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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sadorski, tu veux que je te dise, t'es le plus grand dégueulasse que... que... que le polar français ait jamais porté ! 

Voilà, c'est fini. Six années, six romans, et Romain Slocombe achève les deux cycles qu'il a consacrés à l'Inspecteur des Brigades Spéciales Léon Sadorski, La Trilogie des Collabos et La Trilogie de la Guerre Civile.
L'Epuration s'abat sur l'inspecteur, mais ce dernier a plus de vies qu'un chat et plus de résistance qu'un cafard. Alors qu'en cette fin d'été 1944, gaullistes et communistes se tirent la bourre pour prendre le pouvoir dans la capitale tout juste libérée, Sadorski fait ce qu'il maitrise le mieux, observer, jauger, mentir, tricher, dénoncer pour sauver sa peau qui ne vaut pas tripette face à une population assoiffée de vengeance. La peur lui donne des ailes, et il n'a qu'une obsession, sortir de prison afin de retrouver Julie, disparue, embarquée par les nazis durant les combats boulevard Voltaire, et son épouse Yvette, dénoncée par des voisins, tondue, dénudée et tabassée par la foule.

Inutile de s'attendre à une grande célébration de la Résistance et de l'union nationale avec Marseillaise et actes héroïques Bleu Blanc Rouge de la part de Slocombe, la Libération et surtout l'Epuration se déroulent en quasi huis clos, dans les centre de détention pour collaborateurs gérés par les F.T.P. et plus particulièrement au sein de l'Institut d'hygiène dentaire et de stomatologie, qui fut réquisitionné par les FFI, (souvent "FFS", Forces Françaises de Septembre (!)) et que le philosophe et collaborateur René Château a qualifié dans son livre L'Âge de Caïn, de lieu d'épuration sauvage. Cette description aigüe et pesante de guerre d'arrière-cuisine nous rappelle l'excellent (et meilleur Slocombe pour moi) Avis à mon exécuteur. Car c'est dans ces centres que Sadorski va goûter au dixième de ce qu'il a fait subir à des femmes et à des hommes souvent très jeunes durant les années de Collaboration.

J'étais le collabo Sadorski est le sombre récit d'une Libération qui n'a rien d'éclatant, de prometteur et de réconfortant. Slocombe dresse plutôt un tableau des luttes idéologiques et de quêtes de pouvoir qui préfigurent la Guerre Froide. C'est la France de l'injustice, de l'arbitraire et du hasard. le lecteur songe à tous les innocents torturés, déportés, exécutés que l'on a rencontrés au fil des pages, et constate avec amertume que ce sont toujours les mêmes qui s'en tirent, à un cheveu près ou avec les honneurs. C'est peur-être pour ça que certains passages sont répugnants à lire.

Quoiqu'il en soit, merci à Romain Slocombe d'avoir donné vie à un salaud pas si ordinaire, et d'avoir restitué avec autant de maestria le quotidien de ces années sombres. Pour Simenon, si un personnage de roman, c'est n'importe qui dans la rue, c'est un homme, une femme quelconque, LE personnage de roman, lui, ira jusqu'au maximum de lui-même. C'est ce que fait Sadorski, plus encore dans ce dernier opus, et c'est la raison pour laquelle il restera comme un des grands personnages du roman noir français.
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Nouvelles aventures de notre salopard préféré, l'ancien IPA Sadorski quelque peu esquinté. Fin août 1944 Paris vient d'être libéré , voici donc Sadorski confronté aux libérateurs de Paris avec en première ligne les FFI et FTP ivres de vengeance , qui ont bien l'intention de débusquer les collabos ou autres profiteurs de guerre et de les punir de la plus expéditive des manières . Et côté collaboration avec les occupants allemands on peut dire que Léon Sadorski est passé maître en la matière : champion de la lutte contre les communistes, résistants ou juifs qu'il a pourchassés sans répit. Séparé de sa femme Yvette, disparue pendant une rafle des résistants et probablement emprisonnée, Sadorski risque d'être fusillé sans autre forme de procès. Il lui faudra faire preuve d'opportunisme comme de ruse pour tenter d'échapper aux balles que ses geôliers ont prévu pour lui, l'ex IPA Sadorski ne présentant aucune circonstance atténuante.

Mélangeant faits historiques avérés et fiction, on replonge une nouvelle fois avec délice et horreur dans cette période de la libération de Paris. Une période trouble où tous les excès sont commis. Ceux qui viennent de retourner leur veste semblent en effet prêts à tout pour confirmer leur appartenance à un groupe de résistants quitte à humilier voire à tuer des innocents. Difficile en effet de faire la différence dans cette pagaille ambiante entre les véritables collabos et ceux qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Dans cette ambiance délétère Sadorski tente de sauver sa peau par tous les moyens, semant au gré de ses pérégrinations quelques nouveaux cadavres.
Comme toujours avec Romain Slocombe, le récit est tellement hyper réaliste que l'on se demande en permanence quelle est la part de fiction. Reconstituée avec moult précisions qui représentent la somme de travail gigantesque que l'auteur a dû effectuer dans les archives de l'époque on se retrouve totalement captivé par cette histoire qui est également la nôtre même si elle paraît loin aujourd'hui et que les derniers héros comme les derniers témoins de cette période se font de plus en plus rares.



