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3,73

sur 197 notes
Parfait! Lu en 2 jours. C'est mon "premier" MVL et je suis sous le charme. Lu en español et, en passant, j'ai dû reprendre ma grammaire. le style semble si facile et fluide! le suivi des personnages dans ces chronologies "croisées" rend tout le récit vivant. Tout du long on peut entrevoir certaines fins tragiques.

Mon seul regret est que l'auteur n'ait pas abordé la fin tragique de Arbenz au Mexique (https://www.letemps.ch/monde/jacobo-arbenz-president-paria). Cela ressemble un peu au parcours malheureux du Shah d'Iran.

Les reconstructions des coups militaires, des "aides" américaines, le rôle des USA et .. la terrible conclusion sur l'interventionnisme américain dans toutes les Caraïbes, ayant finalement préparé le terrain à la vraie révolution, celle de Cuba, font état d'un monde qui a radicalement changé.  

L'histoire du Guatemala de l'époque est tragique car c'était le premier état avec des élections et un gouvernement légal, détruit par les USA. le reste allait suivre jusqu'au Venezuela d'aujourd'hui qui n'est plus que l'ombre de son histoire. Seule exception: le Costa Rica qui a miraculeusement traversé le temps en restant pacifique et démocratique, vraiment.
Actuellement l'intérêt des USA pour l'Amérique du Sud/Centrale est très relatif (les chinois se sont empressés de remplir le vide).

Ce livre nous permet de comprendre les événements des années 50 qui ont mené à la débâcle économique et démocratique actuelle. Tout est implacablement et logiquement résumé dans les 2 dernières pages.

Finalement, l'adage "vivons heureux, vivons cachés" devrait être complet et dire "cachés des USA"..

Aujourd'hui, l'Ukraine est le centre de l'attention mondiale .. il nous faudrait réfléchir quant à la sincérité des USA dans leur intervention acharnée.

bref, ce livre ouvre des perspectives de pensées et il est important de connaître ces événements.

Muchas gracias señor MVL
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Le dernier livre de Vargas Llosa apporte la preuve éclatante du talent intact du prix Nobel 2010, au travers du mélange de faits historiques et de fiction. Il met en scène le coup d'état à double détente au Guatemala dans les années 50, qui d'abord renversa le Président, régulièrement élu, au profit d'un pâle usurpateur, pour ensuite faire sortir de scène ce dernier.
Vargas Llosa ne se soucie pas de livrer un récit chronologique, ce qui peut dérouter au début de la lecture, mais constitue très vite un agrément, en apportant un élément de variété dans la construction littéraire.
Les Etats Unis d'Eisenhower et la CIA s'étaient déjà fait la main en 1953 en Iran avec le coup d'état chassant du pouvoir le premier ministre Mossadegh qui souhaitait renégocier les accords pétroliers avec la Compagnie Anglo-Persian et menaçait de nationaliser l'exploitation pétrolière.
Au Guatemala, ce n'est pas le pétrole qui inspire le coup d'état, mais la banane, dont le quasi monopole est détenu par la très puissante compagnie étatsunienne United Fruit.
Elle jouit dans le pays d'un régime d'exemption fiscale que menace, bien modestement, le Président Jacobo Arbenz, par souci de justice fiscale et volonté de sortir son pays de l'extrême pauvreté, souhaitant l'avènement d'une société donnant à chacun, sur le modèle étatsunien, la possibilité d'avoir une vie décente, et de s'enrichir, contribuant ainsi à la prospérité générale.
Taxation (fût-elle modique) et réforme agraire (même sans spoliation), c'est beaucoup pour United Fruit.
Son dirigeant, Sam Zemurray ("Sam the banana man") dispose d'un atout extraordinaire en la personne de son conseiller en publicité et relations publiques Edward L. Bernays, dont l'action dans l'affaire sera déterminante.
Les USA sont par lui rapidement convaincus grâce à une campagne d'intox (les "fake news", bien connues dès avant internet!) que Jacobo Arbenz est le patient zéro d'une pandémie communiste qui gagnera tous les pays d'Amérique Centrale et menacera directement la "plus grande démocratie du monde".
L'intrigue est magistralement et rapidement mise en scène par l'entente parfaite de Zemurray et Bernays, depuis les USA, et se transpose tantôt au Guatemala, tantôt en République Dominicaine, dont le Généralissime Trujillo a été partie prenante du coup d'état initial, mais surtout du remplacement du dictateur fantoche.
On a un plaisir rare à évoluer dans le foisonnement de personnages, dont aucun n'est exempt de reproches, mais qui tous sont traités de manière à acquérir une réelle consistance. Entre Arbenz, démocrate sincère tiraillé par son penchant alcoolique, Johnny Abbes García, félon archétypal, amateur gourmet de consommation orale de sexes féminins, Miss Guatemala, anti-héroïne retorse et John Emil Peurifoy, ambassadeur de choc anti-communiste fanatique, impossible de s'ennuyer une minute.
Au demeurant, l'histoire qui a suivi montre abondamment l'actualité de "Temps sauvages". La Baie des Cochons à Cuba, l'opération Condor en Amérique Latine, le coup d'état contre Pinochet au Chili, l'aide aux Contras au Nicaragua, l'invasion de l'Irak au prétexte de la défense contre des prétendues "armes de destruction massive": autant d'évènements, chaque fois synonymes de milliers de morts et d'une grande misère, qui peuvent amener une réflexion sérieuse sur la réalité de la démocratie que les USA et leurs alliés entendent apporter au monde "non civilisé". du coup, la réussite de la campagne d'intoxication d'Edward Bernays permettra de s'interroger sur la sincérité du propos de Jacques Séguéla, dans les années 80, qui vantait le caractère "informatif" de la publicité. Plaisir du roman, intérêt historique et réflexion géopolitique et sociétale réunis: une parfaite réussite que "Temps sauvages".



