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sur 189 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je pense que tout le monde a déjà entendu parler de Xavier de Ligonnés, celui qui est soupçonné d'avoir tué toute sa famille à Nantes avant de se volatiliser dans la nature en avril 2011. Une affaire étrange où le présumé assassin est toujours introuvable, mort ou vivant.

Bruno de Stabenrath , acteur, musicien et écrivain qui l'a connu aux bans d'un collège privé à Versailles dans les années 70, revient sur cette amitié avec celui qu'il appelle "l'ami impossible ". Bruno et Xavier se frayent avec une jeunesse dorée parisienne, Bruno ayant un père colonel et une mère pianiste de jazz, l'autre des parents séparés, un père comte (qui a fuit loin 😄), et une mère fondatrice d'une secte catholique, traditionaliste, radicale, et apocalyptique, "L'Eglise de Philadelphie ". le premier à dix-sept ans, a déjà joué dans un film, s'en fiche du bac et ne pense qu'à jouer au théâtre et au cinéma. L'autre, un drôle de garçon sérieux, le comte de Ligonnès, marquis du Gévaudan, seigneur de Mende, qui connaît par coeur la description des armoiries qui figure sur son blason familial, est sous l'emprise de sa mère et suit la rigueur catho faisant souvent des retraites en famille dans des monastères.
A travers cette amitié Stabenrath décrit tout un milieu et une époque. Son accident qui le laissera tétraplégique soulèvera la question du miracle divin qui ne viendra pas....ni pour lui ni pour de Ligonnés qui l'attend aussi, grâce à sa mère en contact directe avec là-haut 😆! de ce dernier qui est au coeur de ce livre, il en parle sans prétention, nous décrivant dans la première partie avec tendresse un personnage contradictoire "programmé" comme "L'Élu", par sa mère, " Violette l'illuminée ", une femme qui donne la chair de pouls. La seconde partie, où il se détache du personnage de de Ligonnés, devient presque une enquête journalistique sans pourtant perdre son côté littéraire, avec un personnage à la dérive de plus en plus perturbé et pervers.
À vrai dire j'ai acheté ce livre par curiosité. Un personnage de ce genre qui peut décimer sa famille et disparaître dans le monde d'aujourd'hui est une grande source de curiosité. Qu'est-ce-que j'espérais trouver dans ce livre ? Peut-être exorciser le personnage, car chacun de nous porte en soi le Bien et le Mal, qui peuvent ou non se manifester à différents degrés selon les circonstances. Chez de Ligonnés, sa faible constitution, sa difficulté chronique à gagner sa vie et l'influence de son illuminée de mère vont activer le Mal qui le portera à sa perte ("Xavier fait le choix du mal comme moyen d'accéder au salut"). Une curiosité qui finalement m'a donnée l'occasion de rencontrer un très bon écrivain, dont le livre se lit avec grand plaisir.
Exceptionnellement je voudrais rapporter ici la critique de R.L. dans le Monde Des Livres du 16/10/2020, qui a faillit ne pas me faire lire le livre ,
" Stabenrath se raconte (ses débuts d'acteur, ses histoires de filles, l'accident où il a perdu l'usage de ses jambes) et, à l'occasion, son copain surgit dans le champ, le temps d'un dialogue où ils se donnent du « vieux frère ».R. L.".
J'ai bien peur que R.L.a lu ce livre en diagonal, ou pas du tout, car de Ligonnés dans ce livre n'apparaît pas uniquement le temps d'un dialogue, il y est constamment. Stabenrath décrit de près un personnage qu'il a bien connu et donne des informations précises sur l'ampleur des dérives sectaires ou plus concrètement mascarades spirituelles , auxquels s'ajoutant l'incapacité de l'homme à avoir un revenu stable, donc le manque d'Argent constant, vont l'entraîner dans des gros problèmes financiers et de couple qui finalement le déstabilisant complètement le mènera à commettre l'innommable. Bien sûr je serais curieuse de savoir quelle est la part de fiction dans cette histoire racontée dans ses menus détails. Une histoire qui ressemble étrangement à celui de Jean-Claude Romand qui a aussi tué femme, enfants, et parents. Des monstres !

