AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un été avec Homère (324)

Lorsque nous embarquons sur les fleuves homériques, résonnent des mots étranges, beaux comme des fleurs oubliées : gloire, courage, bravoure, fougue, destinée, force et honneur. Ils ne sont pas encore interdits par les agents de la novlangue managériale. Cela ne saurait tarder.
"De nos mains, non de l'indolence, viendra la lumière" (Iliade, XV, 741) dit Homère par la bouche de l'un de ses guerriers. A quelle place peuvent prétendre ces concepts incongrus dans une société du bien-être individuel et de la sûreté collective ? Pis que tout, l'un de ces mots paraît avoir été oublié au fond d'une strate archéologique : l'héroïsme. Dans les poèmes, il domine.
L'Iliade et l'Odyssée sont les chants du dépassement.
Commenter  J’apprécie          50
Le mur est prêt à céder. Dans l'Iliade, le mur symbolise la protection et la souveraineté en même temps que la limite assignée à la société. Un mur, comme une frontière est un trésor précieux et le malheur menace quand la brèche est ouverte. Deux mille cinq cents ans après Homère, les promoteurs d'une planète aplatie, sans nations ni frontières, devraient un jour s'asseoir à l'ombre paisible d'un rempart et méditer l'Iliade.
"Ils s'engouffraient par rangées. Apollon était à leur tête,
tenant l'égide précieuse : il faisait crouler la muraille
facilement, comme au bord de la mer un enfant sur la plage
fait des châteaux de sable par fantaisie enfantine
et soudain, par jeu, de la main ou du pied, les renverse."
Iliade XV, 360-364
Commenter  J’apprécie          50
Cette théorie de la personnification divine de nos humeurs a servi de combustible à la théorie psychanalytique, dont Henry Miller disait, avec son sens habituel de la nuance, qu'elle n'était que "l'application des mythes grecs sur les parties génitales."
Commenter  J’apprécie          50
La véritable géographie homérique réside dans cette architecture : la patrie, le foyer, le royaume. L'île d'où l'on vient, le palais où l'on règne, l'alcôve où l'on aime, le domaine où l"on bâtit. On ne saurait se montrer fier de son propre reflet si l'on ne peut pas se prétendre de quelque part.
Commenter  J’apprécie          50
Ce que disent Achille, Hector et Ulysse nous éclaire davantage que les analyses des experts, ces techniciens de l'incompréhensible qui masquent leur ignorance dans le brouillard de la complexité.
Commenter  J’apprécie          50
La lecture à vois basse telle que nous la pratiquons aujourd'hui est une invention récente. Elle date du haut Moyen Age. Beaucoup de saints lettrés la réprouvaient, y voyant un repliement et, pis ! un dévoiement.
Commenter  J’apprécie          40
Plus tard, les révélations monothéistes institueront une lecture binaire du monde, injectant les toxines de la morale dans le chatoiement des rapports humains et présidant au malheur de nos sociétés binoculaires où la ligne de crête désespérément étroite sépare le versant lumineux du versant obscur.
Commenter  J’apprécie          40
L'hubris est l'irruption déchaînée de l'homme dans l'équilibre du monde, l'injure faite au cosmos.
Commenter  J’apprécie          40
Nous allâmes dans les catacombes de Naples. Ulysse n'était pas proprement parier « descendu » aux enfers, les morts étaient montés à lui, surgis du fond de l'Érèbe», spectres plus que squelettes. Mais on fait ce qu'on peut, et nous, nous descendîmes sous les voûtes de tuf creusées dans les collines.
Au milieu des amoncellements de crânes, disposés là par la foi catholique, le vers sublime d'Exil, de Saint-John Perse, venait à la mémoire : «Et la mer à la ronde roule son bruit de crânes sur les grèves. » [...]
Et je pensais aussi à l'épitaphe gravée par les Romains sur le linteau des cimetières de têtes de mort : «Tu seras ce que je suis, je fus ce que tu es.»
Commenter  J’apprécie          40
Il [Homère] nous offrira avec le passage du bouclier d'Achille la plus belle déclaration d'amour à la réalité. Au XVIIIe chant de l'Iliade, Thétis rend visite à Héphaïstos et demande au dieu-forgeron de fabriquer des armes pour son fils, Achille. Le divin artisan s'attelle à confectionner un bouclier. Il le parera de la représentation de toutes les facettes du monde humain.
La littérature descriptive connaît là son expression la plus géniale : un poète précipite le monde tout entier dans un disque de métal qui servira à encaisser les chocs. Sur la bouclier comme dans le monde, tout coexiste. Le chaud et le froid, la vie et la mort, la guerre et la paix, la campagne et la ville.
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (1114) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Sylvain Tesson

    Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

    histoire
    géographie
    russe
    urbanisme

    10 questions
    327 lecteurs ont répondu
    Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}