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3,69

sur 358 notes
Toute la force de ce livre est de savoir associer un sujet grave comme les exactions et les abus des militaires sous la dictature de Pinochet et l'humour lié aux aventures des ces quatre anciens révolutionnaires.

C'est un livre rapide, incisif mais la cocasserie permet de faire passer aisément les blessures indéniables de cette période tourmentée.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Santiago du Chili. Il pleut. Dans un appartement, une dispute conjugale éclate. La femme excédée lance le tourne-disque par la fenêtre. Il fracasse le crâne d'un passant. Il s'appelle Pedro Nolasco Gonzalez. Il a 70 ans. Cet anarchiste est une légende vivante, plus connu sous le sobriquet du Spécialiste.
A quelques pâtés de maisons de là, Arancibia, Garmendia et Salinastrois sexagénaires se retrouvent après un exil de 35 ans. Suite au coup d'état de Pinochet. Tout en buvant ils se remémorent leur militantisme. Ces anciens communistes attendent leur chef, « le spécialiste ». Il doit leur proposer de participer à une action révolutionnaire.

Un autre se présente au rendez-vous…

Roman de l'exil et du déracinement. du temps où l'espoir d'un monde meilleur avait du sens. Qui mieux que Luis Sepulveda peut raconter cette histoire ? Celle-ci résonne à sa mémoire. Lui qui a connu les prisons sous Pinochet, pendant 2 ans. Ce qui entrainera son exile en Allemagne puis en Espagne.
Les personnages secondaires sont construit avec pudeur. Les descriptions de la ville nous amène à comprendre que le monde moderne a détruit sa beauté première. Elle aussi n'est plus que l'ombre d'elle-même.

Magnifique texte de 146 pages.

Claudia
Lien : https://educpop.fr/2023/02/2..
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le 16 avril, Luis Sepúlveda nous a quittés, et cela m'a attristée parce que c'est un auteur que j'aime beaucoup. Sa disparition m'a donné envie de me replonger dans son oeuvre. C'est alors que je me suis souvenue que j'en avais un à la maison, un petit roman, le seul que je n'aie pas laissé chez ma mère et pour cause, je ne l'avais pas encore lu.

L'Ombre de ce que nous avons été montre trois sexagénaires qui attendent l'arrivée du Spécialiste. Cet homme a convoqué trois anciens militants de gauche, de retour d'exil, plus de trente ans après le coup d'Etat de Pinochet, pour qu'ils participent à une action révolutionnaire. Mais une dispute conjugale vient gripper la machine, jusqu'au moment où la question cruciale se pose : on tente le coup?

La narration de ce roman est singulière. Au début, j'ai eu du mal à me repérer dans le récit, à trouver mes marques auprès des personnages et de leur histoire. Il y a beaucoup de digressions sur le passé – qui sont importantes – mais qui floutent les contours de la trame. Deux lignes narratives se distinguent bientôt. L'une truculente et cocasse : une scène de ménage qui vire au drame; l'autre plus décousue à première vue, plus sombre aussi, autour d'une réunion dans un entrepôt, le tout est de savoir comment les fils se rejoindront. Et il y a de quoi sourire des chemins sinueux que prend la vie! Bientôt, les figures -clefs se dessinent et se découpent sur le fond, des figures torturées – au sens propre comme au figuré – des petits vieux abîmés par le temps et par l'Histoire, abîmés par les répressions, les tortures, l'exil, des petits vieux à la vie chargée d'histoires et de déceptions, de souffrances et d'espoirs. L'un a porté le deuil de ses deux frères, tués pendant la dictature, a connu les camps réservés aux opposants, d'autres sont revenus d'exil vers ce pays rêvé et fantasmé qui n'est plus ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. Les souvenirs ont embelli le cadre, le déchirement de la perte aussi. Et les voilà, au crépuscule de leur vie, rassemblés de nouveau, à brasser le passé en parlant de l'avenir, le coup à faire, l'aide du Spécialiste. Ce sont des petits vieux qui, l'espace d'un instant, retrouvent leurs vingt ans, retrouvent leurs aspirations et renouent avec l'espoir. C'est l'histoire de perdants qui deviennent des gagnants. Ces hommes sont à la fois déroutants et touchants. Avec humour, ils se retrouvent, s'acceptent avec leurs cheveux blancs, leurs rides, leur calvitie, leur fusible en moins parfois. Avec humour, ils se remémorent le passé. Avec tendresse, il évoquent la lutte, le départ, le retour vers l'El Dorado tant espéré, avec un soupçon de désespoir, ils racontent la déception : le pays retrouvé n'est pas et ne sera pas le pays rêvé durant l'exil. L'auteur montre avec une précision terrible le déchirement de l'exil, cette plaie béante qui ne se referme pas, et qui ne guérit pas, même une fois rentré. Il évoque aussi les horreurs de la dictature, les souffrances du peuple, les deuils avec une retenue qui nous touche.

