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4,05

sur 325 notes
Le Plateau-Mont-Royal est maintenant un endroit branché, mais il était et reste encore un quartier populaire. Dans son roman « La Grosse Femme d'à côté est enceinte », Michel Tremblay raconte la journée du 2 mai 1942 dans la rue Fabre et ses alentours. La Grosse Femme est en effet enceinte de sept mois et elle doit rester alitée alors que le reste de sa belle-famille profite d'une des premières journées de printemps. Elle n'est pas la seule à attendre un enfant : on en compte sept dans la rue, peut-être parce que les pères de famille peuvent échapper à la conscription militaire. A cette époque, les Québécois n'étaient en effets pas très chauds à l'idée de défendre l'Angleterre, qui les as assujettis, et la France qui ne cesse de les prendre de haut.
Les voisins observent et jasent, les enfants jouent avec le chat Duplessis qui se fait attaquer par un chien. En ce samedi, les hommes boivent, les femmes magasinent et tous se retrouvent au Parc Lafontaine au coucher du soleil. Avant de se rassembler pour un dîner haut-en-couleurs. le roman de Michel Tremblay est à la fois drôle et sensible, et offre une excellente introduction, grâce aux dialogues truculents, à la richesse du français tel qu'il se parle au Québec. C'est le premier tome des « Chroniques du Plateau-Mont-Royal ».

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Tremblay est un de mes auteurs fétiches et cette introduction à la série “Les chroniques du plateau Mont-Royal” ne fait que confirmer mon attachement à son oeuvre. Presque une trentaine de personnages sont introduit , un peu étourdissant à suivre, mais chacun a sa place dans l'histoire, surtout celle à venir. On y retrouve la joyeuse effervescence des trois familles qui cohabitent sur la rue Fabre auxquelles se greffent, avec plus ou moins de bonheur, d'autres habitants du quartier. Cela donne une mosaïque de préoccupations diverses : acclimatation à la ville, lutte contre la pauvreté, emprise de la religion, crise d'adolescence, tabou de la sexualité etc. Et tout au long, le statut de la femme québécoise de cette époque est intelligemment questionnée.

Tout est profondément humain dans ce récit et on sent que Tremblay aime viscéralement ses personnages. Il a l'art de nous faire comprendre leurs états d'âme, de lever le voile sur leur beauté intérieure malgré des apparences anodines. Les dialogues sont truculents à souhait, la langue utilisée peut être déconcertante pour un non québécois, mais personnellement je m'en délecte. Vivement la suite.
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Avant toute chose, je tiens à souligner la belle couverture du livre (édition Babel). Il s'agit d'une toile du grand peintre québécois Alfred Pellan intitulée « Jeune fille au collier vert » peinte en 1941. Ce livre constitue le premier tome de la série « Chroniques du Plateau Mont-Royal » chef-d'oeuvre de Michel Tremblay. L'auteur nous plonge au coeur de la vie d'un quartier ouvrier francophone du Montréal des années 1942, date à laquelle s'ouvre cette histoire. Plus qu'un roman, cette oeuvre foisonnante de vie et de personnages truculents constitue une remarquable analyse sociologique et politique de ces années de guerre et des terribles conditions de vie auxquelles les Québécois francophones peu instruits et confinés dans des emplois subalternes étaient assujettis. Les hommes jeunes et célibataires sont partis tandis que les pères de famille triment dur toute la semaine pour, durant la fin de semaine, se saouler à mort afin d'oublier leurs chagrins et leur misère. Les femmes enceintes foisonnent car mettre sa femme enceinte constitue une garantie contre le départ à la guerre. Les familles doivent partager leur logement car leur salaire est insuffisant pour leur permettre d'habiter chacun chez soi. La promiscuité est difficile à supporter mais comporte de bon moment particulièrement aux repas qui se passent la plupart du temps dans la joie et la bonne humeur. Car, afin de pouvoir supporter leur misère, les gens ont développé un remarquable sens de l'entraide et de l'économie. Les enfants pullulent et leur éducation laisse à désirer. L'éveil des sens se fait dans la plus parfaite ignorance et les expériences sexuelles se passent souvent très mal et sont décevantes. le mariage n'apporte que bien rarement le bonheur espéré : les femmes se retrouvent prisonnières de leur logement bien souvent en compagnie d'un mari paresseux, porté sur la boisson.

