Une fois n'est pas coutume, D. Simmons nous offre un roman à la croisée des chemins, entre biographie romancée et thriller fantastique,
Drood n'est pas qu'un pavé de 1200pages ultradocumentées, ni Une succession de digressions sur la bête qu'est un auteur, mais un réel voyage au coeur du Londres victorien, où
Charles Dickens est l'auteur mondialement connu, aimé, un monstre de la littérature anglaise que l'on surnomme « l'inimitable ». L'histoire prend place lorsque
C. Dickens réchappe à accident de Stapelhurst, quand son train déraille suite à une collision. Au milieu des victimes, il fait la rencontre d'un mystérieux personnage,
Drood, dont l'apparence étrange le hante encore. le récit nous est livré au travers des yeux et la plume de son cher ami et collègue,
Wilkie Collins. Autant je connaissais C.Dickens et quelques-unes de ses oeuvres (
Oliver Twist,
David Copperfield, Un chant de Noël et le mystérieux Edwin
Drood, que je connaissais que de nom celui-là),
Wilkie Collins m'était inconnu. Ainsi Wilkie narre les dernières années de vie de Dickens, du fameux accident jusqu'à sa mort. Entre digressions d'auteur quant à son oeuvre, ses états d'âmes, d'égo et ses confessions d'homme, le mystère
Drood empoisonne nos deux auteurs à succès. Wilkie est sournois, imbu, égocentrique et d'une ambition trouble, le tout sous les assauts du laudanum qu'il prend jusqu'à la déraison. Il accompagne Dickens à la poursuite d'un fantômes, dont l'âme sombre hante Londres et ses bas-fonds. Leur quête signé leur perte. Qui est celui qui se fait appeler
Drood ? Un égyptien au culte démoniaque ? Un meurtrier sanguinaire ? Un vampire mesmerien ? Ou simplement un fantasme malsain ?
Dan Simmons nous livre une intrigue multisens, au bord de la folie d'un homme envieux et jaloux, mais aussi détestable que soit Collins, qu'en est-il de Dickens, l'inimitable ? Quelle place se faire aux côtés du chêne somptueux qui prend toute la lumière ?
Charles Dickens est impitoyable, bourreau de travail et d'exigence, il est aussi un ami fidèle, prompt à la rigolade, enthousiaste et généreux.
Dan Simmons livre avec brio un regard sur sa vie, de sa jeune maîtresse et comédienne, de ses enfants avec son épouse qui a délaissé ; il décrit aussi merveilleusement le Londres victorien, nous glace avec sa pauvreté, ses crimes, ses oubliés. Sur la condition de la femme, des hommes...
J'ai mis du temps à lire cet ouvrage, complexe et retors, j'ai détesté certains tableaux, certains thèmes, pourtant nécessaires. Chaque réflexion est une marche vers le dénouements et avec la psyché malaisante de ces auteurs, nous descendons grâce à eux l'escalier de la folie. Comme celui qui mène sous le cimetière, dans les sous sol de Londres, à la recherche de
Drood et de ses enfants cannibales... la fin n'est pas que surprenante, elle nous tiraille, nous effraie, et si.... et si je reprenais depuis le début, j'y verrais la lumière, les réponses étaient là. Encore une fois,
Dan Simmons a su me convaincre.