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4

sur 1004 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Trois hommes sont au centre de ce roman. Romain Roller, lieutenant de retour d'Afghanistan, profondément choqué par les horreurs de la guerre, François Vély, richissime entrepreneur franco-américain, et Osman Diboula, ancien animateur social d'origine africaine devenu conseiller présidentiel. Il y a une femme aussi, l'écrivain journaliste Marion Deckert, venue en reportage lors des trois jours de décompression organisés à Paphos, Chypre, où elle rencontre Romain. Ils entament une liaison passionnelle, mais Marion n'est autre que l'épouse de François Vély. Leur relation se poursuit cependant à Paris, tandis que chacun des trois hommes voit sa vie bouleversée : François est accusé de racisme suite à une parution dans la presse où on le voit poser sur une sculpture représentant une femme noire ; Osman est remercié de l'équipe présidentielle ; Romain est victime d'un syndrome post-traumatique qui menace son couple. C'est alors qu'on convainc Osman d'écrire une tribune libre où il va prendre la défense de François, et pourra ainsi espérer un retour en grâce…

On trouve dans cet ample roman diverses thématiques : les intrigues de cour, le racisme et l'antisémitisme, la montée des communautarismes et de la radicalité, mais aussi les relations de couple. Romain est autant une victime des exactions de la guerre que de la passion qui le lie à Marion ; François sait très vite qu'il est en train de perdre sa femme ; Osman et sa compagne Sonia se livrent une guerre de pouvoir et d'influence, dans la sphère politique où ils oeuvrent tous les deux – la politique et l'amour ne font pas bon ménage.

Le style de Karin Tuil est un peu déconcertant, en ce qu'elle passe fréquemment du présent de narration aux temps du passé sans réelle logique, et que les phrases parfois longues peuvent rendre la lecture un peu ardue. Cependant le roman fonctionne et, surtout, il est parfaitement plausible. Il se clôt sur des derniers mots d'une cruelle justesse.

Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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Une grande fresque, passionnante, où les personnages se croisent et se recroisent.

Je les ai aimés, tous, dans leurs différences, leurs petites lâchetés et leurs conflits.

Ils ont pourtant des postes clés, mais une inattention va les précipiter dans un avenir incertain.

Les scènes d'amour sont passionnelles, comme si les seuls points d'encrage des personnages étaient ces moments de corps à corps passionnels.

Il y est question de la guerre en Irak où personne ne fait confiance à personne ; du racisme anti-noir et anti-juif, ainsi que du cyber-harcèlement ; du retour des ultras religieux.

Les personnages grandissent dans la douleur : oui, le temps de l'insouciance est fini pour eux.

L'auteure termine toutefois son roman sur une note optimiste : c'est grâce à la famille que nous pouvons surmonter les épreuves.

L'image que je retiendrai :

Celle du Grand Cercle dans lequel rêve d'entrer Osman.

Quelques citations :

« – Les blessures d'humiliation sont les pires, rétorqua son père. Pourtant, on n'en meurt pas. Regarde-moi, je suis toujours là… » (p.218)

« On voit mieux certains choses avec des yeux qui ont pleuré. » (p.219)

« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous. » (p.307)

