AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,28

sur 4823 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est en refermant ce classique de la littérature que l'on se rend compte à quel point Tolstoï a créé une oeuvre complète.

De par l'histoire premièrement. On est directement plongé dans le quotidien de trois couples de l'aristocratie russe du XIXème siècle qui ont des problèmes indémodables: L'égo, les conventions sociales, l'infidélité, la jalousie, la passion, etc.

Tolstoï croque avec précision la personnalité de chaque personnage et la met en perspective dans le couple qu'il représente. Ainsi:

- Daria qui a été trompée par son mari (Alexis Alexandrovitch) lui pardonne mais se contraint elle-même à la résignation de sa situation puisqu'elle sait qu'il recommencera. Elle restera avec son mari par convention.

- Lévine (qui se marie avec Kitty après un premier refus) est pleinement conscient qu'il restera le second choix de Kitty. Il ne pourra s'empêcher d'avoir des accès de jalousie soudain.

- Enfin Anna (mariée à Alexis Karénine) tombe en pâmoison pour le jeune Vronski et prends tous les risques pour partager sa vie. de part sa situation compliquée (ou de sa nature intrinsèque) elle n'arrivera jamais à dépasser le seuil de la passion.

Tout au long du livre, Tolstoï s'immisce avec réalisme et clairvoyance dans la vie de ses personnages. Chaque phrase s'agence de manière naturelle avec la suivante tel un fil de soie que l'on déroule doucement mais sûrement. Là où d'autres se seraient essoufflés à faire des ronds de jambe sur deux cents pages, Tolstoï décrit uniquement la vie telle qu'il la ressent sur plus de huit cents pages, ainsi écrit-il, par exemple :

« Stéphane Arkadievitch prit son chapeau, s'arrêta un moment, réfléchissant, et se demandant s'il n'avait rien oublié. En fait, il n'avait rien oublié, sauf ce qu'il désirait oublier, sa femme ».

La force d'une telle phrase est la simplicité avec laquelle Tolstoï décrit une situation sans artifice, sans pathos, sans circonvolution, sans grandiloquence dramatique. On se retrouve pris au coeur même de l'action, dans la peau du personnage. L'écriture d'Anna Karenine est dans l'être et non dans le paraître pour être.

Voici un autre passage qui montre que Tolstoï pouvait dire l'essentiel en quelques-mots:

« La comtesse avait l'habitude d'écrire deux ou trois billets par jour à Alexis Alexandrovitch. Elle aimait ce procédé de communiquer, à la fois élégant et mystérieux, qualités qui manquaient à leurs rapports habituels ».

En faisant l'économie des mots, Tolstoï dit presque tout: Il décrit, montre ce qui était caché, révèle les attentes d'une personne et permet au lecteur de se projeter dans la relation de la comtesse et d'Alexis. Il suffit d'ouvrir le roman à n'importe quelle page pour comprendre ce qu'est le réalisme tolstoïen: pas de fioritures mais une envie de dire totalement les choses.

Bien plus qu'une histoire d'amour, Anna Karenine est aussi une immersion dans la vie russe de l'époque grâce à Lévine qui n'est autre que le pendant romanesque de Tolstoï. Une des scènes phares du roman est le moment où Lévine décide de faire voler en éclat une convention sociale et de troquer son costume de propriétaire contre celui de paysan afin d'aider les serfs dans les champs. Il y découvre la beauté du geste manuel, les bienfaits pour le corps et l'esprit de faire une activité physique à l'extérieur, la sagesse pratique de ces femmes et hommes qui travaillent la terre. (Ce moment prend une dimension particulière quand on sait que Tolstoï prônait l'émancipation de serfs avant l'abolition du servage en 1862).

De plus ce passage de Lévine dans les champs contient une réflexion saine sur l'apaisement de l'esprit grâce à une vie simple. Quand il sera dans les champs, il fera fi de ses tourments, où il se sentira libéré de tout poids psychologique. Cet instant est, pour moi, à mettre en perspective avec nos vies modernes. La technologie numérique a envahi nos vies pour le meilleur et souvent pour le pire, nous sommes sollicités en permanence: téléphones, tablettes, montres connectées, réseaux sociaux, e-mails, notifications, buzz, vidéos, filtres photo (et donc possible schizophrénie de l'image de soi), etc. Cette pollution mentale fait que nous sommes comme Levine en dehors des champs, sans plus aucun recul sur nos situations respectives. Et tout comme lui, nous devons nous reconnecter, non pas à nos smartphones, mais le plus souvent possible à une vie simple.

