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sur 592 notes
Trois époques, et plusieurs vies à Keflavik. « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds » nous raconte le XXe siècle et ses boule versements en Islande. L'Islande cette terre âpre où, dans son histoire, les habitants ont, par deux fois au moins, été rayés de la carte par les famines, les épidémies et les éruptions, Keflavik la petite ville se situe dans la région la plus hostile du pays.

Jadis, c'est l'histoire d'Oddur capitaine courageux, de Margret son épouse énergique autant que fragile et de Tryggvy garçon costaud et sensible, poète dans le monde rude de la pêche. C'est l'histoire de l'Islande avec ses joies, ses larmes et ce goût de sel qui emprisonne les coeurs. Oddur sera le premier capitaine à savoir nager et à exiger que ses matelots prennent des cours de natation. Mourir en mer ne doit plusêtre une fatalité pour un marin.

1976-1980, récit d'apprentissage pour Ari,le petit fils d'Oddur. le jeune homme travaille dans une conserverie de poissons en se demandant ce que sera sa vie. Les quotas de pêche et le départ de la base américaine, véritable manne pour la ville, rendent l'avenir incertain, surtout pour un jeune adulte rêveur.

Aujourd'hui, Ari devenu éditeur à Copenhague prend de plein fouet la crise existentielle de la cinquantaine, le retour à Keflavik sera amer et douloureux.

Trois époques et tout un siècle se déroule, Jon Kalman Stefansson nous embarque dans l'histoire de son pays qu'il aime tant.

Il y a deux solutions : vous connaissez les précédents ouvrages du romancier, « Entre ciel et terre » « La tristesse des anges » et « le coeur de l'homme » et vous êtes déjà en train de dévorer « D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds » et cette chronique ne sert à rien, ou alors vous n'avez rien lu de ce grand auteur islandais et si c'est le cas fermez votre ordinateur courrez chez votre libraire préféré et plongez-vous sans tarder dans la prose ample et poétique de ce formidable romancier.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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De tous les romans que j'ai pu lire, celui-ci doit sûrement être celui qui possède le titre le plus étrange (je me suis pour l'instant, et peut-être à tort, tenue à l'écart des romans ayant succombé à la mode des titres loufoques) ! Si vous avez tendance à être comme moi, je vous conseille de ne pas passer à côté de la plume de Jón Kalman Stefánsson, qui est somptueuse.

L'auteur entremêle avec brio le récit et les pensées de plusieurs générations d'une même famille, à partir de celles d'Ari, qui, parti au Danemark après la rupture d'avec sa femme, se réinstalle en Islande après avoir reçu de son père mourant un colis avec des affaires chargées de souvenirs. Ari y retrouve son ami d'enfance, qui, en tant que narrateur omniscient, raconte leurs souvenirs de jeunesse communs mais aussi ceux des parents d'Ari, et surtout des grands-parents de celui-ci, Oddur et Margrét, à la relation enflammée mais qui n'a pas toujours été à l'abri des coups durs et des malentendus.

Si Ari pensait seulement revenir sur sa terre natale, c'est en fait vers ses souvenirs qu'il retourne… Souvenirs emplis de regrets : envers les femmes de sa vie, envers la vie et ses douleurs envenimées par le non-dit (« une plaie qu'on passe sous silence et qu'on ne soigne pas devient avec le temps un mal intime et incurable »), envers un temps qui passe inexorablement et qui réduit des vies à une simple trace, au mieux un souvenir.

