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EAN : 9782080666321
257 pages
Flammarion (08/01/1992)
2.95/5   11 notes
Résumé :
Morgenstein vit avec sa sœur dans une maison au fond d'une vallée suisse, longtemps après les épreuves de la guerre et de la déportation. Ce fut et c'est encore un grand maître d'échecs dont toute la vie se sera déroulée sur les 64 cases noires et blanches.
Né de mère juive et de père aryen, au moment de l'apogée du nazisme il s'est réclamé du nom maternel. Il se retrouve dans un camp où il joue avec le commandant du lieu, qu'il bat régulièrement. Bientôt, ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Lamentable et honteux !
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Je suis très rarement aussi catégorique et vais donc me justifier. Cette critique sera assez courte et n'existe que parce que je recroise ce matin cette « chose » au détour d'une intéressante liste de Babelio destinée à réunir des ouvrages sur les échecs.

J'ai croisé ce « machin » en 1991 », à sa sortie. Faisant à l'époque chaque année avec des amis les championnats de France d'Échecs je m'étais réjoui en croisant ce que je pensais être un « livre » sur le sujet. le lisant j'avais été accablé, alors qu'à l'époque, lecteur boulimique et peu regardant, j'étais généralement indulgent. C'était mal écrit, les ressorts supposés psychologiques étaient grossiers, l'ensemble racoleur et profondément stupide… Adorant les échecs j'avais été consterné de les voir détournés ainsi, servant de prétexte à un grand n'importe quoi.

Une seule chose m'avait étonné. de temps à autre il se trouvait des éléments intéressants même si mal écrits, des idées qui, développées correctement, auraient pu donner un résultat intelligent. Ce qui m'avait saisi était que cela ne correspondait pas au reste et que les liens entre ces rares moments et le reste était absolument artificiels, un peu comme si, au milieu d'un très mauvais concert de rock, il y avait parfois quelques minutes d'une version déformée de Mozart. C'était si curieux que cela m'avait frappé, sans que j'approfondisse par ailleurs.

Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai croisé « le joueur d'échecs » de Zweig et pu constater que les rares pages offrant un vague intérêt dans ce « truc » étaient juste un très mauvais et grossier plagiat d'un ouvrage, lui remarquable. Je déteste les faussaires d'où ma première phrase.
*
J'ai été surpris de constater que ce « bazar » avait eu un prix, même mineur, avant de constater que, par sa profession, ce « non-auteur-mais –vrai-plagiaire » devait avoir eu des relations utiles. Ceci étant dit même cela a ses limites et ses (ses ?) supposés écrits ultérieurs sont restés strictement confidentiels.
*
Je ne peux, naturellement, pas conseiller la lecture de « ça » à quiconque. Il existe trop de grands auteurs, de bons écrivains et même de livres mineurs mais ayant un certain charme pour perdre son temps avec un faussaire besogneux et racoleur. En revanche :
- Si vous vous intéressez vraiment à la psychologie des échecs en relation avec un contexte historique il y a abondance de non-fiction fascinante tant l'univers des échecs regorge de personnalités marquantes. Je vous suggère de commencer par la guerre froide avec le match de championnat du monde entre Fisher et Spassky et/ou à l'implosion du système soviétique avec le premier match en deux étapes entre Karpov et Kasparov. La réalité dépasse ici fréquemment la fiction.
- Si une fiction entre les échecs et le nazisme vous tente sur le plan psychologique « le joueur d'échecs » (Zweig) est saisissant.
- Si l'idée d'associer barbarie et échecs sur un mode cette fois horrifique vous séduit « L'échiquier du mal » de Simmons est tout indiqué. Vous y trouverez aussi des êtres humains transformés en pièces d'échecs et tués lorsqu'ils sont "pris". En tant que livre d'horreur pure (et donc à ne pas mettre entre toutes les mains) ce livre est excellent.
*
Bonnes lectures !
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Le maître et le scorpion / Patrick Séry
David Morgenstein alias Julius von Frisch, son vrai patronyme, vit avec sa soeur Martha dans une villa au fond d'une vallée suisse au pied de la Jungfrau. Les épreuves de la guerre et de la déportation dont il fut victime sont passées et il tente de vivre avec. Il est toujours un grand maître d'échecs faisant partie de l'épiscopat échiquéen et toute sa vie s'est déroulée sur les 64 cases noires et blanches. Aujourd'hui il ne joue plus que par correspondance. Les échecs, c'est toute sa vie et pour lui le problème de l'existence s'apparente à un problème d'échecs : la résolution des problèmes de stratégie échiquéenne exige une énorme concentration, une grande puissance logique, mais sa solution n'a en soi aucune importance. L'intérêt se situe dans la complexité de l'énoncé et la finesse du raisonnement. Julius voit la balistique échiquéenne comme une science sans véritable débouché, « sans utilité, d'une stérilité admirable, une architecture destinée à exploser, un art sans lendemain, un sport où le corps est absent mais où l'âme rebondit. »
Julius ne veut voir personne et sa nouvelle existence prend l'allure d'une allée rectiligne bordée de peupliers pétrifiés conduisant à un cimetière. le commerce des hommes lui est devenu odieux et il les évite comme s'il avait peur de quelque chose dans une manière de délire obsidional. Chez les rescapés des camps de la mort, un combat se livre tout le reste de leur vie entre le désir de s'arracher à leurs souvenirs et celui de ne jamais oublier. Jusqu'au jour où le championnat par correspondance lui réserve une drôle de surprise.
Un chapitre sur deux de ce très beau roman, Julius se souvient et raconte son histoire, celle de David Morgenstein.
Né de mère juive et de père aryen, au moment de l'apogée du nazisme il a osé par défi se réclamer du nom maternel, Morgenstein. Dans le camp de concentration il joue aux échecs avec le commandant, le Sturmbannführer Hemmerich, un amateur assez bon, et le bat régulièrement. Jusqu'au jour où celui-ci dit à Julius : quel dommage que vous soyez juif ! Jouer aux échecs au camp en ces temps, c'est se rappeler la vie d'avant le déluge et cela suscite des jalousies.
La vie au camp est relatée avec soin et détails par l'auteur et la dure loi des kapos est bien mises en exergue, les nouveaux arrivants , ceux qui viennent d'être maltraités, maltraiteront demain à leur tour et plus fort encore. Et David d'ajouter qu'il faut s'abstenir de juger trop vite, car les valeurs connues n'ont plus court dans le camp. Il a vu des nazis humains et des déportés démoniaques. Un jour tout cela paraîtrait monstrueusement faux, monstrueusement irréel…
Himmler jugeant Hemmerich insuffisamment efficace pour mener à bien la Solution Finale au camp, le remplace par l'Obersturmbannführer Diemler. Et là, David va connaître l'horreur absolue : Diemler organise un duel entre David et un jeune officier nazi champion redoutable que David a rencontré quand il était adolescent. Et les pièces de l'échiquier sont représentées par des détenus qui passent au gibet à chaque prise. Des chapitres hallucinants !
L'évocation de ses souvenirs par Julius nous fait aussi remonter au temps de sa jeunesse où il était considéré comme le Mozart des échecs ou le petit prince des 64 cases, puis sa liaison avec Hélène, son grand amour perdu…à cause des échecs ! Ô thrènes gémissants de la douleur du départ de l'être aimé…
On remarquera la grande qualité des dialogues dans ce roman au style éblouissant, et notamment dans le face à face entre David et Hemmerich, puis plus tard entre Julius et son médecin des années après la fin de la guerre, alors qu'il est installé en Suisse et que les cauchemars le poursuivent dans un délire paranoïaque.
Pour la petite histoire, et en rapport avec le titre, il faut se souvenir que le scorpion au Moyen-Âge était le symbole du judaïsme.
Un très grand roman nous plongeant au coeur de la barbarie nazie avec en toile de fond 64 cases avec leurs figurines impassibles.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dès ses premiers pas dans l'école, il surprit, terrifié, les visages hydrocéphales de ses collègues, leurs regards accoutumés à de petits horizons, leurs traits avilis par des années d'enseignement routinier.
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Nouveau sur Babelio, je découvre avec stupéfaction la "critique" d'un livre que j'ai adoré, La Maître et le scorpion, paru il y a trente ans. Critique n'est pas le mot, celui qui convient me semble être "règlement de comptes" entre joueurs d'échecs. C'est un milieu que je ne connais pas, je serais plutôt bridgeur mais je suppose que tout le monde se connait dans ce petit milieu dont l'auteur, si j'en crois ce que j'ai lu à son propos, fait ou faisait partie. J'avais choisi de lire ce livre , prix du Premier roman, parce qu'il avait été salué par l'ensemble de la presse française du Monde à L'Express , en passant par Lire.
Outre les termes dénués de toute crédibilité - " honteux", "lamentable"- de cette note qui se veut incendiaire mais n'allume pas grand-chose, on constate que le responsable de cet écorchement de mauvais goût n'a évidemment pas même ouvert l'ouvrage. Le terme de "plagiaire" relatif à l'oeuvre de Stefan Zweig " le Joueur d'échecs" n'a aucune raison d'être, rien à voir ni dans le fond ni dans la forme.
Merci tout de même à son auteur, il me donne envie de relire ce magnifique roman, extrêmement bien écrit, je le souligne- qui doit être quelque part dans ma bibliothèque !
J
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