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sur 774 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sylvain Tesson a la bougeotte et quand il ne parcourt pas les chemins à grandes enjambées il choisit la verticalité des cathédrales pour satisfaire son hyper activité. Et même si je me demande comment ses profs ont survécu aux efforts qu'ils devaient déployer pour ne pas réussir à le faire tenir assis sur une chaise, je trouve l'homme très sympathique, d'autant plus qu'il a assez d'autodérision pour ne pas être totalement dupe de son personnage de masochiste atrabilaire.
Oui mais là, son court traité, son vade-mecum à l'usage des sous-bourlingueurs que nous sommes tous (sauf lui), son condensé de sagesse, ses bonnes feuilles du petit misanthrope même pas illustré, son Reader's Digest de féministe outré par tant de haine, vraiment c'est trop. Autant la première personne du singulier s'impose pour raconter une expérience, autant elle tourne ici à l'auto promotion (Mes voyages, Mes pensées, Mes lectures, Mes saintes ampoules).
Tesson refuse pourtant toute intériorité. Il méprise ses « petits secrets intérieurs » mais, à s'interdire toute introspection, rate du coup l'humilité et se transforme en donneur de leçon tandis que ses auteurs préférés se rabougrissent à devenir de tristes arguments d'autorité.
J'ai parlé d'auto promotion, je n'aurais pas dû. Tesson ne s'aime pas et ce qu'il promeut c'est le « Vanderer », l'individu hors du monde, l'ascète fou de poésie qui oppose le rythme des vers et de la marche aux désordres du monde.
Et ce qui est super avec Tesson c'est qu'il est sincère, que ce n'est même pas une pose. Mais cette sincérité se prouve par l'action: à philosopher sur le voyage en général, le Vanderer tombe dans l'esbroufe. Alors, quand il nous ramène son lac Baïkal ou son désert de Gobi, on se retient de lui dire « Mais oui Tonton, tu nous l'as déjà raconté » en tentant de lui piquer sa bouteille de schnaps.
« (…) au cours de mes futures années dans les bois, ma porte sera ouverte en permanence à tout le monde à condition bien entendu qu'il ne passe jamais personne. » est la dernière phrase du texte. Et effectivement, dans ce livre, Tesson n'a pas très envie de partager : il est devenu un de ces profs qu'il devait détester et qui estimait son cours trop bon pour les sous-doués auxquels il s'adressait. Arrête, Sylvain, sois bon camarade : même si je n'ai jamais escaladé de cathédrale à mains nues ni passé mes réveillons dans un grotte de la forêt de Fontainebleau, laisse tomber les conférences et emmène-moi avec toi dans tes prochains voyages.
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Petit traité sur l'immensité du monde. Tout est énoncé dans le titre. Ou presque. le voyageur face à l'immensité des terres doit effectivement se sentir tout petit, une poussière. Je me sens d'ailleurs poussière, prêt à m'envoler dans ces lointaines contrées, à travers ces plaines désertiques, aux confins des steppes silencieuses là où seul le vent chante ses mélopées comme une ritournelle sans fin, ou comme un ivrogne un soir de pleine lune.

Perdu dans l'immensité du monde, l'esprit divague, des vagues de pensées qui submergent ton subconscient tel un tsunami dévastateur sur une terre vide. Il faut avoir un putain de courage pour affronter son esprit, seul dans une tempête de poussières ou de neige. Avec pour seuls compagnes, quelques bouteilles de vodka dans son barda, l'errance sans but, voilà de quoi réhabiliter le vagabond romantique. Surtout quand la bouteille est vide…

Qui est ce vagabond romantique, un Sylvain Tesson d'un autre temps ? le vagabond romantique est celui qui prend la route, sans but, sans idée précise ni préconçue. Il erre l'esprit bohème entre les forêts et les clairières ; donc originellement en Bavière. Il dort à la belle étoile ou dans une grange, la main dans la culotte de la fermière – oups mon esprit s'égare dans le vide sidéral de mon âme. Il a toujours un bouquin en poche, une barbe de plusieurs jours, et suit juste le soleil ou la lune, jusqu'au prochain ravitaillement de plaisirs. D'ailleurs le choix du bouquin est intéressant : ce sera « Knulp » de Hermann Hesse, pour Sylvain. Il ne me reste plus qu'à le lire, il est de ces livres aux pages jaunies et parfumées par le temps que la vigueur d'un dépoussiérage ne serait pas inconvenante, sous peine de distiller ces minuscules poussières dans mon verre de Paulaner.

