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Voici la critique de :
Tourgueniev - Premier Amour (mars 1860)

Premier Amour (Первая любовь), le roman le plus connu de ce chantre des amours impossibles qu’est Tourgueniev, est l’un des plus autobiographiques, et l’un de ceux où culmine son pessimisme romantique dans une langue toute de fraicheur, de poésie, et de pénétration psychologique.

Un soir, trois amis décident de se raconter leur premier amour, mais nous n’aurons droit qu’à un seul récit, celui de Vladimir Petrovitch dont le roman situe les évènements au début de l'été 1833 quand Vladimir a 16 ans (C’est l’âge de Tourgueniev en 1833). Sur les terres de ses parents, il se prépare sans beaucoup d’ardeur à l’examen d'entrée à l'université. Les jours se suivent et ressemblent, jusqu’au jour où des locataires viennent occuper le pavillon d’à côté, au confort très relatif. Vladimir est ébloui par la vision, dans leur jardin, d’une jolie femme habillée de blanc, et cherche d’emblée le moyen d’entrer en contact avec elle. Par chance, sa mère l’y envoie faire une commission. La jeune femme s’appelle Zénaïde, a 21 ans, et vit avec sa mère, la princesse Zassékine, endettée, réduite à la pauvreté, et aussi négligée que sa fille est raffinée. Le jeune adolescent tombe amoureux de cette Zénaïde de cinq ans plus âgée que lui, et devient vite un habitué de la maison, mais au même titre qu’une cour d’adorateurs que le jeune coquette s'amuse à rendre jaloux, et traite comme des marionnettes sans rien leur accorder: le docteur Louchine, le poète Maïdanov, le comte Malievski, le hussard Belovzorov et le capitaine en retraite Nirmatski, outre donc Vladimir pour qui elle manifeste tantôt une douce et curieuse tendresse, tantôt une froideur imprévisible qui désespère l’adolescent. On passe le temps en jeux, en gages, en conversations. Brulant de ses premiers émois d’adolescents et de ce premier amour impossible, Vladimir se ronge à essayer de deviner qui est le préféré de la jeune femme parmi tous ces soupirants, car – se dit-il - il doit bien y en avoir un.

Comme dans tous ses romans, l’auteur s’attache à décrire la nature: les pins, les framboisiers, la fontaine, les fourrés denses. C’est là qu’un soir, il épie les allées et venues pour savoir avec qui elle a rendez-vous, et celui qu’il voit rejoindre Zénaïde, et gagner sa chambre, n’est autre que son propre père. Il devient fou de jalousie.

Ce n'est qu'après avoir quitté la propriété parentale et repris ses études qu'il pourra guérir de cette blessure. Quant à Zénaïde et à son père, ils subiront tous deux le sort tragique des fins pessimistes propres au romantisme. La première, difficile à marier à cause de ce scandale, est devenue un peu plus tard Mme Dolskaïa, et est morte en couches, et le second succombe à une attaque cardiaque, non sans laisser à son fils une lettre dans laquelle il l'exhorte à se méfier de l'amour, de ce bonheur, de ce poison.

L'histoire de Vladimir est celle de Tourgueniev, puisque ce récit au charme cruel est une histoire vraie, sauf que Tourgueniev avec alors 13 ans et que Zénaïde, qui était en réalité la fille de la princesse Chakhovski, n’avait que 19 ans et se prénommait Catherine. Elle était effectivement la jeune maitresse de son père. Tourgueniev a légèrement vieilli Vladimir et Zénaïde pour rendre l’histoire plus vraisemblable. Il a écrit ce roman à 42 ans, et n’avait rien oublié.

C’est l’une des rares œuvres de Tourgueniev où il ne met pas en scène des protagonistes représentant des types sociaux, ce qui lui sera reproché par les progressistes, tandis qu’il scandalise en même temps les conservateurs à cause de ce sujet fort scabreux pour l’époque: outre l’adultère de cet homme marié, la rivalité entre un père et un fils épris d'une même femme, bien que présenté très pudiquement et par sous-entendu dans le roman. En 1787, Schiller avait pourtant déjà fait de cette rivalité le thème central de Don Carlos, mis en musique en 1867 par Verdi, mais cela n’apaisa pas la vieille garde. Consolation, le roman fut apprécié par le tsar. Tourgueniev en modifia plusieurs fois l’épilogue. Plusieurs années après, en 1875, Dostoïevski publiera L’Adolescent, qui décrit également les tourments amoureux de cet âge.

