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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bérénice est née le 28 juin 1919, jour de la signature du Traité de Versailles. Son père, Moïshe Kapelouchnik, dit Maurice Capel, a fui la Russie tsarine antisémite et son shtetl après le décès de sa femme. Arrivé en France, il devient fourreur et épouse une jeune fille de sa communauté.

Reconnaissant envers la France et passionné par sa nouvelle patrie, il fera la première guerre mondiale aux côtés des français, et lorsque sa fille nait en ce jour béni, il décide de l'appeler, contre l'avis de sa femme, Bérénice, en hommage à la pièce éponyme de Racine.

Avec un tel prénom, la jeune fille ne peut que se destiner au métier de comédienne, ce que refuse sa famille car actrice, ce n'est pas un métier pour une juive ! Il faut dire que ces dames ont mauvaise réputation, notamment celles d'être entretenues et c'est ce que craint par-dessus tout son père.

Bérénice s'accroche pourtant à ses rêves et parvient à passer le concours d'entrée du conservatoire car elle n'a qu'un but : entrer à la Comédie-Française. Pour cela, elle devra couper les ponts avec sa famille et prendre un nom de scène : Bérénice de Lignères.

Vous savez si vous me lisez régulièrement que la période de la seconde guerre mondiale n'est pas ma préférée mais il y a une telle production littéraire en la matière que j'y viens de temps en temps, parfois avec bonheur et parfois non.

Et bien ici ce fut un bonheur que la lecture de ce premier roman, vraiment très bon.

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Dès le début du roman, le lecteur s'attend à une fin tragique. Tout d'abord, par le choix du prénom de l'héroïne, qui semble lui montrer la voie de la tragédie qu'elle soit réelle ou fictionnelle. Ensuite, par un processus narratif qui revient tout au long du récit : en effet, l'auteure souhaite nous raconter tout ce que Bérénice ne pourra pas elle-même « raconter à ses petits enfants ». de ce fait, le lecteur s'interroge : cela signifie-t-il qu'elle meurt durant cette guerre ? Mais, en fait, si l'auteure parle de ses petits-enfants, cela veut dire qu'elle va avoir des enfants ? Oui… ? Non… ? Les réponses ne lui parviendront que dans les dernières pages.

Le personnage de Bérénice gagne en profondeur tout au long du roman. Au départ, elle peut sembler n'être rien d'autre qu'une petite écervelée, égocentrique et ingrate. Mais ce récit, c'est celui de sa quête initiatique. Celle qui pensait ne se définir que par son statut de comédienne découvre finalement que son identité est multiple ; que malgré le rejet que sa carrière a entraîné, elle est marquée à tout jamais par l'éducation juive que lui ont transmis ses parents mais aussi, qu'elle est peut-être finalement plus attachée qu'elle ne le pensait à cette « liberté française » qui passionnait tant son père lorsqu'elle était enfant, …

Ce roman nous permet effectivement d'appréhender différemment cette période de l'Occupation, qui a déjà fait couler tellement d'encre. Il offre également un portrait de ce qu'était la vie des théâtres au début du siècle dernier, invoquant des figures qui ont réellement existé. Je ne peux donc que vous le conseiller si, comme moi, vous appréciez les récits qui abordent ces heures sombres de l'Histoire.
Lien : http://www.maghily.be/2015/0..
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Le roman d'Isabelle Stibbenous raconte l'histoire de Bérénice Capel, une héroïne inventée de toutes pièces. Bérénice est juive mais elle ne sait pas vraiment ce que cette identité signifie. Elle ne rêve que d'une chose : le théâtre ; Bérénice veut devenir comédienne au grand désespoir de ses parents et de son père plus particulièrement. Elle commence ainsi à collectionner les oeuvres classiques et à apprendre des tirades par coeur ; le jour où Madame de Lignères, une vieille cliente de ses parents, l'emmene voir Lorenzaccio à La Comédie Française, c'est une révélation : elle sera actrice à la Comédie Françaisesinon rien. Elle passe le concours d'entrée, le réussit, meurt aux yeux de son père.

Bérénice est ultra-talentueuse : sa carrière décolle, elle vit ses plus belles années. Mais l'antisémitisme se fait de plus en plus pressant et l'identité dont s'était désintéressée Bérénice revient au galop...