« Peut-être qu'il ne faut pas chercher à être heureux mais seulement à rendre la vie supportable. » (p.509)
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2653
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Voilà un beau roman pour cette rentrée. Epais , mais si agréable à lire. Tous les problèmes tournant autour de l'identité sont ici évoqués.
Autour de quatre personnages principaux , Karine Tuil démontre qu'il est quasiment impossible de se libérer de la comédie sociale au risque de se perdre.
Un lieutenant , Romain Roller ,de retour du bourbier afghan, et atteint de stress post- traumatique, François Vely, cinquième fortune de France, et puissant patron  qui provoque un grand malheur en quittant son épouse pour convoler avec Marion Decker, journaliste.
Et puis Osman Diboula, autodidacte, personnalité politique montante suite aux émeutes de 2005.Ces personnages seront intimement mêlés quand Vély sera accusé de racisme.
Tout cela donne des amours secrètes, des intrigues politiques ,des mondes qui se confrontent, des luttes de classes, et des guerres d'identité. Ce roman raconte la fin de l'insouciance dans ce XXIième siècle, la perte de toute innocence aussi.
Malgré l'ampleur des problèmes évoqués, l'écriture est fluide, et j'en ai beaucoup aimé la lecture tout en ayant une vague impression d'aboutissement incomplet, comme s'il avait été possible de faire encore mieux.
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Commençons par les points négatifs de ce très bon roman, histoire de s'en débarrasser: 1) le passage en Iraq est trop rocambolesque pour être crédible. 2) le personnage de Marion n'a aucun intérêt, aucune épaisseur et son histoire d'amour-passion "Oui je te veux - Non il ne faut pas" m'a profondément ennuyée.
Au commencement était Clichy-sous-bois et ses émeutes. un groupe de jeunes garçons y vivent, y zonent, sous la tutelle bienveillante d'un sorte de grand frère: Osmane Diboula. Il est franco-ivoirien, dynamique, intelligent... Lors des émeutes, il sera vite repéré par le Président (on reconnaît Sarkozy) qui en fera (pour sa com.) son conseiller jeunesse. Diboula est censé être "le gentil Noir". En réalité, c'est un arriviste prêt à toutes les compromissions pour rester dans le Cercle. Et puis il y a Romain (le petit blanc), Djibril (maghrébin ? noir ? peu importe il est "de la banlieue") et Issa (le Méchant). Les deux premiers ont rejoint l'armée française et luttent contre le terrorisme en Afghanistan. le troisième n'a pas réussi les tests physiques et remâche sa rancoeur qui se transformera bientôt en haine. L'Insouciance est d'abord un roman sur le racisme. Sur ces mecs qui bossent dur, qui font leur preuves mais à qui on tend un colis quand ils arrivent à l'accueil d'un ministère parce qu'on les prend pour un coursier. Ou un voiturier. Ou un vigile... Quand ils sont secrétaires d'Etat et qu'ils ont le vent en poupe, on dit qu'ils ont la banane... racisme ordinaire, décomplexé, insupportable. Mais l'Insouciance est aussi un roman sur l'autre racisme: sur la haine que nourrissent les Noirs vis-à-vis des Blancs qu'ils justifient par une réciprocité légitime mais qui n'est que le paravent du ressentiment de leurs échecs personnels voire d'un antisémitisme primaire. Nous y voilà. Il y a aussi le juif: François Vély. En réalité, il n'est pas juif mais il est riche, blanc,puissant (chef d'une entreprise du CAC 40) et cet imbécile n'a rien trouvé de mieux que de poser assis sur une oeuvre d'art contemporain représentant une femme noire. Scandale ! de chef d'entreprise cool et racé, il devient ignoble capitaliste, esclavagiste et donc juif. Déchaînement médiatique. Les propos tenus par Issa font frémir et d'aucun penseront que c'est une caricature, qu'un tel degré de haine et de préjugés ne peut pas exister. Qu'ils viennent avec moi dans un lycée pro de banlieue; des Issa, j'en ai un ou deux par classe... Et enfin, il y a Romain. Et l'Insouciance est aussi un roman sur la guerre, sur les dégâts qu'elle occasionne, physiquement et mentalement, sur l'indifférence des citoyens qui, pendant que Djibril rentre sans jambe et tétraplégique, mangent, dansent, baisent et trouvent le défilé du 14 juillet ringard et risible. Ecoeurés, nombre de nos soldats vont grossir les rangs du mercenariat, ou, comme chez Uber, la seule règle est le fric. Il n'y a plus de patrie, plus de camarade, plus d'autorité, plus de protection, plus d'honneur; il n'y que la prime qu'on rapporte à la famille, si on revient. C'est un roman dur mais très vrai, une radiographie de notre début du XXIème siècle et, si les personnages peuvent sembler, à première vue, stéréotypés, ils acquièrent, au fil des pages, de l'épaisseur (sauf Marion) et cinquante nuances de gris. Bonne pioche.
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J'ai adoré ce roman, je ne connaissais pas du tout l'auteur.
C'est remarquablement bien écrit, les persos ont de l'épaisseur, l'histoire est prenante.
Ce livre ne laisse pas indifférent, il est question de racisme et d'antisémitisme, de la guerre et de ses ravages dans le corps et dans l'esprit avec le Syndrome Post Traumatique qui, on le voit, est enfin bien soigné. Il était temps !
Mais effectivement, tout au bout de la course pour les uns et les autres, après tant d'épreuves, on peut s'interroger sur cette insouciance perdue à jamais.
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Un grand et excellent moment de lecture !

