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3/5   5 notes
Résumé :
Ouvrage relie rouge et or au format 13x20,5, illustre, 356 p, signet. Excellent etat. Cercle du Bibliophile. 1968. Suivi de: Petouchkof- Le chien- Apparitions. Avec une etude sur Tourgueniev par Michel-Rotislav Hofmann. Illustrations originales Jacques Carelman et frontispice par Jocelyne Pache
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je décris ici trois nouvelles de ce livre: Pétouchkov, le Chien, et Apparitions.

Pétouchkov (1847). Dans cette nouvelle à la Gogol sans éléments autobiographiques connus, Tourguéniev décrit avec réalisme les moeurs d'une petite ville russe. Ivan Affanassiévitch Petouchkov, jeune lieutenant issu de la noblesse désargentée, est apprécié pour son sérieux, et on lui confie l'argent du régiment. Il tombe sous le charme de Vassilissa, nièce de la boulangère chez qui son domestique Onicime va chaque matin lui chercher une boulka (sorte de pain). Un jour, Onicime revient bredouille. Il n'y a plus de boulka. Incrédule, Ivan se rend à la boulangerie où la jeune Vasilissa (Basiline) lui offre la sienne. Attiré par la jeune fille, il va de plus en plus souvent chercher lui-même sa boulka, et s'attarde chez la jeune fille et sa tante. Vasilissa ne sait ni lire ni écrire, et Ivan entreprend de lui lire des poèmes, mais cela l'endort. C'est cependant la jeune fille qui fait les premièes avances. Un autre homme rode autour d'elle, ce qui déclenche une jalousie maladroite chez le jeune officier, et les relations se dégradent, mais il a pire: le commandant du bataillon lui reproche de salir son uniforme en allant chez des gens du peuple. Il renonce à s'y rendre, perd l'appétit, et maigrit à vue d'oeil. Des années plus tard, Vasilissa a épousé un bourgeois de la ville, a repris la boulangerie, et loue une petite pièce à l'ancien lieutenant tombé dans la déchéance et l'alcoolisme.
Dans la première version (1847), la censure interdit que Pétouchkov soit militaire. Ainsi par exemple, les épaulettes deviennent des boutons. le passage disant assez clairement que Valisillsa était devenue la maîtresse d'Ivan a aussi été supprimé. Ce n'est qu'en 1856, à l'occasion d'un relâchement de la censure, que la version originale fut rétablie, mais toujours de manière assez pudique: «À dater de ce jour, il alla souvent chez la boula ngère, et ce ne fut pas en vain. Ivan Afanassiévitch, pour parler un style élevé (sic), atteignit son but. Habituellement, le fait d'avoir atteint leur but refroidit plutôt les gens. Pétouchkov, lui, au contraire, s'enflammait chaque jour davantage... il passa chez elle, dans la chambre de derrière, des journées entières».

Le Chien (1866). Avec le Chien (Собака), nouveau récit fantastique alliant mystère et réalisme, Tourguéniev continue à s'éloigner de ses textes à caractère idéologique. Il y développe un récit qu'il a entendu raconter dans une auberge.
Comme souvent chez lui, ce contre débute par une mise en ambiance, lors d'une veillée à Saint-Pétersbourg. Porphyre Kapitonitch, un ancien hussard, propriétaire terrien dans la région de Kalouga, veut prouver à l'assistance l'existence de manifestations surnaturelles. Il raconte qu'il y a longtemps, il a été le témoin d'un tel phénomène. Chaque soir au coucher, il entend un chien remuer sous son lit, mais quand il rallume la bougie et regarde sous le lit, il ne voit rien, ce qui l'inquiète et l'empêche de dormir. Il fait venir son domestique Filka qui ne voir rien non plus, puis un voisin, à qui il demande de rester dormir dans sa chambre. La bougie éteinte, le chien se manifeste de manière plus bruyante que jamais en grattant le sol de ses pattes et en renversant une chaise, mais quand on rallume la bougie, il n'y a toujours pas de chien dans la pièce. D'autres voisins font le même constat. Porphyre Kapitonitch finit par consulter un mystique connu pour sa sagesse, qui voit là une sorte d'avertissement des forces bienveillantes, et qui lui conseille de prier les saintes icônes, mais sans plus de résultats. Porphyre Kapitonitch achète alors un chiot bien réel qui veillera sur lui, ce qui met fin à ces manifestations nocturnes. Un jour pourtant, un animal monstrueux, sorte de chien géant, veut se jeter sur lui. Son chien, qui a grandi entre temps, s'interpose et lui sauve la vie, malheureusement au prix de la sienne. le lendemain, des soldats tuent le chien enragé.

