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3,5

sur 329 notes
Envie de plonger dans les eaux bleues des îles Komodo pour des vacances reposantes et me voilà partie avec David Vann pour une semaine dans un lieu enchanteur, dans un des plus beaux spots de plongée du monde.
Au programme, retrouver sa famille et partager des moments privilégiés dans un environnement idyllique, se détendre en profitant du soleil et des plages de sable fin, et surtout, savourer des plongées exceptionnelles, inoubliables.
Mais lorsque l'on connaît les romans de David Vann, il faut s'attendre à ce que le programme soit totalement perturbé.
*
Le lecteur accompagne Tracy qui part avec sa mère rejoindre son frère en Indonésie. Ce voyage est sensé les rapprocher, mais les tensions apparaissent tout de suite et montent crescendo, alimentées par l'hostilité de Tracy pour son frère, exacerbée par la grisaille de son quotidien, sa fatigue psychologique, son incapacité à tout contrôler, sa vie de couple inexistante, et ses enfants tyranniques.

« Ce voyage censé nous rapprocher tous les trois me pousse à croire qu'on ferait mieux de se noyer ».

*
David Vann dresse un portrait au vitriol de cette femme malheureuse et insatisfaite pour qui j'ai eu de la peine au départ. Quelle image elle a d'elle-même et des autres !

« J'empoigne un bourrelet de graisse et le fais rouler sur toute la longueur de mon ventre comme une protubérance, un criminel indésirable, et j'ai envie de partir, de sauter et de m'enfuir, mais tous mes organes sont stockés là. »

Son sentiment d'abandon, de ne pas être aimée et de ne pas mériter la bienveillance, le respect et la compassion l'éloigne des autres. Son irascibilité constante, ses propos acerbes, sa méchanceté repoussent les autres créant une bulle de solitude autour d'elle. Je n'ai pas vraiment compris le comportement amer de Tracy qui rejette la médiocrité de sa petite vie insipide sur les autres.

« Ils ne feront rien pour moi. Jamais.
Ils n'ont rien fait pour moi.
Il n'y a aucune limite à ce qu'ils vont me faire.
Ma douleur n'est pas réelle à leurs yeux. »

Venue profiter d'une merveilleuse semaine de plongée, je suis restée à distance de sa souffrance, de son indécence, de sa vulgarité, n'attendant que les plongées, soulagée d'échapper à cette ambiance triviale et malsaine.
Moments de magie, moments de quiétude sous l'eau au milieu des poissons, sensations de légèreté, de sérénité, de liberté.
*
De la terre ferme, on ne peut imaginer la beauté et la diversité des paysages sous-marins. Une fois immergé, un monde de couleurs et de vie se déploie devant moi.
Les merveilleuses descriptions de l'auteur me font oublier cette famille antipathique et je m'émerveille des magnifiques récifs coralliens, des myriades de poissons tropicaux, de la profusion de couleurs, de la visibilité parfaite.
Le rêve pour tout plongeur passionné est de nager au milieu des requins et des raies mantas.
Des rencontres inoubliables.

« …je vois une raie nager droit sur moi, juste au-dessus du sable, son immense ventre blanc et le battement de ses ailes. Comme si dieu descendait enfin sur Terre, après toutes ces décennies d'attente. Un vol doux, et bouleversant. »

Et je retarde le moment où je vais remonter à la surface. Envie de prolonger encore quelques instants le plaisir de ces rencontres éphémères.
D'habitude, j'aime partager le moment que je viens de vivre avec les autres plongeurs.
Mais aujourd'hui, aucune envie de remonter sur le bateau, subir cette ambiance détestable, avaler sans envie des plats infects, monotones, sans aucune convivialité.

