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Florence Lozet (Traducteur)
EAN : 9782330151409
224 pages
Actes Sud (02/06/2021)
3.46/5   14 notes
Résumé :
Au large d'une petite île de la mer Égée, 130 âmes hors saison, un terrible orage met en péril un bateau chargé de migrants : 400 survivants - hommes, femmes, enfants - vont devoir cohabiter, le temps de leur transfert, avec les habitants de l'île coupée du monde par le mauvais temps.

Avec ce récit choral des quelques jours partagés par les réfugiés et leurs hôtes, Konstantinos Tzamiotis signe un roman universel d'humanité parfois cocasse, qui dévoil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le récit d'un naufrage : un bateau de migrants sur les rochers d'une petite île de la Mer Egée. 300 peut être 400 naufragés sur cette petite île de 130 âmes. la tempête est exceptionnelle, les habitants sont venus sur le rivage assister à la catastrophe



Quand les naufragés seront sur les plages, les secours vont s'organiser. Il faudra ramasser les cadavres, réchauffer les vivants, les abriter, les nourrir. Mais comment? l'île est si petite, elle dispose de peu de réserves et avec cette tempête on ne peut pas compter sur le ravitaillement par mer. Au kafeneion on s'inquiète, le maire, l'ancien maire ont des opinions divergentes, le pope intervient :

"Et ces pauvres gens sont si désespérés que je doute qu'ils soient encore en mesure de respecter les lois humaines et les lois divines. A nous de rester vigilants

Moi, cher pope, je suis marin, se cabra le capitaine. La seule loi que je connaisse est celle de la mer, et la loi de
la mer est claire : un homme qui échappe à la noyade est un homme à qui on doit les mêmes soins et la même
attention qu'à son frère."

Malgré le réticences, la boulangère cuira des pains, les femmes feront la soupe et distribueront des repas chauds. Chacun videra ses armoires des vêtements superflus. La solidarité s'organise. Affamés, transis, endeuillés parfois, les 300 rescapés parqués dans un gymnase inachevé sans aucune commodité, s'exaspèrent, les distributions de nourriture tournent au pugilat. Une partie de la population prend peur, surtout quand un meurtre est découvert.

Des migrants, nous n'apprendrons que peu de choses. L'auteur s'est intéressé presque exclusivement aux réactions de ses compatriotes. Et elles sont complexes. D'une part, la pitié naturelle éveillée par le naufrage, d'autre part la peur. Les Grecs sont souvent des marins, et comme pour le vieux capitaine, la loi de la mer prime avec le secours aux naufragés. Plus loin, dans la tradition, ils furent aussi des exilés et se souviennent encore



"Et nous, quand on s'est fait chasser d'Anatolie, on avait l'air de quoi en débarquant ici ? J'aurais voulu t'y voir, pour que tu comprennes dans quelle misère on a été jusqu'à ce que ça s'arrange. On était des vrais sauvages. Pour une poignée de câpres, tu te faisais défoncer le crâne."

Ambivalence aussi, l'île se dépeuple, les jeunes partent chercher une vie meilleure, à Athènes ou en Allemagne. Quand, enfin, le ferry vient de la grande île embarquer les migrants tout le monde paraît soulagé.  le vieux capitaine, encore lui, fait entendre une autre voix:




"— Ça me navre de voir des jeunes mourir, mais ça me navre aussi de voir qu'ils ne veulent pas de nous. Qu'est-
ce qu'on leur a fait, pour qu'ils veuillent partir ? C'est mieux, là où ils vont ? le maire repartit d'un éclat de rire.

— Tu devrais plutôt te réjouir. On ne pourrait jamais supporter tout ce monde. — Pourquoi ? demanda sérieusement le vieil homme. C'est les maisons vides qui manquent ? Ou les champs de blé en friche qui ne vont pas donner de pain ? Qu'on les confie à des gens qui n'ont pas peur de travailler, et tout ça va revivre."