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Après deux trilogies auxquelles il peut être ajouté « Monsieur le Commandant » ( première apparition de Sadorski ) et « La Débâcle » ( qui met en scène des protagonistes de la trilogie des collabos ), j'ai envie de dresser une sorte de bilan sur une oeuvre que je considère comme incontournable.

Il y a tout d'abord un formidable travail d'historien accompli par Romain Slocombe pour raconter le quotidien des parisiens pendant l'occupation et mettre en valeur les évènements les plus sombres de notre Histoire. Je n'ai pas oublié la Rafle du Vel d'Hiv, cette tragédie valait bien un long récit de la part de l'auteur, pour ne jamais oublier. Dans « J'étais le collabo Sadorski » il est temps de régler les comptes. L'horreur est de nouveau au rendez-vous. A Paris des français ont pris les armes, l'occupant allemand se replie vers sa frontière, les collabos sont en fuite vers l'Allemagne nazie ou sont devenus des résistants de la dernière heure. Des français deviennent alors fous, ils accusent à tort, dénoncent, coupent les cheveux, torturent, exécutent. Il y a des collabos partout. J'ai eu aussi l'impression qu'il y avait des communistes partout. Comme pendant l'occupation, l'Etat de droit a disparu. Il fallait bien s'attarder sur l'épuration sauvage. Romain Slocombe nous parle des détentions, des procès et des exécutions arbitraires qui se sont tenus à l'Institut dentaire George-Eastman dans le 13ème arrondissement de Paris près du parc De Choisy, devenu PC Fabien où on a frappé, torturé, violé et fusillé allègrement sous le portrait du petit père des peuples. Il ne faut pas être fier de cet épisode mais il ne faut pas l'oublier et il valait bien que 250 pages lui soit consacré. Rien n'est caché au lecteur, révélations brutales et inattendues avec l'impression que les communistes pouvaient prendre le pouvoir.

Léon Sadorski est clairement identifié comme le collabo Sadorski. Sa blessure durant la libération de Paris en août 1944 ne suffit pas. Il serait prêt à servir les complotistes qui imaginent un complot vichyssois, une cinquième colonne désireuse de priver la France de sa victoire et d'une vraie démocratie. Identifier des traitres, il s'y connait. Mais rien n'y fait, il va connaître le sinistre PC Fabien.

Léon Sadorski a toujours su saisir sa chance. Après une évasion rocambolesque, entiché d'un ancien milicien sans foi ni loi, il devient le truand Sadorski. Grimé en homme d'église, il dévalise tout en se vengeant de celles et ceux qui ont dénoncé le collabo Sadorski. Lorsqu'il aura amassé une fortune, il pourra fuir, avec son épouse adorée pour l'heure emprisonnée et pourquoi pas retrouver son fils caché.

Sadorski est un antihéros, Romain Slocombe n'a pas choisi la facilité en mettant en scène celui que ses anciens collègues flics appelaient Sado. C'est aussi un personnage encombrant pour le lecteur. C'est un salaud, profiteur, voleur et violeur qui a tué. Mais je me suis surpris à être impatient de le retrouver en flic perspicace ou à être satisfait de le voir se sauver de situations inextricables pour partir vers de nouvelles aventures.

Romain SLOCOMBE – J'étais le collabo Sadorski. Parution le 1er septembre 2022, Éditions Robert Laffont, collection La Bête Noire. ISBN 9782221259740.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Me voilà arrivé au bout de cette saga et c'est presque avec regret que je quitte Léon .
Certes c'est un salaud de première classe , totalement hors normes mais malgré tout j'ai pris plaisir à le suivre et ce sans doute parce que l'auteur a réussi à rendre presque humain de temps en temps cette crapule finie de Léon .
Alors oui il y a ici et là des longueurs et des redites dans le récit mais dans une longue série comme celle-ci quoi de plus normal .
Même si ce n'est pas un livre d'histoire au sens premier du mot la description du Paris de l'époque et de sa population est représentatitive de ce que furent les années de l'occupation .
Romain Slocombe parvient également à maintenir un suspense digne des meilleurs polars ou romans noirs.
Je conseillerais quand même avant de se lancer dans cette lecture de débuter par celle de "La débâcle" et "Le commandant" qui ont des personnages que l'on retrouve dans la saga de Léon .

