Deux narrateurs :
- Nicolas concepteur de jouets à succès, trouve enfin l'amour de sa vie : Ingrid, ornithologue. 3 mois après leur rencontre, il l'épouse, et ils vivent heureux, avec le fils d'Ingrid, Raoul, dont le père est mort au combat. 4 ans de jours heureux jusqu'à l'annonce d'Ingrid : elle a 45 ans, elle vieillit, elle veut garder le souvenir de leur amour parfait, elle l'aime encore mais ils doivent se séparer. Nicolas ne comprend pas, se morfond et traîne dans les allées d'un supermarché où il imagine que l'une des caissières est une fée.
- Cette caissière, c'est Cesar, l'autre voix, une étudiante Kurde, qui a quitté son pays en guerre. Son compagnon est en prison, son patron la harcèle un peu, elle lit
Gide la nuit, travaille le jour, et déchante pas mal, seul le contenu des caddie insolites de … Nicolas donne un peu de lumière à sa vie
De cette lente alternance un peu pleurnicharde, je retiens deux très jolies formules :
« Elle faisait contre mauvaise fortune la gueule »
« Il me fait chier, ton Ludovic Sarres ! Il ne sait même pas ce que c'est, une fée ! Il croit que c'est une grosse gourdasse à baguette qui transforme les citrouilles en carrosses dans les vieux contes ringards ! Mais elles sont partout, les fées ! Elles sont dans la vie, autour de nous, seulement on ne les voit pas, alors on décide qu'elles sont bidon, et du coup elle se mettent à douter, elles aussi, elles ne croient plus en elles ; à force d'entendre qu'elles n'existent pas, ça déteint, elles ne se rappellent plus qu'elles sont magiques et elles ont peur de vieillir et elles veulent disparaître avant qu'on s'en aperçoive et tout foutre en l'air autour d'elles pour voir moins de regrets, comme ça il n'y aura plus sur terre que des Ludovic Sarres à la con, de père en fils, la race dominante, la pensée unique, la raison du plus fort, le triomphe des clones ! »