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Dans l'oeil du démon. Quel démon?
Un ami vous propose d'assister à un meurtre en direct... N'y allez pas!
C'est peut-être un "Aonyōbō (青女房?, ») un fantôme féminin du folklore japonais. Elle a la peau blanche d'une noble, avec des sourcils tracés au feutre fin et est vêtue de kimonos magnifiques...

Un "Baku", créature qui se nourrit des rêves ou des cauchemars.
Ou un Amanojaku 天邪鬼?, mauvais esprit céleste: un yōkai du folklore japonais. Il est habituellement représenté sous la forme d'une sorte de petit "oni ."On lui attribue le pouvoir de provoquer chez une personne ses désirs les plus sombres et, par conséquent, l'inciter à perpétrer des actes répréhensibles...

Takahashi va accompagner son ami Sonomura, jeune héritier désoeuvré dont la fragilité mentale l'inquiète, assister à un meurtre... Il nous décrit des images troubles, mais où s'exercent des forces.. maléfiques.

Un érotisme troublant habite le roman : "La courbe gracieuse des épaules de la femme, la nuque fine... La présence d'une telle beauté dans ce lieu sordide". Elle semble se livrer à une danse macabre pour maintenir sur ses genoux la tête de l'homme qu'elle vient... d'étrangler, rabattre ses bras ballants ou le traîner jusqu'à la bassine où l'acide va le dissoudre, tandis que son complice prend posément des photos.
'Tout ce qui est dangereux est beau, le diable possède l'auguste beauté d'un Dieu ."

Dans les légendes du Japon, le démon "Aonyōbō" se nourrit de moisissures et de nourriture pourries, si ce n'est d'êtres humains. Mais, la suite du livre est surprenante... Car Sonomura veut connaître la vérité et s'est rapproché de la belle inconnue...
"L'homme en s'inventant des Dieux, s'est inventé aussi des Démons." Zhang Xiangliang .
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Sa peau était blanche comme la neige, ses lèvres étaient rouges comme le sang, ses cheveux d'ébène relevés à la shimada en un chignon parfait laissaient entrevoir une nuque gracile qu'on avait aussitôt qu'une envie c'est de caresser ou alors... de serrer, de serrer si fort jusqu'à ce qu'on ne perçoive plus qu'un râle sinistre et rauque, dernier souffle de vie. Mais qui est-elle ? Une geisha ? Une de ces femmes troublantes du karyukai, du monde des fleurs et des saules ? Est-ce elle qui est dans l'oeil du démon ? Il vous faudra lire ce roman pour le savoir.

"Dans l'oeil du démon", "Hakuchû kigo" a paru au japon en 1918, il aura fallu attendre 2019 pour sa parution en France. C'est le deuxième ouvrage que je lis de l'auteur et j'en ressors une fois de plus agréablement troublée.

Avez-vous déjà ressenti cette sensation singulière que vous êtes en train d'assister à quelque chose que vous ne devriez pas voir et que le spectacle qui s'offre à vous est si dangereusement fascinant que vous ne pouvez vous arrêter car c'est plus fort que vous il faut que vous continuiez de regarder encore et encore à travers l'oeil de judas ?

Si demain on me mettait dans le secret qu'un crime affreux va être commis et que l'on me conviait à y assister, forcément que je n'irais pas, froussarde et saine d'esprit que je suis et vous non plus d'ailleurs. Et pourtant Takahashi qui est le narrateur de ce récit, va y aller lui. Cet écrivain qui a tout d'une personne sensée et réfléchie va accompagner son fidèle et excentrique ami Sonomura, mu par quelques forces mystérieuses et intrigué par le hasard et les circonstances qui auront fait que son jeune ami aura eu connaissance de ce projet funeste en se rendant à une projection cinématographique au Théâtre de l'Asakusa Kôen Club de Tokyo, projection durant laquelle il aura surpris une conversation codée en signes katakana entre un homme et une femme fascinante de beauté, tous deux installés devant lui, projetant de supprimer le compagnon de celle-ci.
De cette conservation Sonomura aura conservé un bout de papier froissé jeté à la hâte derrière un fauteuil et faisant écho à la nouvelle d'Edgar Allan Poe : "Le Scarabée d'or" sur lequel est écrit ceci :

"La nuit de la mort du Bouddha
À l'heure de la mort de Diane
Il y a une écaille au nord de Neptune
C'est là que cela doit être exécuté de nos mains."

