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3,31

sur 305 notes
Grand lecteur de Vargas Llosa et connaisseur du Pérou, je ne peux qu'être très déçu par ce livre. En dépit du fait que la lecture de ce texte demeure facile, on ne peut que ressentir un profond agacement, voir une grande colère au fil des pages.
En premier lieu, le mépris de classe décomplexé de Vargas Llosa (déjà perceptible dans "Qui a tué Palomino Molero?", "Lituma dans les Andes", "Tour et Détour de la vilaine fille", "Le héros discret"), est à déplorer. On est fatigué à lecture des descriptions des penthouses liméniens de l'autosatisfaction à peine dissimulée de l'auteur de décrire le "bon goût" de ceux de son monde, et de noter, à l'inverse, cette propension assez grossière de caricaturer les classes populaires en les rendant crasses, idiotes et dangereuses. La description de Lima se réduit à une opposition assez grotesque des quartiers riches aux quartiers pauvres, entre lesquels, semble-t-il, les 6 millions d'habitants (dans les années 1990) ont disparu.
En second lieu, on est également fatigué de constater à de très nombreuses reprises des anachronismes. le récit se déroule entre le début et le milieu des années 1990 (les guérillas sont encore actives) et pourtant, Vargas Llosa fait référence à des envois de mails, à des téléphones portables, emploie le terme "fake news", sans parler de la référence à la compagnie LAN Pérou qui n'est entrée en activité qu'à la fin des années 1990. Tous ces éléments sont la preuve, semble-t-il, d'un manque de travail de documentation et, in fine, d'une paresse (assumée?) de Vargas Llosa dans la préparation de son livre. Cela va de pair, de mon point de vue, avec cette vision caricaturale et fantasmée de la vie liménienne à travers laquelle le bourgeois Vargas Llosa se contente d'exprimer un point de vue très cliché, et peu importe du reste. On est donc loin de la complexité des descriptions sociales faites par exemple dans "La Ville et les chiens", qui restera son chef-d'oeuvre. Mais Vargas Llosa était à l'époque, encore un écrivain.
C'est là qu'il faut en effet en venir: Vargas Llosa ne fait plus de littérature, il "donne à voir" sa représentation (idiote) du monde comme le ferait le premier quidam venu en étant accoudé au bar du café situé en bas de chez lui. Sauf que le quidam n'a pas le privilège d'être publié chez Gallimard. Vargas Llosa, qui assume depuis longtemps des positions polémiques sur la politique et les rapports ethnico-sociaux au Pérou, distille dans ce livre un point de vue méprisant sur son pays d'origine, lui qui assume son gout du luxe et son choix de revendiquer publiquement sa nationalité espagnole comme une manière de s'être tirer d'affaire de l'enfer péruvien.
On ressort ainsi de la lecture des "5 rues" avec le sentiment d'avoir entendu déblatérer pendant des heures un bourgeois assumé pétri de croyances absurdes ne faisant plus le moindre effort pour rendre son récit crédible et intelligent. le tout est saupoudré de descriptions se voulant érotiques mais qui sont loin de conduire à l'excitation réel du lecteur en demeurant surtout l'expression de fantasmes grossiers et peu originaux. Sur ce dernier point, et alors que tout le récit des "5 rues" tourne autour du (supposé) voyeurisme exacerbé de la société péruvienne, on pourra dire que Vargas Llosa été fidèle à la réalité...
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Avec Aux Cinq Rues, Lima, j'ai découvert le Pérou des années Fujimori mais je n'ai pas vraiment fait la rencontre avec un texte à la hauteur d'un prix Nobel de littérature même si l'ensemble est correctement écrit. le propos du roman est d'abord érotique mais on abandonne assez vite cette ambiance (on la retrouvera plus tard ceci dit) pour une intrigue plus policière. Tout débute avec une histoire de chantage exercé par un directeur de magazine à scandales sur un chef d'entreprise millionnaire en raison de quelques photos compromettantes. le directeur est retrouvé assassiné ce qui reporte bien évidemment les soupçons sur le notable dont la réputation a été salie. L'intérêt du roman ne réside pas dans cette intrigue policière qui est menée selon moi assez platement mais dans le contexte dans lequel il s'inscrit, celui du Pérou des années Fujimori c'est-à dire les années 90. C'est aussi l'occasion de découvrir des traditions plus anciennes, déjà un peu oubliées et que l'auteur aborde avec une forme de nostalgie et de tendresse : la récitation de poèmes dans les lieux publics ou la vente de tisanes fabriquées de manière artisanale par des marchands ambulants... C'est finalement ce côté que j'ai préféré dans le roman mais sa place est somme toute assez marginale. Il me semble donc que pour ne pas rester sur une impression mitigée avec cet auteur, il me faudra piocher parmi ses précédentes oeuvres...

Lien : https://leschroniquesdepetit..
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Grosse déception ce livre.

