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4,17

sur 410 notes
Crime d'honneur : dès les premières pages du dernier livre d'Elif Shafak, il est clair que toutes les pistes narratives de cette immense saga familiale vont mener à cet acte horrible : le meurtre d'une femme par son propre fils décidé à laver un affront indélébile. Patiemment, la romancière remonte tous les fils d'une histoire qui débute dans un petit village du Kurdistan turc, se pose un temps à Istanbul, avant de se déployer dans le Londres de la fin des années 70 alors que le mouvement punk secoue l'Angleterre avec les riffs des Clash pour bande son. Elif Shafak bouscule la chronologie, passe d'un personnage à l'autre, tous en lutte pour échapper à leur destin, les principaux, loin de leur terre natale, se débattant entre le respect des traditions ancestrales et une hypothétique aspiration à la liberté. La tragédie a ses racines et il faut tout le talent d'une conteuse orientale pour entremêler une douzaine d'histoires sans jamais perdre de vue son thème central. Entre l'honneur et l'horreur, celle d'un crime, Elif Shafak s'insinue dans les interstices, donne de l'ampleur à l'intime, cherche et trouve l'empathie avec des hommes et des femmes qui ont tous et toutes leurs raisons d'agir, que l'auteur détaille sans porter le poids du jugement. Avec Crime d'honneur, la romancière se renouvelle, explore de nouveaux rivages, tout en affinant sa plume, et pétrit la pâte des sentiments humains avec virtuosité et maîtrise.
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Très beau roman choral où l'on retrouve tout le talent, l'humanité et l'intelligence d'Elif Shafak.
Du Kurdistan au Royaume Uni, sur 4 générations, nous suivons une famille à travers ses histoires d'amour, de filiation et d'honneur.
Il s'agit des femmes, de leur place et de leurs droits. Et il s'agit des hommes aussi, de la place et des droits qu'ils peuvent où non donner aux femmes de leur vie. Il s'agit de la difficulté à faire avancer les choses, du chemin qui reste encore à parcourir, dans notre monde, pour qu'une femme puisse vivre avec honneur quelques soient ses choix.
A lire! Petite pépite!
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Dans ce roman, Elif Shafak raconte l'histoire d'une famille kurde émigrée en Angleterre. Pembe, la mère, a grandi dans un petit village au fin fond de la Turquie, Mala Car Bayan. Avec sa soeur jumelle, Jamila, elles sont les 7ème et 8ème filles de la fratrie. Leur mère est au désespoir et espère toujours que Dieu lui permettra de mettre au monde un fils. Mais elle mourra en couches sans avoir vu le "miracle" se réaliser. Pembe rêve de voyages et de contrées lointaines alors que sa soeur se montre plus casanière. Elle épouse Adem, un jeune homme de passage dans le village dont elle n'est pas amoureuse. Lui non plus d'ailleurs. Leur premier enfant est un garçon. Pembe a rompu la "malédiction familiale". Ce premier fils, Iskender, est la prunelle de ses yeux, elle lui passe tous ses caprices et entretient un rapport fusionnel avec lui. Après avoir eu son deuxième enfant, Esma, le couple part s'installer à Londres. C'est dans cette nouvelle ville que naîtra Yunus, le dernier enfant de la fratrie. Cette installation dans un pays étranger avec une culture très différente n'est pas vécue avec la même facilité par tous les membres de la famille. Adem va vite se perdre. Il succombe au démon du jeu jusqu'à perdre la majeure partie de son argent. Il abandonne sa famille pour suivre une belle rousse rencontrée dans un bar. Suite à la désertion paternelle, la famille, bancale, doit trouver un nouvel équilibre. Pembe, maintenant seule avec ses trois enfants, est contrainte de trouver un emploi. Elle découvre alors un monde qui lui était inconnu jusqu'alors. Ses moindres mouvements sont néanmoins surveillés par les membres de la Communauté turque au sein de laquelle elle vit. Iskender, en qualité de fils aîné, se croit investi du rôle de chef de famille. Un rôle bien lourd pour ses épaules d'adolescent. C'est de ce rôle que va naître la tragédie : le meurtre de sa propre mère.

Elif Shafak n'a pas son pareil pour plonger le lecteur dans l'histoire d'une famille sur plusieurs générations. Elle dresse avec brio des portraits singuliers et attachants. le lecteur vit au rythme des difficultés et des désillusions de cette famille. L'auteur aborde la thématique de l'immigration en mettant en avant les difficultés inhérentes aux différences culturelles, sans toutefois, il me semble, tomber dans le jugement. C'est un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, d'autant plus en raison du "rebondissement" de la dernière partie du livre. Un livre émouvant et passionnant.
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Adem, Iskender, Pembe, Esma et Yunus, sont le noyau de cette famille d'origine kurde, partie vivre en Angleterre. le père Adem, quitte sa famille, joue et perd son argent aux jeux. s'établit avec une fille rencontrée dans une boite de nuit; Iskender le fils fréquente une jeune femme anglaise, qui se retrouve enceinte, il emprunte de l'argent et lui propose d'avorter. La mère Pembe se débrouille seule pour subvenir au besoin de la famille. Elle reste la garante de l'honneur de la famille. Les hommes ont toutes les libertés, les femmes n'ont que des contraintes. L'auteur illustre de manière subtile ce mode de vie aux valeurs inadaptées à la société européenne. Cette histoire aux thèmes très divers, migration, racisme, intégration, croyance, valeurs familiales, aura un dénouement tragique, on le sait depuis le début, cependant il y a du suspense et une tension croissante. Dans les premiers chapitres on se perd un peu, entre les générations, puis tout devient clair, mais on est surpris par la conclusion, qui ne nous laisse pas sur notre faim.
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Une histoire qui s'étend sur trois générations, une fresque de destins tissés sur un crime de pression culturelle.
Elif Shafak continue de nous impressionner par son talent de grande conteuse !
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Avec talent, dans un style imagé et soutenu,Elif SHAFAK nous mène à grand train dans la saga de sa famille,mi-turque,mi-kurde,émigrée dans un mauvais quartier de Londres…..
Elle plonge avec finesse dans les profondeurs de l'âme de chacun de ses personnages pour nous faire vivre leurs coutumes,les interdits dictés par leur religion et leurs difficultés d'adaptation dans un nouveau pays…
Chacun vit à sa manière,entre rêves et réalités, noyé par la superstition,les rumeurs, les prémonitions,la culpabilité et surtout les règles de l'honneur de ces communautés plus importantes que le bonheur des individus…
Un grand livre puissant,profond et passionnant…
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Esma, une jeune femme kurde qui vit à Londres tente de comprendre pourquoi son frère Iskender a assassiné leur mère Pembe. Elle retrace l'histoire familiale des rives de l'Euphrate à l'Angleterre, où le poids des traditions va rattraper des femmes qui ont cru à la liberté et à l'amour.

