Don't call it mystery, tome 5

Après une bien longue pause en France, voici enfin le seul titre de Yumi Tamura dispo chez nous enfin de retour et quel retour fracassant !

Malgré sa couverture aux couleurs de Noël, la lecture ne fut pas un cadeau ! Pas que c'est mauvais, c'est même totalement le contraire ! Mais c'est surtout une nouvelle aventure bien chargée psychologiquement que nous propose l'autrice.

Nous retrouvons cette fois Totono pour une histoire entièrement complète sur ce tome. En suivant la mystérieuse Leica, avec qui il correspond de manière tout sauf conventionnelle, celui-ci va se retrouvé mêlé à une nouvelle affaire policière : des incendies criminels qui font périr des parents maltraitant leurs enfants. Ni une ni deux, Totono va se retrouver mêlé à tout ça.

Le titre est toujours aussi bavard mais étrangement, c'est fort bien passé cette fois. Comme dans chaque enquête, celle-ci est le prétexte d'une action coup de poing de l'autrice pour dénoncer un travers ou un manquement de la société japonaise et cette fois, c'est la question de la maltraitance des enfants. Elle nous explique à travers cette histoire poignante et sordide combien c'est dur d'aider des enfants maltraités au Japon à cause d'une loi bien trop protectrice envers la cellule familiale, mais également parce que les solutions ensuite une fois l'enfant retiré ne sont pas la panacée non plus. Pour moi qui travaille avec des enfants, c'est dur d'entendre cela, mais nécessaire. J'ai beaucoup aimé.

Elle mène cela de front avec une enquête passionnante, au rythme assez lent et étrange, où on voit le héros s'impliquer de loin et où on s'amuse des interactions que le hasard (ou pas) met sur sa route. On a l'impression que tout coule de source, que l'autrice dégage une force tranquille dans ce récit étrange et insidieux qui peu à peu nous conduit dan les zones les plus sombres de la psyché de certains. Ainsi, je n'ai pas été surprise outre mesure par le revirement final concernant ces incendies car tout avait été très bien préparé en amont, mais j'en reste non moins marquée. J'ai aussi apprécié de la voir petit à petit, très lentement, dessiner un fil rouge sur l'ensemble de son oeuvre, avec cette Leica qui échange avec Totono mais aussi avec ces mystérieux signes du zodiaque qui apparaissent partout.

Yumi Tamura sait vraiment comment tisser sa toile l'air de rien. Entre enquêtes percutantes, critiques sociétales criantes, personnage qui peu à peu grandi et mystère autour d'un fil rouge ténu, la série devient vraiment de plus en plus addictive au fil des tomes. On en vient alors à regretter fortement le rythme plus que haché de la parution française qui gâche un peu tout et fait s'effilocher un lectorat qui aurait pu être fidèle autrement. Il ne faudra pas venir pleurer quand on nous dira que c'est un four et qu'il n'y aura pas d'autres séries de l'autrice chez nous, mais ce sera un beau gâchis au vu des qualités évidentes de celle-ci une fois de plus. Car si Yumi Tamura vous régale ici, vous n'imaginez pas combien vous seriez séduits par ses séries précédentes que sont 7Seeds et Basara !
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Si la couverture est aux couleurs de Noël, que nous rentrons effectivement dans la période des fêtes, qu'il y aura échanges de cadeaux mais plutôt originaux. Totonô ne semble pas avoir eu une vie très simple non plus, le sujet en toile de fond est extrêmement difficile. Totonô permet aussi de comprendre différents fonctionnements entre le Japon et les USA sur ce sujet universellement complexe et révoltant. Totonô va aussi être en vacances de Noël, ce qui lui permet d'être présent à toutes heures du jour et de la nuit, comme on lui en fera la remarque, il rencontre des personnes insolites, et surtout un surnommé la grenouille, a priori pas très agréable.
Au tout début, Totonô assiste à son dernier cours de l'année, et prend des conseils. Je vous laisse cette citation sous le coude : "Imaginer quelle est la vie des gens. Se dire que, parce que leur expérience est similaire ce qu'ils pensent doit être similaire à ce que je pense moi n'est pas nécessairement vrai. Par exemple, la douleur que ressent autrui et la douleur que j'ai ressentie moi peuvent être très différentes. Il vaut mieux ne pas y penser avant d'agir, n'est-ce pas ?"
Totonô a des rendez-vous secrets, des phrases à déchiffrer, avec une énigmatique Leica. Et fera une désagréable rencontre à l'hôpital.
Totonô a toujours cette façon spéciale d'être, de raconter des histoires, en vrai il est aussi lourd qu'intéressant. Il sait regarder les détails et réfléchir, ce qui fait sa grande force. L'affaire qui nous occupe est d'une grande ambiguïté, il s'agit d'incendies venant d'un ange des flammes. le sujet est la maltraitance enfantine. L'ange des flammes propose de brûler les parents tortionnaires pour libérer les enfants avec leur accord.
C'est une situation extrêmement complexe, et très difficile. Quelque chose qui ne devrait pas exister et pourtant. Peuvent ils changer ces parents là ? Mais une fois "libéré" d'eux que deviennent les
enfants ? Chaque cas est différent aussi.
La mangaka arrive en tous les cas à nous faire réfléchir et nous surprendre jusqu'à la fin.