J'avais adoré de cet auteur « La Tante Julia et le scribouillard » que j'avais trouvé très fin dans l'analyse des sentiments et des situations.
Ici dans « Aux Cinq rues, Lima » j'ai trouvé tout très caricatural : les personnages (deux couples aisés), l'inévitable adultère qui arrive à la page 10 (le seul point positif de ce roman est cette histoire d'amour qui est quand même surprenante)
Il y est également décrit en toile de fonds la corruption des dirigeants péruviens, la terreur inspirée par l'organisation Sentier Lumineux, le pouvoir de destruction des médias. En écrivant cela, je me dis qu'il y avait tout pour un bon roman, et bien non, trop caricatural avec un style « facile » et peu recherché (mais c'était peut être fait exprès et je n'ai pas saisi le second degré).
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Un roman où se mêlent politique, dictature, journalisme à sensations, manipulations diverses, avec des passages érotiques plutôt naïfs apportant peu à l'histoire et sans doute davantage à sa commercialisation. On ne retient pas grand chose de l'histoire, ni de ses personnages. L'écriture est néanmoins soignée et la lecture très facile.
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C'est un peu le livre qui ne sert à rien, composé à 50% par des scènes de cul, certes bien écrites mais inutiles. C'est vrai que l'intrigue est basée sur un scandale sexuel mais en fait, ce n'est pas intéressant. le riche ingénieur Henrique Càrdenas a participé à une partouze. Ouais bon, et ? Dans un Pérou en proie à la dictature, au terrorisme, au trafic de drogue et à la guérilla marxiste, je doute qu'une sextape ait eu réellement du retentissement. J'ai l'impression que Vargas Llosa a juste mis ses fantasmes (très ordinaires) en exergue et c'est bien dommage pour l'arrière fond politique des années 90 qui aurait pu être très intéressant est à peine effleuré.
Le seul personnage intéressant c'est l'aède Juan Peineta et ses déboires. Lecture qui sera probablement oubliée dans quelques jours.
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Corruption politique, presse à scandale, bourgeoisie dorée aux moeurs perverses, bas-fonds liméens gangrénés par la misère, le tout avec en toile de fond la guérilla sentiériste: voilà les ingrédients sulfureux de ce roman.
MVL, avec sa prose sans tabou, nous propose une description incisive de son pays maternel, montrant la trivialité des rapports humains dans une société péruvienne en déliquescence où l'accès (le maintien) au pouvoir des élites se conjugue avec le machiavélisme le plus obscène.
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Sous l'ère Fujimori, au Pérou, un puissant industriel se trouve aux prises avec un maître chanteur. Ce dernier, directeur d'une revue racoleuse, célèbre pour diffuser ce type de scandales, possède une série de photographies du riche homme en fâcheuse posture, dans une orgie. Tout cela va s'entremêler avec beaucoup de politique, beaucoup de sexe et peu de morale.
Les talents d'écriture de Vargas Llosa ne sont plus à prouver, mais ce roman est sans doute le plus facile à lire. C'est aussi une petite vengeance personnelle assez délicieuse : Vargas Llosa avait perdu les élections présidentielles au Pérou face à Fujimori qui s'avéra être une crapule sanguinaire, il s'attaque donc ici non seulement au président déchu depuis, mais aussi à la propension du peuple à accorder trop de pouvoir à la presse à scandale et aux populistes, à ses dépends. On peut lire ce roman en ignorant ce fait, mais c'est beaucoup plus amusant quand on le sait.
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Avec " Aux Cinq Rues, Lima ", on peut penser que Mario Vargas Llosa a voulu régler quelques comptes avec celui qui l'a battu aux élections Péruviennes en 1990, le président Fujimori, qui par la suite, sous prétexte de lutter contre l'insurrection armée menée par le " Sentier Lumineux ", a mis en place une dictature. Il montre les collusions entre le pouvoir politique et la presse dans le but de discréditer les opposants, ainsi que la facilité avec laquelle le dit-pouvoir se débarrassait de ceux qui lui désobéissaient, mais également la force de certains journalistes pour résister au régime, et contribuer à le faire tomber. Ce qui surprend dans ce roman, c'est le choix de l'auteur de mettre en scène deux couples de la haute société péruvienne empêtrés dans un scandale sexuel, et pour se faire d'y décrire des scènes sulfureuses de relations libertines. Pendant une partie de la lecture on se demande si le roman est à la hauteur du Prix Nobel qui a couronné l'oeuvre de Mario Vargas Llosa en 2010, puis malgré quelques scènes très sensuelles, on se rend compte que à nouveau cet auteur majeur de la littérature sud-américaine dénonce encore les travers des dictatures qui gangrènaient voire gangrène encore cette région du monde. Enrique Cárdenas est un puissant industriel péruvien, victime d'un chantage de la part du Rolando Garro, le directeur de Strip-tease un journal à sensation qui établit son succès sur le voyeurisme de ses lecteurs, car des photos compromettantes le montre participant à une orgie avec des prostitués. Peu après la publication des photos, un meurtre est commis. Enrique est soupçonné, pour se défendre il sollicite l'aide de son ami avocat Luciano Casasbellas. Pendant que les deux hommes échafaudent sa défense , leurs épouses Marisa et Chabela entretiennent des relations très intimes. Heureusement dans ces histoires scabreuses émerge une femme journaliste Julieta Leguizamón dite La Riquiqui à cause de sa petite taille, c'est elle qui va dénoncer le vrai commanditaire du meurtre. le lecteur est happé par le rythme de l'écriture de Vargas Llosa, déstabilisé souvent, notamment dans le chapitre titré: le tourbillon, car sans transition on passe d'un personnage à l'autre, mais ne parle-t-on pas de tourbillon lorsqu'une personnalité fait l'objet d'un acharnement médiatique. Il excelle dans la création de ses personnages de fiction qu'il agrémente toujours de particularités qui les situent bien et qu'il intègre parfaitement aux personnages existant où ayant existé. Bien qu'il soit très différent de ses précédents livres, tel que " le Héros discret " où le " Rêve du Celte ", j'ai également eu beaucoup de plaisir à lire Aux Cinq Rues, Lima.
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Pendant environ la moitié du livre je me suis interrogée sur l'objectif de l'auteur : il est quand même prix Nobel de littérature et ce que je lis me semble bien léger, artificiel, sans consistance et même sans grand intérêt.

