Itinéraire d'enfance

Bê est une collégienne, fille d'institutrice, intrépide, éprise de justice, révoltée et téméraire. Autant de qualités qui vont se retourner contre elle à de multiples reprises et la mèneront à mener un voyage à travers le Vietnam à la recherche de son père, autant que d'elle-même et d'enseignement que le communisme met de côté - car rien ne devrait être au-dessus du Parti et de ses règles divines.

C'est le troisième roman de Duong Thu Huong que je lis et j'ai été très emballée et touchée par ce roman qui reprend beaucoup de motifs et thématiques chères à l'auteure : la nature, la nourriture, la désacralisation des "grandes figures" politiques corrompues et perverses, la défense des opprimés par le système politique, le féminisme, l'identité du Vietnam qui se reconstruit et se cherche dans après la colonisation et la guerre entre communisme et tradition confucéenne.
Le tout servi avec une plume sensorielle, élégante et intelligente. Lire cette romancière est déjà un voyage sensoriel à travers des descriptions bucoliques qui contrastent avec la description de la pauvreté et de ses conséquences sur la communauté d'individus qu'elle décrit.

J'ai été tour à tour touchée et révoltée par la quête et le courage de Bê face aux adultes qui utilisent l'idéologie et leur position hiérarchique comme des voiles de probité pour justifier et assoir leur cruauté - car le détenteur de ces titres ne peut être contredit. Les ravages du dogme sur les individus et les vies qu'il détruit sont une autre constante de son oeuvre, du moins de ce que j'en ai lu. Heureusement, cette histoire continent aussi des figures de résilience qui aident Bê à se construire et l'aident à affronter ceux qui profitent de son jeune âge.

Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce roman, ce sont les personnages secondaires qui ne sont pas de simples figurants dans la mesure où ils apportent du relief et du réalisme à l'ensemble du récit autant qu'ils permettent au lecteur de comprendre le monde dans lequel évolue le personnage principal.

La seconde partie du récit est moins dure que la première et est source d'exploration autant que de reconnexion à sa personnalité et à l'histoire de son pays pour cette petite tête brûlée dans laquelle il y a beaucoup de l'autre (à mon avis). le contraste entre milieu "urbain" et montagnard, savoir intellectuel moderne et savoir ancestral pratique a été un émerveillement. Si au début je me désolais de voir que la quatrième de couverture en avait trop dit, le roman est suffisamment captivant pour qu'on ne le lâche pas.

En bref, une aventure humaine incroyable avec une Marji version viet qui m'a transportée et donné envie de lire d'autres romans de cette romancière féministe et engagée pas assez connue à hauteur de ce qu'elle mériterait.

Les aventures de Tom Sawyer et Huckleberry Finn au Vietnam.
Sauf que ce sont deux héroïnes : une dégourdie, et une timorée.
Un roman d'apprentissage donc, qui nous offre tout le charme des aventures de ces deux petites filles, élevées dans une grande liberté d'aller et venir - on est dans un petit village où tout le monde se connaît.
"Nous avions bien essayé de faire de la broderie, deux fois exactement, mais nous avions abandonné la fleur à peine commencée. Nous étions plus attirées par la pêche dans le ruisseau, nous aimions mieux poser des pièges à porcs-épics, déterrer le taro sauvage, cueillir des figues en forêt…"
Un roman d'apprentissage qui voit les deux petites parcourir le Nord-Vietnam en train, seules ou tombant sur des personnes auxquelles elles portent aussitôt une confiance aveugle… ce qui entretient le suspense.
Mais ce roman nous offre aussi, sous couvert d'aventures, un sombre panorama du Vietnam rural dans les années 60 (l'autrice, qui y a mis beaucoup d'elle-même, est née en 1947), un Vietnam marqué par les traces de l'occupation française, un pays où les pères sont à la guerre et où les écoles forment de bons petits communistes.
Un pays accablé par la pauvreté, où la recherche de nourriture prend beaucoup de place (il y a des recettes incluses, comme la soupe aux grenouilles si ça vous tente.)
Un pays englué dans les superstitions, où un sorcier se fait des c… en or sur l'ignorance des pauvres gens.
"Là où règne l'ignorance, règne aussi la misère."
Mais aussi un pays magnifique, une Nature sauvage où se cachent encore des tigres, décrit avec amour par la si belle écriture de Duong Thu Huong.
"La nuit est calme, immense. On entend les cerfs bramer dans la montagne. le feu se consume patiemment. Il veille, solitaire dans la nuit interminable, retenant mes prières dans sa chaleur douillette afin qu'elles ne s'envolent pas dans le vent glacial."

Traduction parfaite de Phuong Dan Tran.

