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Nicolas Jamonneau (Autre)
EAN : 978B0C8Q6ZJCK
337 pages
(19/06/2023)
4.09/5   43 notes
Résumé :
« On peut manipuler la vibration naturelle d’un corps, qu’il soit animal, végétal ou humain, en se connectant mentalement à une pierre de rhod. Cependant, les expériences de confrères scientifiques pointent une variable majeure à prendre en compte : la conscience.» Extrait de "Théories de la vibration universelle", par Rody Lilium.
Un héros sur le déclin et un terroriste marginal.
Unis par un lien télépathique interdit car dangereux.
Amis d'enfa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Entre être et paraître
Entre amour et amitié
Entre colère et remords
C'est un excellent roman choral.
Deux amis Ensio et Ljuka se sont crée un lien télépathique.
L'incroyable histoire de deux amis d'enfance que les événements vont séparer.
La mort de l'un d'eux va créer un manque car le lien est addictif.
Dans une société de castes où les maîtres bien qu'ils fassent juste de la recherche sont tout puissants. Les enfants n'ont pas le choix de leur avenir. Pourtant l'un d'eux va s'ériger contre cette coutume, s'éloigner de son meilleur ami et devenir un artisan. Rejeté de tous, il va s'insurger contre l'ordre établi et affrontera son vieil ami qui le tuera.
Le lien télépathique va créer une dépendance. Pour ne pas sombrer dans la folie et rester un héros, Ensio va abuser de l'alcool et des herbes désormais ce qui lui reste de vie ne sera que solitude, mensonge et fuite des proches (parents, femme, collègues).
Et puis, au fond de cet enfer, choqué par le départ de sa femme qui avait déjà rejeté son ami. Perdant ses illusions, comprenant le mal qui le ronge, Ensio décide d'y remédier grâce à l'aide d'un mystérieux document.
Si la première partie cernant l'addiction est un un peu longue bien qu'agrémentée de retours en arrière sur cette belle amitié plus ou moins détruite par une femme et un grand manque de compréhension. La suite est addictive (décidemment). Ensio m'a surprise au plus haut point par son revirement. L'épilogue est surprenant.
Siana a dû publier son roman à nouveau suite à des impondérables et elle a eu raison car tout y est l'écriture très agréable, un univers bien pensé, assez original. Ses descriptions de l'addiction et le processus de guérison ne manquent pas de détails. C'est tout à la fois une réflexion, une belle histoire d'amitié et d'humanité.
Un grand merci à l'auteure pour ce SP via Simplementpro.
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J'ai pour habitude de déclarer que « les livres m'ont sauvée ». Généralement, je laisse une petite pause dramatique, histoire d'attiser la curiosité et l'incrédulité de mon interlocuteur, avant d'expliquer cette affirmation pour le moins surprenante, je le reconnais. Les livres m'ont sauvé car ils m'ont appris toutes ces petites choses qui semblent « évidentes » et « naturelles » aux neurotypiques, mais qui sont loin de l'être pour moi. Ils m'ont appris à comprendre l'autre, à comprendre comment il pensait, pourquoi il agissait d'une telle manière, et m'ont également appris à devenir un caméléon capable de me fondre dans la masse des « gens normaux » … C'est l'une des choses que j'aime tant dans les romans : en plus de nous faire vivre par procuration d'extraordinaires aventures, ils ont toujours quelque chose à nous apprendre sur le monde et sur nous-mêmes … Alors quand j'ai vu que l'autrice de Frères d'enchantement – dont le résumé est incroyablement intrigant – aimait « les trucs bizarres, surtout sombres et psychologiques », je me suis ruée dessus (le livre, pas l'autrice) !

