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4

sur 997 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  


Un grand et excellent moment de lecture !

Je pense que " L'insouciance " est le roman qui aura marqué mon année 2016 si je devais n'en choisir qu'un.
Je ne sais par ou commencer tellement tout est bon. Premièrement,le style et l'écriture sont excellent, percutants, la plume est belle et tranchante. Karine Tuil a réellement un style particulier et reconnaissable. Ensuite, les personnages: Rudement travaillés, des personnalités atypiques sans tomber dans les clichés, des personnes qui pourraient être vous et moi.
L'histoire du roman est originale, percutante, réaliste, on se retrouve sans le vouloir avec eux, comme happé par l'intrigue. Parce qu'en effet, lorsque vous aurez ouvert ce livre vous ne pourrez plus vous arrêter de tourner les pages, il n'y a aucune longueur dans ce roman. Mention spéciale au tout premier chapitre: Véritable chef d'oeuvre du roman pour moi, j'ai lu et relu plusieurs fois ce premier chapitre, il y avait longtemps qu'un livre m'avait fait pleurer.
Le fond de cette histoire, la réflexion qui tourne autour de cette fiction est saisissante de modernisme, d'actualité. Karine Tuil sait appuyer là ou ça fait mal: L'identité, le racisme, les origines ethniques et sociales: Nos origines, nos racines conditionnent t-elles ce que nous sommes? Sommes nous prisonniers de notre propre histoire personnelle ? Pouvons-nous nous libérer du sang qui coule dans nos veines ?
Cette question sur l'identité est cruellement d'actualité et l'auteur a su la traiter avec poésie et avec une certaine délicatesse.
La fin du roman est saisissant, déroutant, déchirant.

Je conseille vivement ce roman exceptionnelle, savoureux mélange de beauté, d'actualité mais aussi de cruauté et de barbarie.

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En lisant le résumé, je ne savais pas à quoi m'attendre, n'étant pas férue de romans politiques. Celui-ci s'organise autour de quatre personnages, très différents et pourtant tous liés. Il y a Romain, le chasseur alpin tout juste rentré d'Afghanistan ; François, un grand patron au coeur d'un tourment médiatique ; Marion, une écrivain-journaliste mal engoncée dans son mariage ; et Osman un jeune politicien issu de l'immigration. Romain peine à retrouver sa place dans sa vie après les horreurs vécues en pleine guerre, François peine à réussir une vie de famille toujours concentré sur sa prise de pouvoir, Marion n'a jamais trouvé sa place dans sa vie et dans la vie et Osman occupe les places qu'on lui offre sans voir qu'on profite de lui. Oui, c'est bien un roman sur la place de chacun dans notre société où chacun doit rentrer dans sa case et surtout, oh surtout, y rester sans faire vagues. Sinon le drame est à attendre, et c'est ce que ce roman va nous raconter.
L'auteur aborde des sujets difficiles tels que le terrorisme, la mixité sociale, le racisme, la conquête du pouvoir avec beaucoup de finesse. Finalement, ce n'est pas réellement un roman politique comme je l'avais cru mais plutôt un roman social ou sociétal qui m'a fascinée. Il y est question de la vie d'aujourd'hui, avec notre actualité sensible, et l'auteur en profite pour réfléchir sur l'Homme. L'homme et ses dérives, l'homme et le pouvoir, l'homme et ses origines, ...
Je ne connaissais pas Karine Tuil et j'ai trouvé son style à la fois abordable et fluide, et précis dans le choix des mots. Les thèmes portés par ce style donnent un roman juste, profond, qui pose et répond à des questions actuelles. J'ai passé un bon moment, peut-être pas agréable car les sujets font réfléchir sur l'instabilité de notre société. Mais tant mieux, c'est un roman ouvert sur notre monde, sur nous-même, clairvoyant tout en fuyant tout aspect moralisateur.
Lien : http://bibliza.blogspot.fr/2..
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Un véritable coup de poing au coeur de l'été que ce dernier roman de Karine TUIL. Dans les parcours et destins croisés de François, Romain, Marion (on notera l'anagramme !) et Osman, c'est au coeur de thèmes lourds et graves que l'on plonge : l'identité, le racisme, le pouvoir, le succès et ses apparences, le terrorisme mais aussi l'amour, quelquefois rédempteur. Et heureusement qu'il y a l'amour, fort et puissant entre Marion et Romain, pour nous donner un peu d'air dans cette histoire pour le moins dévastatrice ! Et puis, quelle plume ! Quelle puissante d'écriture et d'évocation !
Même si l'auteur reprend beaucoup des sujets de son roman précédent que j'avais déjà beaucoup aimé, là elle enfonce le clou, principalement avec la question de l'identité : est-ce une question de religion, de statut social, de richesse, d'éducation, de culture ? Quelle est la part du déterminisme dans ce que l'on est ? La réflexion ici me semble plus poussée et le roman beaucoup plus abouti. Les personnages sont fouillés et profondément attachants. C'est souvent pour moi ce qui fait la réussite d'un grand livre qui m'emporte tout de suite, surtout lorsque ces personnages sont servis par une si belle écriture. Ils ont une telle densité psychologique qu'ils en deviennent inoubliables. Ils sont complexes, changeants, incohérents, tout sauf linéaires mais profondément humains. Ce roman sonne incroyablement juste. C'est aussi un miroir de notre société, de notre monde et de sa violence. Karine TUIL creuse son sillon dans sa dénonciation de cette violence. Ce livre résonne particulièrement avec l'actualité.