Ce que j'ai d'abord apprécié dans ce roman, c'est la façon dont il aborde le monde du théâtre et de la Comédie Française. L'auteur parvient à emmener le lecteur dans un univers très fouillé, enivrant et dépaysant. Elle nous raconte ainsi la passion de Bérénice pour les artistes, nous décrit les costumes, le décor des salles de classes, l'émotion des premières représentations, la dimension sacrée des lieux..

Ce qui est passionnant ensuite, c'est qu'on s'intéresse ici à la construction de l'individu dans la pluralité de ses identités. Bérénice est une héroïne qui devra sans cesse composer avec la complexité de son identité : juive, désavouée par son père, actrice, avec un nom de scène...

C'est par conséquent une femme qui est amenée à se construire elle-même, à se battre sans cesse contre ce que l'on veut lui imposer. Elle s'oppose ainsi à ses parents, prend le risque de faire des choix qu'ils ne cautionnent pas : elle leur impose une identité qu'elle s'est choisi, celle d'actrice.

L'héroïne que nous propose Isabelle Stibbeest incroyable. Tragique, sensible, dans la retenue, attachante, vaillante, fougueuse... Bien qu'il soit difficile de s'identifier à elle en raison de la distance historique et du contexte particulier dans lequel elle s'inscrit, c'est en revanche impossible de ne pas l'aimer et de ne pas l'admirer dans ses combats, dans sa maturité, dans sa capacité à savoir malgré son jeune âge ce qui la rend heureuse.

Isabelle Stibbea imaginé pour son héroïne un destin passionant à suivre. C'est incroyable de voir à quel point le monde de Bérénice la rattache toujours à celui du théâtre, comme si elle avait été appelée. Car Bérénice est non seulement cette actrice qui joue plusieurs rôles mais aussi une femme tiraillée entre ses multiples identités. La symbolique de la représentation, du jeu de rôle, est très forte dans ce roman : l'héroïne doit jouer plusieurs rôles, autant sur le plan professionnel que personnel. 

De quoi avoir l'impression que Bérénice était « destinée » à devenir actrice. L'occasion pour Isabelle Stibbed'aborder aussi la question de la vocation. Devient-on actrice par vocation, par passion, par choix ? L'est-on grâce au talent ou au travail ?

A travers tous ces thèmes (la religion, la vocation d'actrice, le conflit avec ses parents, etc.), l'auteur nous invite à nous interroger sur notre identité et sur la façon dont nous nous définissons. En effet, Bérénice qui ne s'était jamais particulièrement sentie juive se voit réduit à n'être « que juive » lors de la montée de l'antisémitisme en France. Comment réagir face à une identité qu'on nous impose et à laquelle on ne s'était jamais vraiment identifié ? Dans quelle mesure notre religion nous définit-elle ?

Le style d'Isabelle Stibbeest quant à lui sensible, juste, discret. L'auteur fait varier son écriture en fonction des émotions à exprimer, de telle sorte que le ryhtme est parfois calme, parfois emporté, les phrases troubles et longues ou au contraire souples et fluides. J'ai adoré cette multiplicité de tons, l'émotion qui en ressort est d'autant plus forte et les sentiments qui nous sont passés variés et complets.

Une petite particularité dans l'écriture est que l'auteur utilise dès la première phrase un ton tragique grâce à une tournure de phrase négative que l'on retrouve ensuite régulièrement tout au long du roman. On sent tout de suite le destin fatal qui pèse sur elle, j'ai trouvé que c'était un procédé très efficace pour introduire une tension dramatique dans le livre. On est sans cesse dans l'attente d'une fin que l'on soupçonne et on lit chaque événement en ayant en tête cette sorte de « prémonition tragique ».