Livre touchant alors que le journal télévisé montre le nouveau grillage construit entre la Turquie et la Grèce, qu'on a peur d'un afflux d'Afghans. Ces journalistes-là n'ont pas été marins!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Une nuit d'orage, un bateau chargé de migrants fait naufrage dans la mer Égée : plus de trois cents survivants se retrouvent sur une petite île dont la population hors saison atteint à peine cent trente âmes. Ce point de départ de Point de passage, écrit par l'écrivain grec Konstantinos Tzamiotis, s'il est un ouvrage de fiction, a parfois des allures de précis de sociologie, dès lors que l'auteur en fait un roman choral, une véritable salade grecque où les réactions des migrants comme celles des autochtones, face à une situation explosive, sont décrites dans le détail et couvrent quasiment tout le spectre des attitudes possibles. Cette exhaustivité est à la fois le point fort et faible du livre. Difficile de s'attacher à un personnage en particulier, ils sont trop nombreux, dans ce qui ressemble quand même à un catalogue complet des réflexes humains en temps de crise. Mais en contrepartie, il est vrai que Tzamiotis se garde bien de juger les actes des protagonistes de son roman, quel que soit leur "camp", et c'est un élément qui est tout à son honneur.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Par une nuit d'orage, un bateau chargé de migrants fait naufrage en mer Egee : plus de 300 personnes , hommes, femmes et enfants, sont recueillies sur une petite île qui ne compte, hors saison touristique, que 150 habitants et que la tempête a totalement coupé du monde ...Comment vont cohabiter ces deux populations ?

Excellente idée de roman, sujet sensible et toujours d'actualité ! L'auteur a choisi d'en faire un « roman choral »comme on dit, en multipliant les points de vue, côté insulaires et côté rescapés ce qui permet de montrer tous les types de réactions : solidarité et humanité ( nourrir, habiller, soigner ces gens qui sortent de l'enfer), méfiance et hostilité voire violence, tant chez les îliens que chez certains migrants qui ne comprennent pas pourquoi on les « garde prisonniers » sur l'île. Lassitude aussi chez certains , parce que ces naufrages se multiplient et que la situation devient de plus en plus difficile à vivre et qu'ils aimeraient retrouver leur vie « d'avant »...

La multiplicité des personnages m'a un peu gênée : difficile parfois de s'y retrouver et difficile de s'attacher plus spécialement à l'un ou à l'autre. Sujet intéressant malgré tout et , à ma connaissance, rarement traité sous forme romanesque.
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C'est un récit qui s'étale sur quelques jours. Quelques jours qui vont changer et perturber la vie paisible des quelques 130 âmes qui peuplent à l'année cette petite île en bordure de la mer Egée.
Lors d'un violent orage, de ceux qui secoue l'hiver, un bateau surchargé d'hommes, de femmes et d'enfants qui fuient leur pays dans l'espoir de trouver mieux ailleurs, s'échoue sur les récifs de l'île.
Personne n'en ressort indemne, au désarroi de quitter sa terre natale s'ajoute l'horreur pour ceux qui cherchent les leurs, parmi les nombreuses victimes. Côté îlien, c'est l'incompréhension : pourquoi venir chercher une sorte d'Eldorado dans des contrées déjà arides, ténues, incapable déjà de nourrir ceux qui y sont nés et dépendent de l'Europe pour subsister.
Impuissance, pitié, colère, commisération, néanmoins une chaîne solidaire se met en place, il faut s'occuper des morts, il faut loger les vivants, les nourrir, mais pour certains quand on vit déjà chichement aux dépens du continent, la peur fait obstacle à la générosité.
C'est alors une galerie de portraits, migrants et insulaires qui se profilent, à l'instant T, dans l'action, en une réaction, un geste, une pensée, le maire, la boulangère, le policier, le médecin stagiaire, l'écrivain, les lieutenants, et tant d'autres...celui qui donnera tout, ceux qui voudront profiter de la situation...
Un thème hautement d'actualité et qui me tentait énormément. Un sujet sensible qui remue les fondements des droits de l'homme, d'asile, de dignité et qui en révèle tant sur notre part d'humanité !
Mais je me suis un peu perdue dans le récit choral, peut-être trop de protagonistes : nombreux ils apparaissent puis disparaissent et refont une apparition dans le déroulé de l'histoire.
Un parti pris audacieux qui a eu raison de mon attention, trop d'infos, d'éléments pour en fait qu'on ne s'attache à personne en particulier et moi dans un livre comme dans la vie j'ai besoin de m'attacher, un point de bascule, un truc en plus ...
Sujet douloureux et bien sûr nécessaire mais traitement trop hasardeux pour moi, dommage!
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En voilà un roman passionnant et diablement bien mené sur un sujet d'actualité toujours plus brûlant avec les années : les migrants.