Depuis le jour de leur rencontre, Ensio et Ljuka sont inséparables : les deux enfants passent leurs journées à vagabonder dans la forêt, à grimper aux arbres … et à discuter pendant les cours, déclenchant le courroux des professeurs et le désespoir de leurs parents. Alors, les deux garçons décident de braver les interdits et les dangers et de créer un lien télépathique pour pouvoir converser à loisir, sans que nul ne puisse les entendre … Mais leur entrée à la Grande Académie va mettre en péril cette belle amitié : tandis qu'Ensio semble tout destiné à devenir un Milicien héroïque et admiré par toute la cité, Ljuka est révulsé par la simple idée de manipuler le vivant et attire les moqueries de ses camarades. Au fil des années, l'agacement de l'un et la rancoeur de l'autre gagnent en puissance … Jusqu'au terrible jour où Ljuka décide de se venger de cette société élitiste qui l'a humilié, et qu'Ensio se voit contraint de le tuer. Commence alors une véritable descente aux enfers pour le survivant, qui vit désormais avec un trou béant dans l'âme et le coeur …

Ce livre, c'est donc l'histoire d'une amitié si forte qu'elle en est devenue littéralement fusionnelle. Dans le monde d'Ensio et Ljuka, tout, de la pierre à l'être humain, possède une vibration, que les hommes peuvent percevoir grâce à la pierre de rhod. Pierre grâce à laquelle ils peuvent également manipuler les plantes et les animaux … et qui a permis aux deux enfants de connecter leurs esprits, en toute insouciance et innocence, aux mépris de toutes les règles et de tous les dangers. Mais mêmes les amitiés les plus fortes ne sont pas à l'abri d'une rupture : au fil des années, les différences s'accentuent entre les deux garçons, et ils s'éloignent progressivement l'un de l'autre, chacun persuadé d'être dans son bon droit et convaincu que l'autre n'est qu'un idiot. Il est intéressant de constater que ce lien télépathique, créé dans l'objectif de pouvoir discuter à loisir, ne leur a été d'aucun secours pour parler et éviter ce délitement douloureux de leur amitié. Alors même qu'ils avaient tous deux le moyen de percevoir les pensées et émotions de l'autre, ils se sont laissé entrainer dans ce cercle vicieux de la rancune et de la haine. Comment voulez-vous que la paix règne sur terre, si même deux amis liés par l'esprit ne sont pas capables de parler calmement pour régler les conflits ? Ils se sont déchirés parce qu'aucun n'a essayé de comprendre l'autre … C'est tragique, mais malheureusement si courant …

Mais ce livre, c'est surtout l'histoire de deux destins opposés, que nous suivons en parallèle. Il y a, d'abord, l'histoire d'Ensio qui vient de tuer celui qui fut son meilleur ami … et qui souffre le martyr à partir de ce moment. Ce n'est qu'en le perdant qu'Ensio se rend compte que ce lien faisait partie intégrante de son être. Tandis que la folie menace de l'envahir, tandis que sa réputation d'héros s'effiloche au fur et à mesure qu'il est submergé par le manque, tandis que sa petite amie elle-même menace de le quitter s'il ne cesse pas immédiatement ses bêtises, Ensio se rend compte qu'il a toujours vécu à travers le regard des autres. le paraitre, la gloire, la renommée, l'admiration … A partir du moment où il n'est plus ce grand héros adulé de tous, tous ceux qui disaient l'apprécier l'abandonnent à lui-même, de crainte que sa déchéance ne vienne entacher leur propre réputation. Il est facile de se sentir entouré lorsque tout va bien, mais ce n'est que quand tout va mal qu'on voit qui tient réellement à nous … Et c'est dans la douleur qu'Ensio comprend ce que son ami d'enfance a dû ressentir lorsque tout le monde le pointait du doigt, à cause de ses angoisses qui l'empêchaient de manipuler le vivant mais que personne n'a jamais chercher à comprendre …

Ce pan de l'histoire, c'est Ljuka lui-même qui nous le raconte. Au fil des chapitres qui lui sont dédiés, nous le voyons se replier progressivement sur lui-même, seul et incompris, tandis que grandissent en lui le ressentiment et la colère. Petit à petit, celui qui était pourtant un enfant joyeux et bienveillant, devient l'homme aigri et violent que nous présente Ensio dans ses chapitres. Quelle tristesse de se rendre compte qu'un peu de bienveillance et de tolérance auraient suffi à éviter cette plongée dans l'extrémisme ! le mépris, les persiflages et surtout les jugements des autres sont les seuls responsables de cette envie viscérale de vengeance qui anime désormais Ljuka … Tout au long du livre, j'ai eu beaucoup de peine pour ce jeune garçon : si je désapprouve profondément son choix de sombrer dans le déchainement de violence, je ne peux que compatir à la peine qui l'habite. de la même manière, si j'ai plus d'une fois eu envie de secouer le jeune Ensio arrogant que nous voyons à travers les yeux de Ljuka, j'étais très triste pour le Ensio adulte qui souffre de cette absence soudaine et de cette culpabilité grandissante. Ensio et Ljuka sont plus des anti-héros qu'autre chose … mais ils sont tous deux très attachants, et c'est un déchirement que de les voir si malheureux !