Challenge ABC 2023-2024

Je lis très peu de littérature asiatique donc c'est en novice que je découvre cette auteure. Un roman agréable à lire avec une plume fluide et qui invite au voyage. Nous suivons Bê dans son périple au coeur du Vietnam. Une plongée dans les traditions vietnamiennes avec ces différences culturelles selon les régions (montagne/plaine). Bê est une petite fille téméraire, audacieuse et un brin « garçon manqué ». Un roman d'apprentissage délicat ou le rapport entre les générations est très important.

Ça n'a pas été un coup de coeur mais, j'ai plutôt aimé cette lecture et je pense lire les autres livres de l'autrice que j'ai dans ma pàl.

Ce qui m'a le plus dérangé est l'injustice intégrée dans cette société à cette époque. La première partie a été un peu compliquée à lire pour moi puisqu'on laisse faire des adultes mauvais, on les laisse agir, on les couvre et on oblige les autres à leur devoir le respect alors que ce sont juste des gens abjects. L'usage de la force, de la violence et de sa “supériorité” d'adulte était à vomir.
Du coup, sans surprise, je me suis très vite attachée à Bê qui refuse de se plier à ça et ne veut pas se laisser faire.

La deuxième partie, bien que peut-être trop “douce”, est vraiment celle que j'ai le plus aimé. On y suit Bê et son amie parcourir une partie du Viet-Nam pour que la jeune fille rejoigne son père. Elles feront une mauvaise rencontre mais surtout de très belles rencontres qui m'ont permis d'en découvrir plus sur ce pays, ses habitants et ses traditions.
Parfois, j'avais vraiment l'impression d'être avec elle, de sentir et de voir ce qu'elle me décrivait. La plume de Thu Huong Duong est très immersive et l'on se laisse emporter dans ce voyage initiatique.

A part Bê (et peut-être le vieux monsieur), j'ai trouvé les personnages assez quelconques voir parfois clichés mais je n'ai pas vraiment été dérangé.
Au final, passé la première partie, j'ai plutôt apprécié cet ouvrage (et la conclusion finale). J'aurais peut-être aimé en savoir un peu plus sur la suite de cette histoire mais finalement, j'ai aussi aimé imaginer moi même la suite de cette aventure.
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Dans les années '80, Dương Thu Hương a commencé à écrire et à réclamer plus de démocratie pour le peuple vietnamien, qui est soumis au régime communiste. Elle a été emprisonnée, puis placée en résidence surveillée, avant de s'exiler en France.
Le présent livre, paru en 1985, se déroule à la fin des années '60, c'est-à-dire après la décolonisation et avant la guerre menée par les Américains. On suit les aventures d'une jeune fille hardie et intelligente, Bê. Excellente élève, elle vit une existence sans histoire dans son village situé dans la plaine du Nord-Vietnam. Un jour, elle se heurte à un nouveau professeur de gymnastique qui abuse de son autorité. Elle lui fait un tour pendable et, en punition, elle est définitivement exclue de l'école. C'est pour elle la pire des catastrophes. Mais, au lieu de se laisser abattre, elle s'enfuit avec sa meilleure amie et trouve refuge dans un autre village, auprès de Môc, vieil homme aimable et sage. Bê reste là quelque temps, puis elle veut revoir son père, officier de l'armée, en poste sur la frontière chinoise où il traque des contrebandiers...
Ceci est donc un roman d'initiation. Bê, déjà remarquable avant sa fugue, vit par la suite des aventures difficiles qui la font beaucoup mûrir. Même si elle fait quelques mauvaises rencontres, elle a généralement de la chance: elle bénéficie de la protection et de l'affection de plusieurs personnages tutélaires. Bê (qui est aussi la narratrice) m'a paru attachante, en raison de son courage.
En fait, je ne connais presque rien du Vietnam d'aujourd'hui ou d'hier. Je découvre un peu ce pays à travers le roman. Quoiqu'il se déroule peu de temps après une (première) guerre, il n'y a presque pas de rancoeur et de tensions, l'ambiance est assez paisible. L'auteure évoque avec précision la végétation locale, la nourriture, l'habitat, les coutumes et le mode de vie des habitants, ça m'a paru exotique. J'ai appris que le Nord du Vietnam est très montagneux, habité par des peuples moins développés et parlant des langues indigènes.
Dương Thu Hương a une écriture simple et limpide, le rythme du récit est très calme et même lent (certains y trouveront peut-être des longueurs). On sent que l'auteure ne cherche pas à nous captiver par des aventures extraordinaires, mais souhaite plutôt nous ouvrir l'âme de Bê et la vie des Vietnamiens - du moins ceux qui vivaient là-bas dans les années '60. Pari réussi…

Bê a douze ans et vit avec sa mère dans le bourg de Rêu, au Viêtnam. Très bonne élève, curieuse et bien élevée elle fait le bonheur de son entourage. Mais cette fin des années 1950 sera marquée pour elle par l'irruption soudaine d'une réalité froide et désenchantée.