Je pense que " L'insouciance " est le roman qui aura marqué mon année 2016 si je devais n'en choisir qu'un.
Je ne sais par ou commencer tellement tout est bon. Premièrement,le style et l'écriture sont excellent, percutants, la plume est belle et tranchante. Karine Tuil a réellement un style particulier et reconnaissable. Ensuite, les personnages: Rudement travaillés, des personnalités atypiques sans tomber dans les clichés, des personnes qui pourraient être vous et moi.
L'histoire du roman est originale, percutante, réaliste, on se retrouve sans le vouloir avec eux, comme happé par l'intrigue. Parce qu'en effet, lorsque vous aurez ouvert ce livre vous ne pourrez plus vous arrêter de tourner les pages, il n'y a aucune longueur dans ce roman. Mention spéciale au tout premier chapitre: Véritable chef d'oeuvre du roman pour moi, j'ai lu et relu plusieurs fois ce premier chapitre, il y avait longtemps qu'un livre m'avait fait pleurer.
Le fond de cette histoire, la réflexion qui tourne autour de cette fiction est saisissante de modernisme, d'actualité. Karine Tuil sait appuyer là ou ça fait mal: L'identité, le racisme, les origines ethniques et sociales: Nos origines, nos racines conditionnent t-elles ce que nous sommes? Sommes nous prisonniers de notre propre histoire personnelle ? Pouvons-nous nous libérer du sang qui coule dans nos veines ?
Cette question sur l'identité est cruellement d'actualité et l'auteur a su la traiter avec poésie et avec une certaine délicatesse.
La fin du roman est saisissant, déroutant, déchirant.

Je conseille vivement ce roman exceptionnelle, savoureux mélange de beauté, d'actualité mais aussi de cruauté et de barbarie.

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Trois personnages masculins habitent ce roman. Tout d'abord Romain Roller, lieutenant dans l'armée. Il revient d'Afghanistan, là il a perdu des hommes au combat. Puis Osman Diboula. S'il est un fils d'immigré, il a cependant réussi et on le découvre conseiller du président. Ensuite, François Vely, de son vrai nom Levy, est un homme d'affaires très en vue. Enfin, Marion Deker, le lien entre ces trois principaux personnages. Si elle est la femme de Vély, elle devient aussi l'amante de passage de Romain, qu'elle rencontre alors qu'elle réalise un reportage à Chypre.
Alors nous voilà face à un trio banal ? Non, car de ces situations, Karine Tuil tisse une toile fine et dense qui va dépeindre un monde très actuel, où antisémitisme, conflit social, islamisme et terrorisme, ascension sociale et intégration, riment avec vie, amour perdu, amour retrouvé, et s'insèrent avec justesse dans la vie de chacun. Car quoi que l'on fasse, peut-on échapper à ses origines, peut-on oublier d'où l'on vient, et comment peut-on accepter le monde tel qu'il est aujourd'hui sans comprendre qu'il est également synonyme de la fin d'une époque d'insouciance et de sérénité.
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Il faut parvenir au dernier mot du roman pour comprendre que le titre est justement le sentiment que ne peuvent plus éprouver aucun des acteurs de cet ouvrage. D'une plume sûre et incisive, Karine Tuil démonte ( désarticule) un à un tous les travers de notre société : du richissime entrepreneur, en passant par les estropiés d'Afghanistan, sans oublier les milieux politiques déshumanisés, elle n'oublie personne, se livre à une étude objective d'une humanité en désarroi complet : "Une part d'eux-mêmes est définitivement perdue. Une forme de légèreté. Ce qui restait d'enfance. L'insouciance". Une conclusion peu optimiste mais bien objective, sans apitoiement ; à chacun de trouver le moyen de continuer à vivre en faisant le deuil de cette part perdue.
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«Liberté, égalité, fraternité, prônez ces valeurs, mais tôt ou tard, vous verrez apparaître le problème de l'identité.» Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre je resterai. Entretien avec Françoise Vergès