Deux personnages, deux narrateurs, deux fils narratifs qui se déroulent en alternance … Mais on ne voit pas très bien comment ils peuvent se rejoindre, car il semblerait que Ljuka nous achemine progressivement vers l'événement qui constitue le point de départ de l'histoire contée par Ensio. On progresse en se demandant ce que l'autrice a bien pu nous concocter, avec cette petite inquiétude au ventre : et si, finalement, ces deux histoires parallèles ne se rejoignaient pas ? et si tout cela ne menait finalement nulle part ? Dans ce cas, quel intérêt de continuer à lire les chapitres dédiés à Ljuka : on sait déjà comment son histoire va se terminer, Ensio nous l'a raconté dans le premier chapitre !? Et c'est cette petite pointe d'appréhension elle-même qui nous donne l'impulsion pour tourner les pages, toujours plus vite, avec une impatience grandissante : il y a forcément quelque chose en plus ! Et on l'attend, ce quelque chose en plus, on l'espère … Et Siana a dépassé toute mes espérances, elle m'a conduit sur un chemin que je n'entrevoyais même pas, et elle l'a très bien fait. On danse de surprises en surprises, et c'est du vrai génie ! Je ne peux pas vous en dire plus, pour ne pas vous spoiler, mais sachez que cela a fait naitre en moi pleins de questionnements sur la destinée, sur la fatalité … Les choses sont-elles déjà écrites, les choix que nous faisons sont-ils réellement les fruits de notre libre arbitre, ou bien nos pensées elles-mêmes suivraient-elles un chemin déjà tracé devant nous ?

En bref, vous l'aurez bien compris, j'ai vraiment énormément apprécié ce roman ! Siana nous fait voyager dans un monde à la croisée des genres, où se mêlent et s'entremêlent la fantasy et la science-fiction, où l'aventure côtoie le récit initiatique … Deux personnages que tout oppose mais qu'une amitié profonde réunit, jusqu'à ce que leurs différences ne les séparent à nouveau. Deux histoires qui se répondent jusqu'à n'en former plus qu'une, de la plus étonnante des façons, alors même que le lecteur n'y croyait plus. Deux points de vue qui s'entrechoquent, rappelant à qui veut bien le lire entre les lignes qu'il n'y a pas qu'une seule vérité, mais que chacun vit les choses à sa manière, et que ce n'est qu'en essayant de voir par les yeux de l'autre que l'on peut éviter les issues dramatiques. « Perdre un ennemi, c'est aussi parfois perdre un ami », nous dit l'autrice, dont la plume est par ailleurs vraiment époustouflante ! C'est vraiment un excellent roman, aussi atypique que captivant, qui régalerai sans aucun doute tous ceux et toutes celles qui l'auront entre les mains … Alors n'hésitez plus, venez rencontrer Ensio et Ljuka !
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Communiquer par la pensée avec son/sa meilleur(e) ami(e) ou un proche, n'en avez-vous jamais rêvé ? Bravant tous les interdits, Ensio et Ljuka ont fait plus qu'en rêver, ils ont réussi à créer ce lien télépathique qui leur permet de rester en contact même à distance. Une bénédiction pour ces deux enfants qui partagent alors une solide amitié, mais qu'en sera-t-il, une fois adultes, quand les incompréhensions et les rancoeurs les auront séparés ?

Une question à laquelle Ensio va être confronté lorsque, dans le cadre de sa fonction de Milicien, il finira par commettre l'impensable : tuer son frère d'enchantement devenu incontrôlable ! Rassurez-vous, je ne spoile rien, c'est écrit dans le résumé et cela arrive dès les premières pages. L'autrice part de ce dramatique événement pour nous offrir une narration alternée et audacieuse qui joue entre présent et passé. Nous suivons ainsi, dans le présent, un Ensio déboussolé par son geste dont il n'avait pas anticipé les répercussions sur sa santé mentale : Ljuka mort et leur lien rompu, un vide s'empare de lui et le ronge de l'intérieur. En parallèle, nous remontons le fil du temps, pour suivre Ljuka dans ses études à la Grande académie où il ne se sentira pas à sa place. Quand l'on constate la déchéance du premier dont la vie va à vau-l'eau, on suit la descente aux enfers du deuxième qui, petit à petit, tombe dans l'extrémisme… C'est à se demander qui est finalement le plus fou des deux.

