C'est le personnage de
Victor Hugo qui donne à ce livre tout le prestige qu'il semble détenir. Ce n'est pas un livre scientifique. C'est le compte rendu des séances de "tables tournantes" recueilli, à Jersey, par
Auguste Vacquerie, Charles et
Victor Hugo de 1853 à 1855.
Cet ouvrage ne cherche pas à discuter ni à interpréter. C'est un document brut qui se justifie, sans explication, par son contenu littéraire et critique.
Ceux qui voudront bien s'y plonger rencontreront, avec beaucoup de plaisir, au fil des pages, de beaux vers, des appréciations sur les écrivains du XIX°siècle, sur nombre d'hommes célèbres de tous pays et de tous temps, des discussions sur la littérature, le théâtre, la poésie, la religion et sur les conditions de notre existence ici-bas.
Victor Hugo était attiré par la notion de l'au-delà. Tout au long de son oeuvre, il le dit, il le proclame. Il décrit dans "Saturne", un poème des Contemplations, la terre comme le "globe horrible et solitaire", comme l'astre du châtiment où Dieu retiendra chaque homme que pour le temps où il voudra le punir.
A l'époque où le spiritisme avait bonne presse, en 1853,
Victor Hugo participa aux séances auxquelles on l'invitait. le phénomène l'attire.
Il écrit ce qui est dicté par la table. Il pose des questions et sa curiosité le pousse à converser avec des esprits supérieurs, à entamer des discussions philosophiques, littéraires et historiques.
Une table à trois pieds dicte des vers par des frappements et des strophes sortent de l'ombre.
Victor Hugo, dont aucun adversaire du spiritisme n'oserait suspecter la bonne foi, inconsciemment discutait, ripostait, et répondait par l'intermédiaire du médium, le plus souvent son fils Charles. Mais lorsque
Victor Hugo est absent, les réponses des tables sont faites du même style et de la même forme...
Molière,
Eschyle,
Shakespeare,
Cervantès,
Platon,
Galilée,
André Chénier se sont manifestés dans ces séances. Ils ne sont pas les seuls...
Victor Hugo croyait en Dieu, pourtant il n'a jamais désespéré de ravir son secret à l'invisible et à l'inconnu.
Et de citer ces magnifiques vers des Contemplations :
"Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme,
Ouvre le firmament,
Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme
Est le commencement".