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Les origines de la France contem... tome 1 sur 5
EAN : 9782870274033
320 pages
Complexe (15/01/1999)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Qu’est-ce que la France contemporaine ? Pour répondre à cette question, il faut savoir comment cette France s’est faite, ou, ce qui vaut mieux encore, assister en spectateur à sa formation. À la fin du siècle dernier, pareille à un insecte qui mue, elle subit une métamorphose.. Son ancienne organisation se dissout ; elle en déchire elle-même les plus précieux tissus et tombe en des convulsions qui semblent mortelles. Puis, après des tiraillements multipliés et une l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Brillant essai qui tient à la fois de l'histoire, notamment celle des mentalités, et de la sociologie. Je n'avais jamais mieux compris l'esprit du XVIIIe siècle ; en particulier, le rôle essentiel des salons, de la conversation mondaine et de ce que Taine appelle l'esprit classique est très bien rendu. L'opposition privilégiés/Tiers État, haut clergé/bas clergé, noblesse de cour/noblesse provinciale, seigneurs/paysans, villes/campagnes, est décrite avec une clarté lumineuse. Taine reprend à son compte la démonstration de Tocqueville sur l'excessive centralisation de l'Ancien Régime, en citant des exemples qui m'ont mieux convaincu que Tocqueville. La travail de sape de la philosophie des Lumières est parfaitement décrit, avec l'apport respectif des quatre grands (Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau) et l'influence déterminante que prend ce dernier avec le Contrat social, qui à la fois mine tout gouvernement et fonde le totalitarisme (puisque l'adhésion au Contrat social suppose de s'y aliéner corps et biens sans aucune restriction). L'auteur fait comprendre pourquoi les privilégiés ont adopté et propagé les doctrines qui condamnaient l'ordre social dont ils étaient les premiers bénéficiaires, et en quoi la raison, appliquée en politique, devait faire table rase du passé et ne se laisser arrêter par aucune considération.
A la suite de la démonstration de Taine, on voit bien que la Révolution était inéluctable, et l'auteur termine par le récit De Laharpe sur la prophétie de Cazotte : ce dernier ne pouvait connaître aucun des détails qu'il est censé avoir prédits, mais la pente générale était prévisible.
C'est peut-être un des seuls défauts de l'ouvrage, sa conception téléologique, mais il était sans doute inévitable compte tenu de l'objet du livre.
Enfin, le texte présente deux grandes qualités : Taine est un excellent styliste, sans le lyrisme qui finit par fatiguer de Michelet et, contrairement à ce dernier, il cite ses sources au sein de nombreuses notes de bas de page, ce qui est un gage de sérieux.
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Premier ouvrage d'une série de six sur « les origines de la France contemporaine », 1792 pages de mots, de chiffres, de détails à n'en plus finir.
J'aspire à plus de modernité et de légèreté dans le style. Monsieur Taine n'y est pour rien, il a vécu au XIXème et écrit vieillot mais je vais me réfugier vers des auteurs du XXème qui me divertiront plus.
N'empêche Hippolyte tu as eu le privilège de me faire changer d'avis sur l'ancien régime : je suis devenu révolutionnaire, oh petit révolutionnaire pour le XVIII pas pour le XXIème. Mais quand même c'est un exploit. Quel monde pourri ce monde de la cour, ce monde des grands de l'église, ce monde des nantis !
Je ne dirai pas « les aristocrates à la lanterne » car il y en a des bons mais « les pourris à la lanterne ».
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ils sont les successeurs et les exécuteurs de l’ancien régime, et, quand on regarde la façon dont celui-ci les a engendrés, couvés, nourris, intronisés, provoqués, on ne peut s’empêcher de considérer son histoire comme un long suicide : de même un homme qui, monté au sommet d’une immense échelle, couperait sous ses pieds l’échelle qui le soutient. — En pareil cas, les bonnes intentions ne suffisent pas ; il ne sert à rien d’être libéral et même généreux, d’ébaucher des demi-réformes. Au contraire, par leurs qualités comme par leurs défauts, par leurs vertus comme par leurs vices, les privilégiés ont travaillé à leur chute, et leurs mérites ont contribué à leur ruine aussi bien que leurs torts. — Fondateurs de la société, ayant jadis mérité leurs avantages par leurs services, ils ont gardé leur rang sans continuer leur emploi ; dans le gouvernement local comme dans le gouvernement central, leur place est une sinécure, et leurs privilèges sont devenus des abus. À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé. — Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile. — Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social. — Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue. — Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion. — À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois. À l’instant où s’ouvrent les États Généraux, le cours des idées et des événements est non seulement déterminé, mais encore visible.