Anna Karenine est aussi une critique de l'aristocratie russe oisive et enfermée dans ses conventions sociales pour ne pas faire face au réel. On y voit des dépressions amoureuses être prises pour des débuts de tuberculose confirmée par le médecin en personne, des couples publiquement bien sous tous rapport alors que dans les faits les infidélités sont légion ou encore l'utilisation de l'argument ultime de Dieu et de la religion pour ne pas affronter des problèmes pourtant terre à terre.

D'ailleurs l'épisode où Alexis Karenine s'en remet à un maître spirituel pour savoir si il doit divorcer d'Anna n'est pas sans rappeler l'histoire (bien réelle elle) qui se déroulera plus tard lors de la chute du dernier tsar de Russie, Nicolas II. Ce dernier et sa femme étant dans le désarroi avec la maladie de leur unique fils décident de consulter l'énigmatique et charismatique Raspoutine pour la guérison de leur fils. de ce jour jusqu'à l'assassinat de Raspoutine, la famille ne prendra plus aucune décision nationale sans l'avis du maître spirituel.
A l'instar de Nicolas II, Alexis Karénine au lieu de prendre une décision en son âme et conscience préfère qu'un autre prenne la décision à sa place. Astuce magique pour se dédouaner de ses responsabilités.

Dans sa critique fine de l'aristocratie russe, Tolstoï se permettra aussi de se moquer ouvertement du processus d'élection des personnes gouvernant les territoires. Les candidats, appartenant uniquement à la noblesse russe, s'élisaient entre-eux dans une atmosphère alcoolisée au point de sortir les électeurs les plus ivres de la salle pour en faire entrer d'autres à peine moins pris de boisson. Tous n'étaient là que pour se placer vis à vis du futur élu et d'obtenir les faveurs de sa part. Seul Levine, pourtant aristocrate lui aussi, restera dubitatif face à cette mascarade.

Enfin, le personnage central, Anna Karenine, tient plusieurs rôles. D'abord celui de la femme fatale qui attire les convoitises. À ce titre elle n'est pas sans rappeler une autre héroïne de la littérature russe: Nastassia Filippovna dans l'Idiot de Dostoïevski . Tout comme elle, Anna sera prise en étau entre deux hommes, entre ce qu'elle peut faire et ce que la convention sociale lui interdit de faire, entre son amour pour un homme et son désir d'émancipation qui sera finalement acté par une fin tragique.

Anna Karenine est une féministe. le fait de quitter son mari pour vivre avec Vronski va totalement à l'encontre des moeurs de l'époque. Elle ose partir avant de demander le divorce, elle se montre parfois en société en sachant que la réprimande sera sévère même si certaines femmes approuvent son courage de vivre pleinement sa passion.
Elle paiera sa liberté au prix fort puisque les règles de bienséance de l'époque voudront qu'elle ne pourra plus voir son fils et qu'elle vivra recluse dans l'espoir que son mari autorise le divorce (chose qui n'adviendra jamais).

Anna Karenine avait des troubles psychologiques mais était-ce à cause de sa vie à l'écart du monde où habite son fils ou de sa passion dévorante pour Vronski?
Un peu des deux, serai-je tenté de répondre, car Anna est sujette à des crises aiguës de jalousie reprochant à Vronski de ne pas être en permanence avec elle mais qui pourrait se sortir psychologiquement indemne d'une situation où il est impossible de voir son fils et de se tenir à l'écart telle une pestiférée ?
Anna était dans l'Éros mais la société l'a obligée à s'y complaire jusqu'au drame final.

Tolstoï aura écrit un roman qui a l'audace de parler de tout ou presque et qui, si on enlève les crinolines et les mazurkas, n'a pas pris une ride. le réalisme tolstoïen a encore de beaux jours devant lui tant il trouve un écho dans bien des problématiques actuelles mais qui sont, en fait, … aussi vieilles que le monde.


N.B. Il est, pour moi, important de finir cet article sur une vérité encore trop peu répandue. Léon Tolstoï autorisait son épouse à relire et à modifier ses écrits avant publication. Anna Karénine est donc aussi l'oeuvre de Sofia Tolstoï.