C'est bien écrit, c'est intéressant, un page turner que je conseille.


".....comment arrive-t-il, le matin, le soir, à se regarder dans un miroir sans être horrifié par son visage de meurtrier ?"

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« Toi évaporé dans les ténèbres de l'infini, je garde pour moi, jusqu'à mon dernier souffle, les meilleurs de nos souvenirs, attendant que les feux de la mémoire s'éteignent doucement. Il faut donc que je vieillisse avec cette sempiternelle douleur et cette immense question dont on sait qu'il n'y a pas de réponse sur cette terre mais que, sans doute, elle se trouve au ciel, dans les limbes des paradis inachevés. Qu'as-tu fait Xavier ? ».

Emouvantes ces dernières pages qu'adresse l'auteur à son ami Xavier Dupont-de-Ligonnès. J'ai beaucoup aimé ce livre. Il s'en dégage à la fois de la tendresse et tout un questionnement dont émerge une douleur « Vieux frère, comment en es-tu arrivé là ».

Au cours d'une interview accordée par l'auteur à la sortie de son livre et au travers de ses réponses, Bruno de Stabenrath m'avait particulièrement touchée. Stab (pour ses copains) m'était apparu en souffrance, en dualité, ne parvenant pas à faire coïncider l'image de son ami de longue date et l'image de l'homme le plus recherché de France. En suivant, j'avais lu le billet incitatif de Bookycooky, il ne m'en fallait pas plus pour m'offrir ce livre et je ne l'ai pas regretté. A aucun moment, je ne me suis ennuyée et j'ai ainsi pu découvrir un auteur de qualité.

Bruno et Xavier se sont rencontrés dans les années 70, sur les bancs d'un lycée privé catholique de Versailles « Saint-thomas d'Aquin ». Issus tous les deux d'une famille aristocratique que je qualifierais de "fin de règne", Stab nous dresse un portrait intimiste et tendre de cet homme énigmatique qu'est son ami d'enfance, Xavier Dupont de Ligonnès. Il retrace la naissance de cette amitié et la connivence qui s'installe. Passionnés de rock, d'Elvis, rêvant de parcourir la Route 66, la relation s'est très vite révélée prometteuse.

L'auteur nous emporte vers un sympathique retour dans les années 70. Les deux amis prennent vie tous les deux sous nos yeux, affichant la cigarette au bec tout en suivant du regard les filles qui passent. C'est avec un réel plaisir que je me suis glissée entre les deux copains afin d'écouter la musique, me remémorant cette Amérique fantasmée (rien à voir avec celle d'aujourd'hui) parce qu'inaccessible : faire la route 66 en moto. Qu'importe banlieue chic ou banlieue plus modeste de l'est parisien, nos rêves et nos préoccupations étaient les mêmes.

Mais le temps passe, chacun tente de construire sa vie et les responsabilités finissent par user. Les épreuves n'épargnent personne. Bruno aura la force de surmonter l'une de ces épreuves qui vous laissent des traces à vie, celle qui vous diminue physiquement. Mais pour Xavier, petit à petit, le vernis se craquelle. Il faut beaucoup d'humilité face à la vie pour ne pas se mentir, ne pas tricher et il faut être très structuré dans sa tête pour résister à l'endoctrinement d'une mère qui est à la tête d'une secte et qui vous a convaincu que vous étiez un « élu ».

L'écriture est fluide et rend la lecture très agréable. Stab, tout en évoquant avec finesse cette belle amitié, cette relation solide qui les liait, nous restitue discrètement la photographie intime de leur famille respective. Il « déshabille » un milieu familial, social, affectif, pour tenter de mieux cerner l'origine ou les origines de ce drame monstrueux. Ce n'est pas l'histoire d'un fait divers. C'est avant tout l'histoire d'une belle amitié mais aussi d'un jeune homme, lumineux, séducteur, qui ne parvient pas à accepter les règles de la vie d'autant qu'il est sous l'emprise d'une mère toxique qui le décevra, créant ainsi une faille qui n'est pas anodine dans ce drame. L'auteur ne tombe jamais dans le vulgaire, le voyeurisme, il ne juge pas. Petit à petit, tout en racontant cette belle histoire d'amitié, les années qui défilent, les épreuves, les déceptions, les charges de famille, les dettes, le coeur se serre à l'approche du drame. Les derniers chapitres sont poignants, Bruno cherche à retracer les derniers soubresauts de la famille Dupont-de-Ligonnès mais Xavier lui glisse souvent d'entre les mains. Pour lui, son ami est en fuite, caché sous une autre identité, loin, très loin de Nantes. En réalité, l'énigme reste entière !