Quel roman captivant, extrêmement riche au ton provocateur, dénonciateur des abus de pouvoir de notre société moderne, dans laquelle on y est constamment conditionné par notre identité. Trois personnages, trois portraits formidablement bien brossés, autour desquels gravitent une myriade d'autres succulents personnages.
L'analyse psychologique précise de ses trois personnages distincts, au destin pourtant lié donnent au récit sa forme tryptique, chacun des personnages prenant place dans le récit à tour de rôle.

Romain Roller, militaire tout juste de retour d'Afghanistan, traumatisé par ce qu'il y a vécu, François Vély, riche entrepreneur, doté d'une grande force d'impassibilité, esclavagiste moderne, en pleine crise identitaire et Osman Diboula, au coeur lui aussi de la tourmente, devenu "persona non grata" sur la scène politique.

Racisme, antisémitisme, sexisme, discrimination, violence du pouvoir politique, coups bas, règlements de compte, traumatisme de la guerre, immigration, adolescence «résistance instinctive au formatage social», relations père-fils (référence à la Lettre au père de Kafka) l'amour et la trahison «Ne croyez pas que la loyauté soit la règle en politique. Elle est l'exception. La règle, c'est la trahison.», le conflit orchestré par les américains et les occidentaux en Afghanistan ...autant de thèmes soulevés et parfaitement maîtrisés. Karine Tuil porte un regard sombre sur les combats de notre société, adouci par une tendre histoire d'amour.

Karine Tuil rend aussi un poignant hommage aux soldats français pris dans une embuscade en Afghanistan et dont peu s'en sont sortis, un fait de guerre qui avait tant ému la France. Elle ne tombe pas dans le pathos du tout, et le témoignage sur cet événement sonne juste; je retiens tout particulièrement le témoignage de cette mère ... déchirant (p.205/206/207). «Morts pour la France. Qui s'en souviendrait ?»

L'écriture est parfaitement maîtrisée avec une alternance de styles choisi parfaitement à propos : poétique et sensuelle quand elle parle d'amour, saccadé, haché et oppressant quand elle raconte les scènes de guerre, de violence, de remise en cause personnelle, l'abîme des âmes.

«La peur - ce dérèglement de l'esprit-, la confusion, voilà, c'est ça, une brume diffuse qui aveugle Roller, bloque sa trachée, le flux de ses pensées, son cerveau s'opacifie, plaque compacte, concentration impossible, reprise des tremblements, desquamations au sang, tentative de maîtrise des membres, plaies cachées - consomption progressive, la guerre l'a brûlé.»

Une lecture passionnante et dense, un portrait au vitriol de notre "belle" société d'aujourd'hui dans laquelle l'insouciance se perd bien trop vite, et qui pousse à la réflexion ... voire à la fuite !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Je viens de terminer la lecture et je suis encore sous le choc. Tout est intense dans ce roman : les émotions, les situations, les personnages. Magnifique plume que celle de l'auteur ! Mon livre est hérissé de petits scotchs de couleur qui repèrent les endroits où les phrases me parlent, me touchent. Bref, un vrai coup de coeur pour moi.
Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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