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C est le dernier roman de la fresque historique de la saga sadorski! depuis l affaire léon sadorski a ce dernier , je tire mon chapeau à l auteur romain Slocombe d avoir en 6 volumes tracer le parcours de ce flic pas sympa du tout. Dans ce dernier, cela se déroule lors de la liberation de Paris, aout 44. Bien sur , notre inspecteur va étré dénoncé, arrété et subir quelques violences de la part des FTP , ( resistants ) mais ce qui est la marque de l auteur c est de nous décrire l ambiance de l 'époque, épuratios, violence gratuite des resistants de la dernier heure, etc, ON a l impression d etre au coeur de ces moments heureux pour les parisiens mais sombres pour les collaborationnistes, bref les 600 pages du roman m ont enchanté , Ce que je vais regretter , c est en principe il n y aura pas de suite de la vie de l ex inspecteur de police !! j espere néamoins que l auteur va rebondir sur une thématique aussi puissante que celle qu on a vecu avec cette superbe fresque. J espere un jour le rencontrer lors d un salon litteraire;
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Romain Slocombe nous invite dans les dernières aventures de son horrible inspecteur facho, collabo, Sardoski. Après ses malversations, ses embrouilles, pendant l'occupation et les premiers signes de la libération, le voici en plein revirement avec l'arrivée des américains dans Paris et son arrestation. Quand sa bonne étoile le lâche, il va devoir faire preuve d'inventivité, d'opportunisme et de stratégie pour se sortir de ce mauvais pas.

Ce roman est d'autant plus intéressant que; dans les précédents tomes, l'on voyait tous les méfaits,  les tortures psychologiques et physiques, toutes les prises d'influence des collaborateurs; l'on voit que les libérateurs tombent et appliquent les mêmes travers. Cette libération n'est pas aussi jolie qu'elle ne fût espérée.

On peut seulement regretter quelques longueurs et répétitions dans le récit, sinon l'auteur nous emporte avec la même force dans ce sixième roman noir historique comme dans les cinq précédents, avec la même précision historique sans sombrer dans un cours magistral sur cette époque.
Lien : https://quoilire.wordpress.c..
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Je suis tombé dessus par hasard, séduit par le titre et l'originalité du sujet. Les romans policiers se déroulant pendant la guerre 39-45 en France sont plutôt rares.
C'est un roman à la limite du documentaire sur la période de la libération en france et sur l'épuration sanglante qui s'est produite, tant la documentation est importante et semble sérieuse.
Je ne me suis jamais ennuyé en suivant la cavale de SADORSKY, pour sauver sa vie. Il a été policier français, responsable durant l'occupation d'une brigade s'occupant des juifs, appliquant les ordres du gouvernement. Mais la roue vient de tourner et les nouveaux maitres, communistes ou gaullistes ou opportunistes veulent faire justice, pour régler leurs comptes ou cacher leurs propres fautes, en éliminant de façon sommaire les collabos ou supposés-collabos.
SADORSKY a été un salaud, et a profité de sa situation antérieure. On ne devrait pas s'inquiéter pour lui. Mais le roman qui nous fait partager ses pensées, ses calculs, un mélange de sentimentaliste et de sauvagerie, nous le rend attachant. On découvre aussi la sauvagerie de ses adversaires, leur justice expéditive. Les événements se succèdent, les rebondissements sont nombreux. SADORSKY est au bord du précipice... Et on finit par lui souhaiter bonne chance.

J'ai aussi beaucoup aimé le style tonique du roman et la crédibilité des procédures policières. La peinture de l'époque et les comportements décrits correspondent à ce que mes parents et grands-parents m'ont dit de cette période où beaucoup ont retourné leurs vestes rapidement et ont profité des plus faibles.
Je pense que c'est un livre qu'on peut relire ensuite pour l'intérêt historique.
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Ce roman nous emmène dans l'épuration d'après guerre, période oubliée de nos manuels d'histoire...où d'anciens collaborateurs, sentant le vent tourner, deviennent résistants, et de parfaits citoyens, des collaborateurs au gré de dénonciations de voisins scélérats. On y ajoute les assassinats politiques perpétués par le parti communiste qui n'a jamais été aussi proche de prendre le pouvoir, et on obtient un excellent roman sur le résistancialisme.
C'est dans ce contexte qu'apparaît Léon Sadorski, ancien inspecteur de la police de Vichy qui n'a que deux objectifs : sauver sa peau en se faisant passer pour un ancien résistant infiltré chez Vichy et retrouver sa femme Yvette disparue lors des bombardements alliés sur Paris. le personnage Sadorski est une veritable crapule, cupide de surcroît et roi de la combine, mais toutefois doté d'une agilité intellectuelle qui lui permet de s'extraire des situations les plus compromises. On pourrait le comparer à un chat, mais contrairement à ce dernier, Sadorski, lui, a plus de neuf vies...
Un dernier mot : le dernier chapitre vaut le détour...Némesis le rappellera à son bon souvenir.
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