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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Paru en 2002 aux désormais disparues éditions Oxymore, « La sève et le givre » est sans doute le roman de Léa Silhol qui a connu le plus de succès grâce à sa parution en poche dans la (elle aussi !) désormais disparue collection Point Imaginaire. le roman a toutefois été réédité récemment et ravira sans aucun doute les amateurs de contes et légendes. le roman s'inspire en effet du folklore celtique dont l'autrice se réapproprie un grand nombre de concepts et de créatures. L'histoire se déroule essentiellement en Écosse, dans un monde à la lisière du nôtre dans lequel évolue les créatures de Féeries, et met en scène deux personnages radicalement différents et pourtant inextricablement liés par le destin. le premier, Finstern, est le roi d'une des cours d'Ombre, celle de Dorcha, à qui les Parques ont promis la mort et dont la seule chance de salut réside dans l'amour d'une femme. le second, c'est justement celle que le destin lui a promis, la belle Angharad, née du printemps et de l'hiver, et qui, bien qu'ignorante de la prophétie des Parques, va se retrouvée malgré elle entraînée dans leurs manigances. le roman brasse un grand nombre de références qui éveilleront sans doute plusieurs échos chez le lecteur. La scène d'ouverture, narrant la rencontre entre les trois Parques et le roi, fait ainsi penser à « Macbeth », la fameuse pièce de Shakespeare. Les luttes de pouvoir entre les différentes Cours, d'Ombre, de Lumière ou de Crépuscule, ne sont quant à elles pas sans faire penser au « Cycle des Princes d'Ambre » de Roger Zelazny, tandis que le récit de la fascination et du désir que sont capables de faire naître les créatures de Féerie rappelle des romans comme « Thomas le Rimeur » d'Ellen Kushner, ou « Le cycle des elfes » de Jean-Louis Fetjaine. L'autrice s'est abondamment documentée sur le sujet et cela se ressent tant la Férie dépeinte ici se révèle complexe et insaisissable, à l'image de ses habitants.

L'intrigue est intéressante à suivre, même si sa trame se révèle finalement relativement classique, et l'histoire d'amour relatée n'a rien d'un conte fleur bleu. Si certains rebondissements sont aisément prévisibles, l'autrice parvient aussi à nous surprendre à plusieurs reprises, notamment en donnant à son héroïne bien plus de profondeur et de caractère que ne le présageait le rôle qui lui était attribué au préalable. Loin de se cantonner à une position passive d'objet de désir et de convoitise, Angharad fait vite preuve d'une grande lucidité et manifeste une farouche volonté à ne pas se faire manipuler. La Dame blanche n'a, également, pas grand-chose à voir avec la jeune femme pure et naïve avec laquelle on la confond : capable de faire preuve de cruauté comme de rouerie, elle n'hésite pas elle aussi à manipuler celles et ceux qui l'auraient offensée. Une ambivalence qui rend d'autant plus complexes les relations qu'elle entretient avec les autres personnages qui, eux aussi, s'avèrent difficiles à cerner. Mais outre la fascination exercée par les protagonistes, ce qui marque surtout à la lecture de ce texte c'est la poésie qui se dégage de la plume de l'autrice. Léa Silhol revêt ici les atours d'une véritable conteuse et donne à son récit une dimension mythique : ce qui se joue, ce n'est pas seulement le destin des amoureux contrariés, mais aussi celui des Cours de Féerie ainsi que l'équilibre même du monde, féerique comme mortel. le style est très travaillé et les envolées lyriques nombreuses, sans que cela ne nuise pour autant à la fluidité du texte ou à sa compréhension. On est saisi dès les premières pages par le charme de cette plume qui donne au lecteur l'impression de s'être égaré dans un autre monde, où les considérations des fées ne sont pas les mêmes que les nôtres, de même que le passage du temps ou la conception de l'amour et de la mort. Il en résulte des scènes époustouflantes qui marqueront durablement la mémoire du lecteur, soit par l'intensité des émotions qui assaillent les personnages, soit par le souffle épique qui porte le récit, notamment dans le seconde partie.

Bien que probablement difficile à se procurer aujourd'hui, « La sève et le givre » est un très beau roman qui s'apparente à une parenthèse enchantée dans la mythologie celtique dont l'autrice a tenté de retranscrire ici toute la complexité et la subtilité.
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Finstern, le roi d'une des cours de Faërie, a été condamné par les Parques. Angharad, dont l'existence n'aurait pas dû être possible, est l'arme forgée par le Destin. le doute subsiste, cependant: est-elle destinée à provoquer la chute de Finstern, ou à le sauver?

