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Goncourt '38. Tendrement désuet, parfois pathétique, souvent machiste, toujours stylé.

L'Araigne tisse sa toile de maître en camaïeu de bleus à l'âme.

L'écriture fine, fluide et savoureuse d'Henri Troyat est inlassablement ensorcelante.

Gérard Fonsèque règne en maître sur les quatre femmes de la maison et de sa vie.
Trois sont ses soeurs, la quatrième, sa mère. Tout son univers.
« Toute son existence s'était écoulée dans l'appréhension que ses soeurs dussent lui être ravies. »
Gérard est un abominable manipulateur, un odieux misogyne doublé d'un exécrable donneur de leçons. Sa mauvaise foi n'a pas de limite. Pour arriver à ses fins le mensonge n'est en aucun cas une frontière afin d'éviter le départ, le mariage de ses soeurs.
Dès qu'elles font une rencontre, il distille à leur encontre des phrases aigres-douces agencées en petites touches de mots acides qui les déstabilisent et les contraignent. Malingre et souffreteux, sa chambre est son repère où il ourdit ses complots mâtinés de chantages affectifs.
Désintéressé de la gente féminine jusqu'au dégoût, égoïste à l'état pur, il ira au bout de sa logique déprimante.
« Il n'avait pas de mal à vaincre le désir de la créature. Mais un autre désir le hantait, la possession des âmes. »

Henri Troyat ne possède pas mon âme quoiqu'il ait le talent de la toucher.
Il faut s'imaginer qu'il n'a que 27 ans quand il écrit ce roman qui fouille au scalpel le comportement de cet homme meurtri, frustré.
Il a déjà une connaissance approfondie de la psychologie tant féminine que masculine pour disséquer les sentiments, les émotions, leurs abus et leurs carences.

Ce roman est à lire pour mesurer l'importance de l'émancipation de la femme face à ce monde tellement macho des années trente. Que l'on pourrait traduire par :
« le bonheur de l'homme est je veux, le bonheur de la femme est il veut. » Nietzsche.
Sympa, non ?
A découvrir également pour jauger de l'évolution de la famille avec ce décalage de quatre-vingt ans qui a vu l'explosion de cette gangue guindée qui masquait les ressentiments, les impressions.
Et finalement, pour profiter de cette écriture qui coule comme de l'eau claire et qui enchante.
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Gérard Fonsèque, jeune homme maladif, vit entouré de sa mère et de ses trois soeurs, Luce, Elisabeth et Marie-Claude. Hypocondriaque et de santé fragile, sa principale satisfaction consiste à se faire plaindre et materner par ces quatre femmes. Lui a une répulsion pour les histoires d'amour qu'il considère comme un mélange de chairs dégoûtant.

Manipulateur, pervers, égoïste, il fera tout pour empêcher le mariage de ses soeurs pour qu'elles se consacrent toutes à lui et à lui seul.

Menteur invétéré, il leur présentera chacun de leur prétendant comme un être veule, idiot, manquant de classe, de finesse, de richesse, bref de tout ce qui pourrait les attirer dans le mariage.

Echouant dans ses projets, il tissera sa toile patiemment comme une araignée allant jusqu'à essayer de dissoudre le mariage de ses soeurs lorsque celui-ci sera finalement accompli.

Machiavélique (il se considère comme le seul être intelligent de la planète),
il n'hésite pas à fouiller dans les chambres de ses soeurs qui, le craignant au départ lui dissimule leurs projets matriarcaux.

Il tissera autour d'elles une gigantesque toile d'araignée dans laquelle, il finira par se prendre lui-même pour le plus grand soulagement du lecteur qui n'a qu'une envie, celle de lui coller une magistrale paire de gifles.

Ce roman malsain est heureusement servi par l'écriture magistrale d'Henri Troyat qui s'y entend comme le maître littéraire qu'il est, à créer des atmosphères confinées et étouffantes où on a réellement l'impression de vivre parmi les personnages.