Il y aurait tant à dire sur ce roman. le génie de Michel Tremblay s'y déploie en toute liberté et comme toujours avec lui, les sentiments dominent malgré le fait qu'à cette époque, le clergé condamnait toute manifestation de tendresse en public. Mais ce qui est remarquable de la part de cet écrivain québécois dont le talent ne cesse de m'éblouir, c'est d'avoir su intégrer à son récit un côté surnaturel. Il a aussi intégré à ses personnages un chat et nous connaissons toutes les pensées et les réflexions du félin. C'est savoureux !

Un chef d'oeuvre absolu, un roman remarquable, un cri d'amour d'un écrivain aimant ses personnages à la folie et décrivant leur milieu de vie avec une justesse poignante qui laisse le coeur en miettes.

« « Des fois, tu penses avoir oublié tes malheurs, pis la chienne de vie vient toujours te les rappeler en les multipliant par cent huit. » « Vous parlez tu-seule, à c't'heure ? » Rose se tenait dans la porte, la bouilloire à la main. « J'ai toujours parlé tu-seule parce que j'ai jamais rencontré parsonne d'assez intéressant pour y parler vraiment. » »

« Et maintenant, cette porte close entre sa solitude qu'elle n'avait jamais réussi à combler, mal mariée qu'elle était, mal baisée, vite écoeurée d'un mari malhabile et égoïste, et le bonheur de son frère qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver grotesque, cette porte close sur des rires enfantins et des soupirs complices l'insultait comme une injure cuisante. »
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C'est ce roman qui m'a fait découvrir et aimer Michel Tremblay. Pourtant, je ne peux pas dire que le titre ou le résumé m'attiraient énormément. J'ai eu la surprise d'être séduite par le style de l'auteur, par la vérité criante de ses personnages qu'il sait rendre attachants et presque vivants. Même le chat (qui livre ses pensées et ses émotions par rapport à sa relation avec un petit garçon) est un personnage qui m'a émue jusqu'aux larmes! C'est tout dire! Michel Tremblay a le don d'attirer le lecteur dans une spirale d'émotions, d'en faire le témoins empathique de plusieurs drames humains et de l'intéresser par ses dialogues qui sont tout sauf futiles.
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Savoureux roman de Michel Tremblay notre monument vivant. J'ai adoré ce premier opus des "Chroniques du plateau Mont-Royal" qui en compte six. C'est une incroyable fresque d'une famille et d'un quartier du Montréal de 1942. Tout en nous racontant les vies personnelles de ses personnages, Michel Tremblay nous raconte aussi la trame sociale de ce quartier ouvrier où la pauvreté n'est pas que matérielle. On sent en arrière plan toute la lourdeur de la main de l'église et les relents de la colonisation et de la domination des canadiens anglais qui habitent plus à l'Ouest et sur le Mont-Royal. Je n'étais pas né en 1942, je suis né en 49 et ce que raconte ce roman me parle d'autant plus que j'ai vécu mon enfance tout près de ce quartier et les moeurs que décrit Tremblay ainsi que le langage courant utilise dans ce roman sonnent très juste à mon oreille.

Ce fut un pur bonheur de lire ce premier opus et je suis presque honteux de ne pas l'avoir fait avant. Je ne tarderai pas à lire la suite tellement j'ai trouvé cette histoire savoureuse et l'écriture de Michel Tremblay tellement sensible et évocatrice.
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Un très beau roman, haut en couleurs, avec des personnages plus pittoresques les uns de les autres, et un parlé québécois qui décontenance parfois mais qui plonge le lecteur dans le bain.

C'est une véritable plongée dans la vie d'un quartier populaire de Montréal en 1942, avec ses passions, ses déchirures, ses secrets et ses tourments. Une très belle plume dépeint la journée, où le centre est la grosse femme enceinte, qui ne peut pas bouger de sa chambre.