C'est réellement un livre très bienveillant, attrayant, loin de tout ragot, et qui tente de trouver un chemin parmi les aléas de la vie, un semblant de réponse pour expliquer l'horreur de ce drame.
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Bonne surprise que ce bouquin dont j'abordai la lecture avec méfiance, l'auteur pouvant surfer commercialement sur l' "effet " Ligonnès. Non ce livre est sincère , par contre on ne comprend pas pourquoi , il s'appelle "roman". Il s'agit d'un récit largement autobiographique, l'auteur a juste changé le nom de certains protagonistes.
L'auteur nous raconte son amitié avec Ligonnès depuis le lycée juqu'au "drame ". Au début on est en immersion chez les gosses de riches de Versailles, certains aristocrates , certains grands bourgeois, tous plus ou moins catho. Puis l'écrivain nous parle de sa propre vie avec ses hauts et ses bas...Bruno de Stabenrath a sa propre vision des choses sur "l'affaire" et c'est très éclairant.
Un livre très intéressant sur la vie de Bruno de Stabenrath qui est quelqu'un d'attachant et son point de vue passionnant sur l'affaire Ligonnès.
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«Ce n'est pas un roman. Quand il y a 5 morts, ça ne peut pas être romanesque» *
* Stabenrath. Entretien La voix du Nord 2020

1977: année de terminale pour Bruno de Stabenrath ... qui prépare un improbable bac avec un compagnon qui défraiera la chronique en 2011, pour ce qui est devenue l'affaire Dupont de Ligonnès.

J'ai peu d'appétence pour la presse à sensation et il a fallu plus que cette sordide actualité pour me voir choisir ce livre. Mais une collection Blanche Gallimard promettait d'échapper à l'aspect «littérature people». le contexte versaillais y a également contribué, histoire d'y retrouver ce que je connais de cette ville bourgeoise/aristocratique, d'une certaine manière d'en faire partie et d'y vivre.

Tout au long d'une amitié lucide mais jamais démentie au fil des années, Stabenrath évoque son ami Xavier de Ligonnès, leur parcours commun depuis le lycée, les amis et les émois sentimentaux de l'adolescence (partie un brin laborieuse) et l'image d'un homme frustré de ses désirs de jeune homme, englué dans son milieu familial, ses déveines professionnelles et conjugales, et son errance mystique dans une secte dite chrétienne totalement illuminée.

Le jeune étudiant brillant est devenu un loser menteur, un homme ruiné aux abois, principal suspect évaporé d'un quintuple meurtre familial. Par ses souvenirs, l'auteur s'approprie l'enquête en intime, extrapolant parfois, et tentant de décoder la personnalité complexe de son ami de jeunesse.

Électron libre issu de cet univers «aristo», acteur à 15 ans, homme de musique et de lettres, Bruno de Stabenrath parle aussi de son propre parcours, excentrique en regard à ses origines familiales. Une position d'observateur clairvoyant, doublée d'une fidélité amicale .

Un livre percutant, jamais accrocheur jusqu'à ce titre discrètement sibyllin (mise à part le bandeau de l'éditeur ...il faut bien vendre!)
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L'ami impossible

