
Sous les doigts d'Antonin, les pages du vélin se remplissent, lentement, sous la dictée du prieur qui parle de la peste, de son temps de novice au service du grand maître Eckhart. C'est cette figure, celle d'Eckhart, un maître en théologie mystérieux, troublant, qui va venir assombrir les confessions de Guillaume. Alors que Robert souffre en silence, dans un cachot à l'air vicié, victime de l'Inquisition, les mots se gravent, à la lueur des cierges, dans la chair du vélin. Des mots qui font défiler l'Histoire, avec toute l'intolérance et les batailles continuelles qui la peuplent et la peupleront toujours.
La puissance du gros inquisiteur, au nom de la soi-disant volonté de Dieu, est sournoise mais implacable puisque ses condamnations sont là pour purifier. Et ce sentiment de pouvoir ne se lâche pas...

Bien qu'au sein de couvents, rien de fraternel ne suinte des murs de cette histoire. Avidité et ambition sont en revanche bien présentes. C'est peut-être dans le jardin où les simples s'égayent que l'on trouve un peu de paix dans ce roman foisonnant. Il nous instruit sur de nombreux sujets comme les béguines, les sermons provocants et dangereux de maître Eckhart, les haines entre franciscains et dominicains, les hérésies ou tout ce qui était jugé comme tel... Une lecture instructive et aventureuse qui tourbillonne au fil des pages, dans un Moyen Âge qui ne manquait pas d'animation.
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Tout simplement brillant.

France, 1367, vingt ans après les ravages cataclysmiques de la Peste Noire.
La sainte Inquisition fait rage. Les hérétiques flambent sur les bûchers.
Guillaume, prieur Dominicain au crépuscule de sa vie, raconte son passé aux côtés d'un des plus grands et influents personnages (bien réel !) de la chrétienté, Maître Eckhart.
Antonin, jeune moine loyal et attachant, recueille précieusement son incroyable récit, qui pourrait faire vaciller son ordre monastique, voir même l'Eglise !
Intolérable pour le terrifiant inquisiteur du coin ! Il prend en otage frère Robert, meilleur amis d'Antonin.
Une course contre la montre s'engage pour le sauver.
Passionnant de bout en bout, érudit, Croix de cendre est un voyage réaliste et fascinant dans une époque sombre et troublée. Une époque où le spirituel et la foi dominent le monde et les hommes.
Aventures, enquête, théologie et philosophie, il y a tout ça dans ce roman.
Mais c'est avant tout une magnifique ode à l'amitié et à la fraternité.
Excellent.
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Un secret à confier pour l'éternité et deux moines se lancent dans l'achat de vélin et le lecteur de Antoine Sénanque est au coeur du Moyen-Âge. Deux moines du couvent de Verfeil, Frère Antonin et Frère Robert, se voient confier la lourde tâche d'aller chercher pour le prieur Guillaume du pur vélin et des noix de galle pour faire de l'encre résistante et bien noire.

Sur leur chemin, les aventures vont leur offrir de quoi satisfaire leur curiosité du monde et par la même occasion, notre connaissance du leur. Non seulement, ils découvrent les ravages laissés par la peste noire, mais assistent au traitement des lépreux, puis aux méthodes très obscures de l'Inquisition.

Antonin, fils de médecin, et Robert de Nuys, fils d'Albert, valet de ferme, et non paysan car son père avait des terres qu'il travaillait pour son seigneur, sont liés par une amitié forte. À partir de là, les deux destins vont basculer. Et, Antonin va devoir connaître le secret de son prieur pour sortir Robert de la prison du mur debout dans laquelle le tient le grand Inquisiteur du Languedoc, Louis de Charnes, dominicain, précédemment cistercien à l'abbaye de Fontfroide.

Le Moyen-Âge de Antoine Sénanque
On est loin du tranquille Moyen-Âge représenté habituellement. Les odeurs sentent le rance mais aussi le sang séché ainsi que l'odeur des simples qu'il faut manier avec précaution pour uniquement soigner. Car, c'est aussi la mort qui, ici, est côtoyée, soit ce sont les cadavres catapultés sur une ville assiégée ou la tête d'une truie dont le crâne est évidé. Rien de la brutalité de ce monde, Antoine Sénanque ne nous l'épargne.

