Ces territoires, du Mercantour à la Lozère, correspondaient au cheminement du loup après son retour en France. Pas folle la bête ! Elle mettait sa tranquillité au pinacle des vertus.
J'avais pris cinquante ans en huit mètres.
Il aimait ce qui camouflait le monde : les nuages, la distance, la vodka.
Ils n'avaient pas écouté Jean Cocteau lançant cette grenade à fragmentation dans son adresse à la jeunesse de l'an 2000 : "il est possible que le Progrès soit le développement d'une erreur."
Napoleon avait dit (..): « il y a deux sortes d’hommes, ceux qui commandent et ceux qui obéissent ». (…) Aujourd’hui, (…), je pensais que l’Empereur avait oublié une troisième colonne: les hommes qui fuient. « Sire! » lui aurais-je dit si je l’avais connu, « Fuir, c’est commander ! C’est au moins commander au destin de n’avoir aucune prise sur vous ». p. 40
Le génie de la haie. Elle séparait sans emmurer, délimitait sans opacifier, protégeait sans repousser. L’air y passait, l’oiseau y nichait, le fruit y poussait. On pouvait la franchir mais elle arrêtait le glissement de terrain. A son ombre fleurissait la vie, dans ses entrelacs prospéraient des mondes, derrière sa dentelle se déployaient des parcelles.
A grands pas sous le ciel qui s’ouvrait. J’avais contracté une habitude, instaurée en rituel et que je recommande à tout marcheur des taillis. En déboulant devant un pré bordé par une forêt, je gueulais ce cri de ralliement destiné à un dernier carré : « Qui guette à la lisière ? » Et parfois, je débusquais un chevreuil apeuré, un faisan, un lièvre ou un échassier qui décollait malhabillement, preuve que mon appel n’était pas vain et que le royaume était encore gardé, en ses orées, par des sentinelles vaillantes. Les lisieres sont des remparts entre les empires.
[p106].
C’était le seuil d’une journée de plein feu estival, sans autre impératif que d’avancer un peu. Sans quiconque à informer, sans réponse à donner. Une journée dehors, c’est-à-dire à l’abri.
Folio p75
Sitôt les yeux ouverts, je brûlais de partir. C’était un moment que je chérissais dans la vie : les basculements dans l’obsession.
Folio p65
Comment vont les choses ? Ne trouvai-je qu’à dire.
Folio p63