Lien : https://lespetitesanalyses.c..
Commenter  J’apprécie          246
Quel plaisir de relire et de savourer Anna Karénine ce très grand classique de la littérature. En 1873, Tolstoï pour écrire ce roman se base sur un fait réel auquel il a assisté, l'accident d'une femme se suicidant par amour pour un homme dont elle est la maitresse.
Dans ce chef-d'oeuvre nous vivons dans la société bourgeoise du 19 siècle à Saint Pétersbourg. J'ai été fascinée par l'extrême minutie avec laquelle il nous décrit les moeurs de cette société et nous livre l'étude psychologique de ces personnages.
Anna est belle dans son amour passion sans partage, plus maitresse que mère, elle est torturée par la jalousie et finalement prisonnière des conventions.
Wronsky homme brillant et séducteur, cependant il sacrifie sa carrière par amour, mais, l'amour suffira-t-il à remplir sa vie ?
Levine homme de devoir, courageux droit et généreux qui cherche le sens de la vie, la religion sera- t-elle une réponse à son questionnement ?
Enfin le mari d'Anna un homme trompé, carriériste, prisonnier des conventions et soucieux de préserver son honneur.
Ainsi donc c'est avec beaucoup de brio que l'amour , mène la danse, finira-t-il par triompher et à quel prix ?
J'ai redécouvert ce magnifique roman que j'ai trouvé très contemporain dans son sujet. Un très, très grand écrivain!


















Commenter  J’apprécie          240
Le roman boulverse profondément. La personnalité du protagoniste s'accrochant autant dans la conscience du lecteur que dans sa mémoire.Le roman nous plonge dans le labyrinthe de la psyché humaine, mêlant amour et désespoir de manière tragique et indéniable.
Le personnage d'Anna c est très bien fait et le roman semble vrai, grâce au génie de Tolstoï . C'est peut-être le détail le plus important, la cohésion interne du roman qui donne le pouvoir de paraître vrai!Après cela, le portrait d'Ana est magnifique ! Anna est une vraie femme, "la donna e mobile"! Au début, il a abandonné l'amour et a épousé Karenin. À mon avis, c'est douloureux et tragique d'abandonner l'amour!
J'ai été impressionnée et j'ai adoré Anna car elle a été victime de la société, de la culture, des traditions .
Après cela, la vie a fait des choses, la nature humaine explose dans la danse de l'amour! Elle trouve Vronski et tombe amoureux! C'est un moment fantastique, mais aussi un vrai!
J'ai été fascinée par le courage d'Ana, malgré le fait qu'elle ait quitté son enfant.
Il y a vraiment un problème, pour dramatiser, Tolstoï a séparé la mère de son enfant, très triste. Alors que leur amour est consommé, Ana est décimée par plus d'émotions et de sentiments, ce qui en fait un personnage complexe qui reflète la nature humaine!
Telle est la vraie nature humaine, les émotions, les sentiments, la raison et la logique, tous remettant en cause le choix!
Je me retrouve dans ce personnage car j'ai souvent analisé mon choix et bien sûr ma décision s'est accompagnée d'émotions et de sentiments contradictoires.
Je me retrouve également à Vronski, qui aimait trop Anna, mais qui est resté impuissant dans la guerre avec les doutes d'Anna. Quel drame pour un homme! Vronski a été changé par l'amour d'Ana, mais paradoxalement, Anna vient avec ses doutes et comme ca arrive la mort de l'amour.
Commenter  J’apprécie          2317
Cette première partie d'"Anna Karénine" est, tout simplement, magnifique !...
C'est tout un poème d'amour, un hymne, un chant, où toute la passion amoureuse est dite, dans un style à la fois simple et éclatant.
Il y a, dans ce texte, un lyrisme, venu de je ne sais où, un lyrisme, qui soulève mon coeur, de cent émotions.
Léon Tolstoï est tout simplement un magicien de la langue, et, il sait rendre son histoire sublime, dans un style à la fois simple et raffiné, qui confère à son texte, une étonnante magie.
Je ne saurais exprimer, par des mots, l'état extatique qui a été le mien, lorsque j'ai découvert la première partie d'"Anna Karénine" ; il suffit de savoir que c'est tout ce que j'aime en la littérature : de la verve, du rythme, une écriture sublime, à couper le souffle, des personnages riches, à la psychologie complexe, qu'il est intéressant de suivre.
Lire Tolstoï, c'est être sûr d'être embarqué par cet art de conter, si plaisant ; mais, l'être à ce point, c'était inattendu.
Et pourtant, nous avons bel et bien, avec cette première partie d'"Anna Karénine", une pépite, un chef-d'oeuvre, un de ceux où tout est dit, un de ceux où les mots sont utilisés avec une telle virtuosité, que tout est dit, sans que rien soit explicité.
Tolstoï a su parler à mon coeur de lecteur, et il a réalisé l'une de ses histoires intemporelles, universelles, qui transcendent les époques par leur description de plusieurs êtres humains, qui, au final, au fond, représentent tous les êtres humains.
Un chef-d'oeuvre !
Commenter  J’apprécie          230
Ce roman monumental fait partie de ces livres qu'on se promet de lire, qu'on croit connaître avant de les avoir lus, et dont on soupçonne qu'ils sont un peu trop longs pour ne pas être un peu ennuyeux. Et puis parfois, un jour, on se décide à les lire. Et on se dit alors que la vie est parfois plus courte que l'on croyait au départ et qu'on aurait pu la vivre sans avoir connu ces sublimes chefs d'oeuvre. Ne passez pas à côté de la grande Anna!
Commenter  J’apprécie          231
Magnifique, un chef-d'oeuvre.
C'est l'histoire de l'épouse d'une personnalité très en vue à Moscou, qui s'éprend du capitaine Vronsky et avec qui elle voyage en Italie.
A leur retour, Anna est mise au ban de la société, on lui interdit même de revoir son petit garçon, qu'elle aime beaucoup pourtant.
Ce roman ne concerne pas uniquement la déconcertante, honnête et courageuse, Anna Karénine mais pléthore de personnages. Les portraits psychologiques de chacun y sont remarquables. Léon Tolstoï dissèque ses contemporains, leurs états d'âme, son écriture est splendide. Véritable mosaïque multicolore de la Russie à la fin du XIXe siècle. Très beau roman d'amour, l'amour sous toutes ses formes.