L'histoire se déroule en fin des années 1990, Fujimori termine son deuxième mandat présidentiel, Montesinos "le docteur" est son premier conseiller. La ville de Lima connaît la corruption, l'insécurité, le couvre-feu, les enlèvements.
Les personnages de son livre sont issus de deux mondes totalement opposés.
La bourgeoisie très riche, propriétaire de grandes maisons ou d'appartement luxueux. Chabila et Marisa, deux grandes amies, se découvrent une passion l'une pour l'autre. Elles partent en week-end à Miami pour faire l'amour loin de leurs maris. L'un des maris, Enrique Gardenas, ingénieur millionnaire, est menacé par le directeur d'un journal à scandale "strip-tease" de la parution de photos compromettantes. Enrique a participé à une orgie.
Les pauvres, ceux qui vivent dans la rue ou dans des taudis ,mangent à la soupe populaire comme Juan Peineta, l'ancien réciteur de poèmes et son chat Serafin, et ceux qui essaient de survivre comme Riquiqui et Ceferino.

L'ouvrage devient plus intéressant au moment où Roland Garro, le directeur de strip-tease, est assassiné après avoir créé le scandale en faisant paraître les fameuses photos. Sa collaboratrice "la Riquiqui"sera reçue par le "docteur". Elle découvrira la réalité des faits et réagira.
A la fin de ma lecture, je comprend enfin ce qui donne sens à cet ouvrage : rappeler, sinon dénoncer, la manipulation de la presse par le pouvoir politique.

Conclusion : Assez déçue, j'ai trouvé cet ouvrage peu intéressant.

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Ce roman est imprégné de sexe, sous sa forme joyeuse ou dans un registre plus sordide. le sexe joyeux, c'est celui que découvrent deux amies, épouses d'avocat et d'homme d'affaires, contraintes par le couvre-feu à dormir, une nuit, dans le même lit. À la fin des années 1990, en effet, le Pérou est confronté au terrorisme, et à Lima, capitale du pays, le couvre-feu est de rigueur. le mari homme d'affaires, lui, a été invité à un séminaire on ne peut plus sérieux qui s'est transformé, sans qu'il en ait conscience, alcool et drogue aidant, en partouze au cours de laquelle il a été subrepticement photographié sous toutes les coutures. Deux mois plus tard, les photos "déshonorantes" (aux yeux du principal intéressé) réapparaissent, d'abord entre les mains d'un journaliste, directeur d'une feuille à scandales, qui lui propose un marché, en vain, puis dans les pages mêmes du journal.
Quand le journaliste est retrouvé mort (dans le quartier malfamé des Cinq Rues), sauvagement assassiné, l'industriel est immédiatement soupçonné d'être à l'origine de son élimination. Or s'il appartient sans conteste au cercle des puissants, d'autres forces, occultes celles-là, agissent au plus haut niveau de l'État pour régenter le pays, recourant quelquefois à des moyens détournés et illicites.
Vargas Llosa, octogénaire, s'est sans doute fait plaisir avec ses descriptions plutôt efficaces de parties de jambes en l'air non conventionnelles mais pour autant il n'en a pas oublié l'un de ses domaines de prédilection : la politique. En imaginant un scénario alternatif pour la chute du président Fujimori au début des années 2000 il réécrit plaisamment l'histoire, usant d'un nombre réduit de personnages, tous bien campés.
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