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3,91

sur 3241 notes

Un livre vénéneux, puissant et magistral (malgré une fin à tiroirs où l'auteur, laborieusement, entreprend de régler le sort de chaque protagoniste et même des nombreux seconds rôles).

On sait dès le début qu'il s'agit d'un meurtre collectif commis par un groupe de jeunes étudiants appartenant tous au cercle très privé gravitant autour d' un professeur de grec élitiste, sur la personne d'un des leurs.

La culpabilité ronge le narrateur qui entreprend de raconter par le menu ce qui a mené le groupe au meurtre.

Il évoque son arrivée sur ce campus réservé à la haute bourgeoisie, lui qui est d'une origine très simple, son admission difficile dans le cercle de cette jeunesse dorée et perverse qui le fascine. Tous sont des jeunes gens orphelins ou vivant à l'écart de leurs familles, dans des demeures d'un luxe un peu décati, où ils n'ont de comptes à rendre à aucun adulte. Leur professeur leur fait fréquenter les dieux et les mythes grecs- et surtout le grand maître des illusions, Dionysos, célébré par des rites sanglants et mystérieux.

L'alcool, la solitude, l'hiver terrible du Vermont puritain, l'isolement du campus dans une petite ville provinciale coupée de tout, l'argent facile, les blessures secrètes, les relations troubles de fascination et de sujétion, d'attirance et de répulsion qui se tissent entre eux les coupent peu à peu de toute réalité au point de les entraîner à commettre un meurtre gratuit, dans une fureur dionysiaque qui sert d'alibi à leur névrose.

Mais l'un d'eux ne supporte plus cette culpabilité, il donne des signes inquiétants de fragilité, il menace de les dénoncer : un second meurtre est commis, cette fois froidement planifié et exécuté.

Mais le roman ne s'arrête pas là : la seconde partie est la plus vénéneuse. La culpabilité ronge les complices, le mensonge qui les lie va bientôt fissurer leur solidarité, pourrir leur amitié et provoquer le rejet horrifié de leur maître, et déchaîner la haine et la violence entre eux.

C'est un lent et pernicieux jeu d'échecs, jusqu'à l'éclatement final du groupe. Impressionnant récit, étouffant, oppressant, qu'on ne peut abandonner et que j'ai, pour ma part, dévoré d'une traite, en une seule nuit !!! Mon seul regret est de n'avoir pu le lire en anglais car la langue est subtile, magnétique, envoûtante. Un grand livre, d'un grand écrivain !