La narration à deux voix est ici efficace d'autant qu'elle donne l'occasion à Siana de nous offrir deux protagonistes complexes et tout en nuances. Pas de héros ni de grand méchant ici, mais deux amis séparés par la vie, les incompréhensions, les rivalités, les rancoeurs, la jalousie et les non-dits, ce qui est pour deux amis pouvant communiquer par la pensée, assez ironique. La complexité des personnages est intéressante dans la mesure où elle pousse le lecteur à développer une certaine empathie pour ces derniers même quand il n'approuve pas leurs actes ni leur personnalité. À cet égard, j'ai trouvé le personnage d'Ensio particulièrement bien construit. D'abord tête à claques, imbu de sa personne, prétentieux et vantard, il s'humanise à mesure que sa vie tombe en lambeaux et qu'il sombre dans la folie. Cela se fait progressivement ce qui rend son évolution réaliste et touchante. Alors qu'en début de roman, je n'espérais rien de ce personnage, il apporte finalement une très jolie réflexion sur l'amitié, la rédemption, le poids de ses erreurs et la nécessité de les réparer. Contre toute attente, il a ainsi su me toucher voire m'émouvoir, et rien que pour ça, je tire mon chapeau à l'autrice !

Le personnage de Ljuka m'a aussi surprise, son évolution suivant le schéma inverse de celui d'Ensio et suscitant en moi des sentiments ambivalents : compréhension, peine, pitié puis agacement… En début de roman, il attire la sympathie par sa gentillesse, ses fêlures, ses difficultés à rentrer dans le moule, sa lutte quotidienne pour faire accepter ses différences et sa personnalité pleine de sensibilité. Incapable de s'exercer aux enchantements sur le vivant, il va se rapprocher d'un élève Mécaniste malgré la réprobation générale ; une personne de son rang n'ayant pas à s'acoquiner avec la plèbe. Son comportement et cette amitié nouvelle vont susciter moquerie et rejet de tous, même de la part des deux personnes qui comptaient le plus pour lui, son meilleur ami et cette fille qui lui plaisait tant. Se sentant incompris, trahi et ne supportant plus cette société dans laquelle les Maîtres s'approprient tous les pouvoirs, il va, petit à petit, laisser son jugement s'obscurcir…

Si ses idées d'égalité et son envie de protéger la population de la toute-puissance des Maîtres nous semblent justes, cela tourne à l'obsession. Sous couvert de justice, Ljuka finit par nous apparaître comme un fou prêt à tout pour prouver sa supériorité et la suprématie de ses idées. Un point qui le fait finalement de plus en plus ressembler aux Maîtres qu'il méprise, mais qui eux, ne font pas couler le sang pour assurer leur pouvoir… Même si ce n'est pas développé outre mesure, le système de classe se révèle d'ailleurs intéressant. On retrouve, comme sous l'Ancien Régime, une société divisée en classes avec une classe dominante qui impose ses desiderata aux « classes inférieures ».

J'ai adoré suivre le cheminement de cette amitié hors norme qui va se déliter jusqu'à se transformer en haine. On ne peut s'empêcher de se demander comment la situation a pu prendre une telle tournure entre deux personnes qui étaient pourtant unies par un lien télépathique. À moins que ce soit justement ce lien, en leur donnant l'illusion d'une parfaite compréhension, qui ne soit responsable d'un tel manque de communication et d'un tel gâchis… Amour et haine sont donc ici inextricablement liés, l'ami devenu ennemi ne semblant jamais l'être totalement.

En plus d'une narration dynamique ponctuée de nombreux dialogues rendant la lecture très fluide, l'autrice possède une très belle plume qu'elle met au service de ses protagonistes avec beaucoup de justesse. S'adaptant à leurs états d'âme et aux différents événements, le rythme est parfois rapide, d'autres fois un peu plus lent, mais toujours parfaitement cadencé. Les amateurs de belles plumes devraient donc être ravis de s'immerger dans cet univers enchanteur qui, même en absence de longues descriptions, se révèle très immersif. J'ai, en outre, apprécié la manière dont l'autrice a su introduire très naturellement quelques touches de steampunk, mais surtout de science-fiction. Cela apporte un plus indéniable à la narration qui prend une autre tournure, peut-être un peu plus introspective, mais jamais ennuyeuse.

