(la fin est, ici, dévoilée)
Anna Karénine, un roman d'un souffle peu ordinaire. A la minute même où je l'ai fini, j'ai su que ce livre faisait parti de ceux qui changent quelque chose en moi. Ils sont rare, ces livres. Mais lorsqu'on les lit, on sent qu'il se passe quelque chose, qu'ils agissent en nous sans que nous ne puissions rien faire.
Anna Karénine, je l'ai lu pour le thème de la femme adultère. Et j'y ai trouvé bien plus que cela. Mais je dois avouer que le personnage d'Anna est celui qui m'a le plus intriguée. Anna n'apparait pas tout de suite dans le récit. On rencontre d'abord son frère, Stépane Arcadiévitch , homme agréable, souriant et bon vivant. Il a besoin de sa soeur pour arranger les choses avec sa femme, Dolly. Anna vient donc de Saint Pétersbourg à Moscou. Elle y rencontre Kitty, la soeur de Dolly, et Vronski, soupirant de Kitty. Personne ne se doute que ces rencontres vont changer bien des choses. Lorsque l'on découvre Anna à travers le regard des autres personnages, on y voit une femme admirable, forte, déterminée et sûre d'elle-même. Elle attire forcément les regards. Sa conversation la rend plus encore exceptionnelle. Anna, je l'imagine femme fatale. Mais elle rencontre Vronski qui, tel un jeune chiot en demande de caresses, délaisse la jeune Kitty pour rejoindre Anna à Saint Pétersbourg. Leur liaison va entrainer Anna dans une triste déchéance. Telle la princesse de Clèves, elle avoue cette liaison à son mari, Alexis Alexandrovitch. Puis elle abandonne époux et fils pour partir avec Vronski. La société ne peut plus accueillir cette femme adultère. Mais Anna, à mes yeux, commet une erreur bien pire encore : elle vit pour son amant. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à la considérer d'un oeil critique. La vie d'Anna ne se résume plus qu'à Vronski, et lorsqu'il n'est pas à ses côtés, elle n'est plus rien. Où est donc passé la femme sûre d'elle, maîtresse de ses sentiments ? Elle n'existe désormais plus et c'est ce qui m'a profondément touchée. Sa mort même, elle la provoque pour Vronski, et non pas pour se libérer elle-même. Au contraire, son mari, Alexis Alexantrovitch, m'a touchée. Il est présenté d'une manière assez négative, mais le pardon qu'il accorde à Anna lorsqu'elle manque mourir de fièvre puerpérale est émouvant. Il incarne le pardon chrétien, ce pardon que l'on accorde à ceux qui nous ont fait du mal. J'aurais aimé en savoir plus sur lui à la fin du récit, savoir comment il a réagi à la mort d'Anna. Vronski, qui ne m'apparaissait que comme un jeune homme avide de reconnaissance, a changé à mes yeux à la fin du récit. Il est de ces personnages sur lesquels mon regard évolue au fil des événements du récit. A la fin, Vronski n'est plus lui-même. Lui aussi a détruit sa vie pour Anna. Une si belle carrière l'attendait… Anna est un personnage si énigmatique ! Lorsque le lecteur la voit à travers les yeux des autres, elle force l'admiration, mais lorsque l'on entre dans ses pensées, elle provoque plutôt la pitié. L'hystérie s'empare d'elle, la jalousie la détruit. A côté de ces personnages, il y a Levine et Kitty. Levine a plutôt eu tendance à m'agacer, et pourtant, c'est le personnage principal aux yeux de
Tolstoï, le personnage qui découvre les secrets de l'univers. Sa naïveté prêtait plutôt à sourire, selon moi. Parfois, c'était plutôt attendrissant : ses maladresses et ses peurs le rendaient attachant. Mais ses longues théories sur les paysans et sur la campagne me paraissaient parfois un peu lourdes. Enfin, le récit est captivant et les pages tournaient sans que je ne m'en rende compte.
Tolstoï peint la société moscovite et pétersbourgeoise de son époque, sans oublier de montrer le contraste qu'il y a entre la ville et la campagne. Nul doute que ce roman figure désormais parmi ceux que j'ai préférés.