Et puis, c'est le choc, la consternation.
Il s'est passé quelque chose d'affreux sous l'eau pendant que j'étais sur un petit nuage, admirant avec mon binôme les poissons-crapauds, les tortues, les poissons-fantômes, les minuscules nudibranches aux couleurs flamboyantes.
Alors que le milieu sous-marin m'a comblée, il a été pour cette famille une descente dans la haine, l'amertume, la rancune, l'aversion, et la colère.
*
Je ne comprends pas comment des plongeurs inexpérimentés ont pu s'inscrire à des plongées réputées difficiles pour la violence des courants entre les passes.
Je ne comprends pas l'attitude hautaine et irrespectueuse des moniteurs et le manque d'encadrement des plongées.
Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas eu une première plongée dite de réadaptation pour vérifier son équipement et le niveau des plongeurs.
Je ne comprends pas l'attitude de Tracy et ce déchaînement de violence qui s'est ensuivie et qui, à mon sens, est infondée.

« Notre petite cellule familiale qui voudrait tout soigner, quand les blessures elles-mêmes auraient pu être évitées. Rien de tout ceci n'aurait dû arriver. »

*
La violence dans la cellule familiale est au coeur de ce récit et cette ambiance pesante et malsaine m'a suivie après avoir tourné la dernière page.
En effet, l'auteur n'a pas son pareil pour parler de la violence des liens familiaux et disséquer la psychologie des familles dysfonctionnelles et en particulier cette mère démissionnaire qui s'est laissée engluer dans une vie insatisfaisante jusqu'au point de rupture. L'écriture est acérée comme un long couteau « de bonne qualité, lourd et aiguisé ».

*
J'ai donc un ressenti mitigé pour cette lecture et j'en suis la première désolée.
Je reconnais que David Vann cultive avec beaucoup d'efficacité le malaise chez le lecteur, il sait aussi créer des moments de tension, mais j'ai été déçue par le dénouement et surtout il m'a manqué l'essentiel pour aimer vraiment ce roman, comprendre l'héroïne.
A la violence verbale, psychologique et physique de cette mère au bord du burn-out, je n'ai envie de retenir que la grâce des raies mantas et la nage placide et légère des requins. Je préfère retourner à la mer.

« Leur oeil, c'était le détail le plus fascinant, dis-je. L'oeil du requin… Comme une bille en or avec une fente noire, comme si ce n'était qu'une surface, sans profondeur, et pourtant infiniment profonde. »

Ce n'est bien sûr que mon avis personnel et n'engage que moi. Je vous encourage à aller lire les avis des autres lecteurs qui ont eu un ressenti bien différent du mien.
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On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille…

Livre après livre, David Vann explore depuis près de quinze ans son histoire familiale, faite de drames et de traumas. Avec un immense talent la plupart du temps, ce qui explique l'attente très forte porté par ses lecteurs à chaque nouveau livre, en tout cas celle de son fan club français dont je suis. Et un brin déstabilisant parfois, comme avec Komodo, toujours traduit par Laura Derajinski,

Attention ! Un brin déstabilisant avec David Vann, cela fait toujours un excellent livre, et je n'ai pas boudé mon plaisir de retrouver ce style aussi poétique que torturé. Et puis avec Vann, c'est l'oeuvre qui importe, et chaque nouvel opus est une ouverture supplémentaire apportée à la compréhension de son histoire.

Dans Komodo, Vann délaisse l'Alaska pour l'Indonésie, ne fait plus parler les hommes ou les enfants mais les femmes, laisse son frère au second plan pour s'intéresser à sa soeur. Dans une première partie tendue et de toute beauté, Tracy renoue avec Roy en allant lui rendre visite à Komodo, en compagnie de sa mère.

Si les plongées dans les exceptionnels fonds marins indonésiens réussissent à faire cohabiter l'apaisement qu'offre la protection marine et la tension d'une bataille frère-soeur qui continue à se livrer sous l'eau, l'accalmie sera de courte durée. Chassez le naturel et il revient aussitôt… Exclus du paradis qu'ils ont troublé, le séjour s'abrège pour le trio familial et Tracy regagne plus vite que prévu son terne quotidien de Frisco qu'elle avait fui l'espace de quelques jours.