Habituellement, je ne suis pas client de ce genre de livre qui caresse l'actualité dans le sens du poil, en gros qui se mêle aux potins de la presse à sensation, mais arrêtons-nous un instant.
L'affaire de Ligonnes passionne les foules comme je lis partout, elle intrigue dirais-je l'opinion en large part parce qu'elle n'a pas révélé tous ses secrets qu'elle ne manque pas de susciter avec en plus un aspect feuilletonesque digne de Maurice Leblanc. Et pour cause, de Ligonnes, issu de famille de lignée versaillaise, ayant un certain train de vie, tue toute sa famille : femme, trois garçons plus fille, dont on découvre les corps en temps différé dans le jardin de la maison familiale à Nantes. La maison aux volets clos finit pas attirer, tardivement d'ailleurs, les voisins qui s'interrogeaient un peu tout de même sur la vérité de ces gens-là, à part les enfants qui avaient de singulières personnalités et gentils comme tout, et c'est parti mon kiki !.. On va tout de suite ajouter à l'enquête que, après exhumation des corps il y manque de Ligonnes, mais cela tout le monde connaît, même ceux qui ne veulent pas le savoir. L'enquête démarre donc avec un temps de retard, ce qui laisserait supposer que le meurtrier qui reste présumé a organisé sa fuite et peut très bien être encore vivant bien que les premières constatations fissent état du contraire, elles penchaient pour le suicide ..

Jusque là c'est peut-être d'une mortelle platitude à le rappeler, mais je ne peux -je suis désolé- si je veux éclairer la suite avec une version nouvelle si je ne m'y plie pas.

En effet, de Ligonnes avait un ami, comme lui issu de bonne famille versaillaise, Bruno de Stabenrath, qui vient de publier un livre en juin 2022 sur l'affaire avec un éclairage nouveau fort instructif. de Stabenrath est un écrivain, pas un journaliste en mal de reconnaissance, il menait la vie bon train, était connu dans le monde de la jet set et il y a vingt ans il fait des tonneaux sur le verglas à bord d'une grosse cylindrée mercédes et il se retrouve dans une chaise roulante tétraplégique.

Les deux versaillais issus de bonne famille se sont connus au lycée, et puis de Stabenrath a conservé visiblement des liens avec de Ligonnes : ils entretenaient une amitié solide et donc l'écrivain qu'il est devenu par nécessité a eu tout loisir de réunir toutes les pièces du dossier pour aboutir à une nouvelle version qui ne peut passer inaperçue puisqu'elle renseigne de première main sur des choses qu'une famille endeuillée a peut-être des peines à dire. L'écrivain révèle dans son livre que son ami a été "berné" deux fois : un sa mère dont il croyait être l'enfant chéri, lui préférait en fait un autre frère et deuxio, sa femme commettait des adultères .. Cela pourrait tout simplement indiquer que la piste du de Ligonnes toujours vivant n'est pas à écarter, et qu'il n'aurait en fait exercer qu'une sombre vengeance envers le sort qui s'acharnait sur lui. L'ami ne lui trouve pas d'excuse évidemment mais fait oeuvre utile en apportant sa pierre à l'élucidation du quintuple meurtre.

