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3,23

sur 164 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Petit mais costaud! Ce roman qui se lit en deux heures à peine nous fait entrer dans la jeunesse d'un groupe de garçons dans un collège religieux, à partir de l'arrivée d'un nouveau venu: Cuéllar.
Cuéllar, plus petit et frêle que les autres, devient vite le meilleur de la classe, le plus attendrissant, le plus drôle et et le plus persévérant: pour être admis dans l'équipe de foot de sa bande de copains, il passe l'été à un entraînement intensif, oubliant plages et jeux pour être au top à la rentrée.
C'est ainsi qu'il se rapproche du groupe de garçons mais aussi qu'il se retrouve, dans les vestiaires, agressé par le chien Judas; Des séquelles de cet accident, il gardera le surnom "petit zizi". Si l'handicap dont il souffre n'est jamais nommé, on suit, au moment de la puberté, la lente déchéance agressive et pitoyable de Cuéllar qui ne peut se résoudre à "lever une fille" tout comme ses copains, le tout toujours par le regard de l'un des garçons.
Le récit est à la fois dur et émouvant et la narration très originale, tout en discours indirect libre passant du "ils" au "nous" dans une même phrase, créant un chaos et une urgence qui rythment l'oralité.
Un vrai travail d'écriture à la fois impressionnant et bouleversant.
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Le style particulier de Vargas Llosa est encore bien accentué, entre autres par sa ponctuation quelque peu en roue libre et qui sert parfaitement la narration de cette nouvelle.

C'est un petit roman d'adieu à la jeunesse et aux illusions qui laissent croire que l'on peut dévorer le ciel lorsqu'on est jeune.
Le fil de la mémoire se déroule entre l'espoir de la jeunesse, ses, éclats, sa beauté, la résignation et l'oubli.

Il y a toujours des lignes vers ailleurs dans les écrits de Mario Vargas Llosa.
Dans cette très courte nouvelle l'auteur péruvien nous livre une sorte de court-métrage, témoignage affolant de malice et de tendresse sur le passage à l'âge adulte.

Il s'attache à des individus en quêter d'identité, oscillant avec doigté entre comédie et tragédie.


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Je me souvenais de la cruauté de ce court roman tragique mais non pas de sa forme expérimentale. Je l'ai relu avec plaisir et intérêt.

Le roman (1967) raconte l'histoire d'une petite bande de garçons de Miraflores, un quartier résidentiel de Lima depuis leur enfance jusqu'au début de l'âge adulte. Au collège mariste Champagnat, ils accueillent Cuéllar le petit nouveau. Il est fortiche en classe et pas fayot du tout, il les étonne, leur permet de copier, leur donne des friandises. En plus il s'entraine tellement dur l'été qu'il trouve enfin sa place dans leur équipe de foot. Mais, après un match, alors que Lalo et Cuéllar prennent une douche, Judas le chien danois se faufile par la porte du collège et les attaque. Lalo peut s'échapper mais Cuéllar est émasculé. Après une très courte période de compassion silencieuse, Celui-ci se heurte aux railleries des autres qui le surnomment « Petit zizi » ; à la protection intéressée des Frères qui redoutent le père du garçon ; aux interventions maladroites de celui-ci. Et puis très vite aux allusions, aux questions ingénument perfides des petites amies des copains...

L'histoire est racontée d'emblée par une "voix plurielle" selon les propres mots de l'auteur. On passe d'une narration extérieure à une narration intérieure :
« Ils portaient encore culotte courte cette année, nous ne fumions pas encore, de tous les sports ils préféraient le football, nous apprenions à courir les vagues, à plonger du second tremplin du Terrazas, et ils étaient turbulents, imberbes, curieux, intrépides, voraces. Cette année où Cuéllar entra au collège Champagnat. »
Les discours direct et indirect alternent dans une même phrase et on saute allègrement du présent au passé.
C'est assez spécial comme style mais quand même beaucoup plus facile à suivre que du Gadda rassurez-vous ! le récit est très court, clairement composé et le langage est vivant, percutant et épouse l ‘âge des protagonistes. La forme est toujours au service du propos. On comprend comment peu à peu l' individu différent est déchiqueté, broyé, rejeté. Chacun des jeunes devient un élément d' une société machiste, cruelle et finalement indifférente. Nous sommes informés avec de plus en plus de distance des pathétiques et vaines  tentatives de Cuéllar, alias Petit Zizi pour se faire remarquer, pour se faire aimer. Mais Ils l'ont presque oublié et s'ils se souviennent de lui c'est par pure convention sociale.
Le livre est vraiment fort et audacieux.
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La lecture est un voyage. Comme dans le voyage, il existe des étapes fixées à l'avance et d'autres ajoutées après des rencontres, au hasard de notre route.