En s'intéressant ici à sa soeur, Vann explore les dommages collatéraux de l'histoire familiale sur celle qui en a été jusque-là un peu plus en retrait. Tracy, c'est l'enfant prodige des Vann, qui a tout réussi (Stanford, un mari, deux enfants) mais dont la vie a été effacée par le drame. Femme entre deux eaux, oscillant constamment entre les tourments de la surface et l'apaisement des fonds, sa vie actuelle n'a pourtant rien d'enviable, accablée de la double charge mentale liée à ses propres enfants comme à son histoire familiale.

Tracy est cash, veut tout contrôler et cherche les réponses aux questions qui la rongent : pourquoi Roy détruit-il tout ce qu'il touche - et les autres au passage - sans plus de conséquences sur sa vie ? Pourquoi continuer à assumer seule les responsabilités pratiques et morales collectives ? Doit-on finalement être redevable aux autres et notamment à ceux qui n'ont jamais rien fait pour vous ? Entre ces deux eaux, Tracy aura le choix de refaire surface ou de se laisser couler.

Dans une construction atypique et déroutante en particulier dans la deuxième partie, j'ai vu dans Komodo une forme d'hommage de Vann à sa soeur, une reconnaissance affectueuse des injustices passées endurées. Un livre torturé et dérangeant, mais une touche sombre de plus dans le tableau non terminé de la famille Vann.
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Quel livre une nouvelle fois de David Vann ! Une plongée en eaux troubles qui laisse des traces et qui me reste bien en mémoire. le sujet y est pour quelque chose évidemment ; il a ravivé quelques "épiques" souvenirs de tension familiale mais c'est surtout, que ce livre m'a carrément hypnotisée. Impossible de le lâcher, j'ai plongé aux côtés de Tracy, cette jeune femme à la recherche de sérénité, de tranquillité, de beautés, de sensations, j'y étais vraiment tant les descriptions des sorties sous-marines sont superbement envoûtantes, chacune des plongées m'a embarquée. Et puis, David Vann n'a pas son pareil pour nous décrire une toute autre plongée, celle qui nous emmène au plus profond des âmes humaines. Il la maîtrise parfaitement cette incursion, tellement bien, que les émotions, la rage, les colères que couvent Tracy et qui nous explosent au visage et au coeur m'ont littéralement anéantie.
« La vraie vie n'est qu'une question de pouvoir, jamais de justice. Mordre les nageoires ou se faire mordre les siennes. »
Une lecture décapante. Une petite virée en Indonésie, sur l'île paradisiaque de Komodo. Mais dans un David Vann, il n'y a que le décor qui est paradisiaque ! Surtout avec un sujet comme les liens familiaux, ça ne pouvait être qu'une lecture explosive et terrifiante !
« Notre petite cellule familiale qui voudrait tout soigner, quand les blessures elles-mêmes auraient pu être évitées. Rien de tout ceci n'aurait dû arriver. La misère de nos vies est inventée. Nous n'avons pas grandi en zone de guerre ni dans un pays pauvre comme l'Indonésie, alors nous avons dû créer nos propres problèmes. […] Nous sommes trop crétins. Ce voyage censé nous rapprocher tous les trois me pousse à croire qu'on ferait mieux de se noyer. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Ce roman nous entraine, nous engloutit... tel un courant spiralaire...

... Vers les magifiques fonds marins situés autour de l'ile indonésienne de Komodo, tout d'abord.
Les différentes plongées de Tracy, venue avec sa mère rendre visite à son frère apprenti-moniteur de plongée, sont rendues avec force détails par la belle écriture de David Vann. Il faut tout de même aimer un minimum.... car ces descriptions nous occupent durant une bonne centaine de pages ! Mais il se passe toujours quelque chose, raie ou requin surgissant du néant, pour nous maintenir en alerte. Puis des événements de plongée interviendront. Pour les néophytes qui, comme moi, ne possèdent que de modestes expériences bouteilles au dos... ce n'est pas des plus encourageant car, comme je le stipulais au début de ce billet, l'auteur met l'accent sur les courants violents qui emmènent nos protagonistes, tels des fétus de paille, bien loin de l'endroit de plongée initialement prévu... Brrrr ! (Pas sûr que je replonge un jour !)

