Emblèmes, tome 1 : Le cercle des géographes

Érèbe d'Aigremort préfère la compagnie de son loup et la solitude de la forêt, plutôt que celle de ses semblables pleine de mesquinerie et de moquerie. Sur son compte courent les pires rumeurs, sa présence suscite tantôt l'effroi, tantôt la haine car les gens préfèrent se fier aux mauvaises langues plutôt que de faire leur propre opinion. Alors qu'il pensait demeurer seul, l'héritière de la maison Vonburg de Souale souhaite le rencontrer pour l'épouser. Il est vrai que la dot qu'elle apporte pourrait sauver le domaine de la ruine mais pourquoi désire-t-elle tant épouser un monstre ? Cécilie n'accorde que peu d'importance aux commérages et elle compte bien obtenir par son union un ticket d'entrée pour la Scientifica où elle espère trouver sa place et s'épanouir. Seulement son manque d'honnêteté et l'emballement des évènements pourraient bien lui coûter son rêve ?

Dans Emblèmes, Ina Siel nous ouvre les portes d'un univers merveilleux et occulte qui oscille entre science et magie. Ce monde se divise en trois espaces distincts. Il y a Naturalia, administré par les cinq cités nations : Archonde, Lux, Cavare, Souale et La Tour qui entretiennent des relations commerciales entre elles et avec La Scientifica. Cette dernière forme, d'ailleurs, un archipel de cinq îles : l'île des Cendres, l'île des Pierres, l'île du Lys, l'île du Lierre et l'île de la Rose. Véritable berceau des innovations technologiques, elle abrite en son sein l'université qui forme les hommes et les femmes à devenir les futurs Scientificiens. Enfin, Exotica est une vaste jungle où vivent de manière éparse des clans régis par de puissantes entités, qualifiées ici d'Emblèmes, qui leur sont propres et leur confèrent une magie particulière. Leur existence demeure abscons aux yeux des Naturaliens et des Scientificiens qui organisent régulièrement des expéditions pour ramener des spécimens et percer les secrets de cette sorcellerie. Or, ces trois mondes dégagent des ambiances bien différentes. Si Naturalia personnifie le XVIIIe siècle à travers l'emprise des naturalistes, l'essor des cabinets de curiosités, l'engouement pour le commerce des produits exotiques et le maintien d'une société patriarcale, La Scientifica, elle, s'inscrit davantage dans notre époque contemporaine marquée par un important progressisme scientifique et social. Quant à Exotica, elle demeure un vaste territoire sauvage dominé par une nature luxuriante où s'épanouie la magie transformant même les espèces en créatures ésotériques. Véritable hommage à ces fameux cabinets de curiosités dont la désignation des objets s'y trouvant a littéralement inspiré l'autrice dans son choix du nom des lieux où se déroule l'action de son livre. Ainsi, naturalia désigne les objets de nature animale, minérale et végétale, scientifica fait référence aux instruments scientifiques et exotica renvoie à la faune et à la flore exotique, ainsi qu'aux objets ethnographiques.

Des cercles érudits à l'équipée sauvage, l'atmosphère dégagée ici emprunte au gothique donnant au récit un charme suranné.

Dès les premières lignes de son livre, Ina Siel nous emporte dans le tourbillon des péripéties par lesquelles passent ses deux personnages principaux. La plume est fluide et n'a aucun mal à nous faire adhérer à son histoire. D'autant que le texte est ponctué de thèmes pertinents. Bien sûr, on va retrouver des éléments familiers au Young Adult comme l'amitié, l'amour ou l'apprentissage, mais l'autrice nous parle aussi d'handicap, de dépression et de maladie en mettant notamment en exergue la manière de les surmonter ou tout du moins de les apprivoiser. Elle table plutôt sur des destins tourmentés et des personnages fragilisés donnant ainsi un accent très réaliste tout en suscitant moult émotions.

Avec Emblèmes, Ina Siel échafaude une intrigue ambitieuse qui n'a pas fini de nous faire réagir d'autant que le suspense est manié ici avec beaucoup de machiavélisme... plus sur Fantasy à la Carte






Lien : https://fantasyalacarte.blog..