Note : Ce récit a été inspiré à Tolstoï par un fait divers : le suicide d'une femme abandonnée par son amant qui était un voisin et une connaissance de Tolstoï. Cette jeune femme s'est jetée sous un train dans la petite gare de Lassenki. Tolstoï a vu son corps déchiqueté. C'est de cette image qu'est né le "destin" d'Anna Karénine.
Commenter  J’apprécie          222
Anna Karénine, "ce n'est rien, disait Tolstoï, une femme qui aime un officier et qui se tue."
Pour beaucoup, Anna Karénine est le plus grand roman du monde. C'est en tout cas l'un des meilleurs exemples du roman psychologique du XIX ème siècle. Tolstoï analyse la motivation derrière les actions des personnages sans jamais porter de jugement moral. Il emploie souvent le monologue intérieur qui lui permet de présenter en détail les pensées et sentiments des personnages.
La rebelle Anna succombe à son attirance pour un séduisant officier, le comte Vronski, et abandonne son mariage sans amour pour une liaison fougueuse, condamnée dès le départ. En agissant ainsi elle sacrifie son enfant et s'expose à la condamnation de la haute société russe. le destin tragique d'Anna se mêle à l'histoire bien différente, des fiançailles et du mariage de Lévine et Kitty.
Dans sa quête de la vérité Lévine exprime ses opinions sur la société contemporaine, la politique, la religion.
La qualité du roman repose sur ses aspects historiques aussi bien que psychologiques. Malgré sa longueur, Anna Karénine entraîne le lecteur dans un monde époustouflant, et dévorant de réalisme.
Commenter  J’apprécie          220
Sur près de mille pages @Tolstoï nous raconte la vie quotidienne des aristocrates et des paysans dans la Russie de 1872. Les lois agraires votées depuis 1861 offrent dorénavant la possibilité aux petits cultivateurs d'entrer en possession de la terre sur laquelle ils travaillent. Dans l'aristocratie deux camps s'opposent, les conservateurs et les progressistes dont fait partie Constantin Lévine l'un des deux personnages principaux du roman. Ce personnage de Lévine présenté comme lâche et résigné au début du roman s'avère beaucoup plus profond que l'on ne le croit, même s'il aspire à une vie simple et un peu ennuyeuse, c'est par lui que le roman aborde les réflexions politiques et sociales avant-gardistes.