En 2021, je découvrais les challenges Babelio avec joie : sortir de sa zone de confort, être attentifs aux critiques des autres et échanger permet de lire des oeuvres plus adaptées à nos goûts et donc de ne pratiquement plus jamais être déçus ou mitigés sur une lecture. Inscrite déjà à deux challenges annuels, je ne peux en ajouter plus, mais je me suis fixée en parallèle pour objectif de découvrir, ou redécouvrir, chaque année cinq oeuvres d'auteurs ayant reçus le prix Nobel de littérature, car ce prix de notoriété internationale ne me laisse jamais indifférente : sur cinq lectures 2021, deux font partie de mon top cinq et une de mon flop cinq. Et même si nous ne sommes encore qu'au premier semestre 2022, ma lecture de la peste d'Albert Camus sera sans doute dans les plus marquantes de l'année. La découverte d'un autre auteur à qui a été décerné le prix Nobel était ici l'étape fixée à l'avance dans le voyage. Mon choix s'est porté sur Mario Vargas Llosa.

Puis, la semaine dernière, Pancrace a rédigé une critique, comme toujours avec beaucoup d'humour, sur le livre de l'auteur au double Goncourt, ce qui normalement est impossible : Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable de Romain Gary. Ce roman pose la question de la virilité masculine face à l'âge qui avance. Je ne crois pas avoir déjà abordé ce thème en littérature : c'était donc l'occasion de dévier des prévisions initiales pour découvrir une nouvelle de 80 pages de Mario Vargas Llosa, Les chiots. Contrairement au roman de Romain Gary, ce n'est pas ici la perte de la virilité, mais son acquisition qui pose problème.

Cuéllar concentre tous les ingrédients pour avoir un futur heureux dans cette banlieue de Lima : fils unique de parents aimants et qui ont de l'argent, très bon élève et pugnace, également camarade apprécié et très bon joueur de football, beau et intelligent… Mais, il y a forcément un « mais », car sinon pas d'histoire : un jour dans les vestiaires, débarque en trombe, Judas, un Danois vif aux dents acérées… Que se passe-t-il ? du sang, une opération, un surnom « Petit-Zizi » et une vie différente à une époque et dans un monde où la virilité était fondamentale…

Première rencontre réussie avec Mario Vargas Llosa même si son style avec un mélange des « nous » et « ils » peut dérouter au départ et si le sujet était risqué ! Je continuerai le voyage !

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C'est l'histoire d'une bande de copains qui débute au collège de Lima. Un petit nouveau fait son apparition dans la classe de Lalo, Fufu, Ouistiti et Marlo : Cuellar. Il est plutôt brillant, mais bon camarade : il permet aux autres de copier sur lui et échange ses sucreries. Il y a le foot aussi : après les cours, ils s'entraînent pour l'équipe de la classe. Cuellar passe toutes ses grandes vacances à s'entraîner seul en vue de l'intégrer. Il est accepté par les gamins de la bande et dans l'équipe. Lors d'une sécance d'entraînement, Cuellar est mordu violemment à l'entrejambe par un chien. C'est à cet instant précis que sa vie va basculer. À la fois tragique et enfantin, dans un effet de syntaxe qui brouille les personnages et le narrateur, l'auteur dépeint l'histoire d'un garçon sans virilité dans un pays où le machiste fait partie de l'identité nationale. J'ai beaucoup aimé le style indirect libre utilisé par le romancier. Il permet de se plonger dans les aventures turbulentes du début puis nous mène à la dramatique descente aux enfers de ce garçon qui avait tout pour réussir. C'est rapide exubérant et rythmé.
Je compte bien poursuivre la lecture de l'oeuvre de Mario Vargas Llosa
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Comment manifester sa virilité ? surtout en présence des copains ? Voila le dilemme de Cuéllar désormais privé de la vigueur de son attribut, suite à la morsure d'un chien lors d'un match de foot.
Le foot, précisément, cet espace de valorisation n'aura plus le même effet pas plus que son rapport avec les filles surtout quand on est surnommé "Petit-Zizi".