En définitive, ce roman a été un gros coup de coeur pour moi. Les thèmes qu'il aborde sont passionnants et l'écriture de l'auteur est captivante. Il s'agit d'un roman complet qui ne se focalise pas que sur un sujet mais sur une pluralité d'événements qui forment une personne et sur la façon dont chacun est amené à se définir. Une histoire à découvrir absolument !
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
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Située avant 44, la vie de Bérénice est l'histoire d'une passion pour le théâtre, c'est l'histoire du théâtre et de la Comédie française, c'est également celle d'une page sombre et tragique de notre propre histoire. Bérénice est une jeune fille juive, nous suivons pas à pas la passion de cette enfant, puis de cette adolescente qui décide très tôt de faire du théâtre contre l'avis de ses parents et qui entre à 14 ans à peine au conservatoire.
Sa vie semble être un rêve, elle réussit à merveille dans son métier de tragédienne et entre dans la maison de Molière dès sa sortie du conservatoire. Elle va rencontrer le plus grand artiste de son temps, de Jouvet à Jean Vilar, de Marie Bell à Jean Gabin, en passant par Jean-Louis Barrault et bien d'autres figures du monde artistique de cette époque.
Vivre dans cet univers d'artistes ne protège pourtant pas de ce qui se passe autour et rapidement Bérénice va endurer ce que vivent les juifs, l'antisémitisme et l'exclusion. La grande famille du théâtre n'est pas différente de la société civile, c'est une page sombre faite de trahisons, de rivalités, de lâchetés parfois, de courage aussi.
Mêlant des personnages réels à des personnages fictifs, l'auteur nous entraine dans cette tranche de vie. le lecteur attend la suite, mais sait déjà qu'elle sera tragique, chaque chapitre ponctué de « Bérénice ne le racontera pas à ses enfants » ou « elle ne pourra pas raconter que… » qui donnent un coté inéluctable à la courte vie et au destin brisé de Bérénice. L'écriture est belle et fluide, c'est une jolie découverte
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Superbe roman.

J'ai commencé à le lire un peu "à reculons". Je n'avais pas envie de lire quelque chose de dramatique, et je "stressais" un peu dès le début, sachant comment cela allait se terminer.
De ce fait, la répétition comme un leitmotiv de phrases du type "Elle ne pourra pas dire cela à ses petits-enfants, ni même à ses enfants" m'a gênée au début, et un peu aussi les quelques longues énumérations du genre on dit ... qu'on lit presque sans respirer.

Et puis, j'ai été prise dans l'histoire, et tout cela n'a plus eu d'importance.

L'auteur est aussi à l'aise pour nous faire vivre la vie de cette petite parisienne qui rêve de théâtre, pour dépeindre la Comédie Française, ses grands noms et ses petites histoires, pour nous présenter de l'intérieur tout un pan de l'Histoire, et pour s'interroger et nous interroger sur les réactions des hommes face à de tels drames.
Tout ça avec un texte qui coule, pas une seconde d'ennui.

En plus de cela, j'ai aimé retrouver les grands noms du théâtre, ceux qu'on connaît comme importants historiquement, et d'autres dont je n'imaginais pas qu'ils étaient déjà présents, comme Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault (que j'ai bien plus tard croisés "en vrai" sur un petit sentier des Baux !!) Robert Manuel, etc ...
Tout à fait par hasard, je venais juste de terminer "3 000 façons de dire je t'aime" de Marie-Aude Murail, où le Conservatoire et la Comédie Française ont aussi le premier rôle, mais de nos jours, et c'était surprenant de retrouver les lieux et les traditions plus d'un demi-siècle avant.

Et il me semble que personne n'a parlé d'Alain Borne.
Une de ses poésies ouvre le livre, et le personnage d'Alain Beron est manifestement plus que fortement inspiré par le poète trop méconnu. Bien que je soies arrivée dans la Drôme plus de dix ans après sa mort, ici, on le connaît (le lycée de Montélimar porte son nom !) mais c'est émouvant de retrouver ainsi en personnage de fiction cet avocat poète.
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Bérénice 34-44 écrit par Isabelle Stibbe est un roman réaliste français de 316 pages de l'édition Serge Safran sorti pour la première fois en mai 2013.
L'histoire se déroule à Paris au XXème siècle durant l'entre deux guerre jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale Bérénice est une jeune fille qui depuis son plus jeune âge est passionnée de théâtre. Issue d'une famille juive, elle fuira ses parents pour avoir accès au Conservatoire. Elle deviendra une grande comédienne tragique et entrera à la Comédie Française, la maison de Molière. Mais l'antisémitisme arrivera en France lors de la seconde guerre mondiale... Les thèmes traités se retrouvent dans le titre et la présentation du livre : le théâtre et la guerre vu par une jeune femme juive. L'apparence du livre est telle un tableau : le titre, les tâches de sang et le papier qu'utilise l'édition transmet le message très facilement.
J'ai apprécié son écriture. Les premiers chapitres parlent de l'histoire des personnage pour mieux comprendre le livre, la vie de Bérénice. Par ce fait, j'ai eu du mal à me mettre dans le livre.
Les débuts de chapitres sont à chaque fois in media res durant l'histoire, ce qui entraine un meilleur "accrochage". Toutefois, il le sont parfois trop, j'ai dû relire les pages précédentes pour s'y retrouver. L'auteur ne se perd pas dans les descriptions mais le lecteur peut tout de même visualiser la scène.
Bérénice est un personnage d'un caractère très fort et sait ce qu'elle veut. Elle est admirable.
J'ai aimé ce livre malgré les quelques points négatifs qui sont peu.
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Paru chez Serge Safran éditeur, lequel avait cofondé les éditions Zulma, Bérénice 34-44 d'Isabelle Stibbe est à la fois une fresque historique (la majeure partie du livre se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale), un hommage au théâtre (la jeune Bérénice formée par Louis Jouvet devenant pensionnaire de la Comédie-Française) et un roman portant sur l'exclusion des Juifs de la vie culturelle parisienne.