Quant à la fin, c'est l'une des meilleures que j'aie pu lire ! Inattendue, belle et forte à la fois, elle permet aux lecteurs de terminer le roman sur des émotions fortes et la conviction que Siana a effectué un travail de fourmi, ne laissant rien au hasard dans la construction de son roman.

En conclusion, ni roman de fantasy classique avec sa cohorte de créatures, ni roman de science-fiction pur avec ses théories parfois complexes, Frères d'enchantement mélange habilement ces deux genres, quelques touches de steampunk en plus, pour nous offrir un univers passionnant et très bien construit. À travers deux amis unis par des liens encore plus profonds que ceux du sang et séparés par une rivalité tournant à la haine, l'autrice offre une belle réflexion sur l'amitié, la rédemption, le poids du passé, mais aussi sur la société et la manière dont des idées justes, déformées par la rancoeur et l'aveuglement, peuvent conduire à des actes de pure folie.
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Tout d'abord je tiens à remercier l'auteure qui m'a proposé de lire son roman. Je dois bien avouer que je ne serais peut être jamais tombée dessus, même en passant du temps sur Booknode comme j'aime le faire… Et ça aurait été tellement dommage! J'ai beaucoup aimé ma lecture et j'ai passé un excellent moment. Et il n'y a rien de mieux que ça. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à découvrir cette auteure que je ne connaissais pas du tout. Ça a été une excellente découverte. de plus, ce roman était vraiment génial, je ne l'ai pas lu d'une traite comme je l'aurais souhaité mais du coup je n'avais qu'une hâte à chaque fois : me replonger dans ma lecture.

Comme je viens de le dire, je découvre totalement cette auteure. Et quelle découverte! Vraiment je suis fan. Sa plume regroupe tout ce que j'aime. Elle a un côté très fluide, on ne voit pas du tout les pages défiler, c'est très facile à lire. Et puis elle a ce côté addictif que j'aime terriblement. C'est vraiment le genre de plume qui vous donne envie de dévorer le roman en un rien de temps. Vous n'avez pas envie de le lâcher, vous ne voulez pas le poser et devoir faire autre chose. On est tellement pris dans l'histoire qu'on en redemande clairement. Tout le long de ma lecture, je n'avais vraiment pas envie de devoir passer à autre chose, mais je n'avais pas le choix et c'était tellement difficile parce que j'en voulais toujours plus! J'ai fais durer le plaisir mais je ne vous cache pas que si j'avais pu je l'aurais clairement dégommé en un rien de temps!

Dans ce roman, on va suivre Ensio. Milicien engagé et apprécié de sa belle cité, il affiche l'air d'un héros, mais une partie de lui se meurt. Il a tué son ami d'enfance, et ainsi brisé le lien télépathique qui les unissait. Un lien interdit, car dangereux. Maintenant, un vide obscur le dévore petit à petit, insidieusement. Il doit le combler avant de devenir fou. On va suivre aussi Ljuka. Ils l'ont oublié, ils n'auraient pas dû. Il se souvient parfaitement de leurs moqueries, de l'immonde fierté qui imprègne autant leurs actes que leurs paroles. Ils ne comprennent toujours pas, ou plutôt, ils ne veulent pas comprendre. Alors il va les y forcer et leur prouver qu'ils ne sont pas parfaits ni tout puissants. La révélation d'un héros sur le déclin. le parcours d'un homme devenu extrémiste. de fraternité à rivalité…