C'est donc fébrile et la peur au ventre que notre narrateur s'en va dans la nuit en direction du sanctuaire de Suitengû à Mukojima en compagnie de Sonomura qui a brillamment décodé l'énigme. Ensemble il vont assister à une scène qu'il ne sont pas près d'oublier : à travers le noeud d'un volet disjoint et fendu du petit sanctuaire de Suitengû il vont voir ce que personne ne devrait jamais voir : le visage de la mort. La mort figée dans sa lente agonie, la mort saisissante de beauté dans les yeux de la femme au visage couleur d'albâtre qui porte un kimono fumé au calambac, la mort qui vous regarde en face et vous laisse un sentiment d'effroi mêlé à une délicieuse sensation de vertige aussi intolérable soit-elle.

En 90 pages seulement, Jun'ichirô Tanizaki nous fait progresser dans un Tokyo nocturne et spirituel du début du vingtième siècle, il joue avec notre perception de l'histoire, il aiguise nos sens désorientés dans le noir à la manière de ces photographies qui recèlent d'images cachées, je n'ai pas souvenir d'avoir lu plus belle scène de crime. Ici il n'existe pas une mais plusieurs vérités, la réalité n'est pas toujours celle qu'on croit et pourrait bien devenir notre pire cauchemar car vous pensez bien on ne peut pas regarder impunément à travers le trou de la serrure sans se retrouver complice quels que soient les actes qui se jouent devant nos yeux ébahis, et vous savez pourquoi ? Parce qu'il y aura toujours un rôle qui sera attribué "au voyeur" que nous sommes ...

Un roman noir certes mais écrit avec beaucoup de finesse et d'élégance dans lequel la mort est douce comme une caresse et glisse tel un serpent venimeux dans chacune des pages de ce récit. L'oeil du démon c'est le poison qui se cache dans l'ombre mais c'est aussi la lumière de l'amour.


* La magnifique photographie en couverture est signée Martina Matencio : "la lovenenoso".
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Ce court roman de jeunesse du grand Tanizaki publié en 1918 est délectable.
L'histoire est perverse à souhait et pleine de rebondissements. Elle parodie Conan Doyle et propose une variation très japonaise sur le fameux thème du démon de la perversité cher à Edgar Allan Poe. On y suit, voyeurs que nous sommes, les investigations d'un couple d'amis assez décadents. le narrateur est un écrivain surmené apparemment raisonnable. Son ami Sonomura est un riche oisif passionné de romans policiers et de cinématographe en proie soi-disant à des troubles mentaux. Ce dernier prétend au téléphone qu'un crime sera commis le soir même. Il s'en est convaincu en décryptant au théâtre un message chiffré avec le code exposé par Edgar Poe dans le Scarabée d'or. Nous voilà entraînés dans les bas-fonds de Tokyo où nous assisterons par le judas d'une porte à une scène incroyable mais vraie, dont la principale protagoniste est une beauté glaciale et vénéneuse, à la longue chevelure noire serpentant sur sa peau laiteuse…
Si vous voulez en savoir plus sur cette histoire grotesque et extraordinaire, je vous engage à lire la critique magistrale de Sachka, la Ténébreuse.
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Après avoir publié un premier inédit de Tanizaki en 2018, Noir sur blanc, les éditions Philippe Picquier ont proposé en 2019 un deuxième roman jusqu'alors inédit en français, Dans l'oeil du démon. le narrateur est invité par son ami Sonomura à assister le soir même de leur conversation, un peu après minuit dans un lieu précis du grand Tokyo à un assassinat. Il sait même que cela se fera avec une corde ou des lacets. Comment est-ce possible ? Sonomura a surpris dans une salle de cinéma le jeu d'un homme et d'une femme échangeant des messages codés dans le dos d'un troisième homme placé entre eux. Avec son goût pour les mystères ésotériques et leur décryptage, il a déchiffré le papier ramassé derrière eux, qui emploierait le procédé de la nouvelle d'Edgar Poe, le scarabée d'or. le narrateur est assez incrédule, et nous dit régulièrement que son Sonomura est en train de virer barjot. Il va néanmoins l'accompagner…Et à travers les fines ouvertures extérieures de la maison, leur oeil va être témoin d'une scène étrange, et bel et bien de crime : les deux comploteurs sont là. L'homme photographie la femme…l'oeil collé à la fenêtre est aussi quasi collé sur sa peau de lait…nous pouvons presque sentir son parfum…Telle une geisha, elle s'avère d'une beauté remarquable...mais il y a aussi ce léger geste de tension, comme si elle tirait sur quelque chose…couché sur ses genoux ? On ne voit pas tout…mais là-bas, dans l'angle de la pièce, que fait cette petite baignoire ?! On entend bientôt les conversations, nos amis voyeurs sont si près ! C'est notre homme du cinéma, il a été liquidé ! Et la belle dame s'apprête à dissoudre le corps vite fait bien fait…C'est qu'il est lourd le bonhomme, plus que la dernière fois dit-elle !!! Nos deux amis se carapatent pour ne pas se faire surprendre et fuir cette scène de crime. Notre narrateur a comme l'intuition que quelque chose cloche, cette scène parfaitement ordonnancée a-t-elle bien eu lieu ?! Mais Sonomura est excité. Il ne compte pas en rester là…C'est qu'il est tombé amoureux de la Belle ! Il lui faut absolument l'approcher, gagner sa confiance. C'est risquer sa vie, tant cette femme semble redoutable ! Il va y parvenir…Un temps sans nouvelles de Sonomura, le narrateur reçoit une lettre inquiétante…l'invitant à récupérer à un lieu indiqué un leg de Sonomura…Mais il n'est pas au bout de ses surprises…