Car c'est cette lutte contre la fuite du temps, qui peut mener à l'oubli si on n'y prend pas garde, qui m'a touchée dans ce roman, comme l'écrit si bien l'auteur : « Car il en va ainsi, tous les événements passés, qu'ils soient petits ou grands, laideur ou beauté, les rires et les caresses, tout est cela est tôt ou tard mis sur la touche, condamné à l'oubli, condamné à la mort et à l'effacement, uniquement parce que plus personne ne se le rappelle, parce que plus personne n'y pense ou ne l'honore, c'est ainsi que tout ce que nous avons vécu se voit peu à peu réduit à néant, à une chose qui n'est même pas de l'air, et c'est si douloureux, c'est un tel gâchis qu'on en perd le sens de la vie […] Est-ce donc la raison pour laquelle nous vous apostrophons en vous racontant l'histoire de ces générations et en balayant cette centaine d'années afin que vous sachiez et que, de préférence, vous n'oubliiez jamais que tout le monde a un jour été jeune, afin que compreniez que tous autant que nous sommes, un jour viendra où nous brûlerons, consumés de passion, de bonheur, de joie, de justice, de désir, parce que c'est ce feu-là qui illumine la nuit, qui maintient à distance les loups de l'oubli, afin que vous n'oubliiez pas qu'il faut vivre et ressentir, que vous ne soyez pas transformés en un cadre sur un mur, un fauteuil dans un salon, un meuble devant une télévision, un objet qui regarde l'écran de l'ordinateur, inerte […]

« D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds » n'est pas un roman léger, ni gai. Au contraire, c'est un roman grave, intense, gris charbon comme cette terre d'Islande, aux sentiments intenses qui couvent sous la couche des apparences, aux réflexions d'une psychologie folle, servi par une langue riche et magnifique. L'entrelacement des histoires, qui fait fi le plus souvent d'une chronologie précisément affichée, m'a souvent perdue, et je n'ai pas toujours vu où voulait en venir l'auteur dans l'écriture de certaines anecdotes. Mais c'est tellement bien écrit, tellement profond que je me suis laissé complètement guider par l'auteur dans cette ballade des sentiments et des regrets.

Si vous n'avez jamais lu Jón Kalman Stefánsson, courez-y les yeux fermés. En ce qui me concerne, c'est ce que je vais continuer à faire pour découvrir ses autres oeuvres.
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Magnifique saga islandaise du vingtième siècle, des générations d'hommes et de femmes qui vivent de la mer.

L'histoire se passe à Keflavik qui a « trois points cardinaux : le vent, la mer, l'éternité. »

On y trouve des garçons qui deviennent des hommes en affrontant la mer, des durs qui ne savent pas parler et des marins qui répugnent à apprendre à nager…

Des femmes qui deviennent folles lorsque bébé les empêche de dormir, lorsque « la fatigue brouille l'ensemble de l'existence, elle transforme le moindre événement quotidien en colis expédié depuis l'enfer ». Mais aussi des femmes qui dépriment à rester enfermées dans la maison et qui rêvent d'un autre destin.

Des jeunes qui travaillent à l'usine à préparer le poisson ou le mouton, qui apprennent l'amour et composent de la poésie.

Une société tiraillée entre l'indépendance et l'argent apporté par les Américains, entre les traditions et la modernité, dans un petit pays qui se voudrait grand.

Une écriture dense, de longues phrases et des métaphores poétiques, une profondeur d'émotions humaines. On y sent le vent du large et l'odeur de poisson…

Et si les poissons n'ont pas de pieds, c'est que personne ne peut marcher sur la mer…
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Ari rentre du Danemark. Son père va mourir, et deux ans après son exil, Ari retourne en Islande où il y retrouve le narrateur , à Keflavik...
Superbe roman, d'une grande densité.
l'auteur nous ballade dans l'Islande à travers trois générations: Les grands parents Oddur et Margret, sur la coté est, Ari et ses potes dans sa jeunesse au milieu des année 70 en pleine adolescence et donc aujourd'hui, où l'on sent vite que le Ari en question n'est pas celui qui a vu Sally...