Voilà un texte court dont on pourrait à tort croire le sujet vite expédié. La narration polyphonique retranscrit l'intensité des interactions entre les protagonistes. J'aurais pour ma part apprécié un contexte sociologique plus fourni.
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Intéressant mais frustrant – Histoire tragique d'une dérive

Longue nouvelle (ou court roman c'est selon) de l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, les chiots nous raconte l'histoire de la lente dérive du jeune Cuéllar.

Paru initialement en 1967 au Pérou, le récit débute lors de l'enfance de Cuéllar et nous raconte la genèse de ce personnage par la voix d'un de ses camarade et ami. Initialement, le petit Cuéllar a semble-t-il toutes les cartes en main pour s'assurer d'un bel avenir. Ce jeune garçon est sympathique, bon camarade, sportif et en classe comme lors de ses entrainements au football, il se démarque par une détermination consciencieuse dans tous les domaines qui force l'admiration de ses camarades et de ses professeurs. le point de bascule est un accident aussi tragique que contingent : un molosse danois s'échappe et surprend Cuéllar et ses camarades alors qu'ils se douchent. L'enfant n'a pas le temps de fuir… Les morsures du chien atteignent les parties génitales de Cuéllar et l'estropient.

Pour quelques années encore, celui-ci continue de passer une enfance assez classique et semble-t-il plutôt heureuse si ce n'est qu'il écope du surnom plutôt vexant de « Petit-Zizi ». Hélas, l'âge passant le fossé semble se creuser peu à peu entre Cuéllar et le reste de ses pairs. A la fin de son adolescence son comportement change drastiquement, il devient taciturne, jaloux, querelleur, commet quelques folies et se met en marge du groupe. Happé par un profond mal-être vis-à-vis d'un handicap jugé honteux et par ses dépits amoureux, il débute une quête viriliste et adopte des comportements de plus en plus dangereux et autodestructeurs à l'âge adulte… Comme on peut s'y attendre, le dénouement n'est guère heureux.

Coté forme Mario Vargas Llosa adopte deux choix assez radicaux : le premier concerne l'écriture assez « expérimentale » qui alterne notamment la première et troisième personne du pluriel et mêle dialogue et narration pour un rendu très spontané et oral. Si cela peut désorienter un peu sur les toutes premières pages, le rendu est assez fluide et donne un aspect de discussion informelle au récit comme si c'était un vieil ami qui donnait des nouvelles de Cuéllar au lecteur à la terrasse d'un café. le second choix est celui d'une narration extérieure qui semble provenir d'un des amis d'enfance de Cuéllar alors même que le sujet du livre est intime. Cela amène renforce le caractère fluide de l'histoire et amène après coup à se poser des questions sur l'objectivité du récit (L'histoire donne le beau rôle au groupe de garçons entourant et soutenant Cuéllar quand ce dernier semble se mettre de son propre chef en marge. Mais le narrateur n'enjolive-t-il pas la situation afin de se dédouaner des souffrances et du destin tragique de Cuéllar ?). Cette forme de narration et le format court portent en eux les limites du récit et représentent le seul reproche que je ferais à cette lecture : on nous parle d'un drame intime tout en restant à la surface des choses, sans nous laisser entrer un instant dans la tête du héros. Cette « superficialité » est bien frustrante !

La lecture du livre interroge sur la notion de handicap, de déformation, de désavantage et de ce qu'ils engendrent. Pourquoi certains sont-ils pris au sérieux tandis que d'autres sont des sujets de plaisanteries (sinon de brimades) pour le commun des mortels ? Pourquoi se moque-t-on toujours de l'idiot, du laid ou ici de « l'émasculé » quand il est devenu impensable pour la majorité de railler le trisomique ou le manchot ?

Mais ce que le livre aborde avant tout ce sont les implications du regard extérieur pour l'homme (avec un petit h) qu'il soit celui de ses coreligionnaires ou de la gent féminine et interroge sur la construction de la masculinité (construction ici empêchée par cette incapacité tenue plus ou moins secrète dont on suppose qu'elle l'entrave sexuellement). On retrouve sans surprise les comportements déviants et dangereux et que je dois bien reconnaitre comme plutôt typiques du sexe masculin : accès de violence, alcoolisation à outrance, conduite automobile dangereuse etc. La quatrième de couverture évoque un mythe de la virilité et un contexte spécifiquement péruvien mais j'ai malheureusement l'impression que l'essentiel du récit aurait pu facilement se transposer en ce début de XXIème siècle sous nos latitudes.