Apparitions (1863). Apparitions (Призраки, textuellement fantômes, spectres), est rendu par Fantômes dans certaines traductions. Cette nouvelle dont le pessimisme se prolonge dans Assez, constitue un tournant dans l'oeuvre de Tourguéniev car c'est la première fois qu'il aborde la thématique fantastique. Il l'a commencée en 1855 et finie en 1863, mais elle n'a été publiée qu'en 1864. Il a d'ailleurs hésité longtemps avant de la publier, et l'a retouchée jusqu'en 1869. Elle se fonde sur un rêve de 1849 où il se voyait voler comme un oiseau. Elle se passe la nuit, moment romantique par excellence, et aborde à nouveau, mais d'une nouvelle manière, le thème de l'amour impossible.
Dans sa chaumière, le narrateur se glisse entre les draps en ayant la vision de tables tournantes. Nous voilà déjà dans l'ambiance! Il est réveillé par une mystérieuse apparition vêtue de blanc qui lui donne rendez-vous une nuit près d'un vieux chêne autrefois frappé par la foudre («Je voulus discerner les traits de la femme mystérieuse, mais un tremblement involontaire me parcourut tout entier et une bouffée d'air glacé me frappa au visage. Je n'étais plus couché, mais assis sur mon séant, et, à l'endroit où j'avais cru apercevoir la vision, il n'y avait plus qu'une longue raie de lumière blanche, projetée par la lune»).
Le narrateur néglige d'aller au rendez-vous, mais la scène se répète les jours suivants jusqu'à ce qu'il se rende auprès du vieux chêne. Comme beaucoup de femmes des récits de Tourguéniev, l'apparition se déclare la première, et d'une manière plus directe que jamais: «Je t'aime, sois à moi». «Mais tu n'as pas de corps», répond-il. Elle lui fait répéter "Prends-moi". Une fois ces mots prononcés, elle le prend dans ses bras et l'emmène dans les airs à haute altitude, et à une vitesse prodigieuse. Plusieurs nuits de suite, elle l'emmène partout où il veut aller: en Angleterre, à Rome au temps de Jules César, au lac Majeur, à Paris, à Schwetzingen, à Saint-Pétersbourg… Souvent, le narrateur est inquiet et veut repartir assez vite. Chaque fois, elle tente de le rassurer, mais ne répond pas à ses questions, et le quitte à l'aube car elle ne vit que la nuit. Elle lui dit seulement qu'il peut l'appeler Ellis. Il ne saura rien de plus. À la fin d'une de ces nuits de voyage, elle est soudain épouvantée, et se voit attaquée par une nuée sinistre et gigantesque. «C'est elle… nous devons fuir, sans quoi tout est perdu à jamais», dit-elle avant que le narrateur s'évanouisse. Quand il reprend ses esprits, elle est devenue une vraie femme qui meurt à ses côtés en lui disant «Adieu pour toujours». Peut-être a-t-elle été punie pour une transgression. Il espère la revoir les nuits suivantes mais c'est seul qu'il se retrouve près du vieux chêne.
Dans le plan initial de l'ouvrage, les différents chapitres sont nommés par la destination de chaque voyage sans un mot sur le personnage d'Ellis, comme si elle ne servait que de raccord entre les différentes destinations, longuement décrites, à la manière de la musique de raccord entre les différentes parties des Tableaux d'une exposition de Rimski-Korsakov. Ces descriptions semblent donc pour Tourguéniev l'objet principal de la nouvelle. En voici un extrait:
«Ou veux-tu aller me demanda-t-elle ? - Tout droit devant nous. - Mais voici une forêt.
- Passons au-dessus. Aussitôt nous nous élevâmes en tournoyant comme la bécasse qui gagne la cime d'un bouleau, puis nous reprîmes la ligne droite. Ce n'étaient plus les herbes, c'étaient les sommets des grands arbres qui semblaient glisser sous nos pieds: Etrange spectacle que cette forêt vue d'en haut avec ses sommités hérissées qu'éclairait la lune! On eût dit un énorme animal étendu, endormi et ronflant avec un grondement sourd et indistinct: Par moments nous passions au-dessus d'une cIairière, et je voyais la ligne d'ombre dentelée que projetaient les arbres. de temps en temps un lièvre faisait entendre son cri plaintif dans le fourré. Plaintif aussi était le cri de la chouette qui passait à nos côtés. L'air nous apportait les senteurs de la livèche, des champignons, des bourgeons se gonflant sous la rosée. La lumière de la lune se répandait autour de nous, froide et sévère; et la grande Ourse scintillait gravement au-dessus de nos têtes».