A travers l'histoire d'une famille turque émigrée en Angleterre, Elif Shafak nous transporte des rives de l'Euphrate aux bords de la Tamise. Nous allons voyagé à travers le temps et les générations dans cette saga familiale passionnante où l'auteur aborde des thèmes passionnants : le poids des traditions, du déracinement, la place des femmes, etc.
De plus l'écriture fine et ciselée, nous entraîne dans un roman choral vers un final époustouflant mais aussi bouleversant.
Crime d'honneur, a défrayé la chronique et provoqué un vaste débat en Turquie sur les notions de famille, de liberté et de pardon.


Ce roman a été lauréat du Prix Relay des voyageurs 2013.
Lien : https://collectifpolar.com/
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De l'Anatolie à Londres, le choc culturel peut être insurmontable. Lorsque Pembe, issue d'une famille kurde traditionnelle, émigre en 1970 avec son mari et ses enfants, elle ne s'attendait à rien de sa nouvelle vie. Comment se faire aux libertés occidentales quand on est issu d'une culture patriarcale régie par la religion ? le fossé est tel que certains membres de la famille ne sauront le sauter : la tension ne fait que se tendre au fil des pages, atteignant son paroxysme dans le matricide pour l'honneur annoncé dès l'incipit et vers lequel nous entraîne inexorablement le récit.


Ce roman est passionnant, et parvient à surprendre malgré l'annonce dramatique assénée dès le début. Les personnages sont tous parfaitement saisis dans leur psychologie et leurs souffrances. Avec cette lecture, comme il est facile de comprendre les ressorts sur lesquels peuvent venir agir des recruteurs extrémistes ! Et comment ne pas être choquée en retour par la place dévolue aux femmes dans certaines sociétés ?


Au milieu de ces affrontements liés à un formalisme religieux contraignant et intolérant, un tout petit personnage apparaît très touchant : le compagnon de cellule du fils de Pembe, qui, avec sa sagesse toute asiatique et son accent amusant, sait si bien cerner ce qui devrait être l'essentiel dans nos existences.


J'ai refermé ce livre avec regret, sur un immense coup de coeur qui en fait mon préféré des quatre romans que j'ai lus à ce jour de cet auteur, et qui vient le classer dans le panthéon de mes livres de prédilection.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Entre la Turquie et l'Angleterre, comment trouver sa place malgré des différences culturelles évidentes?
C'est sur cette question que repose ce roman. le thème de l'immigration y est abordé avec plein de douceur et d'amour.

Les débuts sont intéressants mais traînent en longueur. Beaucoup de personnages, une chronologie qui n'est pas respectée...J'avoue que j'ai eu du mal à suivre. Je me suis un peu perdue entre les histoires de chacun;

Mais très vite l'histoire s'éclaire. Elle nous enveloppe de douceur et de lumière jusqu'au final auquel l'on ne s'attend absolument pas.

C'est une belle découverte qui déconstruit les stéréotypes visant les migrants. L'auteur nous enrobe d'une pudeur émouvante qui nous amène à réfléchir aux histoire de chacun. Ne jamais juger trop vite sans connaître le passé de chacun...On en ressort grandit.
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Le crime d'honneur est le plus cruel destin que les femmes puissent subir.
Malgré tout, Elif Shafak réussit à composer un récit loin du manichéisme, donnant largement la parole au fils meurtrier de sa mère. Destin des filles trop nombreuses de la famille d'un paysan kurde des bords de l'Euphrate, de la femme qui mit 13 enfants aux monde et mourut avant d'avoir le fils tant désiré.
Destin des hommes dont la seule richesse est l"'honneur", honneur se situant dans la frustration de leur pauvreté et dans la dépendance de leurs femmes, mères ou soeurs. Car les femmes sont inventives et vivaces, et amoureuses malgré tout!
Histoire kurde des bords de l'Euphrate, turcs d'Istanbul, émigrants de la banlieue londonienne, histoires métissées. Confrontation des traditions orientales et de la vie occidentale.
J'ai beaucoup aimé ce kaléidoscope à la manière de Bonbon Palace du même auteur.
toutefois la fin - surprenante et peu crédible - m' un peu déçue.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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