Merci à Marie-Hélène (mh17) et à sa critique du mois de juin pour m'avoir fait connaitre ce petit livre qui me donne envie de découvrir davantage l'oeuvre de Mario Vargas Llosa. En dépit de la légère frustration évoquée plus haut, ce fut une lecture aisée, plaisante et intéressante.
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Ils sont copains, ils vivent à Lima, ils vont en cours ensemble au collège Champagnat.
Ils ont tous un surnom, il y a Lalo, Ouistiti, Marlou.
Jusqu'au jour où débarque un petit nouveau, Cuéllar.
Très vite il deviendra le premier de la classe, il intégrera la bande de copains, et même l'équipe de foot de l'école.
Oui mais voilà qu'un jour dans les douches après un entrainement Cuéllar qui était resté à la traine est violemment attaqué par le molosse qui garde l'école.
Il sera à jamais différent, et très vite son surnom sera Petit Zizi.
Plus les années passeront et plus le gouffre va se creuser entre Petit Zizi et les autres de la bande qui vont commencer leur vie d'homme, alors que lui ne pourra jamais la connaître.
Un très beau texte sur l'histoire d'un petit garçon qui n'en est plus tout à fait un et qui ne réussira pas à devenir un homme, dans un pays où la virilité est gage de réussite sociale.
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Je crois qu'on a tous connu un Cuéllar, ou que tout homme (mâle) a été cet enfant tour à tour fragile puis brillant, abîmé, accidenté, qui n'a cessé de faire des rebonds, ou des ricochets, à ras-d'eau, jamais loin de couler, entraîné par son élan, l'inertie de l'élan puis malgré tout le grand plouf. Inévitable. Enfin, la vie se termine toujours. Alors : quelle vie ?
L'écriture est sans beaucoup de respirations non plus, une narration comme vue de loin et en même temps si proche, avec une forme étrange presque théâtrale où le narrateur-écrivain note les prénoms, quelques "didascalies" au sein du dialogue, sans changer de lignes, tout en enfilade, rendant à la fois la lecture et l'intégration plus compliquée, et en même temps, peut-être, apporte ainsi un réalisme accru. A cru. Pour cette histoire crue, cruelle. Oui. J'y ai cru.

Je crois qu'on a tous connu un Cuéllar...
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La grande force de l'auteur est de rendre ces personnages tellement vivaces , turbulents et inoubliables.On a l'impression d'être présentement avec eux , prendre part , en tant que partie intégrante, à leurs pérégrinations , dans les moments de réjouissances , de déchéances ,de tribulations quotidiennes dans l'emprise du cursus scolaire, et en dehors . On a assisté, impuissamment à ce malheureux accident , au cours duquel Cueller , dans un laps de temps , a vu sa vie se transformer en cauchemar et se briser lamentablement , tel un ressac du grand Zizi , il ne subsistait que le petit zizi, signe de désolation et de répulsion :les affres du malheur s'abattaient dés-lors inexorablement sur lui , les attributs de sa virilité se sont vus tragiquement, en déclin , affaiblis , conjugués au passé , point de présent , quant au futur ,il se trouve dans une posture de morosité , cloîtré d'un linceul de brumes noirâtres qui ne sembleraien pas apprêté à se dissiper . On ne pouvait qu'être révolté par le triste sort , ému par le destin tragique de Cuellar .
Révolté par ce triste sort , petit zizi , ne voyait plus la vie en rose , s'acharne contre la société par un comportement truffé de vacuités, débordé de témérité, faisant fi de tous les périls et dangers éminents qui le guettent inlassablement , se trimballait dans sa volvo en se comportant comme virtuose, dilettante du volant et s'acclimate, de surcrît parfaitement avec les bandes maffieuses C'est tout un chamboulement qui est entrain de s'opérer et prendre l'ampleur d'une dégringolade accrue , son avenir est désormais menacé et se trouve de ce fait inexorablement au devant de la périclitation
Ce recit me rappelle étrangement les circonstances tragiques de la disparition de J .DEAN
Pure coincidence?
Je me suis délecté de la lecture de cet opuscule dont j'ai décelé une certaine originalité percutante : le genre de style indirect usité pour le dialogue prouve toute l'efficacité et la prouesse de l'écriture de Vargas Llosa.
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