le Spécialiste prend toute son ampleur dans la deuxième moitié du roman. Là, il devient le justicier invisible des sombres années, le ciment qui rassemble ces hommes brisés et qui, in extremis, leur redonne l'espoir. Il est celui qui permet au passé de renaître de ses cendres, en un éclat de rire vengeur, dans un clin d'oeil à la petite histoire, comme à la grande. Il est l'artisan d'autres découvertes, de la dénonciation de la corruption. En effet, la thématique de la police et de sa corruption, de la justice, apparaît aussi en trame de fond, évoquant à demi-mots les heures sombres d'un pays, notamment par le biais de l'inspecteur et de son adjointe, revenant comme un leitmotiv l'idée d' »avoir les mains propres ». Et sous la plume de l'auteur, les personnages font ce qu'ils pensent être juste, sans chercher gloire et réussite.

Ce petit roman est donc très émouvant, s'il n'est pas forcément facile d'accès, il est riche d'humanité et nous touche, porté par la plume tendre où affleure le rire et les larmes, sans pathos ni démesure.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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Trois vieux anarchistes, 35 ans, après le coup d'état de Pinochet veulent remettre le couvert. Entre humour noir et histoire chilienne.
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Le romancier chilien Luis Sepulveda est un auteur que j'apprécie particulièrement. Tous les deux ans, je lis un de ces textes souvent courts dont il a le secret. de lui, j'ai lu le fabuleux roman le vieux qui lisait des romans d'amour, et également le neveu d'Amérique ou encore le journal d'un tueur sentimental. J'ai rarement été déçu par ce romancier et nouvelliste qui, tout en travaillant au corps ses personnages, nous rend de la manière la plus simple et brève possible des séquences de vies suffisamment élaborées pour nous connecter à ceux-ci. En même temps, son propos est toujours au service d'une description de plus générale des sociétés qui alimentent son imaginaire. C'est ainsi qu'on peut y voir des thèmes de l'écologie et de la disparition des peuples de l'Amazonie.


Ce livre m'a été offert dans le cadre d'un pot de départ. Je vous en ai parlé, il y a quelques mois. J'avoue que vu le rythme de mes activités, certaines contraintes de lecture, je suis heureux de cette nouvelle excursion littéraire à Santiago du Chili. Pour y retrouver une bande de vieux anarchistes. Dans le monde globalisé dans lequel nous évoluons, beaucoup pourrait penser que c'est une race en voie d'extinction. Et Sepulvéda pourrait d'une certaine manière renforcer cette idée convenue. Ici, il aborde, par une forme nostalgique, cette gauche de la gauche, l'extrême gauche chilienne par le prisme de ses anciens qui ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils ont été. Ce livre pourrait pratiquement être décrit comme une messe de requiem d'un mouvement qui a connu à la fois ses beaux jours au Chili et qui a surtout violemment réprimé après l'assassinat de Salvador Allendé. Quels ont été les parcours respectifs de quatre figures de ces mouvements qu'un facilitateur s'est proposé de rassembler pour un dernier coup d'éclat? Un dernier casse pour clore une boucle que trois anarchistes espagnols avec un compagne d'armes chilien ont ouvertes en réalisant le premier grand hold-up en 1925?

Par une structure de narration faite de ruptures, de flashbacks, de zoom sur personnages, Sepulvéda, nous parle de ces vieux qui se retrouvent après tant d'années, sinon des décennies sans s'être revus. Et pour cause. Beaucoup d'entre eux ont dû s'exiler. Vivre loin du Chili, longtemps, en nourrissant des rêves de retour dans leurs terres d'origine. Un retour pensé, idéalisé, réalisé. Ceux qui n'ont pas réussi à fuir, ont subi dans leur chair toute la prédation et la férocité du système Pinochet. du dehors comme du dedans, ce sont des hommes marqués par le poids de l'histoire et d'une vie qui aurait pu être différente. Il y a aussi ceux qui n'ont jamais cessé de combattre sous des formes multiples, attachés à un idéal transmis, portant un héritage dont ils ne sépareraient qu'une fois la mort épousant leurs volontés. Mais naturellement, avec Luis Sépùlvéda les choses ne se déroulent pas aussi simplement, ce qui donne toute la saveur à ses oeuvres.

Le corps sans vie du Spécialiste est trouvé dans une rue de Santiago, alors qu'il se rendait à ces retrouvailles. La police s'immisce dans tout cela par le biais d'un inspecteur qui en a vu d'autres et qui identifie le cadavre…