Lu et relu plusieurs fois avec toujours autant d'intérêt devant tant de maestria. du grand roman comme presque tous ceux d'Henri Troyat.
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On ferme « l'araigne » et on respire un grand coup : ouf !
Cela fait du bien de sortir de ce huis-clos oppressant, de cet appartement étouffant gangrené jusqu'en haut des murs par l'acrimonie glauque de Gérard Fonsèque, jeune homme malingre et hypocondriaque, méprisant, imbuvable, pervers manipulateur prêt à tout pour que ne prenne pas fin son règne sur les femmes de sa vie : sa mère et ses trois soeurs.
Une à une, il cherche à les piéger, à contrecarrer leurs choix, à les retenir dans ses rets, afin que jamais elles ne le quittent. Tout sera bon pour ce faire à ce contempteur de la médiocrité bourgeoise comme des bassesses de la chair qu'il exècre autant qu'il les redoute. Mais si son venin arachnéen parvient à corrompre la vitalité de ses proies, il échouera à les empêcher de quitter sa toile morbide et se videra un peu plus de ses forces à chaque départ.
Autant dire que la lumière est rare dans ce roman d'une acuité psychologique acérée, vaguement malsain qui a pourtant séduit le jury du prix Goncourt en 1938.
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Je connaissais Henri Troyat comme biographe et comme historien, mais là je le découvre comme écrivain. Sa plume est acérée, corrosive, la psychologie des personnages est fouillée. Gérard Fonsèque est une araigne, une personnalité toxique, un manipulateur, un pervers narcissique. D'apparence chétive et de santé médiocre, il est devenu un maître dans la manipulation de son entourage, les quatre femmes de sa vie (sa mère et ses trois soeurs), à coups de pointes aigres-douces, de mauvaise foi, de mensonges éhontés ou de chantage affectif. Rien ne l'arrête ! En bon misogyne, il ne veut pas d'autres femmes dans sa vie, et il ne veut pas qu'elles le quittent. C'est un roman très sombre, d'autant qu'il est à la fois critique du personnage de Gérard Fonsèque et critique du milieu dans lequel ce petit monde évolue. le lecteur peut mesurer le chemin parcouru depuis les années 30, car ce roman donne l'impression que les moeurs n'ont guère changés depuis le 19éme siècle, au moins dans ce milieu petit-bourgeois. Il faut dire que la vision de la femme par le héros, machiste et rétrograde, y contribue d'autant plus qu'il est le seul personnage dont le lecteur a réellement le point de vue. La sensation de piège est renforcée par un quasi huis-clos étouffant (notre antihéros ne sort presque jamais de chez lui). Les différences de personnalité et de comportement de ses trois soeurs montrent à quel point il est difficile d'échapper à un tel individu, même si en fin de compte il échoue assez pitoyablement. Un très bon cru de Goncourt, à lire absolument !
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Nous avons là une lecture fluide avec un style soigné, un micmac relationnel avec des mensonges, tromperies, victimes, duperies.
Le cynisme règne et frôle la folie.
Là, se dessine toute une palette de relations toxiques accablant de façon injuste une victime innocente et sans défense.
Il s'agit du Prix Goncourt 1938.
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Paris, Place des Vosges.
La famille Fonsèque : Une veuve et une fratrie de quatre enfants : Elizabeth, Marie-Claude et Luce, un seul garçon Gérard qui exerce une emprise diabolique sur sa mère, mais surtout sur ses soeurs, faisant tout pour les empêcher de quitter le nid familial, surtout quand elles envisagent de se marier.
C'est un être tyrannique , manipulateur mais c'est surtout un « grand » malade, qui relève de la psychiatrie. (Cas pathologique intéressant à étudier !)