Hasard du calendrier, je remporte le livre lors de la masse critique jeunesse et le reçois la veille de ma rencontre avec l'auteure, Ina SIEL, au salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil. J'ai donc dans les mains un beau livre dédicacé avec un joli tampon d'Erèbe avec son loup.

L'histoire en elle-même est intéressante, originale et assez mystérieuse. La taxidermie n'est pas l'un des sujets les plus répandus dans la littérature, le choix est surprenant mais la nouveauté agréable. Les dernières pages du livre particulièrement, ont su gagner mon intérêt, grâce à la magie et aux emblèmes.

Malheureusement, j'ai trouvé la progression de l'histoire chaotique. Quelques personnages secondaires et importants sont connus du lecteur après coup, ils entrent dans le récit aussi vite qu'ils en repartent tout en laissant une sensation étrange d'inachevé. de même, certains évènements importants se vivent par procuration alors qu'ils auraient mérité une narration bien plus développée.

La psychologie de la plupart des personnages est confuse voire contradictoire, les caractères sont brouillons, il est difficile de pouvoir s'identifier aux protagonistes. Cécilie et Erèbe sont tantôt attachants lorsqu'ils se mobilisent ou tantôt énervants, les pleurnicheries et apitoiements réguliers ont eu tendance à m'agacer parfois. L'attachement du couple comme leurs envies et leurs sentiments tanguent : un pas en avant pour deux en arrière, je n'ai pas su sur quel pied danser.
Quant à Anacendre, c'est encore pire, j'ai trouvé sa personnalité farfelue et incohérente. Est-ce que son comportement sera plus compréhensible dans le prochain tome ? malgré les révélations finales, il manque peut-être encore certains éléments pour mieux appréhender son attitude et ses choix.

Le deuxième et dernier tome de la série sortira au premier trimestre 2024, je pense tout de même le lire car il me semble qu'il contient la promesse d'une lecture plus palpitante. Peut-être que ce premier tome n'était qu'une loooongue entrée en matière… à suivre.

Un grand merci l'équipe Babelio et les éditions Mnémos - Naos pour ce cadeau de fin d'année !

J'ai eu le privilège de recevoir ce livre dans le cadre de l'opération "masse critique babelio", et je tiens à exprimer ma gratitude envers les éditions Mnémos pour cet envoi arrivé à temps pour orner mon sapin.

Les références aux défis liés aux traumatismes d'Erèbe, ainsi que l'exploration de son hypersensibilité/hypersensorialité (potentiellement liée à l'hypervigilance issue des trauma), de l'incompréhension des expressions sociales et des liens sociaux, ou du second degré etc., ainsi que le ressassement et crainte du rejet ont ajouté une profondeur à l'histoire. L'intérêt spécifique et sa manière de percevoir le monde me font également penser qu'il se situe quelque part sur le spectre de l'autisme, ou tout du moins qu'il est neurodivergent. Cette dimension m'a permise de m'identifier assez facilement. Par ailleurs, le thème du handicap est aussi abordé à travers le personnage de Lucien, ajoutant une dimension supplémentaire à la diversité des expériences présentées dans le récit. Handicaps visibles et invisibles sont rarement des thèmes qui ressortent en littérature même si cela commence doucement, et je trouve que c'est très positif pour un roman jeunesse.

Evidemment, s'ajoute la touche de féminisme incarnée par Lucilie qui ne fait pas tant dans la dentelle, mais se sert de ce qu'elle peut et de ce qu'elle a pour se sortir de sa condition.

Le tout dans un univers à la fois riche, à la fois pas si différent du nôtre d'un continent à l'autre.

Cependant, malgré l'appréciation globale, j'ai ressenti quelques difficultés avec la place prépondérante accordée aux atermoiements amoureux. Bien que compréhensibles dans le contexte, ils ont parfois semblé prendre le dessus sur d'autres aspects de l'histoire, même si le mariage sert de catalyseur pour permettre aux deux protagonistes de se lancer dans l'aventure.