... Courant spiralaire, aussi, vers les tréfonds de l'esprit tourmenté de Tracy. Là, nous sommes entrainés, de ressentiment en ressentiment, à travers le petit monde des représentants de la gente masculine qui entourent cette mère de famille : frère (beaucoup de ressentiment ! ), mari (pas mal ! ), enfants-garçons (oui, aussi ! même eux...).
Tracy nous emmènera subrepticement de plus en plus profond... jusqu'à flirter avec la mort de chacun d'entre eux.... chut, je n'en dis pas plus !

J'ai beaucoup aimé me laisser glisser dans la lecture fluide de ce beau Gallmeister bleu, visité en moins de deux jours.... tellement les courants étaient puissants !
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C'est le troisième livre de David Vann que je lis, et je crois que ce ne sera pas le dernier ! Cet homme a un don pour sonder les âmes et nous faire plonger dans les tréfonds de personnages qu'il rend ainsi tangibles et touchants.

Ici, il se glisse dans la peau d'une femme en plein burn-out maternel. Elle part faire un stage de plongée en Indonésie avec son frère et sa mère, mais leurs relations sont éminemment toxiques, ce qui laisse craindre le pire...

Aigrie, amère, complètement borderline, mais étrangement lucide quant à sa situation, j'ai aimé la détester, et m'y retrouver. Et la dernière partie, où l'on sort du cadre exotique des fonds sous-marins de Komodo pour rejoindre la domesticité mortifère qui empoisonne Tracy, est magistrale.
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Il y a plus de trois ans que Tracy n'a pas revu son frère Roy. Elle le retrouve, en compagnie de leur mère, pour un voyage de plongée sur l'île de Komodo, en Indonésie, où il les a invités, profitant de la formation qu'il est en train d'y faire. Tracy a pratiqué la plongée du temps où elle travaillait comme biologiste marine; c'était avant de se retrouver prise au piège d'un quotidien étouffant, son mari, désengagé, la laissant seule avec la responsabilité de s'occuper de leurs fils jumeaux. Une vie qu'elle n'arrive plus à supporter... Elle en veut terriblement à Roy - l'archétype pour elle des hommes qui ne tiennent pas leurs promesses -, d'avoir quitté sa femme Amy, et pleine d'amertume et de rage, elle n'a de cesse de déverser sur lui son fiel, au diable les inconforts que cela génère autour d'elle. Au fil des plongées, les incidents s'enchaînent avec ce dernier, sur lequel elle ne peut compter, et la tension monte, jusqu'à une confrontation qui pourrait bien faire exploser la cellule familiale… Si j'ai eu du plaisir à lire cette partie du roman où se déploient tout autant la beauté des fonds marins que la dynamique de cette famille bancale, il en a été autrement du dernier tiers où Tracy est de retour chez elle et confrontée à ses tyrans domestiques, une immersion réussie par ailleurs dans le burn-out maternel de cette femme à la limite du point de rupture, qui trouve un dénouement cependant que j'ai trouvé on ne peut plus décevant… Un sentiment mitigé pour cette lecture qui m'a accompagnée en cette fin de semaine de la Fête des Mères !
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Plongez en eaux troubles avec Komodo de David Vann
Invitée à Komodo en Indonésie par son frère aîné Roy pour une semaine de plongées,Tracy quitte la Californie avec sa mère. Sous l'eau, elle respire à nouveau. Lestée d'une bouteille et du matériel de plongée, elle se sent paradoxalement beaucoup plus libre qu'à la surface. Sous l'océan, des courants peuvent causer la mort, des paliers sont à respecter, des gestes à maîtriser mais la faune marine dans cette région est incroyable.

En apnée, Tracy l'est depuis 5 ans, depuis la naissance des jumeaux. Pas une seule minute à elle depuis 5 ans. Alors parce qu'elle se sent étouffée, parce qu'elle n'existe plus vraiment, dans un réflexe de survie, elle se débat avec son frère, sa mère, ses désirs et ses désillusions.

Dans Komodo, David Vann nous invite à plonger dans la tête d'une femme proche de la folie (un thème qui lui est cher) et installe peu à peu une ambiance oppressante.


