Henri Cartier-Bresson, l'oeil décisif

Une image a déterminé le destin photographique de Cartier-Bresson, celle de trois adolescents noirs qui se jettent, nus, dans les vagues éblouissantes du lac Tanganyika. Elle a été publiée en 1931 dans la revue Photographies, et c'est Martin Munkacsi, un photographe-reporter, qui l'a prise un ou deux ans plus tôt. Chez Cartier-Bresson, c'est l'unique photo qu'on peut voir accrochée au mur. Il a dit, à son propos : « C'est la seule photo qui m'ait influencé. Il y a dans cette image une telle intensité, une spontanéité, une telle joie de vivre, une telle merveille qu'elle m'éblouit encore aujourd'hui. La perfection de la forme, le sens de la vie, un frémissement sans pareil... Je me suis dit : bon Dieu, on peut faire ça avec un appareil... Je l'ai ressenti comme un coup de pied au cul:allez, vas-y ! » Il a acheté son premier Leica la même année.