Contrairement aux autres livres de l'autrice que j'ai lus dernièrement, il s'agit d'un roman et pas d'un recueil de nouvelles. Je l'avais déjà lu lors de sa publication dans cette édition et, si je gardais un excellent souvenir de son ambiance et de la description des royaumes féériques, celui que j'avais de l'intrigue était très vague.

Si l'histoire a pu me sembler un peu lente au début, je n'y vois pas un défaut majeur: d'une part, je me suis habituée au format nouvelles qu'affectionne l'autrice, alors me plonger dans un roman était presque déstabilisant; d'autre part, les circonvolutions du récit ne sont pas inutiles. L'histoire et les personnages se construisent lentement, avec des éléments qui serviront l'intrigue plus tard. le reste permet de développer un univers fascinant, peuplé de créatures tout aussi fascinantes. Les royaumes s'imbriquent de façon complexe, mais sans perdre le lecteur. Il fallait nécessairement prendre le temps de tisser cet ensemble foisonnant pour envoûter les lecteur-ices. Et si les personnages peuvent sembler un peu trop hiératiques à l'occasion, au fil du texte les évènements s'accélèrent et deviennent plus prenants, la dernière partie étant assez palpitante.

Je ne renchérirai pas sur ce que j'ai déjà dit dans d'autres billets sur la plume de Léa Silhol, elle sert admirablement ses réécritures et réinterprétations de mythes et légendes. A la fin de l'ouvrage, une brève postface et un lexique explicitent certains termes et détaillent ce qui relève de l'inspiration et ce qui tient de l'imagination de l'autrice.

Une fantasy délicate et cruelle, un pur régal de lecture
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Lu il y a quelques temps déjà, ce roman m'est toujours resté comme un merveilleux moment de lecture. le style de Léa Silhol est plein de poésie, enchanteur, et vous transporte littéralement dans ce monde féérique, tantôt beau, tantôt cruel. On vacille entre ombre et lumière. Loin des stéréotypes du genre, loin des chemins bien tracés par les grands noms de la littérature fantastique, l'auteur affirme son style bien à elle. C'est tout en légèreté, en subtilité. Une pure merveille, un petit joyau !
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Quelle plume, c'est tout simplement sublime, une grande poésie, une vraie finesse, et une grande connaissance de la féerie. Une histoire très belle, une grande lecture.
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Lors d'une chasse, le Seigneur Finstern, l'Obscur, trouve sur son chemin les trois Parques, qui lui lance une bien sombre prophétie. Au coeur de cette prophétie va se trouver Angharad, fille d'une dryade et du prince de l'hiver, la rencontre de la Sève et du Givre du titre. Vont-ils arriver à contourner la fatalité qui pèse sur eux et déjouer les pièges des ennemis de Finstern, et en premier lieu de deux Parques qui le poursuivent de leur haine ?

C'est un livre très original, avec un style bien particulier, un tant soit peu précieux. Un univers mythique est évoqué, qui n'a rien à voir avec le monde et le sentiment des humains. Léa Silhol semble fascinée par les mythes celtiques, dont elle nous donne quelques éléments en appendice, et elle base son roman sur cet univers.
C'est très dense, les descriptions et ressentis comptent plus que les événements, même s'ils sont plus qu'abondants.

C'est en tous les cas un livre qui se démarque de la production moyenne de fantasy, par une écriture et un univers très spécifique. La seule référence qui me soit venue à l'esprit pour une comparaison, est lord Dunsany, dont Léa Silhol cite d'ailleurs un texte.

Un livre dont l'écriture complexe demande une certaine attention à la lecture, attention d'autant plus nécessaire que les personnages sont nombreux, l'univers complexe et l'auteur ne nous en donne pas tous les clefs, peu d'explications finalement, c'est au lecteur de comprendre avec quelques indices et pas mal d'imagination.
Ce qui est aussi frappant, c'est l'absence souvent tellement écrasante dans la fantasy, du bien et du mal, d'une lutte entre ces deux principes. Ici les personnages sont des forces, des êtres surnaturels, pour lesquels la morale humaine n'a pas cours. Ils sont cruels et sans pitié, d'une façon naturelle et sans questionnement ni culpabilité.
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