Dans ce récit autobiographique, Vladimir, alias Tourgueniev, laisse entendre que son père Piotr aurait épousé sa mère, nettement plus âgée mais riche héritière, par intérêt, et la décrit de manière peu flatteuse.

Le roman a été adapté au cinéma une petite dizaine de fois, y compris au Japon, au Mexique, en Espagne, en Russie, en Angleterre, mais pas en France

Je commence par le commentaire sur Un nid d'un gentilhommes", le commentaire d'un "Premier amour" suivra un peu plus tard.

Tourgueniev, le Nid d'un gentilhomme (1859)

Écrit vers 1856 et porté à l'écran en 1969, Un nid de gentilshommes (Дворянское гнездо, textuellement Nid de nobles, également traduit en français sous le titre Une Nichée de gentilshommes ou Le Nid des Seigneurs) est le deuxième roman de Tourgueniev, après Dimitri Roudine, sur un thème qui sera récurrent chez lui, celui de l'amour impossible, et ici deux fois éphémère. le roman fut achevé en 1858 et parut en 1859. Tourgueniev en écrivit trois versions, avec d'abord Lisa comme titre, l'éditeur imposant le titre définitif.
L'action se passe dans les années 1840, une vingtaine d'année avant l'abolition du servage par Alexandre II, au sein de la noblesse terrienne d'une petite ville de province.
Théodore (Fedor dans la version russe) Lavretski, 35 ans, de petite noblesse, revient dans la région qu'il avait quittée onze ans plus tôt. La Russie de l'époque était partagée entre les partisans du mode de vie européen et les slavophiles qui campaient sur les valeurs traditionnelles. Lavretski est sensible aux idées de ces derniers tout en ayant été éduqué à l'occidentale. Il faut rappeler que Tourgueniev lui-même, profondément russe, a toujours tenté de concilier les deux tendances, mais dans ce roman, il penche nettement du côté slavophile, se moquant des fausses valeurs de l'Occident.
À la mort de son père, à 25 ans, Lavretski se marie, un peu trop rapidement, et part en voyage avec sa femme, un être superficiel qui songe moins à lui qu'à se faire une place dans la société. le bonheur s'achève brusquement quand il apprend qu'elle l'a trompé avec un artiste français. Il retourne alors illico en Russie, où il veut plonger dans le travail de la terre pour tout oublier, un peu comme Tourgueniev trouve refuge dans son art.
Après ce rappel du passé de Lavretski, le récit commence vraiment à son retour, quand il retrouve ses terres, et passe la plupart de ses soirées chez Maria Dmitrievna Kalitine, une voisine, veuve d'une cinquantaine d'années.
Tourguéniev décrit finement - comme dans d'autres oeuvres - les veillées de cette société de province, nid de petits nobles menacés par les inéluctables réformes sociales que l'auteur aborde dans Pères et fils. Lors de ces soirées, Lavretski rencontre notamment Lise (Liza), la fille de Maria – 19 ans – modèle de jeune fille russe idéale dont il admire la beauté et les qualités morales, Marthe, la vieille tante de Maria, Gédéonovski, un ami de la famille, Lemm, un musicien allemand pauvre d'une soixantaine d'années, et Panchkine, jeune fonctionnaire vantard qui a demandé la main de Lise. Lavretski tombe lui-même amoureux de la jeune fille, et le coup de foudre est réciproque. En lisant le journal, Lavretski apprend le décès de sa femme, Barbe (Varvara) Pavlovna, et du coup peut épouser Lise et évincer Panchkine. Ils se fiancent, mais le bonheur du héros est à nouveau de courte durée. L'annonce du journal était fausse. La femme de Lavretski n'est pas morte et de plus, revient sous prétexte de se faire pardonner, mais en réalité pour réclamer de l'argent. Lise renonce à l'amour par respect de ses principes religieux, et les amoureux se voient pour la dernière fois. Elle se retire tristement dans un couvent tandis que Lavretski envoie sa femme vivre loin de lui sur une de ses terres, et sera malheureux toute sa vie.
L'épilogue se passe, comme souvent chez l'auteur, quelques années plus tard, avec une plongée mélancolique dans le passé. Huit ans se sont écoulés depuis ces évènements. Barbe Pavlovna est retournée à Paris, où elle passe ses soirées au théâtre, grâce à l'argent de son mari. Maria et sa tante sont mortes. Lavretski revient en pèlerinage sur les lieux où il a vécu un éphémère moment de bonheur, et se laisse tomber sur un banc, témoin de cette époque à jamais révolue.