Et où commence le voyage ? Sur une carte que des géographes ont façonnée depuis la nuit des temps, le temps d'un feu dans une grotte. Il a fallu qu'un type, cheveux hirsutes et torse poilu, décide de franchir le pas, celui des ténèbres, et décide de se confronter à ses peurs, à la profondeur abyssale de l'inconnu ou de Dieu pour laisser derrière lui sa femme et son tonneau, et découvrir une autre soif, celle de la découverte et du prochain bistrot ouvert. Ainsi naquit la géographie, avec ses courbes et ses dénivelés, qui tranche avec les courbes de cette jeune slave venu m'accueillir avec une outre de vodka maison dans cette grange que je croyais abandonnée. Outré, je ne le suis pas de ses avances aux confins si reculés.

Mais à force de philosopher, je me perds dans mon inculture, comme un poivrot se perdrait dans une ville fantôme où tous les bistrots seraient à l'abandon. D'ailleurs, autant boire à la belle étoile, hé toi si belle cette lune bleue que j'admire tant lorsque le silence de la nuit impose sa beauté. Demain sera un autre jour – non ce n'est pas le titre du prochain James Bond, quoique – et la marche bohème ou forcée qui m'entraînera sur d'autres sentiers de poussière trouvera ainsi une nouvelle voie, celle qui me mènera peut-être dans les profondeurs d'un puits où la vodka assommera le substitut d'âme qui me reste en éveil, traversée du Gobi ou de la Sibérie.
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Sylvain Tesson explique ce que lui apportent la marche, les chevauchées (à cheval ou à moto), l'escalade ; en résumé, pourquoi il voyage, au sens large du terme.

Parmi ces raisons figurent l'amour de la découverte, le mépris de nos modes de vie occidentaux, le goût du risque, l'envie de solitude, la soif de surprises…

La coïncidence du jour : comme je lisais le chapitre intitulé 'Sur les vaisseaux de pierre' consacré à l'escalade en milieu urbain, en particulier de monuments religieux, dont Notre-Dame et sa jungle (« enchevêtrement de poutres ajustées les unes aux autres sans rivets, ni chevilles : un mikado de chataîgner »), j'apprenais l'incendie du jour…

Ce témoignage s'apparente plus à un essai sur l'itinérance qu'à un récit de voyage au sens habituel du terme.
Bien qu'agréable à lire, il m'a déçu, les propos de l'auteur étant plus centrés sur ses états d'âmes que sur ce qu'il voit ou sur les gens qu'il croise.
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Sylvain Tesson ne nous livre pas dans ce court ouvrage un récit de voyage comme il a l'habitude de le faire, et comme il le fait si bien.
Ni voyage en mouvement, ni voyage immobile dans une cabane au bord du Baïkal, mais un essai sur les conceptions de l'auteur quant à ce qu'il nomme le vagabondage.
Au-delà de simples considérations sur les vertus de la marche et de l'ermitage, il nous livre une vision de la vie épurée, débarrassée de ses contingences matérielles et recentrée sur ce qui est essentiel : vivre libre.
Moins captivant que les autres ouvrages de Tesson, on apprend ici à le mieux connaître, même si beaucoup des clefs de compréhension nous sont livrées entre les lignes de ses récits de voyage.
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Première incursion dans l'univers de Sylvain Tesson pour moi. J'ai eu beaucoup de mal à accrocher à ma lecture.
Petit traité sur l'immensité du monde est un récit condensé des différents voyages de Tesson. de la taïga russe au Tibet en passant par les cathédrales et forêts française, l'auteur nous partage ses vagabondages au gré de ses envies.
A plusieurs reprises, je me suis demandé si je n'allais pas abandonner ma lecture tellement j'y prenais peu de plaisir. Trop de termes inconnus, de tournures de phrases alambiquées. Mais finalement, arrivée à un peu plus de la moitié, lorsque j'ai attaquer la partie sur le vagabondage urbain et l'escalade des cathédrales, j'ai eu un regain d'intérêt. J'ai finalement eu l'impression d'être aux côtés de Sylvain Tesson et de voyager avec lui.
Et j'ai mis 3 fois moins de temps à lire la dernière moitié du livre que la première.
A la fin de ma lecture je me suis dit que la non-fiction n'était définitivement pas mon genre de lecture préféré.
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N'en déplaise à M. Pennac j'ai pour principe de finir tout livre commencé. Et heureusement, en ce qui concerne celui-ci. Parce-que la première partie, pffff.. L'admirable personnage du "wanderer", cette allégorie dont Tesson se réclame, lui sert à nous renvoyer dans nos plates et insignifiantes existences de banlieusards ou de péquenots (les termes sont de moi, qu'on ne me fasse pas dire le contraire, mais traduisent un profond ressenti). Alors qu'il convoque les mânes de Goethe, Hesse, Kerouac, Goethe... et tant d'autres encore, je me disais que Sylvain Tesson me rappelle surtout le juif errant, et que cette sagesse du vagabond dont il se réclame ressemble étrangement à la fuite d'un homme qui ne veut rien savoir de ses démons intérieurs et les noie dans diverses bouteilles. Puis arrive la seconde partie. Quand enfin, plutôt que nous faire la morale et nous ensevelir sous son savoir et son vocabulaire Sylvain Tesson se met à parler de lui, de son vécu, de son expérience propre. Alors les mots s'incarnent, je comprends enfin ce qui le pousse au sommet des cathédrales ou au fin fond de la steppe, et me prend l'envie de trouver ma propre cabane, réelle ou symbolique.
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Un court récit qui invite à la réflexion sur le monde, le développement incessant des villes opposé aux grandes étendues désertiques de Russie notamment. J'ai lu Dans les forêts de Sibérie donc la dernière partie du récit m'était familière.
Cependant le reste est intéressant sans non plus être totalement palpitant. Un petit livre qui se lit rapidement, à découvrir entre 2 pavés pourquoi pas.