Commençons par parler de l'intrigue. Je l'ai trouvé hyper intéressante mais surtout passionnante. On commence directement, pas vraiment le temps de souffler on est direct plongé dans l'ambiance! Ce que j'ai beaucoup apprécié c'est l'alternance des points de vues. On alterne entre celui d'Ensio et celui de Ljuka. Mais en plus de ça, on alterne également entre passé et présent. Lorsque l'on est aux côtés d'Ensio, dans le présent, on découvre que Ljuka est un extrémiste qui a commis un attentat. On est donc bien loin de l'ami d'enfance d'Ensio. Dans le présent, Ensio va vouloir essayer d'arranger les choses. En tuant son meilleur ami, il a aussi brisé le lien qui les unissait. Sauf que le manque est insurmontable pour lui et il va donc essayer d'arranger les choses. Je dois bien avouer que j'ai préféré les moments où on était dans le passé avec Ljuka. Quand on a son point de vue, on découvre ce qui l'a amené à faire ce qu'il a fait. On commence donc par le découvrir à l'enfance avec Ensio, puis on les voit grandir. Ce sont vraiment ces chapitres là que j'ai préféré. le fait de découvrir le pourquoi du comment Ljuka est devenu un paria aux yeux des autres, c'était vraiment intéressant. L'intrigue était tout simplement palpitante. On ne s'ennuie pas une seule seconde et je trouve que le fait d'alterner les points de vues comme ça, ça nous permet d'être encore plus à fond dans l'histoire. Comme on veut en savoir toujours plus, on dévore les chapitres! On a de l'action, des révélations, des retournements de situation et j'en passe. le mélange absolument parfait pour passer un excellent moment!

Du côté des personnages, impossible de ne pas s'attacher à ces deux là. Impossible également de ne pas ressentir de la peine surtout. de voir une si belle amitié, qui dure depuis tant d'années se détériorer comme ça, ça m'a vraiment touché et ça m'a surtout brisé le coeur.. J'ai adoré Ensio mais j'ai une grosse préférence pour Ljuka. Mais parlons d'abord d'Ensio. Je l'aimais beaucoup au début, mais je dois bien avouer que plus j'avançais dans ma lecture et plus j'avais du mal avec lui, surtout avec ce qu'il a fait avec Ljuka. J'ai trouvé ça tellement injuste la façon dont il le traite. Mais on peut dire qu'il a fini par se rattraper finalement. Je n'en dirais pas plus par peur de spoiler quelque chose. Ensio c'est quelqu'un d'assez fier, il aime le statut qu'il a, il aime qu'on parle de lui comme d'un héros. On pourrait presque dire qu'il aime se pavaner. Alors après la mort de Ljuka et la perte de son lien, la chute pour lui est brutale. Il n'est définitivement plus le même. Mais j'ai beaucoup aimé voir ce qu'il est devenu. Même ce qu'il fait à la fin, ça m'a très surprise. Concernant Ljuka, je suis vraiment beaucoup trop attachée à ce personnage. Je l'ai de suite adoré mais alors plus j'avançais et plus je m'attachais à lui. Il m'a beaucoup touché et j'ai eu tellement de peine pour lui. Dans leur monde, il y a les Mécanistes, qui sont assez mal vus puisqu'il s'agit d'une classe inférieure on va dire et il y a les Maîtres, comme Ensio par exemple. Ljuka lui aussi était « destiné » à en devenir un mais il a préféré se tourner vers autre chose et c'est ça qui va l'éloigner doucement des autres. J'ai trouvé ça tellement injuste la façon dont ses camarades l'ont traité. Tout ça parce qu'il s'intéresse à quelque chose qui n'est pas de leur rang. Il faut soigner les apparences et j'ai trouvé ça si dommage. Ljuka n'a jamais abandonné. Il a toujours fait ce qui lui plaisait vraiment et peu importe ce que l'on peut dire sur lui, ça lui passe au dessus. C'est un trait de caractère que j'ai adoré chez lui.

Comme je le dis plus haut, voir cette amitié si belle être détruite comme ça, ça m'a vraiment beaucoup touché. Ensio et Ljuka se connaissent depuis l'enfance, ils passaient tout leur temps ensemble, jusqu'à créer ce lien télépathique alors que c'est clairement interdit de faire ça. Ils étaient complices, ils se comprenaient mieux que personne. Outre leur lien télépathique, ils avaient un lien fort qui les unissait. Pendant notre lecture, on voit qu'ils s'éloignent petit à petit. Ça se fait tout doucement finalement. Mais malgré tout, quand on voit comment le roman se termine, on se rend compte que même si il y a eu tout ces évènements, une amitié aussi forte que celle ci ne peut pas être brisé. Il restera toujours au fond une grosse part d'attachement. Et on le voit bien ici avec cette fin. D'ailleurs, la fin je ne m'y attendais pas du tout, je n'aurais jamais imaginé que ça prenne cette tournure. Mais c'est génial! J'ai vraiment adoré voir comment toute cette histoire se termine.