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Premier amour
Un merveilleux livre qui se lit d'un trait non pas pare que les actions faramineuses y sont relatées, des actions qui vous poussent à faire votre lecture débout comme si vous vous attendez à voir votre meilleur joueur marquer un but par penalty, mais parce qu'il est écrit avec autant de simplicité que la naïveté de son héros au moment où se déroule l'histoire qu'il nous rapporte, une histoire d'amour pendant son adolescence, qui, est une période où chaque chose est une découverte, si bien qu'on suit pas à pas l'adolescent dans ses différentes interrogations.

Au cours d'une soirée entre amis, on demande à chacun de parler de son premier amour. Seul Vladimir Pétrovitch propose d'en faire un récit par écrit. On comprend facilement ce choix lorsqu'on prend finalement connaissance de ce récit car une histoire du genre, une telle expérience si c'en est une, ne quitte pas facilement la mémoire...

Etre amoureux d'une fille plus âgée que vous de cinq ans, et, découvrir par la suite qu'elle entretient une relation intime avec votre père, et que cela soit une source de déséquilibre dans la vie de couple de vos parents...non, ça ne peut pas s'oublier et pire, ça ne peut pas se raconter facilement...

Un bon petit livre de poche pour ma part, on se retrouve dans une tragédie comme s'il n'en était pas une!!!
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L'un des maîtres De Maupassant s'appelait Tourgueniev.

En lisant "un nid de gentilhomme", je m'attendais à quelques points communs avec cet illustre élève. Bien que j'essayasse à plusieurs reprises, d'attiser mon intérêt pour cette histoire, une succession de personnages sans ressort pour l'intrigue suivi d'une barrière de prénoms, patronymes et surnoms ont eu raison de ma patience. J'ai donc passé 50 pages. Seule la fin m'a réconcilié avec ces premières espérances.

Quant à "premier amour", il me semble bien supérieur. J'ai immédiatement été happé par la première histoire d'amour de Vladimir Petrovitch.
Le début:
Ses parents louent une maison de campagne à une famille de nobles sans le sou. le héros, 16 ans, tombe immédiatement sous le charme de la princesse Zénaïde Alexandrovna très espiègle et entourée de bien des prétendants dont peut-être le père de Vladimir! Comment séduire cette femme de 21 ans si capricieuse, insaisissable et irrésistible?

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L'ÂGE D'OR DE L'ADOLESCENCE. Yvan Tourgueniev était l'écrivain russe le plus célèbre en France dans la deuxième partie du XIX ème siècle, protègé de Sand, Mérimée et Flaubert, c'est dire ! Cette nouvelle (1860) fait partie d'un recueil d'esquisses paysannes décrivant la Russie avant l'abolition du servage. « Le premier Amour » est une aventure sentimentale romantique à souhait, purement autobiographique, narrant le premier amour ( déçu) de l'auteur. Âgé de 16ans, il commence à percevoir les pulsions pubertaires vers l'essence féminine qu'il décrit avec émerveillement, langueur et lyrisme, pour Zenaïde, une belle voisine âgée de 21 ans, qui, coquette, sait déjà manier sa cours de soupirants. Dans la (petite) noblesse russe de l'époque, Vladimir Petrovitch Tourgueniev est un adolescent qui a des rapports à la mère inexistants et avec le père distants ; il ne découvrira sa fascination pour son père que sous la forme d'un rival amoureux victorieux ( contrairement à la théorie freudienne, il n'aura pas à tuer le père car celui-là mourra avant).
Cette histoire , comme celle de madame Bovary sera reçue comme un livre immoral, amenant à des excuses ( insincères de l'auteur).
En revanche, j'ai moins aimé la première nouvelle du livre ( Nid de Gentilhomme) moins aboutie et plus difficile à suivre avec ses nombreux personnages.
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Double lecture dans 2 traductions disponible actuellement

