Une forêt touffue de laquelle émerge un imposant château-fort. Une femme encapuchonnée dont on ne voit pas le visage se dirige vers lui accompagnée d'un petit garçon hirsute. Elle abandonne l'enfant à la porte de l'édifice en lui confiant une missive à remettre au propriétaire, le Marquis de Mauban. Celui-ci va avoir une surprise en découvrant la lettre, écrite par Mélusine, avec laquelle il a eu une liaison : le petit se nomme
Bellem et est leur fils.
J'aime énormément Servais, dont je possède tous les albums. Je les acquiers dès leur parution. Celui-ci est assez différent des autres. L'auteur serait-il en manque d'inspiration ? Dans un prologue, il exprime le désir « d'un retour aux sources ». Il va fouiller dans sa bibliothèque pour en exhumer des contes et légendes de sa région. A vrai dire, il y en a peu qu'il n'ait pas déjà abordés. Il va donc rassembler ceux qui n'ont pas encore été traités pour former cette histoire qui n'en est pas vraiment une.
Au centre, celui qui donne son titre au volume,
Bellem, un sorcier ardennais du XVIIIe siècle. Servais en fait le fils de Mélusine et du Marquis de Mauban. L'enfant ne peut rester avec sa mère qui ne veut pas lui imposer la rude vie sauvage au milieu des arbres. Il faut aussi qu'il connaisse sa part humaine.
Si le petit est assez bien accueilli par le maître des lieux, il n'en va pas de même, on s'en doute, pour la Marquise. Par chance pour l'enfant, le couple a une fillette, Marie-Charlotte, qui va immédiatement s'occuper de lui. On le devine bien vite : leur affection évoluera au fil des années et tous deux seront inséparables.
Pourtant, le personnage de
Bellem ne me paraît pas sympathique. Il est cruel avec les animaux, ce que je ne supporte pas. Il torture des araignées ou des grenouilles. Je lui conseillerais la lecture de
Victor Hugo (« L'araignée » et « Le crapaud ») qui a réhabilité ces êtres mal aimés. Mais je m'emporte, vu que le grand poète n'écrira tout cela que cent ans plus tard...
Le véritable héros, à mon avis, c'est le château de Reinhardstein, que l'auteur nous présente sous tous ses aspects, donnant à son lecteur l'envie d'aller le visiter, comme il l'avait fait pour Notre-Dame d'Avioth, que j'avais découverte avec ravissement.
Il est très amusant de voir soudain l'auteur lui-même apparaître dans son histoire.
Ce que j'ai le plus aimé ce sont les magnifiques
dessins de la nature, la forêt, les arbres, les animaux et, bien sûr, le château. Quant à Mélusine, elle a les traits de Violette.
Mais il n'y a pas d'histoire à proprement parler. Servais a collé ensemble des éléments puisés à droite et à gauche dans ses sources légendaires : fée au corps de serpent, dragons, homme sauvage, démons, chevaliers errants, grimoires, cheval Bayard... mais il n'y a guère d'intrigue.
J'ai donc adoré la forme et un peu moins le fond.