Dans un format qui ressemble davantage à une longue nouvelle qu'à un roman, on retrouve le goût de Tanizaki pour la perversion et le jeu, son regard malin et humoristique sur la psychologie et les stratégies de ses personnages, faisant ainsi travailler du même coup les méninges de son lecteur. Pourtant, dès le départ, il fait planer le doute sur la santé mentale de Sonomura, et instille un doute tout aussi fort au fil des pages sur la matérialité de ce que nous allons lire, et voir à travers les yeux du narrateur. de sorte que finalement, et avec l'aide malvenue de la quatrième de couverture, on devine assez rapidement les tenants et aboutissants de l'intrigue. Les traducteurs ont privilégié semble-t-il la fluidité, la simplicité, en modernisant l'expression de ce roman qui a désormais quasi un siècle. Bien ou mal, je ne me prononcerai pas catégoriquement, chacun jugera.

Pour ma part, j'ai le sentiment que Tanizaki a produit dans cette oeuvre de jeunesse une sorte de divertissement qui n'a pas des prétentions démesurées. Ma note qui aurait pu être plus moyenne est cependant relevée par la scène centrale de l'observation du crime, un véritable morceau d'anthologie en termes de finesse de description des détails, comme un scénariste de cinéma qui prend soin de fournir toutes les indications de jeu, d'attitude et posture des acteurs, des décors. C'est très réussi, on sent naître ce qui deviendra un des points forts de l'écriture de Tanizaki. Au final, Dans l'oeil du démon est un livre honnête, qui n'entre cependant pas dans les essentiels du maître japonais.
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Qu'il s'agisse de récits contemplatifs comme le coupeur de roseaux, d'histoires familiales comme Quatre soeurs, de triangle amoureux comme dans le chat, son maître et ses deux maîtresses ou d'essais sur l'esthétique japonaise comme dans Éloge de l'ombre, Tanizaki Junichiro ne cesse de me surprendre par la diversité de thèmes et de tons qui défilent sous sa plume.

L'inédit nouvellement paru chez l'excellente maison d'édition Picquier, Dans l'oeil du démon, ne déroge pas à cette règle. le récit original date de 1918. le narrateur, écrivain, est appelé de toute urgence par son ami Sonomura, héritier d'une fortune, oisif, excentrique et plus ou moins dépravé. Et, surtout, sujet à la neurasthénie et à des crises qui ressemblent aux prémices de la folie. D'où une attitude protectrice du narrateur. Sonomura lui conte une abracadabrantesque histoire de meurtre à venir cette nuit-même, sur fond d'énigme à la Edgar Allan Poe. Histoire de pouvoir le circonvenir sans le brusquer, le narrateur joue le jeu de son ami, sans plus d'enthousiasme et persuadé qu'il s'agit d'une élucubration de son esprit en surchauffe.

