Je vais commencer par un point négatif, la présentation du roman a perturbé ma lecture et je m'en explique.
Jacques, 58 ans, est cantonnier à Houtkerque, il vit avec Mireille, sa femme depuis 35 ans. Ils ont eu Aude, jeune femme divorcée, infirmière.
Le maire demande à Jacques de déloger les locataires de plusieurs tombes qui ont passées le siècle, car le cimetière n'est pas extensible et il faut prévoir de la place pour d'éventuels nouveaux locataires. Il rechigne un peu car ce n'est pas la partie de son job qui lui plait le plus. Mais il faut bien le faire.
Parmi ces concessions il y a celle de J. Wallace Hardwell, un Anglais sur lesquels les rumeurs les plus folles ont couru.
En effectuant son travail, Jacques trouve avec les restes de Wallace, une mallette en fer, et lui qui jamais ne regarde ce genre de choses, ne peux résister à la tentation. Sous des journaux en piteux état il trouve de nombreux feuillets. Mais il ne lit pas l'anglais, aussi il va demander à sa fille si elle peut traduire tout cela pour lui.
Dès les premières feuilles Laure est passionnée par cette découverte.
Alors la lectrice exigeante que je suis, aurait aimé que le texte de ces feuillets soient écrits sur la page de gauche en anglais et sur celle de droite la traduction, le tout en italique ou dans une typographie différente. Cela aurait encore plus mis en valeur ce récit.
Sinon l'histoire a tout pour me plaire.
Cet homme proche de la retraite qui a une vie qui ronronne gentiment, se prend de passion pour ce qui est narré, c'est une découverte qui l'entraîne dans les bas-fonds de Londres à la fin du dix-neuvième siècle.
En fait Wallace Harwell était inspecteur à Scotland Yard, il est approché par une éminence grise qui l'enjoint de mener une enquête afin de pallier le scandale qui pourrait compromettre des personnes éminentes et surtout un membre de la famille royale. Les coupables lui sont même désignés, il n'a plus qu'à les cueillir, les interroger, par n'importe quels moyens afin de leur faire dire ce qu'ls savent et enrayer les fuites possibles dans la presse.
C'est ainsi qu'il fait connaissance avec un trio infernal : la doyenne 75 ans Myrtle River, Rebecca Brianey 57 ans et son fils « adoptif » Timothy 44 ans qui est aussi son homme de mains.
Là vous allez plonger dans une histoire des plus sordides, qui vous fait voir la misère dans ce qu'elle a de pire, et comment
la loi des hommes exploite celle-ci au-delà de toute décence.
Wallace va de découverte en découverte.
« Malgré l'heure tardive, cela grouillait de toute part. On disait que Londres ne s'endormait jamais, et c'était particulièrement vrai ici. Puis, les lampadaires se firent plus rares, les pavés descellés, les ruisseaux plus larges, les indigents sans toit plus nombreux. Là où d'autres voyaient une décadence, ce que j'avais souvent cru, je voyais désormais les ravages de la pauvreté. »
Son enquête avance mais il est contrecarré par un des inspecteurs de la brigade et cette opposition renforcera sa façon d'enquêter en prenant beaucoup de risques, car il a une idée de ses fonctions où l'honneur est un point fort. Il va jouer avec intelligence et courage, mais sera-t-il récompensé ? Dans ces cas-là, c'est plutôt la solitude qui devient une compagne de vie.
L'auteur a su mettre en scène l'opposition entre Wallace et Howard de façon très imagée et savoureuse.
Ce polar historique est en phase avec l'actualité de ces derniers mois, sur le consentement des femmes, des enfants, la législation et vous découvrirez que la loi s'était finalement relâchée en faveurs des prédateurs.
Cela montre combien les hommes ont du mal à résoudre les problèmes et qu'il existe une sorte de spirale infernale.
Wendall Utroy, manie avec brio tous les tenants et aboutissants de cette histoire basée sur faits réels.
Les interrogatoires de Wallace avec le trio, leurs échanges sonnent juste.
Le lecteur est véritablement en immersion dans l'époque et ces bas-fonds, cette misère qui grouille, et le thème très fort de la protection des enfants est conjugué brillamment avec celui du parcours d'un homme d'honneur.
Une belle façon de célébrer le 150 -ème anniversaire de Jean de la Fontaine qui avez raison d'écrire :
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Mon deuxième roman de cet auteur que je vais suivre et qui me fait renouer avec un genre littéraire que j'avais un peu mis de côté.
©Chantal Lafon
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