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Autre goût de gentilhomme, qui est une suite du précédent : la chasse. Elle coûte au roi de 1 100 000 à 1 200 000 livres par an et occupe 280 chevaux, outre ceux des deux écuries. On ne saurait imaginer un équipage plus varié ni plus complet : meute pour le sanglier, meute pour le loup, meute pour le chevreuil, vol pour corneille, vol pour pie, vol pour émerillon, vol pour lièvre, vol pour les champs. On dépense, en 1783, 179 194 livres pour la nourriture des chevaux et 53 412 livres pour celle des chiens. Tout le territoire, à dix lieues de Paris, est chasse gardée ; « on n’y saurait tirer un coup de fusil, aussi voyez-vous dans toutes les plaines les perdrix, familiarisées avec l’homme, becqueter le grain tranquillement et ne point s’écarter quand il passe ». Joignez-y les capitaineries des princes jusqu’à Villers-Cotterets et Orléans ; cela fait, autour de Paris, un cercle presque continu, ayant trente lieues de rayon, où le gibier, protégé, remisé, multiplie, fourmille pour les plaisirs du roi. Le seul parc de Versailles est une enceinte close de plus de dix lieues. La forêt de Rambouillet comprend 25 000 arpents. On rencontre autour de Fontainebleau des bandes de soixante-dix à quatre-vingts cerfs. En lisant les carnets des chasses, il n’y a pas de vrai chasseur qui n’éprouve un mouvement d’envie. L’équipage du loup court toutes les semaines et prend 40 loups par an. De 1743 à 1774, Louis XV force 6 400 cerfs. Louis XVI écrit le 31 août 1781 : « Aujourd’hui tué 460 pièces ». En 1780, il abat 20 534 pièces ; en 1781, 20 291 ; en quatorze ans, 189 251 pièces, outre 1 254 cerfs ; les sangliers, les chevreuils, sont en proportion ; et notez que tout cela est sous sa main, puisque ses parcs confinent à ses maisons.
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Derrière le carrosse et sur les flancs courent les gardes du corps, avec l’épée et la carabine, en culottes rouges, grandes bottes noires, habit bleu couturé de broderies blanches, tous gentilshommes vérifiés ; il y en a 1 200, choisis à la noblesse et à la taille ; parmi eux sont les gardes de la manche, plus intimes encore, qui, à l’église, aux cérémonies, en hoqueton blanc étoilé de papillotes d’argent et d’or, ayant en main leur pertuisane damasquinée, sont toujours debout et tournés vers le roi « pour avoir de toutes parts l’œil sur sa personne ». Voilà pour sa sûreté. — Étant gentilhomme, il est cavalier, et il lui faut une écurie proportionnée , 1 857 chevaux, 217 voitures, 1 458 hommes qu’il habille et dont la livrée coûte 540 000 francs par an ; outre cela, 38 écuyers de main, cavalcadours et ordinaires ; outre cela, 20 gouverneurs, sous-gouverneurs, aumôniers, professeurs, cuisiniers et valets pour gouverner, instruire et servir les pages ; outre cela, une trentaine de médecins, apothicaires, garde-malades, intendants, trésoriers, ouvriers, marchands brevetés et payés pour les accessoires de ce service : en tout plus de 1 500 hommes. On achète pour 250 000 francs de chevaux par an, et il y a des haras en Limousin et en Normandie pour la remonte. 287 chevaux sont exercés tous les jours dans les deux manèges ; il y a 443 chevaux de selle dans la petite écurie, 437 dans la grande, et cela ne suffit pas à la « vivacité du service ». Le tout coûte 4 600 000 livres en 1775 et monte à 6 200 000 livres en 1787 .