La condition féminine est l'autre grand thème du roman. Les nombreux personnages féminins donnent un aperçu de ce que devaient être les moeurs en vigueur à l'époque. Anna Karénine est la femme passionnée, prête à tout sacrifier, du moins le pense-t-elle, pour vivre son histoire d'amour avec Vronski. Kitty de son côté ne déborde pas du cadre et finira par épouser Lévine. @Tolstoï livre une étude comparative des deux couples.

@Anna Karénine est un roman d'une richesse inouïe, à côté de ces petites scènes de la vie quotidienne, il y a des scènes traversées d'un immense souffle romanesque comme la scène du bal, celle de la course de chevaux et bien d'autres encore. Un très grand roman !

Challenge XIX siècle
Challenge Multi-Défis
Challenge Pavé
Challenge BBC
Commenter  J’apprécie          210
La vie, les amours et les états d'âme d'un panel d'aristocrates russes du 19ème siècle, voilà un monde bien éloigné de nous. Et pourtant, les passions et caractères que nous décrit brillamment Tolstoï sont universels. Les personnages, leurs sentiments, leurs peurs et leurs questions nous parlent encore aujourd'hui, malgré le décalage dans le temps et l'espace. Un grand classique.
Commenter  J’apprécie          210
Anna Karénine est un roman aussi foisonnant et touffu que la forêt amazonienne qui offre plusieurs pistes et niveaux de lecture. Mais c'est surtout, et ça faut pas l'oublier parce que c'est ce que j'ai personnellement adoré, une passionnante chronique de la société russe du XIXe siècle portée par une multitude de personnages de l'aristocratie et de la paysannerie.

Qu'on se l'avoue tout de suite, pour Léon Tolstoï, Anna Karénine n'est pas un roman romantique. de ce que je crois avoir compris, « l'amourette » entre Anna et Vronski est pour l'auteur l'ultime preuve que l'aristo-bourgeoisie avec ses mondanités et ses frivolités, est la gangrène du pays. Léon Tolstoï, faut le rappeler, était un homme qu'on pourrait appeler de nos jours un anti-capitaliste pour qui seule une vie d'abnégation, de modestie et de dur labeur, à l'instar du personnage de Constantin Levine, serait le salut de l'espèce humaine. Une partie de l'histoire dont je ne connaissais absolument pas l'existence ni l'importance et qui me pousse à dire que notre réception vis à vis d'Anna Karénine semble avoir beaucoup évolué. Il n'y a qu'à voir les nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles où l'histoire d'amour est au premier plan de l'intrigue alors que le récit de Constantin Levine et sa philosophie de vie qui prennent une place considérable dans le roman, a été minimisé, si ce n'est occulté.

C'est donc en lisant le roman que l'histoire entre Anna et Vronski se révèle en réalité être une simple anecdote, une parabole qui montre à quel point l'infidélité est détestable et lourde de conséquences. Selon Léon Tolstoï, il est préférable de souffrir et de rester vertueux plutôt que d'assouvir ses désirs et ses passions si on ne veut pas mal finir. Pourtant ça n'empêche pas le bougre de porter un regard particulièrement indulgent aux hommes infidèles du roman, quoique lucide sur les réalités sociales du XIXe siècle. En effet, seule Anna Karénine paiera chèrement son infidélité alors que son frère, le jovial et comique Stépane Oblonski (qui trompe sa femme avec la bonne des enfants) et Alexis Vronski s'en sortiront sans dommage. Forcément j'ai eu du mal, en tant que jeune femme du XXIe siècle, avec ce propos : t'es un homme et t'es infidèle ? Pas grave, une petite tape sur les doigts et pis ça repart. T'es une femme qui ose tromper son mari par amour ? Ouh Vile Tentatrice, suppôt de Satan, AU BÛCHER ! Quitte à décevoir ce cher Léon, le roman reste à mes yeux l'incroyable et tragique parcours d'une femme qui souffre de sa condition de femme mariée à une époque où il est impossible d'être une mère, une épouse et une amante tout en restant une femme bien sous tous rapports.


Lien : https://leslecturesdumonstre..
Commenter  J’apprécie          211




Lecteurs (19718) Voir plus



Quiz Voir plus

Anna Karénine

Qui est l'auteur de ce livre ? (C'est facile, c'est écrit dans le thème ;))

Nikolai Gogol
Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Léon Tolstoï
Alexandre Pouchkine

20 questions
155 lecteurs ont répondu
Thème : Anna Karénine de Léon TolstoïCréer un quiz sur ce livre

{* *}