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David Fauquemberg (Traducteur)
EAN : 9782368129371
368 pages
Charleston (11/01/2023)
3.95/5   166 notes
Résumé :
Dans la chaleur étouffante de l’été 1995, après un énième débordement de colère de son père, Joan North trouve refuge avec sa mère et sa jeune sœur dans la majestueuse maison qui a vu les femmes de sa famille grandir. Tapissé de lierre et de chèvrefeuille où nichent colibris, abeilles et papillons, ce verdoyant havre de paix semble raconter sa propre histoire. En poussant la gigantesque porte de bois, Joan sait qu’elle va découvrir d’innombrables fantômes. Celui de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 166 notes
Memphis, comme le titre l'indique, l'histoire se passe à Memphis. On y rencontre la famille North et ce sur plusieurs générations. L'histoire nous dévoile avec ces bonds dans le temps toute la vie de cette famille noire de génération en génération.

C'est en voyant ce titre et sa couverture que je savais que je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture.
Et j'ai d'ailleurs dès les premières pages directement adoré.
L'histoire est racontée par 4 femmes d'une même famille mais sur différentes générations et différentes périodes, l'auteur nous fera voyager dans le temps en passant par la fin des années 1930 et d'autres périodes pour finalement retourner au présent en 2003.
J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la façon dont cette histoire est racontée avec ces sauts dans le temps.
Ces 4 femmes fortes et courageuses les unes comme les autres sont tellement attachantes, que j'ai été bouleversée par leurs parcours qui ne fût pas facile !
J'ai également aussi beaucoup aimé la plume de l'auteur, la façon de décrire certaines choses propres à Memphis, font qu'on a l'impression d'y être littéralement.
J'ai terminé ce livre avec le sentiment de ne pas avoir envie de le refermer et de vouloir encore le poursuivre un petit moment, malheureusement même les bons livres ont une fin !
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« Memphis » de Tara M.Stringfellow raconte le destin de femmes noires, sur plusieurs générations, à des époques très différentes, où les problématiques l'étaient aussi. le récit s'ouvre sur le personnage de Joan en 1995, mais plusieurs époques vont être développées par l'intermédiaire de plusieurs femmes issues de la même famille. Il fallait bien que l'auteur trouve un point d'ancrage. Celui-ci se fixe dans la maison familiale située à Memphis. Ce lieu est habité par August et son fils Derek. Miriam, soeur d'August et mariée à Jax, revient sur les lieux de son enfance avec ses deux filles, Joan et Mya. Ce retour s'apparente plutôt à une fuite… En effet, Miriam subit les violences de son mari, et la dispute de cette fameuse nuit en 1995 sonne le glas de leur relation de couple. Cette maison a été construite par Myron, époux de Hazel, elle-même mère de August et Miriam. Ainsi, pour résumer, et en partant, du plus haut de l'arbre généalogique, ces femmes dont on parle dans Memphis sont : Hazel, Miriam et August ses filles, Joan et Mya ses petites-filles.

La temporalité de « Memphis » n'est pas linéaire, et personnellement j'ai trouvé que c'était un choix très judicieux de la part de l'auteur. Cela permet de raconter des tranches de vie pour chacune de ces femmes, des péripéties clés qui ont marqué leurs existences respectives. Malheureusement, dans la majorité des cas, chacune a vécu un traumatisme lié soit à la couleur de sa peau, soit à son sexe. Comme si, de mère en fille, on se transmettait bien involontairement des événements traumatiques qui brûlent à jamais les existences. Les tragédies vécues dans chaque génération sont certes différentes, liées à des époques, par exemple 1937 et 1943, pour Hazel, 1978 pour Miriam et August, 1995 pour Joan. Et, malheureusement, chacun de ses incidents implique un homme ou, plus généralement, la folie des hommes.