Je tiens également à souligner l'esthétique magnifique de la couverture, qui a attiré mon regard dès le départ. de plus, la créature décrite dans le livre m'a évoqué, tant dans son apparence que dans sa description, des souvenirs du manga "The Ancient Magus' Bride", ajoutant une dimension visuelle et imaginative à ma lecture.

Pour le reste, je vous laisse découvrir. de mon côté, je suis tout de même un brin curieuse de la suite.

En premier lieu, je suis totalement fan de la couverture de ce roman. Elle est très réussie, à l'image de la bête qui hante les rêves d'Erèbe. Elle représente également bien le style d'univers, empli de lieux clair-obscur où sont exposés des créatures naturalisées et de bibliothèques pleines de récits d'aventures et de recherches botanistes ou zoologistes au sein de la mystérieuse Exotica. Je trouve que le choix de couleurs colle bien à ce type d'atmosphère un peu étrange et facilite la plongée dans ce récit young-adult atypique qui sort de l'ordinaire par les personnages qu'il met en avant ainsi que par son ambiance inspirée des cabinets de curiosités.

Emblèmes n'est pas un récit d'aventures. Ne t'attends pas à arpenter en long en large et en travers des terres sauvages et à vivre un périple plein d'actions et de rebondissements. Je l'avoue, j'ai été déstabilisée par ce constat, avide que j'étais de découvrir Exotica. Mais j'ai fini par trouver mon compte dans ce récit posé, qui prend son temps, celui d'Erèbe en réalité. Ceci dit, je ne te cache pas avoir préféré le dernier quart de ce roman car il prend place au sein de cette terre tant désirée. de plus, il est riche en révélations, en exploration, en action et en émotions. La magie qui anime Exotica m'a beaucoup plu. Elle est proche de la nature tout en étant singulière et mystérieuse. Les créatures qui peuplent cette terre sont par ailleurs à la fois terrifiantes et majestueuses, attendrissantes et dangereuses. J'ai adoré les relations qu'Érèbe entretient avec certaines d'entre elles, à commencer par son loup.

Emblèmes est en réalité un roman d'ambiance et surtout un récit initiatique, d'émancipation et de courage. Que dire des personnages qui le portent? Qu'ils sont parfaitement imparfait tout simplement. A commencer par Érèbe, ce jeune homme traumatisé, apeuré, renfermé sur lui-même, dont le quotidien va se retrouver chamboulé par l'arrivée de Cécilie dans sa vie. Mon dieu que j'ai aimé ce héro! Il est unique, plein de failles et a des loisirs un peu bizarres. Mais on a envie de le prendre dans nos bras, de le rassurer, de l'aider à sortir de sa coquille et à prendre confiance en lui. L'autrice met très bien en lumière sa fragilité, son anxiété et les angoisses qui le portent ainsi que sa volonté et sa force pour tenter de s'en détacher même si c'est loin d'être facile. Je l'ai énormément aimé car la mise en avant d'un tel personnage est assez rare et j'ai adoré cette histoire rien que pour cela. Il est doux, aimant, gentil et au final très courageux d'une certaine manière.

Il faut dire que Cécilie ne le ménage pas et est assez forte pour le secouer et l'inciter à s'ouvrir au monde. Cette jeune femme est porteuse d'élans féministes et n'aspire qu'à la liberté et la connaissance. J'ai ressenti des sentiments un peu contradictoires à son égard. Je l'ai admiré pour sa détermination à atteindre son objectif et à ne pas se laisser dicter par ses sentiments ou ses remords. Mais c'est aussi pour ça que je l'ai détestée parfois. Elle a un bon fond mais l'injustice de Naturalia envers les femmes, la manière dont elles sont traitées, la force à entreprendre des actes qu'elle n'approuve pas totalement mais qui sont nécessaires pour elle. Heureusement, c'est le premier sentiment qui l'a emporté et j'aime beaucoup cette jeune femme au final. Elle ne fait pas les choses à moitié quand elle a décidé quelque chose!