C'est une histoire originale que j'ai adoré découvrir. Encore une grand merci à l'auteure pour me l'avoir proposé, j'ai pris énormément de plaisir à le lire. L'univers est vraiment incroyable et j'ai adoré le découvrir. le principe des Maîtres, des Mécanistes etc, j'ai vraiment adoré. La chose que j'ai le plus aimé dans cette lecture, c'est vraiment les personnages. Rien qu'en écrivant cette chronique, j'ai le coeur qui se serre en pensant à Ljuka et Ensio. Leurs personnages sont si bien construits, c'est un vrai plaisir de les découvrir. Je ressors de cette lecture vraiment comblée, c'était génial et j'ai passé un excellent moment. Je ne peux que vous conseiller ce roman, vraiment foncez le découvrir!


Lien : https://enairolf.home.blog/2..
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Attention pépite !
Parfois, quand on chronique la littérature indépendante, on tombe sur une authentique pépite. Un trésor. Un ouvrage qui mériterait d'être diffusé à grande échelle, et mis entre toutes les mains des fans du genre. Et quel genre ! Un croisement alchimique entre steampunk, science-fiction, fantasy et chronique d'une amitié qui dépasse les limites de la seule camaraderie, et le résultat fonctionne merveilleusement bien.

A Aptenja, cité enchantée où l'on croit en les vibrations des êtres vivants, Ensio et Ljuka sont deux compagnons avec une connexion qui dépasse la seule amitié. Mais, même liés par une histoire et une enfance parallèle, la vie, ses épreuves et les choix qui la jalonnent finissent par les séparer, sans jamais que ce fil entre eux ne se brise. Et pourtant, les deux amis pourraient très vite se retrouver frères ennemis...

Ce qui surprend dès les premières lignes, en plus d'un style rapide et fluide, c'est le parti pris de Siana. Au lieu de planter le décors comme très souvent dans les romans qui redéfinissent la réalité, elle propulse le lecteur dans une scène d'action haletante et proprement captivante. On ne sait pas pourquoi, on ne sait pas comment, mais les pages se tournent d'elles-mêmes tant les descriptions sont imagées et précises, et tant le but de la scène est sans cesse au coeur du chapitre. On finit hors d'haleine, dans les meilleures dispositions pour qu'on nous raconte l'histoire.

Et quelle histoire ! L'autrice récupère la plupart des codes de la SF et de la fantasy, et les transforme pour en faire des éléments originaux et porteurs de thèmes riches et puissants : l'amitié, la façon dont la vie se met sur le chemin des personnages, les épreuves qui façonnent les personnages, les vibrations des êtres vivants et comment elles peuvent être détournées...Sans être totalement neufs, ils sont ici utilisés sous des codes propres au roman et à l'univers narratif.

Le style de l'autrice est incroyable. Vraiment, c'est comme une potion qui saurait prendre tous les éléments nécessaires et en faire une parfaite mixture. Les champs lexicaux sont développés sans être nébuleux, les descriptions sont poussées sans jamais être ennuyeuses, les dialogues sont intelligents sans jamais mordre la ligne du rébarbatif, et l'intrigue est riche sans jamais perdre le lecteur. Un véritable exercice de funambule !

Et chacun de ces éléments sont articulés les uns par rapport aux autres, comme un mécanisme parfaitement huilé-image qui fait d'autant plus sens que le roman est profondément ancré dans la tendance steampunk. On avance dans un contexte confortable dans sa construction, mais profondément instable et fascinant dans le déroulé de l'action.

Autre fait rarement observé chez les romans du (des) genre(s), l'autrice prend le temps de poser les émotions et les idées et elle laisse un véritable espace narratif pour que celles-ci se développent et emportent le lecteur avec elles. En outre, le travail fait pour que jamais le roman ne semble manichéen fonctionne parfaitement. Les gentils ne le sont jamais entièrement, et les méchants sont tout à fait dignes d'empathie de la part du lecteur. C'est assez rare pour le souligner.