Je vous conseille Komodo de David Vanne
-Si la mer vous fascine mais que vous êtes pas assez aventurière pour plonger un jour dans ces spots à la fois si fascinants et terrifiants ;

-Si vous acceptez de vous sentir inconfortable face à une image de la maternité très loin de celle véhiculée majoritairement.

Je persiste et signe : David Vann (magnifiquement traduit par Laura Derajinski) est pour moi un très grand auteur et chacun de ses livres me laisse le souffle coupé et sans voix
Lien : https://www.chocoladdict.fr/..
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Tracy, accompagnée de sa mère, vient rejoindre son frère aîné Roy, apprenti moniteur dans un centre de plongée en Indonésie. Mais alors qu'elle rêve de vacances reposantes, laissant pour la première fois ses jeunes enfants à la garde de son mari, la colère et le ressentiment qu'elle a accumulés en elle vont peu à peu la submerger.

Je crois bien être passée totalement à côté de ce livre qui m'a d'abord laissée perplexe, puis vaguement ennuyée et enfin plutôt agacée. Pire que cela, j'ai tellement eu l'impression d'avoir été flouée et d'avoir perdu mon temps qu'il m'a fallu quelques jours avant d'avoir envie de me replonger dans un autre univers et un autre roman !

Je pense que c'est essentiellement dû au fait que le roman ne correspondait pas du tout à ce à quoi je m'attendais : je pensais avoir à faire avec un roman noir ou à suspens mêlé de nature writing à la Gallmeister et je me suis retrouvée à lire le récit d'une tranche de vie d'une famille a priori ordinaire mais dont l'un des personnages va jeter toute sa colère à la face du monde, sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Difficile de s'intéresser à Tracy qui semble éternellement insatisfaite et revendicative : oui, elle ne s'entend plus avec son mari, oui, elle en veut à son frère d'avoir divorcé alors que selon elle il avait trouvé l'épouse idéale mais tout ça reste tellement banal que ça ne suffit pas à justifier le scenario mis en place par l'auteur. Les disputes et les crises s'enchaînent avec comme seul intérêt pour moi quelques bons mots et scènes plutôt comiques d'engueulades en famille. le tout est entrecoupé de looooonnnngues descriptions de plongées et de faune sous-marine avec certes quelques jolis passages mais beaucoup de pages purement contemplatives qui m'ont paru inutilement étirées voire franchement inaccessibles pour un néophyte.

Bref j'ai passé les deux premiers tiers de ma lecture à me demander où l'auteur voulait en venir et quelle serait la révélation ou la surprise qui permettrait de résoudre le mystère Tracy. Et bien scoop : il n'y en a pas ! le roman culmine dans une scène dramatique qui m'a semblé assez peu crédible puis prend un virage à 180° vers un autre univers, le retour aux Etats-Unis de Tracy, laissant ainsi en plan le reste des personnages. le dernier tiers est certes assez glaçant dans sa description de l'épuisement d'une maman face à ses jeunes enfants trop en demande auxquels elle n'arrive plus à faire face mais cela m'a paru tellement éloigné et tiré par les cheveux par rapport à la première partie du livre que encore une fois je n'ai pas réussi à m'y intéresser ou à y croire vraiment. J'ai aussi eu du mal à accepter la vision assez simpliste que nous offre l'auteur du ras-le-bol de Tracy, de cette dépression latente qui sans doute expliquerait son comportement précédent, ce qui ne m'a pas paru crédible du tout.

C'est donc malheureusement un roman que j'ai trouvé particulièrement bancal et peu cohérent sans compter le fait que j'ai plusieurs fois compté les pages en espérant qu'il se passe enfin quelque chose. Moi qui me réjouissais de découvrir enfin David Vann après avoir lu plusieurs critiques enchantées de ses ouvrages, ce sera un rendez-vous manqué qui me laisse dubitative à l'idée de retenter l'expérience. Un auteur qui n'est pas pour moi ?
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A la première personne, David Vann nous fait entrer dans l'esprit d'une femme, victime de tourments intérieurs. Dans la première partie, elle essaye de se ressourcer en mettant en pause son quotidien dans un endroit idyllique. le milieu aquatique (présent dans la majorité des romans de l'auteur) prend alors une part importante du récit. L'auteur met en oeuvre son talent pour la description des fonds marins et de ses habitants. Les plongées sont incroyables et le décor magnifique. Malgré cette beauté vivifiante, le traumatisme de Tracy est trop grand et tout bascule.