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“ Lieutenant dans un certain régiment de garnison. Fils de parents pauvres, il était resté orphelin à l'âge de cinq ans. Tombé entre les mains d'un tuteur et complètement dépouillé par celui-ci de son mince héritage, il dut aviser tant bien que mal aux moyens de soutenir son existence. C'était un homme de taille moyenne et voûté; il avait la figure maigre et couverte de taches de rousseurs, les traits du reste assez réguliers, les cheveux bruns, les yeux gris, le regard timide, le front bas et tout ridé. Ayant mené jusque-là une vie très uniforme, il conservait à quarante ans passés la naïveté et l'inexpérience d'un enfant, fuyait les nouvelles connaissances, et traitait avec indulgence toutes les personnes sur lesquelles il avait le droit d'exercer quelque autorité. “

Cette histoire, fictionnelle par essence, est celle d'Ivan Afanaciévitch Pétouchkov. Elle nous propulse en 1820 dans un petit village russe où l'anti-héros, un tantinet froussard sur les bords, s'éprend d'une jeune boulangère sans oser lui avouer ses sentiments de manière claire. Sa couardise se transformera bientôt en jalousie maladive et la fera sombrer dans l'alcoolisme...

Avec cette courte nouvelle — une quarantaine de pages — Tourgueniev s'inspire de ce que la réalité lui met sous le nez durant cette première moitié du XIXème siècle. Les personnages ont chacun leur propre personnalité clairement visible et la construction narrative est efficace, à l'exception de la chute qui, elle, retombe comme un soufflé.

L'auteur russe, nous propose, telle une cerise sur un gâteau, une immersion dans quelques mots russes liés à l'alimentation russe et qui ont encore tout leur sens aujourd'hui. Je vous en propose quelques-uns:

- une boulka (булка) est un petit pain rond qui tient son nom du français de par son aspect en forme de … boule.

- un boublik (бублик) est un anneau de pain, plus ou moins épais, souvent agrémenté agrémenté de graines de sésames ou de pavot.

- une vatrouchka (ватрушка) est un petit gateau brioché garnie de fromage blanc.

- du kvas (квас) est une boisson fermentée mais très peu alcoolisée du blé, du seigle ou voire de l'orge.


до свидания 😉

Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Comme tu vois. Je suis tué. Et par qui ? C'est toi qui m'as tué, Vassilissa.
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Demain, tu sais, est plus sage qu'aujourd'hui.
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Vidéo de Ivan Tourgueniev
En librairie le 23 mai 2019 ---
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