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EAN : 9782370550880
196 pages
Le Tripode (07/04/2016)
3.25/5   8 notes
Résumé :
Vous naissez un 4 juin 1932, dans un coin perdu du Missouri.
Vous êtes noir et rapidement orphelin.
Vous prenez l’habitude de fuguer.
Vous découvrez Faulkner.
Vous partez en Corée à l’âge de 20 ans.
Vous revenez dans votre pays, errez.
Vous écrivez en 1963 un premier roman qui enthousiasme la critique : Le Messager On le compare à L’Étranger, de Camus.
Vous en écrivez un second pour incendier la société américaine : L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Et si un coup de Silky Smooth pouvait changer une vie ?

C'est le pari - ou le rêve - de Lester Jefferson lorsqu'il décide un matin d'utiliser cette lotion miracle pour lisser ses cheveux, symboles déterministes de sa condition de black de Harlem, condamné à une vie d'américain de second rang alors que le monde n'attend que lui.

Ce qu'il a perdu en crépitude, il l'a gagné en confiance, en insouciance, en arrogance, partant à l'assaut de la gloire et des femmes, de Manhattan et des clubs chics, de la fortune et des voyages. L'attente est immense ; la chute n'en sera que plus dure.

Dans Les Tifs, Charles Stevenson Wright – traduit par Charles Recoursé – nous embarque dans une dérive drôle et loufoque, poétique et musicale, mais aussi profonde et cruelle. Car quand le rêve américain semble à portée de main, la société américaine des années 60 sait rapidement vous rappeler qu'il a une couleur de peau.

Lester, c'est Bandini à Harlem, c'est Don Quichotte à New-York. C'est un pamphlet déjanté et accusateur, au style percutant et marquant. C'est un classique incontournable, superbement illustré des dessins de Felix Godefroy dans la belle réédition du Tripode. C'était une lacune à combler !
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New York, années 60. Lester le métis se lève un matin bien décidé à prendre son destin en main. Ras le bol d'être mis au rebut à cause de sa couleur de peau. Première étape vers la gloire, se lisser les cheveux. Avec ses nouveaux tifs aux bouclettes soyeuses, Lester se voit enfin comme quelqu'un d'autre, l'égal des blancs, celui à qui tout va sourire, travail, amour, argent et célébrité. Commence alors une odyssée hallucinée dans les rues de Big Apple où le bellâtre va trimbaler sa dégaine auprès d'une faune pas piquée des hannetons, du travesti surjouant son rôle de drama queen à l'acteur célèbre tombé au fond du caniveau et sortant tout juste de prison en passant par une prostituée vénale et un producteur de disques véreux.

Second volume de la trilogie new-yorkaise de Charles Stevenson Wright (après « le Messager »), « Les tifs », publié en 1966, est un texte inclassable, à la fois pamphlet et satire acide d'une population noire et métissée dont les rêves de réussite et d'égalité ne pouvaient qu'être un jeu de dupes voué à l'échec. Un roman boycotté à sa sortie par la critique, considéré aujourd'hui comme un chef d'oeuvre et qui entraîna son auteur vers une chute inexorable, réduit à la pauvreté, détruit par l'alcool, sombrant dans l'anonymat le plus total jusqu'à sa mort dans un hospice du Lower East Side.

C'est simple, il y a tout ce que j'aime dans ce roman. Une plongée à la marge directe, terrible, violente, désespérée, portée par un cynisme tranchant, un humour noir dévastateur et une succession d'événements surréalistes tirant souvent vers l'absurde et frôlant parfois l'hystérie. C'est cash, sans fioriture, tout son sauf consensuel. le cri de colère d'un écrivain enragé et d'un narrateur perdu entre fantasmes d'une vie meilleure et lucidité face à une réalité sans pitié : « Je m'imaginais que ma chance allait tourner. Est-ce qu'elle avait tourné ? Non, la vie me tenait toujours par les couilles et m'injectait des lavements empoisonnés dans le cul. » Ou encore « On s'en prenait à moi depuis si longtemps. Une mètre cinquante-cinq pieds nus, soixante-trois kilos tout mouillé. L'air d'un gamin, avec une démarche de marin à terre, un visage typiquement métissé : un Américain issu d'un pot de chambre bouillonnant, fruit d'au moins cinq races différentes copulant par deux ou trois comme dans une partie de chaises musicales ».

Un roman qui transpire l'urgence, irascible, affûté comme une lame. Typiquement ma came.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les Tifs étaient une perfection. Une œuvre d’art à quatre dollars et six cents. Ça valait le sacrifice. Je renaissais, purifié, consacré, magnifié.
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Video de Charles Stevenson Wright (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Stevenson Wright
Interview de Frédéric Martin, éditions Le Tripode à propos de Le Messager de Charles Stevenson Wright, édité en 1962 aux États-Unis.
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