Il y a un véritable travail d'effectué sur la psychologie des personnages, et sur le réalisme profond de leurs réactions aux évènements. Par exemple, quand Ensio se concentre sur des petits détails pour s'ancrer dans la réalité, ou quand il ne brille pas par un sur-héroïsme et possède des moments de vraie faiblesse brillamment expliqués. Dans un contexte fantastique, cela permet de développer encore l'empathie qu'on ressent pour les protagonistes.

L'idée derrière la vibration des êtres vivants est épatante, et elle est construite de telle façon qu'on ne peut qu'adhérer au concept. Cela m'a rappelé les théories sur les lignes de Ley, et comme les vibrations humaines, végétales et animales peuvent se retrouver et se répondre. La présence du Rhod, cette pierre qui permet de tisser des liens de vibration, est proprement fascinante tant elle est bien installée.

Enfin, comment finir sans souligner l'extraordinaire construction en miroir des deux personnages, qui évoluent chacun dans une temporalité propre, et dont les actions sont liées par des fils invisibles et pourtant bien sensibles. C'est une histoire d'amitié hors du commun, parfois belle à pleurer, parfois terrifiante, toujours prenante, forte et ancrée dans la réalité narrative.

Si vous cherchez un roman hors du commun et impossible à lâcher...Ne cherchez plus !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Non loin, l'ours m'apparait flou à travers la fumée. Légèrement plus petit que ses compères, cela ne l'empêche pas de transpercer la Demeure du Conseil à coup de griffes. La mante religieuse se dirige quant à elle vers la Grande académie à l'ouest, à l'ouest d'Aptenja. Quelques personnes tentent de l'escalader, sûrement des Mécanistes auxquels on a demandé de désincruster les automates de pierres qui les animent. Malheureusement, les ronces végétales implantées dans l'insecte géant les attaquent et ils tombent en hurlant. Je détourne le regard, un nouveau frisson me nouant l'estomac. Si l'on ne peut arrêter ces monstres, reste à capturer le paria qui les dirige !
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Je fis tout ça sans même une pensée. Comme si j’étais moi-même déchargé. Depuis l’accident, je n’arrivais plus à ressentir quoi que ce soit de positif, en dehors des pensées qu’Ensio tentait de m’envoyer. Et même celles-ci s’avéraient éphémères, disparaissant sous mon amertume. J’avais l’impression d’être devenu un pantin, ou un automate de Mécanistes. J’avançais, je mangeais, je parlais, mais tout à l’intérieur de moi était vide.
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Il était un mage, se prenant trop pour Dieu,
On le dit puissant, lettré, mais fou,
Lors, le mage se revancha de tout,
Et par sa rhodzonit, fourvoya les cieux,
Fendit la belle lune rouge d’un coup,
Émergea l’océan sur les proues,
Alors vint un grand sage envoyé de Dieu,
Descendant par la voûte ennuagée,
Il fit face au mage noir dérangé,
Effusions sanglantes, quand au coeur vint l’épieu,
Le fou en oublia tout danger,
Colère criée, rage à l’apogée,
Et les flots furieux le renvoyèrent à Dieu…
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Colère criée, rage à l’apogée…
Alors que j’admirai mon ami, en train de grimper plus haut, je ne pus m’empêcher de penser qu’il avait raison. Notre arbre, c’était comme un siège de grand Maître-Initiateur. Un Maître à la fois explorateur et conquérant ! Tout à coup, je me sentis mieux, détendu, comme si je n’avais plus peur de rien, et encore moins de tomber. En regardant encore mon ami, j’eus la certitude qu’un jour j’irais jusqu’aux cimes avec lui.
Et les flots furieux le renvoyèrent à Dieu.
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Il était facile pour les Maîtres de prétendre que telle ou telle recherche s’avérait très importante, voire capitale pour la survie de la population. Ce qui leur permettait aussi de s’octroyer les meilleurs revenus. De se sentir supérieurs ! Et ils en tiraient leur fierté ! Ils se pavanaient dans leurs capes immaculées ! […] Les Mécanistes, les artisans-commerçants et les Initiateurs faisaient bien plus prospérer la ville que les Maîtres. Ils lui apportaient de la matière, de quoi vivre. Avec les transporteurs, la construction, les cultures, les élevages. Et qui se serait passé du commerce ? Quand les recherches des Maîtres n’apportaient qu’un plus haut niveau d’intellect et une meilleure manipulation des vibrations.
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