Autre pratique récurrente du mariage relevant de la commémoration : la photographie de mariage. Le 19e siècle est l'inventeur de la photographie, qui devient le média par excellence du souvenir de mariage. Mais à cette époque, les prises de vue ne sont pas aisées, et solliciter un photographe est coûteux.
Les classes moyennes citadines préfèrent souvent la séance de pose en studio (...) Ce passage obligé de toute cérémonie actuelle est alors bien plus présent dans les milieux bourgeois que dans les communautés paysannes où on n'a pas encore développé un intérêt pour l'image de soi, au contraire de la classe possédante
Le contrat de mariage date de l'époque romaine, mais reste rare jusqu'aux 17e et 18e siècles. (...) Cependant cette pratique du contrat de mariage devient systématique à la veille du 19e siècle, à tel point que surgissent des parodies de contrats de mariage pour moquer cette habitude lorsque les mariés sont pauvres, tels que celui décidé entre Jean-qui-a-Peu et Jacqueline-qui-n'a-guère précisant les biens mis en commun : "un petit grand lit fait en bois d'amertume, garni d'un traversin de revêche, entouré d'un rideau de chagrin, une garniture d'inquiétude, et une belle courtepointe de mauvaise humeur."
"L'acte de courtiser les filles porte dans les divers dialectes ou dans le français local, des noms différents. On dit fréquenter bien que souvent ce terme ne soit applicable qu'à la fréquentation autorisée par les parents et faite publiquement après la consécration préliminaire des fiançailles proprement dites."
En Chalosse, la rencontre peut intervenir lors des rassemblements de voisins : veillées, marchés, messes, etc. (...) la bienséance requiert une occasion, qui favorise la rencontre mais toujours sous l'œil du chaperon, et à défaut, une annonce pour trouver une compagne, ces deux procédés requérant de toute façon un arrangement préalable, via un entremetteur, dont la fonction est finalement d'obtenir le consentement paternel, obligatoire et indispensable jusqu'en 1896. A la campagne, "tout le village a son rôle à jouer, de la châtelaine qui dote une jeune fille pauvre au curé qui recueille le consentement. Entre les familles interviennent souvent des intermédiaires, occasionnels ou professionnels, qui se chargent des travaux d'approche."
Le système dotal en tant que stratégie matrimoniale conduit aux 17e et 18e siècles à une augmentation considérable des mésalliances, car la noblesse qui s'est appauvrie, n'a plus de ressources suffisantes pour doter ses filles, et ses fils sont de plus en plus pauvres. Ces enfants à doter sont alors souvent tournés de force vers le couvent ou la carrière ecclésiastique, au profit du mariage d'un seul, par lequel la famille aristocrate s'allie aux bourgeois et aux financiers dont les fortunes grandissent considérablement à la même période.
On assiste à cette époque aux effets pervers des alliances et mariages de raison où l'amour et l'inclination n'ont aucune place : la marchandisation des filles, qui refusent de plus en plus de se marier, mais aussi la multiplication des adultères et enfin à la fin du 18e siècle, à l'augmentation des divorces.
Au premier rang de ces objets propres aux mariés se trouve la tenue de la mariée, et particulièrement sa robe, dont les éléments cristallisent croyances, rituels et superstitions. La robe est toujours neuve, confectionnée ou achetée pour l'occasion, et jamais portée. Jusqu'au 19e siècle, elle est de couleur vive partout en France, avec une prédominance du rouge. En Chalosse, bleu et vert prévalent. Le rôle protecteur de la robe de la mariée, dont celle-ci glissait un pan sous les genoux de son promis pendant la cérémonie, afin de contrer toute malédiction proférée contre le succès et la fertilité de l'union, est fondamental.
Contre cette pratique maléfique de "nouer l'aiguillette", un autre talisman est utilisé : l'anneau de mariage, symbole de foi et de fidélité entre les époux
Cette rencontre montrera la spécificité de l'anthropologie bordelaise telle qu'elle peut transparaître dans les publications des éditions du Bord de l'eau, d'Anacharsis entre autres.
4 intervenants et un modérateur, Bernard Traimond, enseignant chercheur d'anthropologie, sont présents.
-Colette Milhé enquête actuellement sur la transmission de la langue occitane et sur un cireur de chaussures bolivien. Son livre, Les mystères de la cagoule. Enquêtes boliviennes (Anacharsis)
-Anne Doquet, Chargée de recherche à l'Institut de Recherches pour le Développement, travaille sur les thèmes des mises en scène touristiques de l'authenticité au Mali. Elle a préfacé Les mystères de la cagoule de Colette Milhé.
-Myriam Congoste a publié le vol et la morale. L'ordinaire d'un voleur (Anacharsis); récit d'une enquête anthropologique sur le vol dans le quartier bordelais de Bacalan, une reconstitution de l'ordinaire d'un voleur bordelais d'aujourd'hui.
-Eric Chauvier anthropologue et écrivain, professeur à l'école nationale supérieure d'architecture de Versailles, contribue depuis plusieurs années, au renouvellement de l'anthropologie. Il est directeur avec Bernard Traimond de la collection Des mondes ordinaires chez l'éditeur le bord de l'eau, ainsi que celle de Les Ethnographiques avec Alban Bensa aux éditions Anacharsis.
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