Outre le contexte historique d'une grande précision, Croix de cendre se découvre comme un roman noir et une enquête extrêmement bien menée qui va confronter le prieur Guillaume au grand Inquisiteur. La route de la soie et son comptoir de Kaffa et ses tartares, Antoine Sénanque prépare notre rencontre avec le grand théologien Maître Eckart.

Antoine Sénanque a perçu toute la modernité de ce dominicain, penseur du 13ème siècle, qui a prêché la décroissance et le dénuement face aux maux du monde, en l'occurrence en son temps, la peste noire. Mais, en permettant à la culture et aux connaissances de se diffuser dans la population en dehors des érudits, c'est aussi tout un projet de société qu'Eckart a voulu démontrer.

Ode à la connaissance pour tous
Ce roman historique et noir à la fois prend des allures de conte philosophique.
Seulement, Maître Eckart, trop précurseur, fut pourchassé par l'Inquisition et dû défendre lui-même son sort devant les différents tribunaux. Il mourut avant d'avoir reçu la condamnation du pape. La fin du XXème rétablira une autre vérité…Mais, quelle actualité pour nos maux d'aujourd'hui où les guerres saintes continuent, en leurs noms, à cacher les appétits de domination des hommes !

Au fil des pages, sont décrits la confection d'un manuscrit et le travail énorme du moine scripteur. Quel bel hommage à la littérature ! le tout est ponctué de tout le savoir sage sur les hommes, sur la vie et le monde que les réflexions d'Antoine Sénanque lui ont appris au fil de ses expériences.

L'ancien neurologue réputé, qu'est Antoine Sénanque, a glissé dans son roman des personnalités souffrant de handicap invisible. Là, on reconnaît une sorte de dyspraxie du seul ami, assistant de la Sorbonne, enfermant trop intensément l'objet de sa saisie. Ailleurs, c'est la dyslexie qui handicap le frère adopté par Eckart et Eckart, lui-même pour retranscrire ses écrits. Même le futur grand Inquisiteur a droit à l'empathie de l'écrivain pour expliquer son obésité.

Les femmes ne sont pas en reste dans ce milieu masculin. Antoine Sénanque présente les béguinages, où des femmes libres pieuses, religieuses ou laïques, se ressemblaient pour vivre en communauté. Mais que serait un grand roman sans son histoire d'amour, et Croix de cendre en raconte une, particulière certes, mais où le coeur en est envahi.

Déçue de ne pas voir Croix de cendre dans la dernière sélection du Goncourt… Car, moi, Croix de cendre de Antoine Sénanque m'a conquise !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Hiver 1367. Deux jeunes moines dominicains du monastère de Verfeil en Languedoc, Robert et Antonin, sont envoyés en mission à Toulouse pour se procurer du parchemin, de l'encre et des plumes.
Le prieur Guillaume, au crépuscule de sa vie, veut en effet écrire ses mémoires.
Bien vite, l'inquisiteur a vent de ce projet et commence à s'intéresser de près au prieur et à ce qu'il va écrire.
L'Église espère-t-elle des confessions de Guillaume au sujet de son ancien mentor, le théologien allemand Maître Eckhart, aux idées subversives ?
Ou peut-être craint-elle les révélations que pourrait faire le prieur sur les circonstances de l'arrivée de la peste noire en Europe vingt ans auparavant ?
Hésitant entre thriller, aventure et roman historique mâtiné de considérations philosophico-théologiques, l'auteur nous perd un peu dans ce récit au rythme inégal.
Pendant plus de la moitié du livre, on peine à comprendre où tout cela va mener.
On prend malgré tout un certain plaisir à plonger dans ce 14ème siècle de tous les maux (guerres, épidémies, hivers rigoureux, famines), en compagnie de personnages attachants.
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J'ai trouvé le cadre et le sujet de ce roman, plutôt original.

Peu de livres ont comme cadre le moyen âge , le XIVème siècle.