Ainsi débute un récit original et prenant comme un thriller, où l'on se faufile nuitamment dans de sordides ruelles de la capitale pour assister à ce fameux meurtre. Il y est question d'une femme à la beauté aussi fabuleuse que dangereuse, de produits à base d'acides, de maison secrète où il se passe de drôles de choses... le narrateur n'en croit pas ses yeux.

Tanizaki nous convie avec une féroce amoralité dans une histoire ombreuse où vérités et apparences se mêlent dans un jeu de miroir à y perdre son japonais.

Étrange, inquiétant et écrit dans un style dynamique, ce court roman se lit d'une traite avec un frisson de plaisir devant tant de manipulation.
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Une belle découverte d'un auteur que je n'avais jamais lu.
Dans l'oeil du démon de Tanizaki Jun'ichirô est un roman noir publié en 1918 et traduit en français en 2019 par les Editions Picquier qui est une maison que j'apprécie de plus en plus. C'est en tout cas chez eux que j'ai rencontré mes premiers coups de coeur en littérature japonaise.

Le récit est une ode à la beauté féminine et au désir masculin. L'auteur décrit les moeurs de l'époque, avec les salons de thé et la quintessence de la beauté féminine dans les traits des geishas. L'écriture est moderne en dépit du récit qui date de plus d'un siècle, la traduction a sûrement une responsabilité en cela mais personnellement, j'ai beaucoup apprécié la fluidité du texte.
L'histoire est originale, nous assistons à un meurtre commis sous les yeux du narrateur et de son ami. Ce dernier va être troublé par la belle jeune femme complice du crime. La description de cette scène est d'ailleurs la pièce centrale du récit. La grâce, l'élégance et le mystère qui entoure cette personne est magnifiquement écrite. Tanizaki m'a bluffée dans son art de la description de l'esthétique.
Il offre une belle perspective de la perversion et des apparences en quelques 132 pages. J'ai beaucoup apprécié la fin.
Une très belle expérience de lecture pour un court roman coup de coeur.
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Surnommé "Tanizaki le grand", c'est dire son statut au Japon, Jun'chirô fût d'abord censuré en 1913 car jugé immoral, traducteur d'Oscar Wilde ( L'éventail de Lady Windermere) et du roman "Le dit du Genji" de Murasaki Shikibu, puis, après une quantité d oeuvres audacieuses, retenu parmi les six derniers candidats pour le prix nobel de littérature en 1964.
À ce jour, en son honneur, le prix Tanizaki
reste la principale récompense littéraire au japon.
Pourquoi commencer par une brève biographie ?
Pour remettre Tanizaki au milieu de la place littéraire, dans l'oeil du lecteur, afin que celui-ci adopte le démon qui habite chacun d'entre nous.
Et pour l'heure, son oeil scrutateur dénué de moralisation afin d'explorer la nature profonde de l'homme nous entraine dans les abîmes du machiavélisme et du voyeurisme, nous invitant à le devenir à notre tour afin d'apercevoir une mise à mort servie par l'élégance et l'éclat des mots de Tanizaki, éloignant, alors , toute forme de sordide.
L'âge d'or du roman japonais dit moderne à l'époque est bien sous nos yeux, indocile et intense, l'auteur se joue tantôt de la beauté et de l'amour , tantôt de cette fascinante perversion qui habite l'humanité dans un jeu de miroir captivant.
Quant à l'érotisme poétique japonais , singulier, immuable, de Kawabata à Tanizaki, il se glisse comme un spectre ensorceleur au gré des pages, se faufile, fuselé et aérien dans chaque interstice du texte, chaque contour, vallon du corps féminin, exultant cette sensualité suave, enchanteresse, explosive d'harmonies.
La délicatesse enveloppe la noirceur du contexte d'un voile de lumière esthétique , d'ailleurs ne dit-on pas que "le diable est beau comme un dieu ? "
Sonomura et Takahashi, nos deux amis sont le reflet immémorial de l'étrangeté de l'humain, l'illusoire masque de vertus qui nous falsifie tombé, reste l'irrévocable visage de l'ambiguïté et des paradoxes.
Dans l'oeil du démon, La folie, antichambre enfermant les passions les plus excentriques, assaisonne l'étrange, apprête le plaisir et relève l'illusion au rang d'ivresse, de liberté infinie.