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Les évêchés et les abbayes sont encore plus constamment au régime du crédit. Les places de finances, je n’ose en parler. Les charges de judicature sont les plus assujetties aux services rendus ; et cependant combien le crédit et la recommandation n’influent-ils pas sur la nomination des intendants, des premiers présidents », et des autres ? – Necker, entrant aux affaires, trouve 28 millions de pensions sur le Trésor royal, et, sitôt qu’il tombe, c’est une débâcle d’argent déversé par millions sur les gens de cour. Même de son temps, le roi s’est laissé aller à faire la fortune des amies et des amis de sa femme : à la comtesse de Polignac 400 000 francs pour payer ses dettes, 800 000 francs pour la dot de sa fille, en outre, pour elle-même, la promesse d’une terre de 35 000 livres de rente, et, pour son amant, le comte de Vaudreuil, 30 000 livres de pension ; à la princesse de Lamballe, 100 000 écus par an, tant par la charge de surintendante qu’on rétablit en sa faveur, que pour une pension à son frère .
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« L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées ».
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Vidéo de Hippolyte Adolphe Taine
INTRODUCTION : Pour toute préface au “Voyage aux Pyrénées” — dont est tiré “Vie et opinions philosophiques d'un chat” —, Hippolyte Taine (1828-1893) écrit : « Voici un voyage aux Pyrénées, mon cher Marcelin [de son vrai nom Émile Planat (1829-1887), illustrateur et caricaturiste] ; j'y suis allé ; c'est un mérite : bien des gens en ont écrit, et de plus longs, de leur cabinet. Mais j'ai des torts graves, et qui me rabaissent fort. Je n'ai gravi le premier aucune montagne inaccessible ; je ne me suis cassé ni jambes ni bras ; je n'ai point été mangé par les ours ; je n'ai sauvé aucune jeune Anglaise emporté par le Gave ; je n'en ai épousé aucune ; je n'ai assisté à aucun duel ; je n'ai vu aucune tragédie de brigands ou de contrebandiers. Je me suis promené beaucoup ; j'ai causé un peu ; je raconte les plaisirs de mes oreilles et de mes yeux. Qu'est-ce qu'un homme qui revient de voyage avec tous ses membres, et qui l'avoue ? J'ai parlé dans ce livre comme avec toi. Il y a un Marcelin, connu du public, fin critique, perçant moqueur, amateur et peintre de toutes les élégances mondaines ; il y a un autre Marcelin, connu de trois ou quatre personnes, érudit et penseur. S'il y a ici quelques bonnes idées, la moitié lui en appartient, je les lui rends.
Mars 1858. »
CHAPITRES : 0:00 — Introduction ; 0:25 —I ; 1:18 — II ; 2:56 — III ; 4:28 — IV ; 5:15 — V ; 7:18 — VI ; 9:46 — VII ; 11:17 — VIII ; 15:05 — Générique.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Hippolyte Taine, Voyage aux Pyrénées, illustré par Gustave Doré, 7e éd., Paris, Hachette, 1873, p. 466-483.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Hippolyte Taine, Voyage aux Pyrénées, illustré par Gustave Doré, 7e éd., Paris, Hachette, 1873, p. 466-483.
BANDE SONORE ORIGINALE : https://lasonotheque.org/ https://www.freesoundslibrary.com/
LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES :
CE MONDE SIMIEN : https://youtu.be/REZ802zpqow
VERSION PAPIER (Broché) : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH VERSION NUMÉRIQUE (.pdf) : https://payhip.com/b/VNA9W
VOYAGE À PLOUTOPIE : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
VERSION PAPIER (Broché) : https://www.amazon.fr/dp/B0CB2FTQWF/ VERSION NUMÉRIQUE (.pdf) : https://payhip.com/b/jZ7Ro
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#HippolyteTaine #VieEtOpinionsPhilosophiquesDUnChat #LittératureFrançaise
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