Dès les premières pages de Bérénice 34-44, le lecteur est séduit par le personnage principal, qui doit son nom à l'héroïne de Jean Racine. Lors de la Grande Guerre, le père de Bérénice s'était lié avec un jeune enseignant qui l'a initié à la poésie et au théâtre français. Pour cet expatrié voulant à tout prix devenir français, ayant même transformé son nom de Kapelouchnik en Capet, il n'y a rien de tel que s'approprier la culture d'un pays pour en devenir un véritable citoyen.

Mais ce que le Juif Maurice Kapelouchnik ignorait en donnant ce prénom à sa fille est qu'il inspirerait si bien celle qui le portait qu'elle s'éprendrait du théâtre dès la première représentation à laquelle elle assisterait et que son amour pour la scène prendrait le pas sur le reste de sa vie, malgré le mépris de son père pour les comédiennes, à ses yeux des femmes de petite vertu.

Mais la passion de Bérénice est si forte qu'elle ne pourra y échapper. C'est donc en acceptant de porter le nom de celle qui a choisi de l'aider coûte que coûte en faisant fi de l'interdiction paternelle, que Bérénice de Lignières va faire son chemin, du Conservatoire à la Comédie-Française en passant par le cabaret où elle fait connaissance du Tout-Paris, celui des écrivains, des compositeurs, des actrices et des chanteuses d'opéra.

À l'heure de l'Occupation, il ne reste presque plus rien de la petite Juive partie de chez elle pour vivre sa vie et se tailler une place dans le monde du théâtre sinon des souvenirs, mais pas de regrets. Et pourtant, son passé finira par la rattraper, nous le savons dès le début, Isabelle Stibbe ne nous laissant aucun doute sur l'issue en glissant çà et là des indices discrets sur le fait que Bérénice sera à jamais jeune et sans descendants à qui raconter ce qu'elle a vécu.

Le fait de savoir que Bérénice n'échappera pas à son destin ne rend le roman que plus intense et plus dramatique, à la hauteur de la situation que vit Bérénice au quotidien et à laquelle est confronté chaque acteur de la troupe, qu'il soit juif ou non. Car le lecteur ne sait pas d'où le coup viendra, qui trahira son secret et pour quelles raisons, avant la toute dernière page.

Bérénice 34-44 révèle un véritable talent, une grande maîtrise du sujet, une plume alerte et vivante, un art de mêler l'Histoire et ses personnages à ceux et celles créés de toutes pièces par l'auteure, une rigueur quant à la forme imposée où une narratrice omnisciente s'impose sans prendre une place qui n'est pas la sienne et une étonnante et agréable maturité au niveau de l'écriture pour un premier roman.