Tara M.Stringfellow décrit admirablement bien son amour pour la ville de « Memphis », l'ambiance qui y règne, la végétation qui y pousse, les êtres qui la peuplent. La pauvreté de ses habitants a déclenché une révolte désormais bien connue dans le mouvement américain des droits civiques afin d'obtenir les mêmes droits que les blancs. « Memphis » est un emblème de lutte. C'est aussi un hommage de l'écrivaine à ses ancêtres et à ce lieu si particulier qui l'a vue naître. le roman parcourt soixante-dix ans d'existences, de luttes, de drames, de combats et de joies. Chacune à sa manière a posé une pierre à l'édifice de la ville pour contribuer à ce qu'elle est aujourd'hui. C'est de cela que « Memphis » parle : de sororité, de solidarité malgré des événements vécus très difficiles qui pourraient anéantir toute une famille, d'altruisme et de bienveillance. On veille les unes sur les autres. On se sauve les unes les autres. Et chacune prend un peu de ce que lui offre l'autre : du courage, de la persévérance, de la force. Aussi lorsque Tara M.Stringfellow déclare qu'elle est un peu toutes ces femmes, je ne suis pas étonnée de voir la couverture que l'éditeur américain a choisie pour ce roman (je vous la poste en fin d'article).

Tara écrivait ce roman lors de la mort par asphyxie de Georges Floyd le 25 mai 2020. Sous couvert des traumatismes intergénérationnels vécus, le message est clair : le combat continue. Rien n'a réellement changé depuis ce qu'a vécu Hazel, et l'élection d'un homme à la peau noire à la Présidence n'a pas réussi à faire évoluer les mentalités, même si elle fut porteuse d'espoir. La lutte doit continuer. J'ai d'ailleurs été fort émue de lire la citation de Toni Morrison en début de roman : « Pendant longtemps, dans ce pays, les hommes noirs n'ont eu personne d'autre que les femmes noires sur qui passer leur rage. Et pendant longtemps, les femmes noires ont accepté cette rage – et même considéré cette acceptation comme leur déplaisant devoir. Mais ce faisant, elles se rebellaient souvent, et semblent n'être jamais devenues la véritable esclave que les femmes blanches voient dans leur propre histoire. Certes, la femme noire faisait le ménage, les corvées ; certes, elle élevait les enfants, souvent seule, mais elle faisait ces choses tout en occupant une place sur le marché du travail, un poste auquel son compagnon ne pouvait prétendre ou que sa fierté lui interdisait d'accepter. Et elle n'avait rien sur quoi se rabattre : ni la masculinité, ni les blanchitude, ni la féminité, rien. Alors, émergeant de la profonde désolation de sa réalité, il est fort possible qu'elle se soit inventée elle-même. »

Je me suis profondément attachée à ces deux soeurs que la vie aurait pu séparer à cause d'un évènement particulier que je vous laisse découvrir. Or, malgré cette épreuve, c'est l'« ensemble, c'est tout » qui gagne. La famille est placée au centre d'un tout, sans elle, rien n'existe ou ne fonctionne correctement. Elle est le pilier, à l'image de la maison : inébranlable. Les femmes de cette famille se relèvent toujours, même lorsque le destin les frappe. Parce qu'elles sont solidaires, parce qu'elles pardonnent, parce qu'elles veulent avancer. Ensemble. « Des rires, qui étaient, en eux-mêmes, noirs. Des rires à briser les vitres. Des rires, capables d'aider une famille à tenir malgré tout. Une cacophonie de joie féminine noire, dans un langage qui n'appartenait qu'à elles. »

Émouvant et bouleversant.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Une saga familiale sur trois générations qui se déroule à Memphis.
Outre les personnages, essentiellement féminins, c'est aussi la vie de Memphis.
Memphis la chaude, Memphis la violente.
Le racisme sous toutes ses dérives.
Des années trente à nos jours, les femmes de la famille North ont tenu le coup, affronté les épreuves, se sont relevées.
Outre l'analyse fine des personnalités, c'est un roman très visuel.
Les décors, les lieux, on se les imagine parfaitement.
Il y a les difficultés en famille, il y a aussi les difficultés sociales.
Ce n'est pas une vie de tout repos que de vivre à Memphis.
Ségrégation, bandes rivales.......
Mais toujours, les femmes North garderont la tête haute.
J'ai passé un excellent et authentique moment à la lecture de ce livre réellement bien écrit.
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Un coup de coeur mémorable !

Parce que normalement, les maisons de familles représentent un cocon de paix, de sérénité et d'amour. Un lieu où les familles s'accomplissent sans crainte, dans l'amour et la protection. Pourtant, Joan se sent oppressée, terrorisée d'un passé meurtrier qui lui appartient.