Un roman envoûtant diaboliquement profond.









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Initialement paru en 1918, ce texte de jeunesse de Tanizaki baigne dans les relents du romantisme noir et de la décadence, où vient s'abîmer le héros Sonomura, sorte de double perverti et parodique de Dupin ou de Sherlock Holmes, qui entraîne son succédané de Watson dans une enquête motivée par le seul voyeurisme. À travers de fascinants jeux de regards, Tanizaki atteint des sommets d'érotisme vénéneux notamment lors d'une mémorable hypotypose centrale, tissée telle une toile de veuve noire. L'histoire semble d'abord parfaitement amorale. Et même si la morale semble ressuscitée dans l'épilogue, les dernières paroles du héros suggèrent que ce n'est qu'un trompe... l'oeil.
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Takahashi est écrivain. Il vient de passer une nuit blanche à travailler sur un manuscrit lorsque son ami Sonomura l'appelle pour le convier à un rendez-vous aussi incroyable que sordide. Un assassinat va être commis dans la nuit, il en a découvert l'heure et le lieu grâce à son esprit de déduction, et il lui est impensable de ne pas y assister en secret. Alors autant ne pas y aller seul. Takahashi connaît la mesure de folie qui sommeille en son ami, riche et décadent héritier noyant son oisiveté et ses appétits coupables dans le cinéma et les romans policiers. Il ne peut se résoudre à laisser son ami dériver dans la pure démence et se décide donc à le retrouver pour le raisonner, quitte à le suivre jusqu'au lieu du supposé crime dans les bas-fonds de Tokyo… La scène morbide à laquelle ils assisteront clandestinement les plongera dans une fascination tout aussi maladive que sensuelle, le début pour eux d'un jeu de piste ou de dupes tout entier axé sur le mystère d'une femme à la beauté aussi redoutable que fatale…

Tout comme Oscar Wilde dans « le Portrait de Dorian Gray », Tanizaki explore dans ce roman les liens entretenus par la beauté, la décadence et la duplicité. On retrouve aussi dans cet ouvrage l'idée de fancy chère à Edgar Allan Poe, cette fantaisie irrationnelle et délirante engendrant erreur et illusion. En tirant les ficelles de l'étrange et de l'incongru, Tanizaki se joue du voyeurisme sordide de ses personnages comme de ses lecteurs, tout en réussissant à insuffler une part de sensualité trouble dans son récit. Takahashi et Sonomura sauront-ils démêler les fils de cette intrigue sans se laisser capturer par l'oeil du démon ?

L'ambiance sombre et envoûtante rappelle les nouvelles de Poe ou de Bradbury. le style d'écriture m'a surpris par sa simplicité. de la part de Tanizaki, je m'attendais à quelque chose de plus travaillé stylistiquement, même si le passage clef de ce roman nous décrit de manière fascinante une femme aussi sublime que dangereuse.
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Entre récit d'amitié et enquête de l'étrange, "Dans l'oeil du démon" plonge le lecteur dans un Tokyo onirique et sombre où la nuit n'a d'égal que la beauté des personnages.

Folie, amour, passion, perversion, voyeurisme, manipulation, envie, mort, empathie, sont les ressentis que le lecteur capte au long de cette énigme étrange.

En un peu moins de 150 pages, TANIZAKI Jun'ichirô réussit à passionner, à capter le lecteur jusqu'à ce qu'il ne puisse se séparer de sa lecture qui n'est pas sans rappeler Edgar Allan Poe ou Afred Hitchcock.

Si vous aimez les mystères, mais aussi la psychologie et la beauté des lieux et des personnages, ce livre "inclassable" est fait pour vous. Pour ma part j'ai été réellement surpris de bout en bout et c'est un livre que j'ai adoré.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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