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sur 164 notes
Intéressant mais frustrant – Histoire tragique d'une dérive

Longue nouvelle (ou court roman c'est selon) de l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, les chiots nous raconte l'histoire de la lente dérive du jeune Cuéllar.

Paru initialement en 1967 au Pérou, le récit débute lors de l'enfance de Cuéllar et nous raconte la genèse de ce personnage par la voix d'un de ses camarade et ami. Initialement, le petit Cuéllar a semble-t-il toutes les cartes en main pour s'assurer d'un bel avenir. Ce jeune garçon est sympathique, bon camarade, sportif et en classe comme lors de ses entrainements au football, il se démarque par une détermination consciencieuse dans tous les domaines qui force l'admiration de ses camarades et de ses professeurs. le point de bascule est un accident aussi tragique que contingent : un molosse danois s'échappe et surprend Cuéllar et ses camarades alors qu'ils se douchent. L'enfant n'a pas le temps de fuir… Les morsures du chien atteignent les parties génitales de Cuéllar et l'estropient.

Pour quelques années encore, celui-ci continue de passer une enfance assez classique et semble-t-il plutôt heureuse si ce n'est qu'il écope du surnom plutôt vexant de « Petit-Zizi ». Hélas, l'âge passant le fossé semble se creuser peu à peu entre Cuéllar et le reste de ses pairs. A la fin de son adolescence son comportement change drastiquement, il devient taciturne, jaloux, querelleur, commet quelques folies et se met en marge du groupe. Happé par un profond mal-être vis-à-vis d'un handicap jugé honteux et par ses dépits amoureux, il débute une quête viriliste et adopte des comportements de plus en plus dangereux et autodestructeurs à l'âge adulte… Comme on peut s'y attendre, le dénouement n'est guère heureux.

Coté forme Mario Vargas Llosa adopte deux choix assez radicaux : le premier concerne l'écriture assez « expérimentale » qui alterne notamment la première et troisième personne du pluriel et mêle dialogue et narration pour un rendu très spontané et oral. Si cela peut désorienter un peu sur les toutes premières pages, le rendu est assez fluide et donne un aspect de discussion informelle au récit comme si c'était un vieil ami qui donnait des nouvelles de Cuéllar au lecteur à la terrasse d'un café. le second choix est celui d'une narration extérieure qui semble provenir d'un des amis d'enfance de Cuéllar alors même que le sujet du livre est intime. Cela amène renforce le caractère fluide de l'histoire et amène après coup à se poser des questions sur l'objectivité du récit (L'histoire donne le beau rôle au groupe de garçons entourant et soutenant Cuéllar quand ce dernier semble se mettre de son propre chef en marge. Mais le narrateur n'enjolive-t-il pas la situation afin de se dédouaner des souffrances et du destin tragique de Cuéllar ?). Cette forme de narration et le format court portent en eux les limites du récit et représentent le seul reproche que je ferais à cette lecture : on nous parle d'un drame intime tout en restant à la surface des choses, sans nous laisser entrer un instant dans la tête du héros. Cette « superficialité » est bien frustrante !

La lecture du livre interroge sur la notion de handicap, de déformation, de désavantage et de ce qu'ils engendrent. Pourquoi certains sont-ils pris au sérieux tandis que d'autres sont des sujets de plaisanteries (sinon de brimades) pour le commun des mortels ? Pourquoi se moque-t-on toujours de l'idiot, du laid ou ici de « l'émasculé » quand il est devenu impensable pour la majorité de railler le trisomique ou le manchot ?

Mais ce que le livre aborde avant tout ce sont les implications du regard extérieur pour l'homme (avec un petit h) qu'il soit celui de ses coreligionnaires ou de la gent féminine et interroge sur la construction de la masculinité (construction ici empêchée par cette incapacité tenue plus ou moins secrète dont on suppose qu'elle l'entrave sexuellement). On retrouve sans surprise les comportements déviants et dangereux et que je dois bien reconnaitre comme plutôt typiques du sexe masculin : accès de violence, alcoolisation à outrance, conduite automobile dangereuse etc. La quatrième de couverture évoque un mythe de la virilité et un contexte spécifiquement péruvien mais j'ai malheureusement l'impression que l'essentiel du récit aurait pu facilement se transposer en ce début de XXIème siècle sous nos latitudes.