C'est vraiment dommage que cette série ait un rythme de parution aussi lent parce que j'ai un peu tendance à oublier des parties de l'intrigue générale, celle incluant des éléments d'horoscope et tournant autour de Garo, qui ne fait toujours pas son retour à mon grand désespoir.

A la place, on suit une grande enquête qui occupe tout le tome et qui tourne autour d'incendies criminels visant les familles d'enfants maltraités.
J'ai adoré la façon dont ce sujet était traité. C'est absolument juste, plein de finesse, et Totonô ne prend pas forcément partie, se bornant à mettre en avant les problèmes de la la société japonaise autour de cette question.
J'aime énormément ce personnage qui donne toujours l'impression de ne pas vouloir être impliqué, qui ne juge pas ceux qui ont parfois mal agi mais qui pose un diagnostic très pertinent sur les difficultés de notre monde.

Cette enquête sur les incendies brise le coeur parce qu'absolument personne n'en sort gagnant, tout le monde a perdu et le problème n'est que repoussé alors que les coupables n'ont, dans le fond, que chercher à faire au mieux.

Reste que Garo est sans doute toujours dans le coin, toujours dans l'ombre, et que, pour un personnage qu'on a si peu vu jusque là, je me demande bien quel rôle il continue à jouer dans ce mystère global qui s'épaissit.
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Un excellent tome.
Comme toujours, c'est très dense. le personnage principal a une personnalité singulière. En plus d'être un excellent détective amateur, il parle beaucoup, de tout et de rien. Ses digressions agacent souvent ses interlocuteurs. Mais si on lui dit qu'il est "lourd" ou "déplaisant", il se demande toujours si on l'a déjà qualifié ainsi. Il adore se préparer des plats au curry et ne cherche jamais à être mêlé à des affaires policières : le mystère vient à lui.
Le souci, dans ce tome-ci, c'est qu'il se trouve pour une fois dépassé. Une des nouveaux personnages, Leika, s'exprime avec des codes et Totonô a du mal à comprendre, pour une fois, où l'intrigue le mène. Dans la longue affaire de l'héritage, il était témoin où enquêteur, un peu en retrait comme Hercule Poirot. Par rapport à cette nouvelle énigme, il doit sauver sa propre peau tout en comprenant comment il se retrouve mêlé aux problèmes.
On peut ajouter que l'histoire évoque des questions morales et soulève le problème de la maltraitance infantile au Japon où "personne n'a le droit de retirer un enfant à ses parents" et où "la famille est inviolable". La question de la maltraitance des enfants n'est pas traitée de façon simpliste, bien au contraire. Victimes, bourreaux et coupables sont assez diffficiles à distinguer, mais le scénario prend parfois des allures de réquisitoire contre les violences faites aux enfants, malheureusement très fréquentes au Japon. C'est un volume dramatique et intense, sans doute le meilleur des cinq parus pour le moment.
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