1/ Edition de septembre 2016 en Folio classique
Traduction de la Bibliothèque de la Pléiade par Edith Scherrer, selon édition Gallimard de 1982

2/ Edition du Livre de poche, traduction de 1947 de R. Hofmann (toujours en vigueur dans les rééditions en livre de poche)

Beaucoup d'écrivains ont navigué, à l'époque, dans les parages proches de George Sand et il se dit que nombreux sont ceux qui ont puisé auprès de la dame de Nohant l'inspiration pour construire leur oeuvre. Protégé de George Sand, Tourgueniev est de ceux qui ont si bien décrit la mélancolie des amours perdues. La France a été sa seconde patrie et représentait pour lui une très haute civilisation de lumière et de liberté. Dans le même temps en Russie, sévissait toujours le servage entretenu par l'autocratie tsariste, servage qui ne sera aboli qu'en 1861. Figure essentielle de la littérature russe, il se place en quelque sorte en héritier de Pouchkine et Gogol et en précurseur de Tchékhov et Tolstoï...

« Premier amour » est un récit court, comme l'auteur en a écrit beaucoup. Vladimir 16 ans découvre ses nouveaux voisins, la vieille princesse désargentée Zassiékine et sa fille de 21 ans, la belle et intelligente Zénaïde. Il tombe immédiatement amoureux de l'attirante Zénaïde mais il n'est pas tout seul, tout un aréopage de prétendants gravite autour d'elle :

• le docteur Louchine, dont « une irritation nerveuse, involontaire avait remplacé en lui son ancienne ironie légère et son cynisme affecté »
• le comte Malievski, au « petit sourire suffisant et provocant »
• le poète Maïdanov, « grand jeune homme au visage maigre, avec des petits yeux de taupe et des cheveux noirs extraordinairement longs »
• le capitaine en retraite Nirmatski, « grêlé comme il n'est pas permis, frisé comme un arabe, voûté, aux jambes arquées »
• le hussard Biélovzorov, « renfrogné et courroucé », mais qui se serait jeté dans le feu pour Zénaïde
La belle se moque bien de tous ces prétentieux et c'est elle qui mène le jeu tout en gardant un traitement de faveur pour Vladimir, son jeune voisin. Autant dire que c'est savoureux !

L'histoire de ce premier amour prend encore plus d'intensité quand on sait que c'est en grande partie autobiographique, l'auteur ayant vécu cette situation en 1833 – le récit est publié en 1860. La Zénaïde dont il est question dans "Premier amour" est en fait la princesse Catherine Lvovna Chakhovskoï. L'adolescent découvre bien tard que son amie dont il est fou amoureux, entretient en fait une relation cachée avec son père, homme autoritaire et distant avec son fils. A l'époque, la publication de cette histoire avait été jugée scandaleuse aussi bien en France qu'en Russie.

J'avais lu ce texte dans la version des Editions du Chêne, dans la traduction de 1947 de R. Hoffmann, texte publié ensuite en 1972 en livre de poche avec une préface de Edith Scherrer. Oui la même qui est à l'origine de la traduction de la Bibliothèque de la Pléiade.

Il est très intéressant de comparer les deux textes et les différences ne sont pas que de l'ordre du détail.

Traduction de 1947, tout début du récit
« J'étais chez mes parents, à Moscou. Ils avaient loué une villa près de la porte de Kalouga, en face du jardin Neskoutchny. Je me préparais à l'université, mais travaillais peu et sans me presser. »

Traduction de 1982 du même paragraphe
« Je vivais à Moscou chez mes parents. Ils louaient une maison de campagne près de la barrière de Kalouga, en face du jardin Niéskoutchny. Je préparais l'examen d'entrée à l'université, mais travaillais fort peu et sans hâte. »

Je trouve que ce n'est pas du tout identique. Les temps de conjugaison sont différents, le rythme des phrases également. Il est précisé dans la seconde traduction que c'est un examen que prépare Vladimir, la précision est intéressante pour accompagner d'emblée le narrateur.