Il y a beaucoup de choses dans ce livre où l'histoire de cette famille, touchante, extrêmement bien décrite est un peu sans doute l'histoire d'un pays qui a vécu de la mer et se retrouve désorienté quand l'argent, la mondialisation et les politiques s'en mêlent .
Il y a beaucoup de philosophie de vie (pléonasme ?) aussi .
On y règle ici ses comptes avec Dieu et la religion en général (sacré Jésus qui marche sur l'eau pour épater quelques pécheurs !), on fustige notre société actuelle à travers les politiciens certes mais aussi les comportements et le mode de vie que nous adoptons.
J'ai trouvé les femmes belles dans ce livre. Elles sont des victimes, l'auteur leur rend hommage et semble défendre leurs cause devant la reconnaissance que le monde , dirigé par les hommes, ne leur accorde pas.
Il écrit bien notre descendant de vikings. Bon, il nous fait un peu la morale mais il met le doigt là où cela fait mal, essayant à travers ses personnages de trouver le bon compromis entre fierté, empathie, sentiment.
Certains livres vous marquent plus que d'autres pour diverses raisons. Je ne sais pas si cette histoire traversera mon esprit longtemps par contre, il est une scène qui restera longtemps gravée. Celle d'un couple de vieux , paumé au fond d'un fjord au début du XXème. Ce couple respire le bonheur et l'amour, alors qu'il n'a jamais connu que sa vallée et ne sait rien du monde. il est le cri de l'auteur contre ce monde matérialiste, chaperonné par la cupidité, l'égoïsme, le repli sur soi et la perte du sens des valeurs simples. Ce passage est d'une beauté indescriptible , je ne le décrirai donc pas :)

L'Islande, les thèmes que j'ai évoqués, des prénoms aussi bizarre que le nom latin des fleurs, l'obscurité. ça ne vend pas du rêve à tout le monde.Pourtant, il y a un peu de rire dans cette grisaille, beaucoup de musique et tellement de belles choses qu'il serait dommage de se laisser repousser par quelques clichés !
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Après avoir lu les précédents ouvrages que J.K Stefansson j'avais mis de côté ce livre, laissant trainer un plaisir anticipé tant m'avait émue l'histoire du gamin. C'est avec beaucoup d'entrain et d'attentes que je me suis mis à l'ouvrage.
Tout de suite j'ai retrouvé le style si particulier à l'auteur qui m'a de nouveau emporté.
Bien que la poésie soit toujours présente dans son texte, le sujet ici traité, la vie d'Ari et son environnement familial ne m'a pas parlé. J'ai dû louper quelque chose, en tout cas la mayonnaise n'a pas pris, je suis resté en suspend au dessus du texte, impossible de m'en pénétrer comme dans les précédents ouvrages... je ne pense pas que ce soit la construction du texte, ni les va et vient temporels, mais plutôt que je n'ai pas trouvé le sens que J.K Stefansson a voulut donner à son roman, ou peut être y a t-il trop effervescence pour faire émerger en moi quelque chose de significatif.
Je ne renonce pas pour autant, je referme le livre en le retournant dans ma pile de bouquins à lire avec la sensation que je le reprendrai dans quelques temps. Çà ne devait pas être le bon moment.
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« Jon Kalman Stefansson entremêle trois époques et trois générations qui condensent un siècle d'histoire islandaise. »
Cette phrase reprise dans la quatrième de couverture peut résumer ce roman. Mais il mérite un peu plus que ça. Avec J.K. Stefansson, je sais que je vais passer un bon moment. Son style d'écriture m'enchante ; j'ai l'impression de lire un classique mis au goût du jour, avec de la poésie, de la pudeur. Même lors des scènes dures, violentes, cela n'enlève rien à leur intensité.