Je m'en vais donc lire ce livre et je ne manquerai pas ici d'ajouter mon grain de sel si quelque chose venait rompre le cours parfait du récit de l'ami que je viens sûrement de brosser trop rapidement.
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Je suis tombée sur ce roman par hasard et sur le coup, en voyant qu'il traitait de l'affaire Dupont de Ligonnès, j'ai eu peur que ce soit le type de livre opportuniste qui surfe sur une affaire en vogue. Mais après l'avoir feuilleté, je me suis dit qu'il valait peut-être la peine, surtout que l'auteur n'était pas un témoin qui s'était empressé d'écrire un livre choc mais un écrivain expérimenté qui avait pris un recul de près de dix ans pour livrer son histoire. Verdict : il m'a offert un bon moment de lecture, déroutant et qui laisse abasourdi, même si on a forcément déjà entendu parler de cette histoire. Je ne connaissais pas ou avais oublié certains points, comme le fait qu'il tue un de ses fils plus tard, après l'avoir tranquillement cherché à la gare et emmené dîner. C'est hallucinant. J'ignorais aussi le passé religieux sectaire de Xavier Dupont de Ligonnès et l'influence qu'il a eu sur sa personnalité. Malgré tout ce que nous en raconte son ami de jeunesse, on a du mal à comprendre cet homme et son acte. À la fin, Bruno de Stabenrath dit qu'il mène l'enquête mais apparemment il n'en a pas appris davantage dix ans après le drame et la fuite du meurtrier. Il y a par moments de petits incohérences, comme un personnage qui a les yeux verts et quelques pages plus tard ils sont violets.
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J'ai lu il y a quelques années le Disparu, de la journaliste Anne-Sophie Martin, une enquête fouillée sur le mystère Xavier Dupont de Ligonnès. Dix ans après le fait divers que chacun connaît, je découvre l'autobiographie de son ami de jeunesse, l'auteur et acteur Bruno de Stabenrath, qui apporte un autre éclairage, marqué par l'affect lié à la proximité que les deux hommes ont pu avoir.
Dans L'Ami impossible, il remonte le temps, jusqu'à leur rencontre au lycée dans les années 1970. La première moitié du roman raconte cette jeunesse dorée versaillaise, les premières amours, de rêve de partir aux Etats-Unis, la passion pour les voitures de son ami. J'ai trouvé un peu longue cette première partie, même si je comprends le besoin de l'auteur de retracer dans les moindres détails les projets de XDDL, les rencontres avec les femmes de sa vie et les relations qu'il entretenait avec ses plus proches amis, Emmanuel Teneur et Michel Rétif, rebaptisés Rémy et Micha Frostif dans le roman.
La deuxième moitié est davantage centrée sur la vie de "patachon voyageur" de l'ami impossible, vu par sa belle-famille méfiante comme un homme "hâbleur et faux". Bruno de Stabenrath explique clairement l'influence de la secte Philadelphia sur le couple Ligonnès par l'entremise de la mère de Xavier, épicentre de cette secte, et les années passées à chercher vainement l'idée lumineuse qui le rendrait riche.
Ce qui m'a marquée dans ce roman, c'est évidemment la sidération que peut ressentir l'auteur, mais aussi les interrogations innombrables, légitimes face à l'acte impensable.
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Ce témoignage permet une lecture moins journalistique de cet incroyable fait divers. Stabenrath nous fait découvrir un jeune homme de 18 ans, l'un de ses meilleurs potes, confident des premiers amours et compagnon des premiers rallyes. XDL n'a rien d'extraordinaire, il semble davantage suiveur que meneur, discret et bon fils de famille.
Au fil des années, leur relation perdure parfois de loin en loin, mais elle ne s'éteint jamais. Stabenrath raconte leur amitié sans jamais être complice, complaisant ou encore voyeur. Il a souffert, et souffre encore des actes commis mais ne renie pas pour autant les moments passés ensemble.
C'est un beau roman d'amitié.
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Bruno et Xavier, c'est l'histoire d'une belle amitié dans la bonne société versaillaise. C'est avec sa genèse que commence le témoignage de l'auteur de « Cavalcade ».
C'est bien évidemment a posteriori, longtemps après avoir appris l'assassinat, un jour d'avril 2011, de cinq membres de la famille Ligonnès (Agnès, l'épouse ; Arthur, Thomas, Anne et Benoît, les enfants) dont Xavier, en fuite, serait le coupable présumé, qu'il a entrepris son écriture.
Au retour du tournage du très oubliable « L'hôtel de la plage », Bruno, 17 ans, rejoint la classe de terminale d'un lycée où il ne connaît personne, ses parents venant d'emménager dans la ville du Roi-Soleil. C'est là qu'a lieu le coup de foudre amical avec Xavier. Nous sommes en 1977.
Les deux adolescents se découvrent des passions communes pour la musique et les States. Avec leurs allures de dandys, ils fréquentent aussi les mêmes cercles : « rallyes mondains et bals du samedi soir ». En quelques dizaines de pages, l'auteur fait le portrait de la génération dorée des décennies 1970-1980.
Mais, alors que Bruno est un « rebelle » à la fibre artistique, Xavier semble sous l'emprise de Violette, sa mère, à l'origine de la création de l'Eglise de Philadelphie, une secte qui prévoyait la fin du monde qui, bien évidemment, ne toucherait pas ses membres, souvent de généreux donateurs... Sa génitrice reçoit de là-haut des MAM (Messages d'Amour et de Miséricorde) et conçoit le futur organigramme du monde d'après avec, dans le rôle de l'élu, son propre fils. Un sacré poids doit alors peser sur les épaules du garçon...
Pourtant, il donne le change. « Il était (…) le jeune homme le plus joyeux, le plus généreux que je connaisse » écrit l'auteur. Il est aussi un incorrigible romantique croyant « en l'idée de la femme unique » avec laquelle il fonderait une grande famille. Mais celle qu'il avait sublimée lui fait faux bond. Puis, celui qui se rêve en entrepreneur rencontre Agnès qu'il épouse finalement après avoir rompu leurs fiançailles pour s'envoler avec une Allemande. Côté business, Xavier a la bougeotte mais la réussite professionnelle ne vient jamais. Tous ses projets, financés avec l'argent d'Agnès, capotent. le winner est un loser.
Depuis qu'il est marié et père de famille, les rencontres entre les deux amis s'espacent. C'est Xavier qui s'éloigne. Mais qui est de retour en 1996 lorsque Bruno sort tétraplégique d'un accident de voiture. C'est Xavier qui le réconforte alors que lui-même a perdu ses illusions. L'année précédente, l'apocalypse annoncée par Violette n'a pas eu lieu. Xavier perd la foi mais continue à être taraudé par la religion. Plus tard, il constate que sa femme le méprise et apprend qu'elle le trompe avec son meilleur ami. Pas une raison suffisante pour tuer toute sa famille ? En fait, c'est l'accumulation des charges mentales et financières qui ont motivé la mise en oeuvre d'un scénario diabolique, la goutte d'eau, selon l'auteur transformé en psychologue, étant la mort du patriarche qui lui lègue le fusil de la mort et le poids de l'héritage familial. Il est désormais l'aîné mâle des Ligonnès alors que tout s'effondre autour de lui.
S'il avait croisé Xavier après la disparition des siens, Bruno de Stabenrath aurait pu lui poser la question suivante : « Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ?  » (Verlaine).
Celui qui a accompli l'impensable en effaçant les maux pour renouer avec l'innocence et la pureté de la jouvence lui répondra peut-être un jour.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Si comme pour moi l'affaire Dupont de Ligonnès a suscité en vous de l'horreur, de l'étonnement et une incompréhension totale, le très bon livre de Bruno de Stabenrath va peut-être vous apporter un début d'éclaircissement.