Nous l'avions connue sage et disciplinée, culpabilisant de prononcer un innocent mensonge. Sous nos yeux, elle deviendra héroïque, rebelle et déterminée à combattre les injustices ce qui lui vaudra une exclusion et une école buissonnière forcée qu'elle mettra à profit pour tenter de rejoindre son père en garnison dans le nord du pays.

C'est un périple dans la plus grande tradition des romans d'apprentissage peuplé d'une galerie de personnages des plus adorables aux plus retors. On se plaît à suivre les chapitres comme autant d'épisodes qui forgeront le caractère de Bê et de sa compagne d'aventure Loan. Mais surtout : quel dépaysement ! C'est une immersion totale dans un pays aux multiples facettes culturelles et sociales qui attend le lecteur. Une oscillation entre croyances traditionnelles et modernité frémissante. Un beau voyage à faible émission de CO2 qui assurément ravira tous vos sens.

Tout commence d'une erreur dans ma commande (et oui lorsqu'on scanne le code-barres, il dit que c'est un livre de Patricia Macdonald) et en suite d'un lancé de dé dans une appli et voilà le choix du livre...
Déjà toute une aventure pour un livre qui en raconte une

De prime abord, jamais je n'aurais choisi ce livre mais au final je ne suis pas mécontente de cette lecture, j'en ai appris sur des coutumes, des croyances, des traditions culinaires...
Cette aventure est pleine de rebondissement et ces deux filles sont attachantes.
J'ai mis une note de 3 étoiles sur 5.

En ouvrant ce livre, on se lance dans un périple auprès de Bê, toute jeune fille, qui suite à son exclusion de l'école, va partir retrouver son père par ses propres moyens. Elle va faire des rencontres, plus au moins bienveillantes. J'ai adoré découvrir la culture vietnamienne qui m'est totalement inconnue: nourriture, moeurs, tradition, ce roman est riche d'informations et de découvertes. La narration étant à la première personne, du point de vue de Bê, ça se lit très facilement, j'avais vraiment l'impression de voyager avec elle. Ça se lit très facilement. C'était une chouette lecture !
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Une nouvelle fois je me suis plongée avec délice dans un roman de Duong Thu Huong. J'avais l'impression d'accompagner Bê dans ses tribulations à travers son pays, le Vietnam d'après la guerre contre les Français.
Bê est fille unique. Elevée par sa mère professeure, elle voit peu son père parce qu'il est soldat dans le nord du pays. Jusqu'à présent, lors de ses rares visites, elle préférait jouer avec ses copines. Elève modèle, citée en exemple par d'autres parents, elle est exclue de l'école à la suite d'un acte qu'elle a commis en rébellion contre un professeur ayant abusé d'une de ses camarades. Elle ne supporte en effet pas l'injustice. Or dans le Vietnam des années 50, le respect des professeurs est sacré. « Il faut respecter et écouter les maîtres et les maîtresses, en général. Parce qu'ils sont celles qui t'apprennent et te transmettent les connaissances de la vie. Sans connaissances, comment un individu peut-il grandir, devenir un honnête citoyen ? Mais dans les rangs de celles et ceux qui ont cette responsabilité, il arrive qu'il y ait des personnes incorrectes. Je le sais... Alors l'école et les maîtres doivent les aider à changer d'attitude. Les élèves, en revanche, ne doivent jamais offenser leurs maîtres et leurs maîtresses. » Désespérée par son exclusion, elle décide de rejoindre son père dans les montagnes où il surveille la frontière avec la Chine. Commence alors un périple difficile pour Bê et sa meilleure amie et pour nous une aventure que j'ai eu grand plaisir à suivre. Toutes deux croiseront tour à tour des personnes qui les aident, d'autres qui profitent de leur fragilité. J'ai admiré le courage de Bê et apprécié la langue poétique de Duong Thu Huong.
Là encore, les saveurs me sont venues à la bouches, les odeurs au nez et j'ai eu envie de savourer la cuisine traditionnelle vietnamienne tout en dégustant un thé vert. Pour le thé, c'était facile. Pour les saveurs, reste à trouver le restaurant approprié.

C'est un roman au ton léger qui capture parfaitement un regard d'enfant sur le monde. Bê est une fille aventureuse et lucide mais elle n'en reste pas moins insouciante et, comme souvent les enfants, un brin mélodramatique.
J'ai découvert le Vietnam des années 80' au travers de la plume très vivante de l'autrice et, notamment, la gastronomie. le livre regorge de descriptions de nourriture telles que, après avoir terminé ma lecture, je me suis précipité-e à la cuisine pour me faire un plat (très librement) inspiré du livre avec ce que j'avais au frigo.