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Les sujets de cette autrice sont récurrents : l'ascension sociale, la place de la diversité dans les milieux d'élites, l'altérité, les choix, la violence de la société, la place des femmes, la masculinité ...
Tout ce qui fait notre société malade est passé au scalpel au travers de personnages ciselés avec finesse.
Des chapitres courts et percutant, des dialogues intelligents et un rythme à la hauteur de la narration.
Non la vie n'est pas heureuse chez cette autrice, mais elle peut parfois apporter un souffle de bonheur et c'est bien à ce souffle qu'il faut s'accrocher sans perdre de vue qu'il est éphémère, voire une erreur de parcours dans cette grande violence que créer la société.
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Une grande fresque, passionnante, où les personnages se croisent et se recroisent.

Je les ai aimés, tous, dans leurs différences, leurs petites lâchetés et leurs conflits.

Ils ont pourtant des postes clés, mais une inattention va les précipiter dans un avenir incertain.

Les scènes d'amour sont passionnelles, comme si les seuls points d'encrage des personnages étaient ces moments de corps à corps passionnels.

Il y est question de la guerre en Irak où personne ne fait confiance à personne ; du racisme anti-noir et anti-juif, ainsi que du cyber-harcèlement ; du retour des ultras religieux.

Les personnages grandissent dans la douleur : oui, le temps de l'insouciance est fini pour eux.

L'auteure termine toutefois son roman sur une note optimiste : c'est grâce à la famille que nous pouvons surmonter les épreuves.

L'image que je retiendrai :

Celle du Grand Cercle dans lequel rêve d'entrer Osman.

Quelques citations :

« – Les blessures d'humiliation sont les pires, rétorqua son père. Pourtant, on n'en meurt pas. Regarde-moi, je suis toujours là… » (p.218)

« On voit mieux certains choses avec des yeux qui ont pleuré. » (p.219)

« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous. » (p.307)

« Peut-être qu'il ne faut pas chercher à être heureux mais seulement à rendre la vie supportable. » (p.509)
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2653
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J'ai adoré ce roman, je ne connaissais pas du tout l'auteur.
C'est remarquablement bien écrit, les persos ont de l'épaisseur, l'histoire est prenante.
Ce livre ne laisse pas indifférent, il est question de racisme et d'antisémitisme, de la guerre et de ses ravages dans le corps et dans l'esprit avec le Syndrome Post Traumatique qui, on le voit, est enfin bien soigné. Il était temps !
Mais effectivement, tout au bout de la course pour les uns et les autres, après tant d'épreuves, on peut s'interroger sur cette insouciance perdue à jamais.
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De ce livre, on ne ressort pas indemne.
Tout comme chacun des personnages de Karine Tuil traversent les épreuves de leur vie.
L'insouciance laisse très peu de place à l'espoir mais permet de nombreuses réflexions sur notre époque d'aujourd'hui : mensonge, trahison, chantage, déception. L'idée que le monde est gouverné par l'argent, le sexe et la manipulation. Les amours se font et se défont, parce que les personnalités évoluent, formatés par l'environnement professionnel, les expériences de la vie, les souffrances que celle-ci nous inflige.
Chacun tente de devenir quelqu'un, chacun essaie de vivre malgré ses failles, son passé, ses souvenirs ...
Karine Tuil dresse le portrait de 4 personnages emplis de volonté.
Mais à notre époque, la volonté ne permet pas tout. Certains sont rattrapés par leur égo, d'autres par leur peurs et d'autres encore, par leur certitudes.
De L'insouciance il faut surtout retenir que la vie est courte, unique et même si elle nous dicte ses peurs, ses peines et ses doutes, il faut la vivre.
Ne serait-ce que pour conserver un peu d'espoir ... Que ce monde si sombre ne restera pas tel qu'il est !
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Coup de coeur de cette rentrée littéraire !

J'avais déjà, à l'époque, beaucoup apprécié « L'invention de nos vies » du même auteur (même si je lui reprochais d'y régler ses comptes avec le monde de l'édition).