Sepulveda comme d'habitude a le don de parler simplement des choses, d'un mouvement, d'un pan de l'histoire de son pays qui ne sera plus. Si la nostalgie constitue le socle de ce roman, l'idéal de justice face à la dictature militaire en est également une composante forte. En rajoutant l'expérience douloureuse de l'exil et du retour au bercail après des décennies d'absence, ce sont des êtres en quête de repères nouveaux. Mais, là où je ne m'attendais pas à rencontrer Luis Sepulveda, c'est dans sa contestation du libre arbitre. Si la liberté absolue pour certains réside dans le choix d'arrêter de vivre au timing voulu, quelle offense n'est pas moins absolue d'offrir au hasard, à la providence de s'immiscer dans l'orientation suicidaire d'un anarchiste. Comprendra qui lira.
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Il paraît si lointain cet évènement de septembre 1973, terriblement loin du temps de l'information à jet continu et formatage sensoriel. Ce temps est prolongé indéfiniment par Luis Sepulveda, nécessaire obligation de mémoires défaillantes, porte-voix des oubliés de l'Histoire, de cette Histoire. Les enfants de la révolution ont vieilli, ils ne sont pas morts, ils bougent encore, canailles rebelles à tout ordre établi par d'autres. Ils se souviennent, s'apostrophent, se congratulent, s'auto-proclament conscience du monde. Ils ne sont pas amerx et rêvent d'un avenir meilleur. Ils sont maladroits, brouillons mais tellement sympathiques. Les anti-héros sont de retour, nous saoûlent de certitudes, se saoûlent de mots et de vin. Ils aiment le genre humain, veulent son bonheur, avec ou sans eux, malgré les échecs et les souffrances. Oublieux d'eux-mêmes, ils tissent la toile rouge d'un impossible rêve où hommes et femmes de tous horizons s'unissent en un élan irrésistible.La fraternité fait feu de tout bois, ils s'embrassent, ripaillent dans une joyeuse cacophonie. Ici, pas de programme, l'amour est leur profession de foi, mille fois clamé, mille fois déçu. L'ombre de ce qu'ils ont été se voit encore à minuit, l'heure où tout bascule. La nuit les transfigure et le matin naissant, ils réinventent le monde, encore, encore et toujours...Merci Monsieur Sepulveda, grâce à vous, nos rêves nous habitent le jour levé.
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Un roman que Luis Sepulveda dédie à ses compagnons de lutte « A mes camarades , ces hommes et ces femmes , qui sont tombés, se sont relevés, ont soigné leurs blessures, conservé leurs rires, sauvé la joie et continué à marcher »

Ils ont bien changé, les trois anciens activiste gauchistes, sortes de tontons flingueurs retirés des affaires, ils ont pris des cheveux blancs, se sont empâtés .
Ils se retrouvent, dans un entrepôt discret, après des années de d'activisme clandestin et d'exil, prêts à reprendre du service et ils attendent un quatrième homme « le Spécialiste » qui doit leur expliquer leur mission . Mais celui-ci, sur le chemin de leur rendez-vous aura la malchance de recevoir sur la tête un tourne disque sorti brusquement d'une fenêtre et lancé par une épouse excédée lors d'une scène de ménage. Il en mourra, le pauvre...

Si le titre du roman connote la mélancolie, le regret d'un temps où nos héros d'hier combattaient toutes formes de dictature, son contenu n'engendre pas la mélancolie chez le lecteur !
Chaque chapitre fonctionne comme une scène de comédie avec situations cocasses, dialogues pleins d'humour et conclusion percutante.
Bien heureusement, car les propos des personnages qui alternent entre passé et présent, Chili et autres pays théâtres des interventions de l'activisme communiste international m'ont donné le vertige. Bien difficile de s'y retrouver pour qui n'a pas mis à jour ses connaissances géopolitiques.

Mais j'ai poursuivi ma lecture, un petit sourire au coin des lèvres , malgré les passages confus ou ceux qui faisaient référence aux atrocités commises lors des années noires de la dictature de Pinochet.
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Prêté par Maud. 3 vieux papys chiliens, des tontons flingueurs, ex militants de gauche qui re tente un coup. Lu vite, trop vite, il faudrait y revenir, j'ai l'impression de ne pas avoir laissé assez de temps à ce livre tout à la fois drôle et triste, gaiement nostalgique. de la belle écriture, du bel ouvrage.
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C'est un roman parfois difficile, parce qu'il évoque les différentes factions gauchistes d'avant Pinochet, ainsi que des références sud-américaines que je n'ai pas et donne des noms aux protagonistes pas toujours faciles à retenir ; j'ai eu du mal à faire parfois la différence entre des personnages. C'est un roman qui parle de la vie avant et pendant Pinochet, au Chili et de ceux qui ont fui la dictature et sont revenus une fois Pinochet destitué : leurs espoirs et leurs désillusions. C'est un roman très drôle, une sorte d'humour désabusé, détaché. Certains passages sont absolument hilarants et en l'espèce, je vous conseille le chapitre 3 en entier -un peu long pour être cité- qui relate la chute du tourne disque sur la tête du passant : inoubliable !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Le début m'a bien plu, le ton, l'humour, la loufoquerie...
Puis je me suis perdue dans la lecture de ce court roman, les nombreux personnages que je confondais, et je n'ai pas compris grand chose.
Je suis d'accord avec la critique de Laurent81, qui l'exprime bien mieux que moi : c'est peut-être mon état d'esprit qui est en cause, mon manque d'intérêt, d'attention, la manière dont j'ai abordé et lu ce roman. Et non pas l'auteur.
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