La religion, ses personnages célèbres, l'Inquisition, les monastères sont des questions de cette époque presque inconnues pour un lecteur du XXIème siècle.

Les luttes de pouvoir, la violence, la monstruosité des membres souvent éminents de la société de l'époque, tout cela au nom d'une religion, n'est pas sans rappeler ce qui se passe actuellement et nous montre que l'inhumanité de date pas d'aujourd'hui.

Ce roman pose aussi la question de la « dangerosité » de l'écrit, du livre pour tous ceux qui prêchent « la norme ».

Sans oublier l'histoire d'un personnage religieux célèbre mais controversé.

Un bon roman, que j'ai apprécié de lire.
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J'avais pris ma plus belle plume et j'étais parti pour rédiger une très belle critique de ce très beau roman…puis me suis rendu compte que tout - ou presque - était déjà écrit par les babeliotes (c'est comme ça qu'on dit?) : fresque historique, histoire d'amitié, roman d'aventure, polar médiéval. Ce roman emprunte à plusieurs styles pour le plus grand plaisir du lecteur.

Alors pourquoi en rajouter? Ben parce que ça en vaut la peine pardi!
Croix de cendre est, sans aucun doute, un des plus beaux romans de la rentrée littéraire 2023. Il faut beaucoup de talent pour y apporter autant d'érudition, sans prétention ni vanité, tout en tenant en haleine le lecteur pendant plus de 400 pages. le talent, c'est celui d'Antoine Sénanque, auteur que je découvre à l'occasion, ancien neurologue chef de clinique qui décide de passer une licence d'histoire à l'aube de ses cinquante ans…

Moi qui n'ai jamais réussi à dépasser la cinquantième page de le nom de la rose d'Umberto Eco…je me suis laissé surprendre à m'intéresser aux querelles de théologiens du XIIIè siècle. Antoine Sénanque réussit le tour de force de mêler histoire et fiction pour nous faire découvrir des écrits vieux de plus de 700 ans.

Un grand bravo à cet écrivain qui est - je le répète - la plus belle découverte de l'année.
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Une épopée historique avec un personnage réel, Maître Eckhart, qui nous ramène jusqu'au siège de Kaffa qui fut le point de départ de la Grande peste de 1348 qui ravagea l'Europe !

Envoyés par Guillaume, Prieur de leur monastère, survivant de Kaffa et de la peste, deux jeunes dominicains partent pour Toulouse afin de rapporter du vélin et de l'encre spéciale pour qu'il puisse écrire ses souvenirs, comme une confession, des périodes où il côtoyât Maître Eckart.

A Toulouse, l'Inquisiteur emprisonne l'un des jeunes gens pour que son ami lui transmette une copie de l'histoire de Guillaume !

L'auteur nous emporte dans des tourbillons de douleurs, de trahison et de haine mais aussi dans des instants de sacrifice de soi ultime pour Dieu ! Honnêtement ces moments m'ont semblés très longs, étant profondément rétive à cette rhétorique religieuse. Bien heureusement l'auteur a su s'arrêter avant mon désintérêt total, même si j'étais décidé à continuer la lecture car l'appréciais la plupart des personnages !

Mêlant réalité historique et fiction nous découvrons la vie du Prieur Guillaume aux côtés d'Eckhart et les derniers instants de celui-ci à Kaffa ! Ce roman a un côté policier qui n'est pas déplaisant et qui permet à l'attention de perdurer dans les moments plus ésotériques.

Antoine Sénanque dresse le portrait religieux de l'Europe au 14ème siècle avec ses dérives de tous genres, la création de béguinages où des femmes se regroupaient sans prononcer leurs voeux mais frôlaient bien souvent l'hérétisme. La Papauté était toujours à Avignon, les Dominicains s'affrontaient aux Franciscains et le trafic d'influence avait déjà atteint un joli sommet ! Bref, c'était bien repoussant, le seul but étant le Pouvoir !

Mon manque de spiritualité ne m'a pas empêché de profiter de cette histoire romanesque et intéressante, bien écrite et agréable à lire !

#Croixdecendre #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2023

Jeux en Foli...ttérature XVIII
Challenge ABC des Titres 2023/2024
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