Par un début de soirée d'hiver, 300 migrants s'échouent sur le rivage d'une petite île de la mer Egée. Dans une mer déchaînée, un drame absolu se joue. Les 150 âmes qui peuplent cet îlot assistent sidérés à ce naufrage apocalyptique.

La plume de Konstantinos Tzamiotis n'épargne rien et sonde les âmes de chacun, la violence du chavirage, les noyés, la situation désespérée de ces gens venus de loin, si proches d'arriver, si proches de sombrer. le courage de ce médecin qui bondit de la falaise pour prodiguer les premiers secours, la lenteur de ces élus à réagir.

Le tour de force de ce roman réside dans la manière dont ce récit choral est mené. En confiant alternativement la parole à tout les protagonistes, naufragés comme autochtones, Konstantinos Tzamiotis nous offre de multiples angles de compréhension sur ce qui se joue pendant les quelques jours où les rescapés doivent être secourus, hébergés, soignés et alimentés par des villageois déjà dépourvus de ressources.

Des rencontres improbables, de la peur, des actes de bravoure, de l'amitié, de la compassion et de la générosité, de la grandeur et de la bassesse d'esprit aussi. Les rescapés font ressurgir les tensions dans ce petit village déjà coupé du monde et délaissé par l'Union Européenne.

Konstantinos Tzamiotis livre une fresque humaine profondément touchante sans jamais prendre parti ou émettre de jugement vis à vis de tel ou tel comportement. Il nous amène simplement à réfléchir et à penser ces situations, et à nous permettre d'être plus à même de comprendre cette problématique qui peut parfois apparaître comme étant insoluble.
C'est un livre que je vous conseille vivement de découvrir si vous vous intéressez à ce sujet, car au delà de l'aspect politique et social du propos, c'est tout simplement un excellent roman.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
— Ça me navre de voir des jeunes mourir, mais ça me navre aussi de voir qu’ils ne veulent pas de nous. Qu’est-
ce qu’on leur a fait, pour qu’ils veuillent partir ? C’est mieux, là où ils vont ? Le maire repartit d’un éclat de rire.

— Tu devrais plutôt te réjouir. On ne pourrait jamais supporter tout ce monde.
— Pourquoi ? demanda sérieusement le vieil homme. C’est les maisons vides qui manquent ? Ou les champs de blé en friche qui ne vont pas donner de pain ? Qu’on les confie à des gens qui n’ont pas peur de travailler, et tout ça va revivre."
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Video de Konstantinos Tzamiotis (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Konstantinos Tzamiotis
Au coeur de la violence, il y aura toujours des êtres qui, dans un surgissement, opposeront à l'exil, à la terreur et au racisme, le plus beau visage de l'humanité. Anouar Benmalek "L'amour au temps des scélérats" (Emmanuelle Collas), Louis-Philippe Dalembert "Milwaukee blues" (Sabine Wespieser) et Konstantinos Tzamiotis "Point de passage" (Actes Sud). Animée par Alexia Kefalas, journaliste Interprète: Vaggelis Gikas
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