Parce que normalement les familles se serrent les coudes, partagent des moments conviviaux, s'aiment et se respectent. Aucun enfant ne devrait vivre avec la violence sous les yeux. Parce que les parents sont censés montrer le bon exemple à ses adultes en devenir. Normalement.

Parce que normalement la couleur de peau des individus ne devrait les définir. Parce que ce qu'il y a de plus important c'est la beauté intérieure, n'est-ce pas ? Une société égalitaire sans discrimination semble bien compliquée.

La maison de Memphis, ce lieu qui s'apparente à un havre de paix où derrière cette porte de bois se cachent des colibris, des abeilles au sein du lierre et de chèvrefeuille. Cette maison qui est hantée par un passé familial douloureux. le fantôme d'un grand-père qui est devenu le premier inspecteur noir de la vie, celui d'une grand-mère qui a donné vie dans la rage.

Parce que le schéma générationnel familial se reproduit d'année en année, dans la violence et l'oppression. Qu'au-delà de cette famille, c'est le portrait de toute une nation qui est dépeinte.

Memphis est un roman qui m'a touchée au plus profond de mon être, qui m'a remuée de l'intérieur. Joan, si petite mais pourtant si mature. Ce petit être qui a déjà tant de vécu, une combattante, une survivante.

Ce lien fraternel qui unit Joan à sa soeur m'a embuée les yeux plus d'une fois et ce, jusqu'à l'apothéose, ce moment où les rôles s'inversent et que c'est à la petite de protéger la grande.

La méticulosité de Tara est à souligner, un jeu sur la temporalité qui relève du génie. C'est un récit que j'ai apprécié car il était lent, sans trop l'être. Cela m'a permis d'en apprécier chaque mot, de digérer chaque évènement, d'aimer chaque seconde les personnages.

Un livre qui devrait passer entre tous les mains sans aucun doute !
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Saga familiale, version femmes noires, sur trois générations qui nous offre de beaux personnages qui traversent l'histoire des USA du milieu à la fin du XXe siècle .

Une femme, Myriam, quitte son mari et rejoint avec ses deux filles Memphis où habite sa soeur dans la maison familiale. Elle quitte une histoire d'amour qui s'est fracassée sur la réalité et un mari à la main beaucoup trop lourde. le quitter ne suffit pas, il faut reprendre sa vie en main, nourrir ses filles, trier le passé, vivre avec sa soeur August et son fils.

Récit composé quasi uniquement de femmes noires, des personnages hauts en couleur mais crédibles, leurs destinées se croisent et s'entremêlent pour que génération après génération la possibilité d'une vie autonome soit possible. La violence des hommes tout autant que leur absence ponctuent la vie des femmes. Toutes ses vies s'égrainent dans une Amérique profondément raciste, rien n'est facile ou tranquille pour ces femmes.

Des personnages réalistes, un fond historique et politique bien décrit nous donne une lecture agréable. Je regrette l'écriture "chorale" et les changements de périodes, je n'apprécie pas ces à-coups dans le récit, je l'aurais trouvé plus séduisant avec une construction classique et une narration en "fondu-enchainé" .

Merci aux éditions Charleston et à Masse critique Babelio pour l'envoi de ce roman .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je ne savais pas qu'un sourire pouvait être si beau, jusqu’à ce que je voie celui de ma soeur. J’ignorais qu'un sourire pouvait être le soleil lui-même, s’étendant à l'infini, nous rechauffant tous.
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Les pochettes de disques encadrées accrochées aux murs tremblaient de tous ces rires. Des rires qui étaient, en eux-memes, noirs Des rires à briser les vitres, Des rires capables d'aider une famille a tenir malgré tout Ue cacophonie de joie féminine noire, dans un langue qui n'appartenait qu'a elles.
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- T'as la langue bien pendue, gamine.
- Et un bon crochet du gauche, aussi, ai-je crié en retour.
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« Les hommes et la mort... Comment vous pouvez diriger ce monde, alors que vous avez jamais rien fait d'autre que vous tuer les uns les autres ? »
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Les hommes et la mort... Comment pouvez vous diriger ce monde, alors que vous n'avez jamais rien fait d'autre que vous tuer les uns les autres ?
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Vidéo de Tara M. Stringfellow
📖 Livres mentionnés : Memphis de Tara M. Stringfellow Au bout du rêve de Farrah Rochon Amari, tome 2 de B.B. Alston Au nom des noirs de Robert Penn Warren
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