« Pulvipyxiphile »
S'agit-il de quelque chose d'inavouable, d'une maladie qui ne se dit pas?
Non, c'est le nom mystérieux donné aux collectionneurs de poudriers et autres objets : houppes, minaudières…
Passion peu commune qui habite
Anne de Thoisy-Dallem dont la collection comporte plus de 2500 objets et dont certains se retrouveront à l'exposition organisée par le Musée International de la Parfumerie de Grasse dès le 29 mai 2021.
Accompagnant cette dernière, le catalogue «
Le Siècle des Poudriers (1880-1989) - La Poudre de Beauté et ses Écrins », texte en français et anglais, évoque l'histoire et l'évolution de la poudre.
Histoire? Une impression de futilité pourrait ressortir à la lecture de l'énoncé.
Et pourtant il s'agit bien d'un regard sociologique, économique, publicitaire, évolution féminine, artistique … que l'on ressent à la lecture de ce passionnant livre.
Chaque chapitre écrit par un spécialiste nous apprend la place occupée par cette poudre dans l'univers féminin mais aussi son évolution au fil des décennies.
Évolution liée à celle de la femme qui de « femme-objet » du début du XXème siècle, en passant par la « Garçonne » des années vingt pour aboutir à la femme revendicatrice et libérée des années soixante-dix raconte aussi l'histoire de l'art.
Art nouveau, japonisant, orientaliste, art déco… orneront boites et flacons.
Les matières cartonnées, en Bakélite et autres aboutiront au plastique que nous connaissons.
De grands noms comme Lalique, Gallé, Mucha,
Dali… s'y intéresseront et mettront leur talent au service d'objets délicats et évocateurs.
Évolution des teintes, des objets, de la fabrication de la poudre, de la manière de l'utiliser.
Le phénomène poudre envahira les couches sociales dans des présentations allant de la plus luxueuse à celle au moindre coût.
La publicité l'accompagnera et s'adaptera aux codes de chaque époque.
Un chapitre attire sur un hiatus fin XIXè-début XXè : d'un côté les privilégiées dont le seul souci est d'être belles et de l'autre : les 10h30 quotidiennes de travail pour les ouvrières touchant un salaire de misère.
Notre lecture, nos yeux qui s'émerveillent des beautés sont alors refroidis…
Un catalogue passionné, magnifiquement illustré, riche d'informations qui donne envie de voir cette exposition et ma foi, s'il n'y avait ces 1096 km qui m'en séparent, j'y courrais volontiers.
Merci à Babelio et aux Éditions Faton pour ces moments délicats de lecture.
https://www.museesdegrasse.com