Passionnés de théâtre et épris de romans se déroulant sous l'Occupation où interagissent des personnages attachants trouveront dans ce roman tout pour les séduire… et même quelques clins d'oeil au très beau film de François Truffaut, le dernier métro, ce qui est loin de me déplaire.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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La comédie francaise sous l'occupation. En 1934, Bérénice adolescente juive entre au conservatoire contre l'avis de sa famille. Elle va croiser les plus grands, Louis Jouvet, Jean-louis Barrault, Jean Gabin, etc...Malgré les tensions et les rivalités professionnelles ou amoureuses, Bérénice vit un conte de fée. Mais au début de l'Occupation la Comédie Française exclut les comédiens juifs, elle est alors rattrappée par son passé. Et elle va devoir grandir et ouvrir les yeux sur la réalité de la vie à Paris pendant l'occupation. Un passionnant roman. La vie d'une artiste pendant l'occupation.
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Le titre donne déjà le ton et sonne comme une pierre tombale : Bérénice 34-44. Bien sûr, je me dis qu'il peut en être autrement et signifier simplement une période de la vie de Bérénice, de sa passion dévorante pour le théâtre. Je peux me dire aussi que juste poser cette hypothèse, c'est déjà vous éclairer sur l'issue de ce livre. Peut-être. Peut-être pas. J'ai parfois tendance à trop en dire sur l'intrigue.
Bérénice. Un prénom prédestiné lui aussi. Un prénom de reine et de tragédienne. Bérénice n'est pas un prénom de comédie. le choix du prénom déjà vient de la guerre, la première qui fut qualifiée de mondiale, ou aussi de der des ders. Ce choix, ses parents se le reprocheront quand leur fille unique voudra embrasser une carrière de comédienne. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est qu'une vocation, le parcours de la jeune fille est exemplaire à cet égard, elle qui ne reculera devant aucun obstacle.
Alors... Bérénice 34-44 est bien sûr l'occasion de croiser de grands noms du théâtre, Louis Jouvet, en professeur de théâtre à la fois classique et novateur, ou Robert Manuel, élève du conservatoire. C'est l'occasion de découvrir les coulisses de la Comédie-Française, et ce qui s'y passa pendant la seconde guerre mondiale.
Mais Bérénice 34-44 est avant tout pour moi la découverte d'une belle écriture : un véritable souffle, un véritable rythme, qui m'a emporté. Rares sont les auteurs qui nous enveloppent de leurs mots, qui savent créer sans musique des envolées lyriques ou retrouver l'ampleur d'une déclamation. Une écriture capable de caractériser chacun des personnages, tout en gardant un certain détachement, de manière à ne jamais sombrer dans le pathos.
Bref, Bérénice 34-44 est un premier roman sensible et talentueux, à lire si vous aimez les beaux textes.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Dès le départ, les choses sont claires, la fin sera tragique. Bérénice 34-44 comme la Bérénice de Racine est bien une tragédie, c'est en 1944 que l'histoire s'arrêtera. Reste à savoir comment.
Deux parties dans ce roman, le théâtre d'abord, l'entrée au conservatoire, Jouvet, la comédie française, le fonctionnement de cette institution, des comités aux emplois, des ascenseurs interdits à certains, aux habilleuses.... Et puis la guerre, l'exclusion, la résistance, l'Armée juive. La déportation.
Deux étapes, autour d'un personnage féminin fort, autour duquel se croisent personnages de fiction et acteurs bien réels, choix d'écriture qui fait l'intérêt de ce roman (même si parfois on s'y perd un peu et l'on se surprend à taper un nom dans un moteur de recherche pour vérifier qui a existé pour de bon! L'entrée dans la lecture a été de ce point de vue-là un peu difficile pour moi, comme le passage d'un personnage à un autre dans les premiers chapitres, avant d'être happée par la deuxième partie).
Une page noire de la Comédie française, de trahisons en opportunisme, de rivalités en lâchetés. S'y croire protégée, à l'abri du reste du monde, l'art et la culture comme bouclier face à la barbarie...
On croise Louis Jouvet, Jean Vilar, Véra Korène, Béatrice Bretty, Marie Bell Jean Gabin, Jean-Louis Barrault et tant d'autres figures du monde du théâtre, on plonge dans une ambiance, dans des ambiances plutôt, des cabarets de l'avant-guerre, du conservatoire d'art dramatique, de la comédie-française, de l'armée juive, toutes bien dessinées.
Ce que j'ai beaucoup apprécié dans cette lecture également, c'est qu'elle donne envie d'aller plus loin. On a envie d'écouter Kurt Weill, de se plonger dans l'histoire de la Comédie Française, dans celle de l'aventure du Massilia, de relire Bérénice et autres pièces de théâtre évoquées , de revoir l'Ange bleu, et surtout Entrée des artistes avec Louis Jouvet, film évoqué au début du roman, pour la scène du concours d'entrée au conservatoire d'art dramatique en particulier, ou pour les difficultés de l'héroïne à faire comprendre sa vocation théâtrale à son entourage.
Bref, les amateurs de théâtre y trouveront leur compte, les amateurs d'Histoire également!

Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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