«
Mon territoire » de
Tess Sharpe se passe dans le Nord de la Californie, dans ces espaces vastes et boisés faisant l'ADN des Etats-Unis.
Dans une petite bourgade, deux clans s'affrontent depuis la nuit des temps : les McKenna et les Springfield.
Des malfrats fabriquant et dealant de la drogue, convoyeurs d'armes illégales via une compagnie de transport routier…
Tous ces trafics sont dirigés par le patriarche de la famille McKenna, Duke, un homme n'ayant aucun scrupule à torturer et tuer toute personne sur son passage, cruel, un « boucher ».
Mais la véritable héroïne du roman de
Tess Sharpe est Harley McKenna, la fille unique de Duke, âgée de vingt-deux ans.
Sa mère, étant morte alors qu'elle n'avait que huit ans, victime d'un règlement de compte entre les deux clans, Harley perd un être fort, pouvant la protéger de toutes ces horreurs.
Son père a donc décidé que se serait elle, sa fille, Harley, qui reprendrait la succession de l'empire familial.
Duke la « dresse » alors comme un chien de guerre.
Dans «
Mon territoire »,
Tess Sharpe a décidé de ne faire résonner qu'une voix, celle de Harley.
L'auteure rythme ses chapitres entre l'adolescence de la fille McKenna et une période très importante allant du 6 juin à 7 heures jusqu'au 16 juillet à 23h45, cette dernière date clôt presque la fin du roman.
En fait,
Tess Sharpe alterne entre passé et présent, entre souvenirs et actions.
«
Mon territoire » est le premier roman de l'auteure et il pourrait tout à fait être qualifié de western moderne, de « Country noir » : fusillades, guerres de clans, corruptions des forces de l'ordre ; guerre de pouvoir et de territoire bien évidemment. Tout est là.
Il s'agit de l'écrivain,
Daniel Woodrell, qui a exhumé ce nom de « Country noir ».
Il a vu son roman «
Un hiver de glace » adapté au cinéma sous le nom de « Winter's bone ». La jeune actrice,
Jennifer Lawrence, tient le rôle, d'une adolescente, Ree Dolly, se battant seule pour protéger sa soeur et son frère ; pour survivre dans le milieu hostile des montagnes d'Ozarks.
Harley pourrait être la proche cousine de Ree Dolly mais aussi de beaucoup de jeunes filles fortes peuplant la littérature nord américaine. Personnellement, ces romans que j'ai pu lire sont tous d'une justesse incroyable, bluffante sur ce passage de l'adolescence à l'âge adulte.
«
Mon territoire », à travers les épreuves physiques et psychiques d'Harley parle énormément de cela : ce passage douloureux qui fera de vous l'adulte que vous êtes ou que vous allez devenir.
Petite remarque cocasse : tout le long du roman, je n'ai pas beaucoup vu de politiciens montrer leur nez. La ville appartient aux contrebandiers, comme au temps de la ruée vers l'or.
Vous comprendrez, après avoir lu cette chronique, que j'ai adoré ce premier roman.
Pourtant, j'émettrais un petit bémol : la fin, un peu trop téléphonée et « too much ». Je mettrais cela sur le compte de la jeunesse de
Tess Sharpe dans le roman dit « adulte ».
Je remercie chaleureusement le Picabo River Book Club et les Editions Sonatine de m'avoir permis de lire ce magnifique roman d'apprentissage.