Trois générations dans lesquelles je me suis perdue parfois. Peut-être, sûrement, parce que ma lecture a été trop souvent interrompue ces derniers temps. Mais quel plaisir de ressentir la profondeur des personnages. Et les grands moments de la vie politique de l'Islande, sans être détaillés à l'excès apparaissent à travers les dialogues. Et l'on sent toutes les implications et les chamboulements pour chaque protagonistes. L'implantation des Américains pendant plus de 40 ans a modifié le paysage en amenant le béton pour la construction d'un aéroport, d'un hôpital, quelques routes et infrastructures, mais uniquement dans la région du sud-ouest de l'île, ce qui ne représentait qu'un très faible pourcentage de sa superficie. Elle a aussi modifié les mentalités, les « pour » qui bénéficiaient d'un travail et les « contre » qui ne voyaient que l'aspect colonisateur de leur île et de sa richesse en poissons. Après le départ des Américains, qu'en est-il resté ? Des infrastructures abandonnées, l'absence de travail, mais surtout des accords gouvernementaux instaurant des quotas de pêche et des zones d'interdiction pure et simple de pêcher dans les eaux islandaises, entraînant comme on s'en doute misère, alcoolisme, départ de nombreux insulaires vers la capitale et renoncement à un métier pourtant inscrit dans leurs gênes.
Un très beau roman dont le côté social est traité avec beaucoup de finesse.
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Ari revient, à la cinquantaine, de nos jours, en Islande après avoir passé plusieurs années au Danemark où il devenu éditeur. Il est porteur d'un petit colis contenant le diplôme d'honneur décerné à son grand père, capitaine de bateau de pêche et d'une lettre adressée par son père lui annonçant son décès prochain.
Après avoir évité la mort en mer Oddur jeune homme intrépide rencontre Margrét, jeune fille, revenant du Canada...
1976-80, le village doit faire face au départ de la base américaine, véritable poumon de la ville et Ari a trouvé un travail qui ne le passionne pas dans une conserverie de poissons...
Trois époque de la vie de la famille d'Ari, de celle de ses grands parents Oddur et Margrét....trois époques de la vie de l'Islande, de sa richesse grâce à la pêche, grâce aux américains et à la guerre froide, jusqu'à nos jours en passant par sa chute et sa faillite, faillite du pays mais enrichissement de certains qui ont vendu les quotas de pêche à l'étranger....
Trois époques que l'auteur mêle, qu'il abandonne pour y revenir....La vie d'Ari qui fouille dans ses souvenirs...un souvenir en amenant un autre...des allers retours permanents.....mais de grands absents dans cette vie : ses parents....L'auteur ne nous en parle pas....ce n'est certainement pas anodin. Nous prépare t-il quelque chose?
N'espérez pas lire ce livre dans le métro, dans un train, en levant le nez pour regarder de temps en temps le paysage...non, c'est un livre qui se mérite, à lire au calme. Mais que de poésie dans la description de la vie rude de ces marins, de leurs conditions de travail, de ces autres aspects de l'Islande décrite déjà dans "Entre ciel et terre", dans la description de la ville de Keflavik, de sa tristesse."Cette ville qui a perdu son quota de pêche, perdu sa base militaire, et où il n'y a pas grand chose à voir, si ce n'est du chômage, de vieux filets en lambeaux, le souvenir d'une armée, de l'argent disparu, et deux norvégiens à tête de couperet."
Que serait l'Islande sans ses pêcheurs, la mer -"Être en mer, c'est être en vie" - ses tempêtes, sans le froid, ses paysages de cendre noire volcanique...ses fjords....Quand c'est décrit par Jón Kalman STEFÁNSSON et traduit par Éric Boury, on a envie d'y goûter...
Souvent pour introduire une période Jón Kalman STEFÁNSSON, nous livre ses réflexions sur la vie, la vérité, l'environnement, le bonheur, les enfants, toujours empreintes de beaucoup d'humanisme.
Difficile parfois, "D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds" sera certainement dénigré par ceux qui certains, mais adoré par ceux qui ont envie de voyager dans le temps, dans l'espace, de se confronter à la rudesse de ce pays, de cet auteur