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Comment partager mes impressions sur ce livre? J'avoue avoir avancé dans ma lecture à petit pas. Rien n'est fluide et le lecteur doit traverser un récit visqueux et profondément noir. le style est dense (moins de paragraphes que de pages) et l'usage d'un québécois parlé ne facilite pas une lecture aisée pour un français de métropole.
La grosse femme d'à coté est enceinte nous raconte une journée des habitants d'une rue de Montréal en mai 1942. C'est une sorte d'Ulysse québécois, où il ne se passe grand chose, mais Michel Tremblay nous permet ainsi de sentir une ville et une époque.
Ayant beaucoup voyagé à Montréal pour mon travail, j'ai pu mieux comprendre le Québec d'aujourd'hui, grâce à ce roman. C'est sans doute ma connaissance du Québec et mon amour de Montréal qui m'ont permis de comprendre ce livre et de l'apprécier malgré tout.
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Le Tome 1 des Chroniques du Mont-Royal
Une journée à Montréal,2 mai 1942 il fait extrêmement chaud ce jour là. Tous les personnages tous très bien présentés, une palette extrêmement bien rendue des variétés de la nature humaine. C'est savoureux ! Dans ce livre Michel Tremblay nous présente tous les personnages de la chronique sur cette journée. La grosse femme qui donne le titre du livre, une femme de 40 ans enceinte de sept mois, elle attend son troisième enfant. Tiraillement au sein d'une famille.
Toute le livre tourne autour d'elle, elle devient le centre du monde réaliste et fantasmagorique. C'est une chronique de quartier et Thérése et Richard découvre leur sexualité.
J'aime l'image et l'idée de ces femmes qui tricotent (symbole le fil du temps qui passe) Et de ce faite on voit bien que Tremblay est un auteur de théâtre, surtout dans les dialogues très visuels.
"Rose, Violette et Mauve tricotaient. Parfois Rose (ou Violette, ou Mauve) posait son tricot sur ses genoux, jetait un coup d'oeil mi-amusé mi-sévère sur le travail de ses soeurs et disait : Tu tricotes trop lousse." ou bien : "Si moman m'avait donné d'la laine de c'te couleur-là, j'arais été ben désappointée !" ou bien encore elle ne disait rien. Si elle restait inactive trop longtemps, l'une de ses soeurs tournait la tête vers elle : "Finis ta patte avant de jongler. Et Rose (ou Violette, ou Mauve) reprenait son travail après discret soupir."
Et puis il ne faut pas oublié aussi le chat Duplessis car il est à un grand rôle dans la Chronique.
J'ai adoré ce livre, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi riche en personnages et en émotions.
Le tome 2 des Chroniques du Mont-Royal
On a le grand plaisir de retrouver les même personnages un mois après "La femme d'à côté est enceinte". "Thérèse pis Pierrette" et Simone, forment un trio, elles vont toutes les trois à l'école des Saintes-Anges et elles sont inséparables.
Simone n'a pas été gâté par la vie elle a été opérée de son bec de lièvre. Elle a bénéficié d'une chirurgie plastique gratuite pour reconstruite sa lèvre déformée, car elle est issue d'une famille assez pauvre. À l'école des Saints-Anges, la mère supérieure mère Benoîte des Anges "Mère Dragon du yable" est remplie de mesquinerie et de méchanceté. Elle est cruelle, violente autoritaire elle terrorise à la fois les élèves et les professeurs. On suit le trio pendant les préparatifs d'une fête religieuse organisé par l'école. On découvre la vie des élèves mais aussi celle des soeurs (soeur Sainte-Catherine, soeur Sainte-Thérèse de l'enfant Jesus ...)
Ce livre attachant ma rappeler de très mauvais souvenirs au collège dans une école privée religieuse.
Et je me rencontre à tel point les méfaits et le poids de la religion chez l'individu.
On retrouve avec plaisir le petit Marcel et ses visions, le merveilleux la maison vide avec les femmes qui tricotent. L'oncle Josephat le complice du petit Marcel.
La fin du roman est dur, mais elle dit bien le rejet de la religion par l'auteur.
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J'ai été quelque peu déboussolée par l'écriture car ce livre est écrit d'un seul bloc, il n'y a pas de chapitres, et le parler québécois ce n'est pas toujours facile à suivre.
J'ai par contre bien aimé cette chronique sociale d'un quartier populaire où malgré des conditions modestes, les rumeurs et les petites histoires inhérentes à la vie de quartier, les valeurs fortes de soutien, de solidarité et même d'amour lient tous les personnages et rendent l'histoire émouvante.
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Alors comment dire... c'est rude quand on n'est pas québécois de souche et illisible si on n'a jamais vécu au Québec ! Cela m'a fait l'effet d'une autre langue : je me suis surprise à rêver, voire penser et parfois parler comme les personnages !
Je dirais que c'est une petite "Comédie humaine" de la société québécoise pendant la 2e guerre mondiale.
Pas toujours simple de passer d'un groupe de personnages à l'autres car les passages sont courts. Mais on a vite fait de se prendre au jeu. Je me suis assez rapidement sentie comme une habitante du quartier qui observe tout ce petit monde aux personnalités et caractères singuliers et... bien trempés !
Les femmes y sont battantes et psychologiquement assez indépendantes et les hommes les pauvres sont assez dévalorisés.
J'ai terminé de le lire il y une semaine environ et j'ai dans mon esprit comme un souvenir nostalgique un peu poussiéreux et tellement attachant.
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