Après je l'ai tout de même trouvé très centré sur son idéologie de vie, il philosophe sur le sujet en temps que « vrai » voyageur, à pied dans des conditions rudimentaires et parfois difficiles.
Il utilise souvent un vocabulaire très scientifique pour décrire la nature dans de longues phrases où je me suis parfois un peu égarée.
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Sylvain Tesson se définit comme un "wanderer", voyageur romantique sans attaches qui parcourt le monde (les steppes, forêts et montagnes d'Asie surtout) à pied ou à cheval (à vélo parfois) sans but précis. Il nous fait part de ses réflexions car l'effort physique qui permet de se dépasser permet aussi à l'esprit de vaquer librement. La marche est ainsi la lutte victorieuse de l'espace contre le temps. Très beau chapitre sur l'humanisme, références littéraires, poétiques, importance de l'action pour l'auteur (une vie sans action n'en est pas une pour lui).
Chapitre consacré à la stégophilie, l'escalade des monuments urbains, cathédrales et immeubles qui constitue selon ses mots une "roulette russe".
Pas trop d'humour et de doutes cependant.
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J'ai emprunté ce livre audio, parce que je voulais écouté un récit court. Ma précédente écoute ayant été longue et ennuyeuse. Mais je ne suis pas convaincue que ce soit une lecture à écouter ; surtout en conduisant. J'ai assez vite perdu le fil des réflexions, et je n'ai pas très bien compris comment de l'immensité du monde, on peut passer aux cathédrales puis au projet d'enfermement dans une cabane.

C'était agréable à écouter : c'est du Tesson, il y a forcément quelques jolies phrases agréables à l'oreille. Mais, peut être faudrait il que je prenne le temps de le lire ; je pense que je comprendrais peut-être mieux le cheminement de la réflexion.
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Second livre de Tesson que j'ai l'occasion de découvrir, cette fois grâce à la Masse Critique Babelio et aux éditions le Livre qui Parle, que je remercie.

Nous allons y suivre les réflexions de l'auteur, notées à travers ces périples, sur le voyage, le vagabondage, la nature, le Monde... C'est presque philosophique et, à mon sens, pas forcément accessible à tous.tes (mais peut-être est-ce dû au fait que je n'étais pas toujours à 100% concentrée sur ma lecture, comme je l'écoutais). Dans tous les cas, Sylvain Tesson a une approche intéressante des choses. Il parle parfois de se retirer dans un endroit isolé, ce qu'il a fait et que nous pouvons retrouver dans le livre Dans les forêts de Sibérie. Au passage, j'ai apprécié cette lecture bien plus...

Oui, cette fois, j'ai un peu bloqué. le laps de temps entre les deux livres était peut-être trop court, je ne sais pas. Toujours est-il que certains propos un peu moralisateurs de Sylvain Tesson m'ont un peu agacée. Malgré ce petit bémol, il dit des choses intelligentes et qui font réfléchir... J'ai beaucoup apprécié le passage où il parle des femmes (des pays d'Asie, principalement), c'était des choses qui faisaient écho en moi.

Concernant le format livre audio, j'ai trouvé très agréable d'écouter Olivier Martinaud. Il a une voix calme, posée, mais suffisamment entraînante pour ne pas nous endormir. C'était chouette, j'avais l'impression d'entendre quelqu'un me raconter ses pensées... C'est tout à fait le genre de livre qui, à mon sens, se prête au format audio. Il aurait sans doute été encore plus sympathique de prendre de quoi l'écouter dans la nature, en marchant. J'ai voulu le faire, et je n'en ai pas eu l'occasion avant d'avoir terminé le livre. Une prochaine fois, peut-être ?

Je suis contente d'avoir découvert cet essai, d'autant plus au format audio. En revanche, je vais attendre un peu avant de me replonger dans du Sylvain Tesson, car j'ai sans doute fait un "trop plein" pour le moment.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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