Merci à Marie-Hélène (mh17) et à sa critique du mois de juin pour m'avoir fait connaitre ce petit livre qui me donne envie de découvrir davantage l'oeuvre de Mario Vargas Llosa. En dépit de la légère frustration évoquée plus haut, ce fut une lecture aisée, plaisante et intéressante.
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Ils sont copains, ils vivent à Lima, ils vont en cours ensemble au collège Champagnat.
Ils ont tous un surnom, il y a Lalo, Ouistiti, Marlou.
Jusqu'au jour où débarque un petit nouveau, Cuéllar.
Très vite il deviendra le premier de la classe, il intégrera la bande de copains, et même l'équipe de foot de l'école.
Oui mais voilà qu'un jour dans les douches après un entrainement Cuéllar qui était resté à la traine est violemment attaqué par le molosse qui garde l'école.
Il sera à jamais différent, et très vite son surnom sera Petit Zizi.
Plus les années passeront et plus le gouffre va se creuser entre Petit Zizi et les autres de la bande qui vont commencer leur vie d'homme, alors que lui ne pourra jamais la connaître.
Un très beau texte sur l'histoire d'un petit garçon qui n'en est plus tout à fait un et qui ne réussira pas à devenir un homme, dans un pays où la virilité est gage de réussite sociale.
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Je crois qu'on a tous connu un Cuéllar, ou que tout homme (mâle) a été cet enfant tour à tour fragile puis brillant, abîmé, accidenté, qui n'a cessé de faire des rebonds, ou des ricochets, à ras-d'eau, jamais loin de couler, entraîné par son élan, l'inertie de l'élan puis malgré tout le grand plouf. Inévitable. Enfin, la vie se termine toujours. Alors : quelle vie ?
L'écriture est sans beaucoup de respirations non plus, une narration comme vue de loin et en même temps si proche, avec une forme étrange presque théâtrale où le narrateur-écrivain note les prénoms, quelques "didascalies" au sein du dialogue, sans changer de lignes, tout en enfilade, rendant à la fois la lecture et l'intégration plus compliquée, et en même temps, peut-être, apporte ainsi un réalisme accru. A cru. Pour cette histoire crue, cruelle. Oui. J'y ai cru.

Je crois qu'on a tous connu un Cuéllar...
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Lima. Une bande de copains passe de l'enfance à l'age des premiers amours puis à l'age adulte.
Une histoire triste d'amitiés.
L'un d'eux, Cuellar est victime d'un accident compromettant sa virilité. Surnommé Petit-zizi, sa vie s'en trouve modifiée. Les copains l'accompagnent, tant bien que mal.
L'écriture est particulière, les ponctuations rares lors des dialogues, seuls les prénoms indiquent les prises de paroles.
Pour _ le style d'ecriture _ et les bains dans les vagues déchaînées de pacifique : 3/5.
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La grande force de l'auteur est de rendre ces personnages tellement vivaces , turbulents et inoubliables.On a l'impression d'être présentement avec eux , prendre part , en tant que partie intégrante, à leurs pérégrinations , dans les moments de réjouissances , de déchéances ,de tribulations quotidiennes dans l'emprise du cursus scolaire, et en dehors . On a assisté, impuissamment à ce malheureux accident , au cours duquel Cueller , dans un laps de temps , a vu sa vie se transformer en cauchemar et se briser lamentablement , tel un ressac du grand Zizi , il ne subsistait que le petit zizi, signe de désolation et de répulsion :les affres du malheur s'abattaient dés-lors inexorablement sur lui , les attributs de sa virilité se sont vus tragiquement, en déclin , affaiblis , conjugués au passé , point de présent , quant au futur ,il se trouve dans une posture de morosité , cloîtré d'un linceul de brumes noirâtres qui ne sembleraien pas apprêté à se dissiper . On ne pouvait qu'être révolté par le triste sort , ému par le destin tragique de Cuellar .
Révolté par ce triste sort , petit zizi , ne voyait plus la vie en rose , s'acharne contre la société par un comportement truffé de vacuités, débordé de témérité, faisant fi de tous les périls et dangers éminents qui le guettent inlassablement , se trimballait dans sa volvo en se comportant comme virtuose, dilettante du volant et s'acclimate, de surcrît parfaitement avec les bandes maffieuses C'est tout un chamboulement qui est entrain de s'opérer et prendre l'ampleur d'une dégringolade accrue , son avenir est désormais menacé et se trouve de ce fait inexorablement au devant de la périclitation
Ce recit me rappelle étrangement les circonstances tragiques de la disparition de J .DEAN
Pure coincidence?
Je me suis délecté de la lecture de cet opuscule dont j'ai décelé une certaine originalité percutante : le genre de style indirect usité pour le dialogue prouve toute l'efficacité et la prouesse de l'écriture de Vargas Llosa.
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Un court récit qui est l'exemple parfait de tout ce qui sera l'écriture de @Vargas Llosa, une narration polyphonique qui peut paraître déstabilisante mais qui apporte beaucoup de dynamisme au texte.