L'autre force de cette histoire, après ses personnages particulièrement captivants et son ambiance envoutante, c'est la plume de l'autrice. Elle est étoffée, imagée, très ancrée sur la psychologie des héros, tout en profondeur et en justesse. Toutefois, il m'a peut-être manqué quelques descriptions pour mieux me représenter ce monde. J'avoue avoir ainsi été pas mal déroutée par l'aspect très moderne, limite futuriste de la Scientifica, qui ne collait pas avec l'image que j'avais en tête de cet univers. Une légère rayure sur le disque de mon imaginaire en somme. Par ailleurs, l'histoire avançant en même temps qu'Erèbe et de sa capacité à faire face à ses angoisses, j'ai été surprise par l'absence d'une scène, essentielle selon moi pour la construction de ce personnage. (*Attention spoiler, j'ai complété ce point à la fin de mon article). Ceci étant dit, Ina Siel est peut-être une jeune autrice mais elle maîtrise très bien l'art du cliffhanger sadique qui laisse les héros dans une situation bien horrible et le lecteur sur un sentiment de crainte absolue pour la vie de ces personnages très attachants. J'ajouterai qu'accuser son éditrice pour se dédouaner de cette fin, ce n'est pas très très joli XD

Pour conclure, Emblèmes est un roman young-adult qui sort des sentiers battus, porté par une plume de qualité et prenant place dans un univers étrange à l'atmosphère ensorcelante. Il donne vie surtout à des héros comme on en voit trop peu, plein de failles mais hyper attachants et parfaitement imparfait. Je suis impatiente de lire la fin de cette duologie envoutante.
Lien : https://callysseblog.wordpre..

Erebe d'Aigremort est un jeune homme noble de 19 ans. Son meilleur ami est un loup et il ne quitte jamais son domaine car il n'apprécie pas la compagnie des gens. Cela lui provoque d'énormes crises d'angoisse. Il a également été traumatisé par une attaque lorsqu'il était petit, ce qui lui engendre de nombreux cauchemars et sueurs froides toutes les nuits. Son occupation favorite est la réalisation de "Chimères" et de curiosités, qui lui permettent de vaincre son cauchemars récurrent et de se vider l'esprit. Un jour, une jeune femme roturière, Cécilie, lui fait une proposition d'union . Son but est d'intégrer "le cercle des géographes" qui mène des expéditions de prestige vers Exotica, lieu de magie et de créatures fantastiques,d'où Erèbe est originaire : et pour cause, ses cauchemars viennent de cette terre où il a subit son agression traumatisante!
Erèbe malgré ses craintes accepte dans le but de retrouver ses souvenirs et de guérir. Cécile quant à elle veut profiter de cette situation pour intégrer la Scientifica afin de sortir de sa condition de femme....
Entre complots politiques, féminisme, magie, amitié, romance, Ina Siel nous fait parcourir son univers et nous tient en haleine jusqu'à la fin de ce roman magnifique! Je n'ai pas pu me décrocher des personnages. Nous sommes confrontés à la maladie mentale, à la trahison, au besoin qu'ont les personnages de prouver leur valeur. Tout en poésie et en douceur, malgré certains passages très sombres qui nous entraînent au fin fond des méandres émotionnels des personnages qui tentent d'aller au bout de leurs rêves.
J'ai beaucoup apprécié la plume d'Ina SIEL, ses chapitres courts et bien décrits. J'ai adoré suivre l'évolution de chacun des personnages aux personnalités très riches. J'ai pleuré au rythme des crises d'Erèbe ainsi que face aux découvertes qui auraient pu le briser. J'ai aimé les chimères,le voyage,les paysages...
Ce roman est très fort émotionnellement et plein de sens , il peut à mon sens raisonner en beaucoup de lecteurs ! Je le conseille évidemment et j'en attends la suite avec grande impatience ! Merci Aix éditions mnemos pour ce magnifique service presse et merci a Ina Siel pour cette pépite qui se classe en top one de mes lectures coups de coeur !