Ah, le roman graphique, on en entend beaucoup parler, sans pour autant arriver à faire la différence entre les BD que l'on peut classer dans cette catégorie et celles qui n'en sont pas.
La plupart des bandes dessinées que je vous ai déjà présentées ici en font partie mais comme pour toutes les formes d'art que l'on essaie de théoriser, les limites sont assez flous.
Retenez juste que le roman graphique s'est popularisé dans les années 80 et qu'il a développé des formes de BD différentes, dirigées vers un public adulte, par opposition à ce qui se faisait traditionnellement : format différent, notamment dans le nombre de pages communément admis (cf par exemple vos Spirou et Boule et Bill), prédominance du N&B ou de la bichromie pour les dessins, supportés par un texte qui se fait de plus en plus présent (sur ce point, un beau contre-exemple avec
Sutures de
David Small, qui n'est pas très bavard). Dessins et textes étant liés d'une manière toujours plus libre.
Vous trouvez les exemples plus parlants que le blabla ?
Procurez-vous ce
Gemma Bovery de la britannique
Posy Simmonds et vous comprendrez tout !
Je suis évidemment loin d'avoir lu tout ce qui se fait en matière de bande dessinée mais je n'ai jamais aussi bien vu illustré le concept du roman graphique que cette fois-ci !
Moi qui ado déplorait la disparition des images dans les romans que je lisais, je suis gâtée !
Posy Simmonds signe là un savoureux mélange de texte, comme dans un roman, et de dessins, comme dans une BD.
Également écrivain et illustratrice de livres pour enfants,
Posy Simmonds fait ses débuts en tant que dessinatrice de presse pour The Guardian en 1977. C'est dans les colonnes de ce même quotidien que naît
Gemma Bovery, 20 ans plus tard, sorte de pastiche d'Emma Bovary, l'héroïne de
Flaubert.
"On m'a donné une colonne étroite et cent épisodes. Ce n'est pas beaucoup; j'ai donc commencé à écrire des textes entre les cases et les strips et j'ai constaté que cela allait très bien pour des éléments d'ambiance ou des évocations du passé, alors que la bande dessinée donnait des images fortes, pour les disputes et les drames entre les personnages notamment. Et trop de texte dans les bulles devient vite illisible. Ce sont donc des contraintes pratiques et l'expérience qui m'ont poussée à cette forme hybride et non pas un choix délibéré. » Cet interview donné au Temps, quotidien suisse, explique tout l'art de
Posy Simmonds, entre texte et dessin.
Si vous n'avez jamais lu
Madame Bovary, ne complexez pas, ce n'est pas grave. Sachez que vous n'êtes pas seul. Suivez-mon regard...
Si vous avez du mal à comprendre ce qu'est le bovarysme, mais que vous avez cherché à (merci wikipedia), pour paraître moins inculte, encore une fois, vous n'êtes pas seul. Bienvenue au club !
Seulement, ne vous attendez pas à trouver ici une adaptation, ou plutôt une transposition de
Madame Bovary à la sauce contemporaine.
Ce n'est pas du tout cela, c'est bien plus subtile (qu'une adaptation entends-je) et les références à l'oeuvre de
Flaubert ne sont que ponctuelles.
Londres, fin des années 90. Après une relation amoureuse qui s'est mal terminée, avec un bellâtre de critique gastronomique en vogue, Gemma, illustratrice, trouve du réconfort dans les bras de Charlie Bovery, restaurateur d'antiquités. Ce n'est pas la passion amoureuse, certes, et elle doit jongler en plus avec les enfants de Charlie et la présence omnipotente de son ex-femme, mais la jeune femme se réfugie dans cette vie qu'elle idéalise.
Elle incite Charlie à l'épouser et à aller s'installer en Normandie dans une vieille ferme.
Une vie belle et rose, au début. Gemma se plaît à chiner et à peindre pour décorer sa nouvelle demeure mais très vite l'ennui s'installe car la Normandie, tous les jours de l'année, c'est finalement loin de la carte postale bourrées de clichés qui fait tant rêver les Anglais...
critique complète sur mon blog, merci
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