L'auteur pour la première fois nous raconte Miraflores le quartier de Lima qu'il illustrera à merveille dans son oeuvre future, à travers l'histoire de ces chiots qui sont les gamins que nous suivons sur plusieurs décennies.

Un roman certes mineur dans la carrière de grand écrivain et pourtant on retrouve dans ce texte tout le talent de conteur de cet écrivain que je trouve génial.

Challenge Multi-défis
Challenge riquiqui
Challenge Nobel
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Dans un des quartiers chics et catho de Lima, pour une bande de jeunes amis, Fufu, Lalo, Marlou, Ouistiti, Cuéllar surnommé 'Petit Zizi' suite à une morsure de chien, la drague remplacera bientôt le minifoot ....sauf pour 'Petit Zizi'.

Petite histoire sans doute inspirée des souvenirs de l'auteur au style déconcertant, un peu dur, haché touffu.
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Petit roman (ou grande nouvelle) qui m'aura déconcertée à plus d'un titre.

Ne connaissant pas du tout l'univers de Mario Vargas Llosa, auteur du challenge solidaire 2020, j'ai décidé de ne pas trop prendre de risque et de débuter par un texte relativement court pour me frotter à sa plume. Finalement, je ne suis pas certaine que c'était le bon choix puisque, à l'instar de nouvelles de Steinbeck qui m'avaient laissée dubitative alors que j'ai adoré quelques mois plus tard Des souris et des hommes, je suis sortie très déconcertée de ce texte que j'ai trouvé à la fois intéressant dans son propos – l'évolution d'un groupe de garçons de l'enfance à l'âge avancé, particulièrement après que l'un d'eux ait été mordu à l'entrejambe par un chien se prénommant Judas (!) et lui valant ensuite le sobriquet de « Petit Zizi » (on comprend bien pourquoi), mais très agaçant quant à la narration choisi qui s'apparente davantage à un style oral. Je peux comprendre le choix de l'auteur mais la lecture des Chiots m'a été très désagréable et le style ne m'a pas convaincue.

Peut-être vaudrait-il mieux tenter un roman mais j'avoue que là, présentement, je ne m'y précipiterai pas.


Challenge solidaire 2020
Challenge Riquiqui 2020
Challenge XXème siècle 2020
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Dans Les chiots, Mario Vargas Llossa nous conte le quotidien de garçons péruviens qui vont ensemble traverser ensemble l'enfance, l'adolescence et une partie de l'âge adulte. le récit se centre surtout sur Cuéllar qui est « affectueusement » surnommé Petit-Zizi. Enfant modèle, les turpitudes de la vie en font un adolescent de plus en plus turbulent et il s'isolera alors de son groupe d'amis à la recherche du frisson, du danger.

Plutôt habitué aux longs romans de Mario Vargas Llosa, on est surpris de voir qu'en peu de pages, l'auteur peut nous en dire tant. On aimerait pourtant qu'il aille plus loin dans l'analyse de ses personnages, lui qui excelle tant à nous les présenter, à nous les décrire en détail. Toutefois l'auteur sait, ici, très bien nous transmettre les émotions de cette bande de gamins, notamment le mal-être de Petit-Zizi.
Lien : http://150mots.blogspot.fr/2..
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LES CHIOTS de MARIO VARGAS LLOSA
Photos de Xavier Miserachs
Les chiots , c'est une bande jeunes garçons de la haute bourgeoisie de Lima au Pérou depuis leur enfance au collège jusqu'à l'âge adulte et leur mariage. Ils sont quatre au départ, Lalo, Fufu, Ouistiti et Mario. En cours d'année arrive Cuellar, il est petit, peu sportif mais brillant. Pour s'intégrer il va se battre et devenir sportif au point de devenir indispensable à l'équipe. Pendant une séance d'entraînement il va se faire mordre par un chien et son surnom va devenir « petit zizi », on ne connaîtra jamais les détails et la gravité de la blessure mais sa vie va totalement changer et au fil des années il va devenir incontrôlable.
En quelques dizaines de pages seulement, Vargas Llosa brosse un tableau hyperréaliste de la vie dans un lycée religieux de Lima, de ces garçons qui vont se fréquenter tout le long de leur vie aisée. Mais au delà de cette narration, c'est le style tout à fait particulier qui ressort de ce roman, une prose indirecte à la ponctuation presque absente qui frappe et donne un rythme très original au récit. Sûrement pas un roman majeur chez Llosa mais une curiosité intéressante agrémentée de photos de groupes d'enfants et adolescents au lycée et ultérieurement en noir et blanc dans cette édition.
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