J'avais lu ce roman il y a… une quarantaine d'années à un moment où j'avais le moral en berne, et ce livre a été déclencheur d'un profond mal être qui a dégénéré en redoutable dépression !
Je craignais de le relire, mais il fallait que je le fasse pour apprécier son réel pouvoir manichéen ! Bon, cette fois-ci, pas de grand fracas !
C'est quand même un roman sombre comme cette arachnide maléfique qui rode tentant de captiver puis d'engluer ses proies avant de les dévorer et il vaut mieux éviter cette lecture quand l'horizon est bas, quand le cafard hante vos nuits et vos jours , quand on n'est pas loin du burn-out … car oui, il y a des livres qui font du bien, qui rendent joyeux, qui apaisent et d'autres qui assombrissent encore plus nos moments d'affliction, même s'ils révèlent le grand talent de leur auteur !
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Je ne sais pas si c'est parce qu'Henri Troyat est académicien mais sa maîtrise de la langue française m'impressionne. J'aime beaucoup la façon dont il construit ses romans comme "L'araigne" qui lui a permis de recevoir, à juste titre, le prix Goncourt 1938.
Je me demandais ce que voulait dire ce titre et j'imaginais qu'il s'agissait d'une sorte d'araignée pour la métaphore de la toile tissée permettant d'attraper ceux qui se font prendre. Je n'étais pas loin, j'ai lu qu'un ou une "araigne" est un terme ancien désignant un "filet fin et résistant, généralement teint en vert ou couleur de bois, utilisé dans la capture de petits oiseaux" et par extension un manipulateur, un pervers narcissique.
A l'époque les personnes toxiques existaient déjà même si le terme n'était pas utilisé.

Dans ce roman, Gérard est un homme entouré de femmes. "L'araigne" vit avec sa mère et ses trois soeurs qui souvent à son chevet car il a la santé fragile. Si son corps est souffreteux sa tête n'est pas en reste car il est obsédé par sa solitude.
Il est convaincu de sa supériorité intellectuelle (il tente d'écrire un essai sur le mal !) et se répète qu'il ne peut exister sans elles, qu'il a besoin d'elles. Son seul désir, celui qui le hante, est la possession des âmes auquel il ne peut se soustraire.
Alors quand ses soeurs veulent vivre leurs vies, se marier, Gérard refuse de partager leur joie et agit en douce pour qu'elles culpabilisent de l'abandonner.
Il est machiavélique comme toute personne haineuse qui cherche à contrôler leur entourage. Il manipule sa mère pour mieux atteindre ses soeurs et les faits se succèdent l'air de rien pour les surveiller, tout cela dans l'atmosphère sclérosée d'un appartement bourgeois parisien.

Henri Troyat sait mettre la tension qu'il faut dans cette histoire intemporelle qui a bien vieillit.


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Henri Troyat est un écrivain hors pair , soit il écrit l'histoire de ses contemporains comme dans ' L'araigne ' soit , il écrit des romans sur fond de révolution russe , la grande révolution de 1917 , où il nous raconte les mésaventures de la noblesse russe .
Dans les deux cas , c'est un conteur hors pair , c'est un des écrivains , les plus célèbres du début du 20 ième siècle , il est l'égal du talentueux François Mauriac.
Dans ce roman , l'histoire terrible , d'un frère et des ses soeurs adorées , un tyran domestique , qui ne trouvera pas le bonheur .
La psychologie des personnages est très fouillée .
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Sans ambages, L'araigne est plus un roman sur la difficulté de vivre d'un homme, habitué à vivre entouré des femmes de sa vie ses trois soeurs et sa mère et qui va les voir prendre leur envol les unes après les autres. Malgré qu'il a mis tout en oeuvre pour les garder pour lui seul, d'une manière egocentrique, sans se soucier de leur béatitude. Ce pauvre homme n'a jamais su couper la cordelette et a galvaudé et compliqué son existence sa vie autrement dit. Son trépas est sans étonnement mais provoque une certaine ankylose à notre sens moral.
Très beau roman qui concentre la pensé sur la vie et qui nous rend plus complaisant et affable avec les personnes qui ont du mal à ennoblir et grandir.
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Roman d'Henri Troyat.

Gérard Fonsèque est un vieux garçon, qui vit dans l'appartement familial entre sa mère et ses trois soeurs. Quand Luce se marie avec Paul Aucoc, Gérard sent qu'il perd de son emprise sur son entourage. du fond de sa chambre, retranché dans sa chambre sombre, il rumine des plans tortueux pour gader ses soeurs et sa mère auprès de lui. Prêt à tout pour faire échouer le mariage de sa soeur Elisabeth, il ment, déforme la vérité. Et quand il apprend que Marie-Claude, la dernière à ne pas avoir quitté le nid, s'apprête à défaire ses liens, il invente un stratagème odieux pour retenir toute l'attention.

Excellent comme toujours! Henri Troyat sait dépeindre la complexité et la bassesse humaine avec un cynisme délicieux! Je le recommande! Et je n'en dis pas plus pour laisser le plaisir!

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