Ce livre-ci est, clairement, un cran au-dessus. L'auteur y a gagné en maturité, le récit devenant, du coup, plus dense et les personnages bien mieux maîtrisés.

L'histoire, enfin plutôt les histoires, est prenante : entre les traumatisés (physiques et psychologiques) de retour d'Afghanistan, la chute d'un géant des télécommunications, l'ascension politique d'un jeune homme - d'origine africaine subissant régulièrement des attaques racistes –et un soupçon d'amour, le lecteur est incapable, pour son plus grand plaisir, de lâcher son bouquin.

J'ai personnellement trouvé les protagonistes hyper attachants, ou véritablement détestables pour certains, et le message global de l'auteur finalement très juste et si criant de vérité.

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Ce roman interroge sur l'identité ; qu'est-ce qui nous fait ce que nous sommes ? Essentiellement nos origines sociales semble-dire Karine Tuil. Ceux qui tentent de le nier, sont vite rattrapés par la réalité. Osman Diboula, animateur de Clichy sous Bois au moment des émeutes de 2005, repéré par les politiques , devient conseiller du Président de la République. Pour lui, ce sont ses compétences de médiateur , ses qualités propres qui l'ont hissé à ce poste. Il va vite déchanter, en découvrant qu'il doit sa place à la nécessité de la « diversité », qu'il est le fruit de la « discrimination positive », qu'il est en fait une « caution sociale » … Marion Decker, journaliste et romancière , issue elle –aussi des » classes populaires », mais aujourd'hui épouse d'un homme richissime, cultivé , a du mal avec sa nouvelle situation ; elle se demande si elle trahit ses origines en étant attachée à ce qu'elle nomme « sa zone de confort »…
Romain Roller, Xavier, Farid, les copains de Clichy sous Bois qui se sont engagés pour quitter la cité, reviennent d'Afghanistan en miettes : Farid très gravement blessé restera invalide, Romain, le chef , se sent coupable ne n'avoir pas su protéger ses hommes, et revit le cauchemar permanent de « l' enfer afghan ». Il est incapable de reprendre la vie avec sa femme et son fils. D'autant plus qu'il a rencontré Marion et qu'ils sont fous amoureux l'un de l'autre. Mais « l'amour n'est rien d'autre que ce que la vie offre parfois en dédommagement de sa brutalité » dit le père de François.
L'auteure se situe dans notre époque, avec ses crispations identitaires, sa violence, les interrogations qui traversent la société française, dont la devise est l'égalité, mais où il semble qu'on ne puisse échapper à ses origines, qu'on soit exclu des sphères politiques si on n'en est pas issu, qu'on soit prisonnier de sa classe, dans une sorte de déterminisme social, quoiqu'on fasse. « Dans notre société, tout est vu à travers le prisme identitaire », dit Osman avec amertume.
Mais il s'agit bien d'un roman, avec ses péripéties , ses retournements de situation, ses personnages complexes, mais un roman social, sur notre époque troublée où beaucoup peuvent ressentir la « fin de l'insouciance », comme la mère d'un soldat mort en Afghanistan.
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En un mot: excellent. J'ai beaucoup aimé ce roman de la rentrée littéraire. Il est riche, intelligent, clairvoyant. Il est bien écrit, bien pensé, bien mené. Il n'y a, pour moi, aucune faute dans ce roman qui évoque bon nombres de sujets qui me passionnent tout particulièrement. C'est le rapport à l'identité, sa place dans nos sociétés, les questions qu'elle pose et impose: qu'est-ce que l'identité? Une subjectivité? Une objectivité? Elle se ressent, se construit ou s'acquière et s'impose par la naissance? Peut-on, dans ce cas, lui échapper? Peut-on s'en extirper sans être accusé de traîtrise par celles et ceux qui veulent la voir assumée? C'est, aussi, dans ce roman, la violence entre les classes sociales qui est évoquée: celle des plus riches qui a le pouvoir et qui fait dans l'entre-soi, celle des plus pauvres qui ne comprend pas l'organisation de ce monde, veut le changer en espérant obtenir le confort et les privilèges des plus aisées. C'est l'insouciance qu'écrit enfin ce roman: celle de ces personnages qui, confrontés à la violence de ce monde, de la société, des cercles dans lesquels ils sont enfermés, perdent leur légèreté. Leur inconscience les mène à la dure réalité, aux douleurs et aux souffrances; des contraintes et difficultés qui blessent chaque jour l'âme qui a dès lors besoin de se protéger: et c'est en vivant simplement, loin des fioritures qu'elle le fait; c'est en épousant la simplicité qu'elle s'adoucit et accepte de vivre la vie. Ce roman est à conseiller pour tout ce que j'ai évoqué. Il est une intelligence qu'il faut apprécier, savourer.
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