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J'ai eu un mal fou à finir ce bouquin énorme. Les critiques étant dithyrambiques, je m'attendais à autre chose et j'ai trouvé ce roman sans intérêt particulier... sombre, compliqué, malsain, bref, pas pour moi !
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Voilà un roman qui ne laisse pas le lecteur indifférent à la fin. Je me suis en tout cas posé pas mal de questions, j'ai repensé à certains passages, essayant de comprendre ce qui est très flou tout au long de l'histoire. J'ai ma propre interprétation mais je ne pourrais pas en parler ici.
Depuis le premier chapitre jusqu'à la dernière ligne, j'ai été captivée par cette histoire. Il y a certes des passages un peu plus lents que d'autres mais l'autrice utilise ce rythme pour raconter son histoire et pour installer sournoisement une ambiance très lourde. On devient très vite soupçonneux à l'égard de pas mal de personnages, essayant de deviner l'indevinable.
La 4ème de couverture raconte très peu de ce qui se passe, mais dès les premières lignes, on connaît l'enjeu du roman. le narrateur, Richard Papen, raconte son passage à l'université d'Hampden dans le Vermont aux Etats-Unis quand il avait 19 ans. Aujourd'hui, il en a 28 quand il nous raconte son histoire. Il explique que quelques jours après son arrivée à l'université, il voulait intégrer un cours de grec, dans lequel le professeur, un peu à part, enseigne à un groupe très restreint d'étudiants. Ce groupe-là va devenir quasiment les seuls amis de Richard. Mais les apparences sont trompeuses. Richard, voulant tellement s'intégrer dans ce groupe, ne se pose pas de questions, reste en dehors des commérages et des secrets qu'ils semblent vouloir garder entre eux. Il ne s'en formalise pas et semble vouloir l'ignorer. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux lui révèle un secret….
Ce roman est un énorme pavé de plus de 700 pages. Je l'ai lu en 8 jours, j'ai pris mon temps et j'ai adoré passer du temps avec ce roman. C'est le genre de roman que l'on n'a pas envie de terminer parce qu'on a envie de rester avec eux… enfin en tout cas, avec Richard. On est pris dans le mouvement et on a parfois envie de secouer Richard. Sa naïveté est parfois surprenante. En réalité, je ne sais pas vraiment si c'est de la naïveté, ou plutôt un excès de confiance.
En tout cas, ce fut un beau coup de coeur. Je compte lire d'autres livres de la même autrice !
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Issu d'un milieu modeste, Richard Papen quitte sa petite ville de Californie pour intégrer l'université de Hampden dans le Vermont. Il y fait la connaissance d'un petit groupe d'étudiants issus de milieux plus privilégiés. Henry et Bunny font figure de meneurs, Francis, Camilla et Charles, les deux jumeaux, celle de suiveurs. Ils se livrent à toutes sortes de défis dont une bacchanale au cours de laquelle, sous l'influence de l'alcool et de diverses substances prohibées, ils assassinent plus ou moins accidentellement un paysan du coin qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. N'y ayant pas participé, Richard, mis dans la confidence, se retrouve complice du groupe sans vraiment le vouloir. Lequel commence à perdre confiance dans l'un des leurs, Bunny. Pour éviter qu'il ne les dénonce d'une manière ou d'une autre, ils se retrouvent dans l'obligation de devoir le supprimer. Mais comment faire pour que ce nouvel assassinat passe pour un accident ?
« Le maître des illusions » est un roman fleuve (plus de 700 pages) aussi dramatique que psychologique. L'intrigue est simple et digne des grandes tragédies grecques dont elle s'inspire d'ailleurs ouvertement. Ces étudiants de lettres classiques sont fascinés par les coutumes et la philosophie grecques au point de vouloir les imiter principalement dans leurs dérives. le peu d'épaisseur du sujet est compensé par un style de narration qu'on pourrait qualifier de maximaliste (par opposition au minimalisme qui tente d'en dire un maximum avec un minimum de mots). le style littéraire de Tartt est pointilliste, repose sur une accumulation de détails plus ou moins importants voire révélateurs. Malgré une certaine lenteur, lourdeur et une impression de pléthore descriptive, (il faut attendre 200 pages pour entrer dans le vif du sujet !) le lecteur s'attache néanmoins au destin de cette bande d'étudiants arrogants et/ou paumés sur laquelle une sorte de « fatum » s'acharne. Ouvrage qui fait réfléchir sur l'illusion de la complicité, le poids de la culpabilité et la réalité d'une sorte de justice immanente. Il y a quelque chose de Dostoïevski chez Tartt.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Chef d'oeuvre
- Campus novel
- Psyché
- Art de la description
- Tragédie (Grecque ? Shakespearienne ?)
- Amitiés et inimitiés adolescentes
- Complicités (de meurtre)
- Noir noir noir...
- Art des métaphores
- Alcool & pharmacopée
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J'ai adoré ce roman, variation lointaine de Crime et Châtiment, et cela tient pour beaucoup, aussi bizarre que cela puisse paraître, au cadre dans lequel il se déroule.
