Kraa - Intégrale

Cette trilogie de BD's raconte la lutte entre les méchants hommes blancs et la nature grandiose d'une vallée perdue (et imaginaire) dans les montagnes rocheuses de l'Alaska. Nature représentée par un aigle majestueux et meurtrier qui entend bien défendre son territoire jusqu'au bout et qui a su investir l'esprit d'un jeune indien aux dons chamaniques.

Une histoire plutôt triste... Mais peut-il en être autrement quand il s'agit de la conduite et les viles machinations des malfaisants visages pales, égocentriques, cupides et convoiteurs de (toutes) les richesses naturelles ?
Leurs tronches rossardes tranchent avec la beauté splendide de la nature : l'encaissement rocheux de la vallée briguée, dans les tons ocres et roux... La forêt d'altitude dans les nuances bruns sombres, verts-sapin et aux teintes minérales estompées par les fines volutes de brume... Et l'aigle imposant au regard perçant !

Peut-être plus que le scénario à l'ambiance western-"gold rush", fardé de fantastique, j'ai goûté le talent graphique au trait puissant de Sokal. Et dans ce monde de brutes (et une belle !), de violence et de vengeance... j'ai trouvé quelques divins (s)trips de quiétude...

Extrait :
Lecture pas du tout prévue au programme, puisque j'avais prévue de ranger un tiroir quand j'ai redécouvert que j'avais cette intégrale… Je me suis alors dit « tiens, ça fait un moment que je l'ai, ça parle de quoi ? » et puis j'ai tout lu. Parfois il ne me faut pas grand-chose pour commencer à lire sans m'arrêter, surtout que là, c'est une intégrale de trois volumes, qui pèse assez bien son poids également. L'intrigue plane entre réalité dramatique et folklore amérindien un peu fantastique et horrifique.

La ruée vers l'or a nourrit autant l'espoir des hommes, que détruit leur vie. Là où les colons continuent toujours plus leur colonisation à la recherche de la pierre dorée, censée apporter richesse, pouvoir et gloire. Cette propagation de la population engendra de nombreux problèmes, certains utilisant les autres à leur fin et sans scrupules, après tout, la main d'oeuvre est importante et originaire de tout horizon. La nature n'est pas épargnée non plus, l'homme est toujours avide et prétentieux, croyant que tout ce qu'il rencontre se pliera à sa volonté. D'ailleurs, c'est toujours le cas aujourd'hui, avec certains pays s'amusant à jouer avec le climat, et qui se prend maintenant des déluges sur la tronche. Comme la population augmente, il faut aussi construire, et vite, les blessés et morts sont nombreux sur les chantiers. La pauvreté semble aussi bien présente. Mais tout cela, reste secondaire dans l'intrigue de Kraa…

Kraa, c'est un aigle géant, visiblement le dernier de sa lignée et qui va semer la terreur sur la ville des colons défricheurs. Accompagné de celui qu'il nomme son frère, un jeune amérindien, désormais orphelin (à cause de qui à votre avis ?), il va chasser les malheureux qui s'en prennent à son territoire. Impressionnant, il ira parfois chasser jusqu'en ville, instaurant la peur à ceux l'ayant vu, la crainte pour les autres. D'autres encore n'y croiront pas, et tenterons à tort de le chasser. Puissant, agile, silencieux et intelligent, Kraa arrive à semer la mort avec une certaine aisance digne de la mort, mais il n'échappe pas à quelques blessures. La série prend une certaine proportion fantastique et folklorique, puisque l'aigle sera capable de soulever un Homme adulte sans grande peine. D'ailleurs, j'ai bien aimé les scènes où il joue avec son frère humain dans les airs.

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Conte cruel, cette bande dessinée.
Tome 1 : Il était une fois une vallée habitée par un peuple d'Indiens et des aigles. La mort rôde avec l'arrivée de bâtisseurs d'une ville et le projet d'un barrage. Un enfant, complice du roi des rapaces, se venge et tue les meurtriers de son clan.
Tome 2 : La ville grandit, les travaux en prévision du barrage avancent. Plier la nature à la volonté humaine ne se passe pas sans accident. Emilie l'assistante du médecin fera son possible. mais pour échapper à la convoitise du chef de chantier, la jeune fille se sauve dans la vallée, territoire de Kraa l'aigle chasseur et de son frère humain Yuma toujours décidé à venger son clan.
Tome 3 : A l'aigle narrateur, s'ajoute la voix d'Emilie, 40 ans plus tard, alors qu'elle s'apprête à quitter le cabinet médical où elle exerce. En rangeant ses papiers, elle retrouve un carnet, écrit alors qu'elle partageait la vie de Yuma-Kraa au moment de la construction du barrage. L'aigle est mis à prix, car le rapace meurtrier a encore tué le jour de pose de la première pierre.
Sauvagerie et beauté se côtoient et fascinent dans le scénario et les dessins de cette trilogie de Benoit Sokal. Il croque avec un trait précis, sombre et réaliste, la nature et les visages dans cette fable écologique aux relents violents de Far West.

Je ressors un peu déçu de ma lecture, peut-être parce que j'en attendais trop. Mais je dois avouer que les trois tomes sont très inégaux, le premier, bien plus épais que le second, pose de nombreuses bases qui ne seront pas toutes exploitées par la suite, et je trouve cela dommage. de nombreuses idées, des personnages et plusieurs autres détails passent à la trappe dans le tome 2 et le tome 3, ce qui est regrettable. J'aurais beaucoup aimé lire l'évolution de la ville, ce qu'il advient de cette fameuse tour notamment.

Le dessin de Sokal a toujours ce petit truc qui me heurte dans les têtes, parfois trop figées. C'est surtout dans la façon dont il les insère dans les cases, je pense. Les compositions me semblent parfois dérangeantes. Mais il faut bien dire que le reste est superbe : les paysages, les environnements, la faune et la flore ... C'est magnifique, nous donnant envie de nous plonger dans les étendues du Grand Nord, fantasmé certes, mais ô combien attirant. Rien que pour sa façon de nous le représenter, on est pris dans le décor de l'histoire.

C'est le genre de série où je trouve dommage que l'auteur n'ait pas étiré un peu plus, développant les aspects qui servent de cadre au récit. Sokal a concentré son histoire autour d'un personnage et un récit, ce que je comprends, mais j'ai trouvé que ça ne suffisait pas. Dommage, mais ça n'est pas désagréable à lire pour autant. C'est même plutôt divertissant, ne dépassant pas réellement ce stade cependant.