Je dis bien un début...qui ne changera rien au sentiment d'horreur. L'auteur lui même ne prétend pas expliquer ce que lui même ne peut pas comprendre. Mais il peut nous parler de cet ami connu à l'adolescence, de sa jeunesse, de son milieu, de ses amours, de ses qualités et ses défauts.
Autant d'éléments qui m'ont permis de mieux cerner l'homme et d'entrevoir ce qui aurait pu lui passer par la tête. Tout cela restant hypothétique...
Il y a bien sûr eu des reportages sur l'affaire mais Bruno de Stabenrath, en sa qualité d'ami de jeunesse, apporte un témoignage précis et passionnant.

Il y a tout d'abord un intéressant tableau de la jeunesse aristocratique Versaillaise à laquelle appartiennent les protagonistes. On comprend bien qu'il y a un monde à part...avec des facilités et des privilèges certes mais aussi des attentes et des obligations incontournables.
L'auteur raconte cette jeunesse à travers lui, le livre étant écrit à la première personne, Xavier Dupont de Ligonnès et d'autres gravitent autour de son quotidien. C'est dans cette sphère qu'il rencontrera sa future épouse.

Puis c'est l'âge adulte, les chemins qui se séparent, qui se rejoignent...
Professionnellement, Dupont de Ligonnès semble cumuler les échecs. Personnellement, ce n'est pas simple non plus, entre une mère sous l'emprise d'une sorte de secte religieuse qui l'a entraîné dans son sillon, la déception qui s'en suit, ses amours contrariées. Et ces dettes qui s'accumulent...L'homme n'est pas à la hauteur de ce que son rang et sa lignée attendent de lui. Mais il a de beaux enfants.

Et arrive le drame. L'auteur reconstitue ce dernier très précisément, grâce à l'entourage et les amis communs. Grâce aux traces laissées (sms, lettres, témoignages divers). Passionnant, un peu comme si on basculait dans la lecture d'un thriller.

Et incompréhensible qu'il ait disparu et que le crime reste encore impuni dix ans après.



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