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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il m'aura fallu attendre la page 376 pour comprendre le titre de ce très beau roman de Jon Kalman Stefansson (pardonnez l'absence des accents).
Nous suivons le retour d'Ari en Islande après deux années passées au Danemark.C'est un message de Jakob, son père, qui le décide à rentrer.La quarantaine approche et ce retour va être pour Ari le moment de faire le point Arrivé à ce moment charnière ,Ari se doit de faire le bilan des années écoulées et peut-être enfin voir clair dans ses choix pour le futur . Comment essayer de comprendre ce que l'on est si l'on ne fait pas l'effort de savoir d'où l'on vient.Ari va donc nous entrainer dans le passé de sa famille et par la même occasion dans le passé de cette terre d'Islande.Oddur et Margret ses grands-parents , la fin du 19ème siècle, Jakob et sa belle-mère , les années 1980, les années de sa jeunesse, des premières musiques en provenance des USA, la base américaine de Kéflavik qui a apporté argent, prospérité et modernité à cet endroit réputé le plus noir du pays!
Il m' a certes fallu quelques pages pour "capter" l'écriture de Jon Kalman Stéfansson mais ensuite je me suis laissée séduire . Certes la mélancolie est présente à chaque ligne, certes le bonheur file entre les doigts, la vie est dure,l'alcool trop souvent présent,la femme mal considérée mais tant que la musique est là il y a de l'espoir.
Au final un roman émouvant, triste ou plutôt mélancolique paré d'une très belle écriture , à souligner la remarquable traduction d'Eric Boury
Un très grand merci aux éditions Gallimard et à l'équipe de Babelio pour cette belle découverte
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Je suis totalement séduite par la plume de j.k.stefanson que je découvre. Non seulement la poésie y est reine mais plus encore, Stefanson parvient à traduire avec une justesse percutante les sentiments,le ressenti de tout ce qui constitue notre vie d'humain. Parfois, j'ai relu lentement, intérieurement certaines phrases, troublée par l'écho qu'elles procuraient en moi. La vie,l'Amour,la mort, virevoltent ensemble,dans un tourbillon qui procure,bonheur, nostalgie,tristesse sans transition. Ce tourbillon semble n'obeir à aucune logique . C'est d'ailleurs ce tourbillon intemporel qui m'a perdue. Car si je suis indéniablement amoureuse de cette plume, j'avoue ne pas avoir été capable de m'adapter à la construction singulière de ce roman. J'ai été désorientée et n'ai pas pu trouver mon fil conducteur. Trois générations sont convoquées à travers un personnage principal qui est le trait d'union entre tous les autres et "aujourd'hui" et " jadis". C'est Ari. Après avoir brisé en une fraction de seconde son bonheur en quittant la femme de sa vie, il quitte également le Danemark pour retrouver son Islande natale et à travers elle les souvenirs qui le constituent. Un peu comme avec un kaléidoscope,j'ai repéré les mosaïques les plus importantes,je me suis émerveillée, mais je n'ai pas réussi à remettre de l'ordre, à relier clairement tous les morceaux ! C'est donc ma seule incompétence qui explique les 3 étoile et demie et non pas 5 belles étoiles. Je retrouverai cet auteur dans d'autres romans car je ne peux pas m'avouer vaincue face à une écriture d'une telle beauté !
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Ari a quitté sur un coup de tête femme et enfants, une vie qui l'étouffe, un pays, l'Islande, une île où il se sent trop à l'étroit.
Deux ans plus tard son père va mourir, il revient de Copenhague sans avoir trouvé ce qu'il cherchait – mais que cherche-t-il vraiment ? – et regrettant ce qu'il a perdu.
Parviendra-t-il à parler enfin à son père, à retrouver la confiance de sa femme, le sourire de ses enfants devenus grands ?
Il a dans la poche le diplôme d'honneur décerné en 1944 par les marins de Neskaupstadur à son grand-père Oddur pour son action en faveur de la pêche et des pêcheurs, toute une vie passée à améliorer leurs conditions. Oddur qui était marié à Margrét, sa grand-mère, femme rêveuse et angoissée, parfois dépassée par le poids de la vie, les soins aux vieillards, aux enfants, l'alcoolisme des hommes, la solitude des femmes…
Ari atterrit à Keflavik, ancienne base américaine, maintenant ville morte, anéantie par les quotas de pêche et le chômage qui en a découlé, où l'attend le narrateur, son ami de jeunesse. Il est assailli par les souvenirs et les regrets…
…la vie des hommes au temps de ses grands-parents, l'absence de sa mère disparue trop tôt, sa jeunesse entre un père taciturne et une belle-mère meurtrie, un premier amour déçu, sa passion pour les livres, la musique des années 70, le climat impitoyable de cette partie de l'Islande balayée en permanence par les vents, les relations avec les Américains.
Un livre rempli de nostalgie, sur la difficulté de vivre, ce qu'on oublie de dire, ce qu'on ne veut pas voir, la violence des hommes, la souffrance des femmes, la permanence de cette douleur à travers les générations, à travers les siècles. Et la mort contre laquelle il faut lutter, avec les histoires que l'on raconte, les mots que l'on écrit.
Un très beau texte, très poétique, dans lequel Jon Kalman Stefansson poursuit de sa magnifique écriture son exploration du coeur de l'homme et dont la résonnance est universelle.
Merci à Babelio, Masse Critique et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce livre et de rencontrer son auteur.
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