Autre passage et autre rythme donné à l'action :

Traduction de 1947, la visite du père à Zénaïde accompagné de son fils Vladimir
« Machinalement, je lui remis les brides. Il sauta en selle sur Electric. le cheval, transi de froid, se cabra et fit un saut de trois mètres... Mon père le maîtrisa rapidement, lui laboura les flancs avec ses éperons et le frappa au cou avec son poing... »

Traduction de 1982 du même paragraphe
« Je lui tendis machinalement les rênes. Il bondit sur Electrik... le cheval transi se cabra et fit un bond en avant d'une sagène et demie... mais bientôt mon père le maîtrisa ; lui enfonça ses éperons dans les flancs et lui frappa le cou du poing... »

Et, à la fin du récit :

Traduction de 1947
« Je me perdais dans ces réflexions, forçais mon imagination, et pourtant un vers insidieux résonnait dans mon âme :
Des lèvres impassibles m'ont parlé de sa mort.
Et je l'ai appris avec indifférence... »

Traduction de 1982
« Je pensais tout cela, je tendais mon imagination et cependant :
Des lèvres indifférentes m'ont appris la nouvelle de sa mort
Et je l'ai entendue, indifférent.*
Ces vers résonnaient dans mon coeur. »
* (Une note précise que ces vers sont extraits d'un poème de Pouchkine)

Là aussi, des traductions très différentes et pour la traduction de 1982 on bénéficie de notes bienvenues.

J'ai adoré redécouvrir ce texte fameux dans cette nouvelle traduction, plus vive, plus précise, plus musicale. Respecte-t-elle mieux le texte de Tourgueniev ? Je n'en sais rien n'étant pas à même de juger. Je me suis aperçu de l'impact énorme de la traduction, sauf à lire dans la langue d'origine...

J'ai découvert qu'il existait un musée Tourgueniev situé à Bougival dans les Yvelines. Deux maisons sont accolées, celle de Pauline et Louis Viardot et le chalet « datcha » que Tourgueniev a fait construire sur le même terrain (où il est décédé en 1883). Né en Russie, il va demeurer une grande partie de sa vie en France et en Allemagne. Présenté à Pauline Viardot en 1843, il ne quittera plus guère le couple Viardot au point d'habiter à côté de leur maison. Pauline Viardot était une célèbre cantatrice et compositrice, par ailleurs grande amie de George Sand. A ce niveau il serait passionnant d'évoquer le destin incroyable de Pauline Viardot, soeur de Maria Malibran et première féministe musicienne, dont nos grandes cantatrices comme Cecilia Bartoli et Felicity Lotte exhument et chantent maintenant son oeuvre. Enfin !

Premier amour est un récit attachant pour ce qu'il dit du chemin parcouru par cet auteur prestigieux influencé par les écrivains de son époque – il se lia d'amitié avec Gustave Flaubert, Emile Zola, Victor Hugo, Guy de Maupassant, Alphonse Daudet, George Sand, Alexandre Dumas, Jules Verne... – et les a forcément aussi influencés en retour. Et oui le génie français a dans son ADN, comme on le voit, beaucoup de gènes étrangers.

Maintenant quand je lis une oeuvre traduite, je cherche autant que possible à me renseigner sur les traducteurs ou comparer les traductions disponibles.

Article complet avec photos, composées et commentées par moi-même, sur mon blog Bibliofeel ou Clesbibliofeel. Et bien d'autres chroniques littéraires. Venez visiter !


Lien : https://clesbibliofeel.blog/
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PREMIER AMOUR de IVAN TOURGUÉNIEV
En un minimum de pages l'analyse au scalpel des sentiments amoureux d'un jeune homme de 16 ans ( tourguéniev lui même ! ) pour sa voisine de 21 ans qui joue avec lui comme avec ses autres prétendants. Simplement et brillamment, tout est dit sur ce premier amour. Seul Zweig me parait capable d'un tel talent sur ce sujet. À lire et à relire, un vrai bonheur.
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e découvre avec plaisir un nouvel auteur Russe, Ivan Tourgueniev, au travers de "Nid de Gentilhomme et Premier Amour", deux livres en un aux éditions Folio poche.

Commençons par "Nid de gentilhomme", publié en 1859. Ce roman narre principalement l'histoire de Monsieur Théodore Lavretski, installé à l'étranger, marié mais rapidement trompé par sa femme Barbe Pavlona avec laquelle il pensait avoir trouvé l'amour mais qui s'est révélée être son pire échec. A l'époque du 19ème siècle le divorce est encore tabou (à l'instar de l'histoire de Mme Karénine de Tolstoï). Lavretski, emprunt d'empathie, décide d'exiler sa femme (et la fille qu'il a eu avec) et de couper tout contact avec elle, sans pour autant ne plus subvenir à ses besoins.