Dans un second temps, la narratrice revient dans sa réalité. Maintenant que les vannes sont ouvertes, elle laisse libre cours à sa détresse. Revenue au coeur du malaise, l'héroïne s'effondre et répercute sur sa famille proche toute sa rancoeur. le drame prend le dessus.

On retrouve la forme envoutante de la plume de cet écrivain. A chaque fois, le thème qu'il aborde ne m'emballe pas à première vue, les ficelles qu'il utilise sont souvent les mêmes et pourtant il arrive à me captiver. Comme dans un guet-apens bien huilé, j'y vais avec prudence mais je tombe systématiquement dans le piège.

Certains ou certaines trouveront cette histoire un peu longue et lente, mais c'est justement ce qui fait à mon avis sa force. Par petites touches, on comprend le psychisme de Tracy et on compatit à son calvaire. L'auteur nous ouvre les portes de l'intimité d'une mère tellement débordée par ses « missions » d'épouse et de maman qu'elle en devient instable et dangereuse.

Ce texte est une nouvelle fois fort en émotions et parlera surtout aux lectrices qui ont connu la maternité et ses exigences. David Vann reste le maître pour nous mettre mal à l'aise et faire monter la tension psychologique. Chacun de ses livres est une expérience de lecture et « Komodo » confirme !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Tout le roman repose sur un personnage, Tracy, la quarantaine, mère au foyer de jumeaux de 5 ans. Brillante biologiste marine fut un temps, elle a perdu son job et a mis depuis sa carrière de côté. Aujourd'hui, elle prend le large : Roy, son frère aîné, l'a invitée avec sa mère en Indonésie, sur l'île de Komodo où il passe son brevet d'instructeur de plongée, pour un séjour « famille » d'une semaine à découvrir les fonds marins protégés et exceptionnels. Pour ses premières vacances en 5 ans, elle se retrouve sans enfants avec sa mère et son frère. C'est le début de la fin car sur un laps de temps très restreint – 2 journées – Tracy va vriller et perdre totalement le contrôle. C'est ce mécanisme que dissèque ici David Vann qui excelle dans cet art. Impitoyablement, il agite devant nos yeux captifs la marionnette Tracy pour qu'on la hue quand elle s'en prend méchamment à son frère et l'humilie devant témoins, qu'on crie notre effroi quand elle agresse violemment les autres membres du groupe de vacanciers ou qu'on la juge et condamne sans appel quand elle se comporte comme une chienne en chasse avide de sexe et pleine de vulgarités. Au milieu des somptueux récifs des mers du Sud déployant leurs merveilles sous les yeux ébahis des plongeurs, quand Tracy plonge, elle sent une ombre menaçante qui la suit telle la raie Manta noire venimeuse cachée derrière les rouges sang des coraux. Tracy va commettre l'irréparable. Et ce sera sur ce geste impossible à effacer que s'achève une première partie du récit. Malgré tout, le lecteur reprend un peu d'air comme l'apnéiste entre deux plongées. La seconde sera encore plus éprouvante que la première. Tracy est de retour chez elle mais ce ne sera que pour replonger plus profond dans les abîmes sans fond du désespoir et de la dépression. Tout fait sens et apparaît l'effroyable et implacable vérité. Un livre puissant et profond sur la psychologie de la femme, ses aspirations profondes et ses contradictions. Une réflexion sur la famille, sur la maternité et ces failles qui s'ouvrent en nous impossibles à combler générées par tant de frustrations accumulées et de contradictions inextricables. Un roman qui vous emporte telle une lame de fond, bousculé par la violence d'un courant des profondeurs et dont on ressort groggy comme après une éprouvante plongée en apnée. Puissant !
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