C'est assez délicieux, pour quelqu'un comme moi qui n'a connu de l'université que les préfabriqués des campus sans charme des seventies, les polycopiés et les cours ânonnés à la va vite dans des amphithéâtres bondés en octobre puis anémiés dès janvier, de se retrouver dans une ambiance autrement plus séduisante.
« Des prairies radieuses, des montagnes vaporeuses dans un lointain frémissant ; un épais tapis de feuilles sur une route dans les bourrasques de l'automne ; les grands feux et le brouillard dans les vallées; des violoncelles, des fenêtres obscures, la neige. Université de Hampden dans le Vermont. Cinq cents étudiants…J'ai longuement regardé l'image du bâtiment qu'on appelait le Collège. Il était baigné d'une lumière indistincte, académique, une lumière qui m'évoquait de longues heures en bibliothèque, des vieux livres et le silence. »
Richard, le narrateur, le confirme : « J'ai passé les premiers jours, avant le début des cours, seul dans ma chambre blanchie à la chaux, au milieu des prés lumineux de Hampden. Et à ce moment j'ai été heureux comme je ne l'avais jamais été ; j'errais comme un somnambule, abasourdi et ivre de beauté. »
Il intègre le cours de grec ancien qui ne compte que six étudiants et est assuré par un esthète assez original pour renoncer à ses émoluments. Richard le californien, issu d'une famille modeste et d'un patelin perdu, est vite fasciné par les cinq autres, élégants, cultivés et ne manquant jamais d'argent. Il s'invente un passé beaucoup plus brillant que le vrai dans l'espoir d'être adopté. Il finit par être admis ou le croit. D'informations parcellaires en déductions hasardeuses, il pense connaître les cinq autres et s'être lié d'amitié avec eux. Il se retrouve, en fin de compte, complice d'un double meurtre. Les apparences sont souvent trompeuses et le titre, emprunté à Dionysos* souvent qualifié de la sorte, résume bien le piège dans lequel le narrateur est tombé. Fasciné par des illusions, il sera passé très vite du rêve au cauchemar.
C'est un roman très difficile à lâcher, tout en faux semblants et contrepieds. Il décrit une jeunesse cultivée, érudite mais aussi égoïste, calculatrice, dissimulatrice, perfide, sans pitié et sans remords. Ils étudient beaucoup et conversent en grec ancien, mais fument, boivent et vomissent presqu'autant sans oublier d'avaler quantité de psychotropes et de jeter l'argent (de leurs parents) par les fenêtres. le style et la construction (un découpage en scènes très courtes comme pour un scénario de cinéma) rendent la lecture d'autant plus agréable que la tension monte tout au long du récit avec deux lancinantes questions : un des cinq assassins retrouvera-t-il une parcelle d'humanité pour avouer ? Quel châtiment les attend ?
*« Dionysos est le Maître des Illusions, capable de faire pousser une vigne sur la planche d'un navire, et en général de faire voir à ses fidèles le monde tel qu'il n'est pas. »
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Quelle écriture !!! C'est ce qui ressort de ce roman. Donna Tartt décortique l'âme humaine.
Des personnalités complexes se croisent sur un campus américain. Un meurtre va modifier les comportements et va faire ressortir les réelles rancoeurs. Les masques vont tomber...
Un grand roman psychologique mais ce n'est que mon avis...
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Ce n'est pas un thriller, ce n'est pas un roman sur une société secrète, c'est un roman psychologique, très troublant sur les dérives de jeunes étudiants élitistes liés par un terrifiant secret.
Les natures humaines complexes et ambiguës, ces solitudes qui s'assemblent, ce pacte choquant sous la pression des événements laissent un puissant sentiment de mélancolie qui a absorbé tout sentiment négatif que leur acte aurait pu inspirer. Cruel, mais poignant et saisissant !
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Au début on avance comme on le fait dans une forêt dense, aux herbes de plus en plus hautes, le climat étant chaud et très humide. On aime la balade, mais que c'est ardu! J'ai dû m'accrocher mais petit à petit la plume magique de Donna Tartt m'a prise totalement. Quelques grandes lancées philosophiques, quelques longueurs, mais impossible de laisser aller et cela devient palpitant. Un premier meurtre fait par une bande de saoulons pendant une bacchanale semble être le noeud de l'histoire, mais pas vraiment, il y aura beaucoup de rebondissements. Des personnages vraiment intenses pimentent tout le récit, l'élaboration du mobile devient évident pour un autre fait, il est là depuis un bon moment à nous ronger les nerfs en douce. Un soupçon d'immoralité et de perversité, beaucoup d'abus, des amitiés profondes, font de ce roman un très bon livre où tous les détails ont leur importance. Vraiment un très bon livre.
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Voilà un livre superbement écrit, suprêmement intelligent, à l'ambiance gothique, horrifique et décadente, très raffinée, très XIXe... Et pourtant l'histoire se passe au XXe siècle, aux Etats-Unis. Mais le diable, après tout, n'a pas d'âge... hier Dionysos, aujourd'hui Satan.
Tant de beauté et de perfidie : une magnifique rose noire.
Les béotiens fuiront, comme ils le font devant tout chef-d'oeuvre.
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