Après quelques années, il décide de rentrer "au pays" (on entendra en Russie) et de rendre visite à sa grand-tante où il y rencontre Lise (Elisabeth Dmitrievna), une parente éloignée et jeune fille d'à peine 19 ans dont il tombe amoureux. Cette dernière étant promise à M. Panchine, un jeune homme pédant et destiné à un bel avenir, Lavretski va parvenir à instaurer le doute dans l'esprit de la jeune fille et à la faire succomber. Mais cela est sans compter sur le retour de Barbe Pavlona, qui vient retrouver son mari après plusieurs années pour lui demander hypocritement pardon (mais surtout une aide financière déguisée) tout en ayant l'idée de continuer ses péripéties amoureuses, notamment avec le jeune fonctionnaire Panchine avec lequel elle établira des liens étroits.
Très pieuse, Lise ne va pas supporter le manque de valeurs de ce monde et va choisir de faire ses voeux auprès de l'église, au grand damne de tous.

Les personnages ne manquent pas de reliefs, telle que la tante Marthe Kalitine, personne un peu frivole n'ayant pas la langue dans sa poche, femme du beau monde mais qui n'en ait pas moins aguerrie quant aux intérêts matériels et la petitesse de certain. Il y a également sa belle soeur, Marie Dmitrievna, une veuve appréciant les situations théâtrales et souhaitant le meilleur parti pour sa fille Lise, et par la même occasion pour elle aussi. Elle est le portrait de la femme bourgeoise russe, aimant le beau monde, les belles paroles, la belle musique et se distraire autour d'un jeu.
Nous avons aussi le professeur de musique allemand, Lemm, un personnage d'une soixantaine d'année, attachant bien qu'un peu bougon, introverti et sensible. Il n'apprécie guère la présence des fourbes, préférant la douce compagnie de Lise. Il n'a de cesse de rechercher la symphonie parfaite. le début du récit lui donnait de l'importance mais malheureusement il s'efface au fil des pages. Je pense qu'il aurait était intéressant de lui donner davantage d'importance, son caractère ayant pu donner une autre tournure aux évènements, dommage.

La deuxième oeuvre, une longue nouvelle intitulée "Premier Amour", ne m'a pas emballée plus que cela. On y découvre Vladimir Petrovitch, qui lors d'une soirée entre amis qui se mettant au défi de raconter leur premier amour, est le seul à se lancer sur son histoire avec Zénaïde Alexandrovna lorsqu'il avait 16 ans. Zenaïde cette jeune femme de 5 ans son aîné, appréciant la compagnie des hommes, les manipulant gentiment, se jouant de leur personnalité, va entretenir une liaison avec le père de notre narrateur, un père distant mais non moins affectueux. On y découvre la passion, l'amour, l'addiction à un être au travers des sentiments qui y sont dépeints. L'auteur y décrit parfaitement le mal qui nous ronge tous : l'amour impossible. En revanche la fin du récit m'a parue un peu légère, comparé au "suspens" apporté tout au long du récit.
Malgré cela j'ai trouvé l'histoire un peu redondante, sans grand rythme, bien que l'on ne peut nier la qualité de la plume de Tourgueniev. Peut-être est-ce le fait d'avoir ajouter "Premier Amour" après "Nid de Gentilshommes", marquant une succession de deux histoires quelque peu similaires sur le fond.

L'auteur a une écriture caractéristique des auteurs russes : accessible, fluide, empreinte de références littéraires et musicales. Tourgueniev s'attache davantage à la description des personnages qu'à la description de l'environnement en lui même. Il met un point d'honneur à approfondir les caractères de ses personnages, en narrant leur vie afin que nous puissions mieux nous les approprier, afin que nous puissions mieux comprendre leur faits et gestes.
Comme beaucoup d'auteur russe, la religion est présente dans le récit bien que plus partielle comparé à d'autres (Dostoïevski par exemple), même si l'auteur a davantage voulu mettre en exergue la différence entre les russes et l'occident de l'époque.

En conclusion, deux courts romans agréables à lire, transpirant l'âme russe, sur fond d'écriture engagée mais non moins romantique.
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