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Le coup d'état militaire - fomenté par les États-Unis - qui renverse le président régulièrement élu du Guatemala, en juin 1954 fournit le cadre du roman. Mario Vargas Llosa tourne autour de l'événement de manière gourmande et minutieuse, en s'intéressant successivement aux protagonistes de cet épisode violent : le colonel Castillo Armas si désireux d'être désigné par la CIA pour prendre le pouvoir ; les hommes de main, responsables de la sécurité des dictateurs ; la mystérieuse Martita, miss Guatemala, etc. Il faut prendre le temps, au cours des premiers chapitres, de se familiariser avec les acteurs de cette histoire pour apprécier la savante construction de l'ouvrage que la 4e de couverture qualifie de "fresque épique". A l'issue de cette lecture jouissante, on s'interroge sur la part de l'histoire dans la construction du roman. Pas de doutes sur le rôle majeur des États-Unis et l'influence de l'United Fruit (l'A. a disposé d'archives américaines), mais qui a ensuite assassiné le colonel Castillo Armas en 1957, et quel a été le rôle de Martita, miss Guatemala ? le dernier chapitre qui est consacré à une rencontre avec cette séductrice est un enchantement. Au delà du plaisir littéraire, ce livre conduit à un questionnement sur les conséquences désastreuses de cette intervention sur l'évolution de Amérique latine et donc sur les erreurs stratégiques des E.-U. Enfin, à l'issue de ma lecture, j'ai pris connaissance des réflexions de l'un des traducteurs - Albert Bensoussan - dans un court texte "Mario Vargas Llosa au doigt et à l'oeil" publié sur le site La République des Livres (https://larepubliquedeslivres.com/mario-vargas-llosa-au-doigt-et-a-loeil/). Je vous le recommande.
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Encore un thriller politico historique comme notre nouvel académicien en a le secret. Il nous replonge dans la tourmente des années 50 au Guatemala, la fameuse « république bananière », terrain de jeu des putschistes, une grande famille latino-américaine. Les Trujillos, Somosa et autres figures emblématiques de la dictature en Amérique centrale, petits protégés de Washington et de son bras armé la CIA, prennent vie au fil des pages. L'impérialisme américain n'est pas un concept abstrait, une invention chimérique des marxistes mais bien une réalité tangible. Si la révolution s'éteint, il faut lui redonner vie, mettre de l'huile sur les braises pour que le chaos social protège les intérêts supérieurs tel un écran de fumée.
Les américains s'y attèlent, Cuba est encore aux mains de Batista, pour peu de temps mais les bolivariens ont bien l'intention de dominer sur l'échiquier politique latino-américain. Les yankees doivent de leur côté, rester les chefs d'orchestre de cette symphonie de l'inéluctable. Ils sont déjà intervenus dans les parages avant le premier conflit mondial, commencement de l'hégémonie américaine dans le monde. Un certain reporter de guerre du nom de Jack London avait été envoyé pour témoigner d'une intervention américaine au Mexique. Rien de nouveau sous le ciel des Caraïbes…
Ce roman historique quant à lui, semble avoir été écrit à marche forcée et fait l'objet de redites assez fréquentes. Modeste apport dans cette montée des marches d'une académie française très controversée…
Ce jugement de ma part assez tranché laisse place à plus d'indulgence quand je me rapproche de la fin. L'ouvrage prend l'allure d'un reportage et met l'accent sur les recherches de l'auteur et sa volonté de s'imprégner d'un pays qui n'a pas trop changé. Beaucoup de mérite pour un octogénaire…
A lire également : Les guérilleros de Jean LARTEGUY (1967) Editions Raoul Solar

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Temps sauvage relate le basculement du Guatemala de la social-démocratie dans des dictatures sauvages promues et pilotées par les États-Unis ou plus exactement par la CIA. Llosa fait vivre les différents acteurs de ce drame, aussi bien les gouvernants que leurs maitresses que les opposants, libéraux, tortionnaires, dictateurs, etc, dans un récit qui n'est pas chronologique, mais s'autorise des allers et retours éclairant le vécu des différents acteurs du drame. Cela finit mal, très mal au Guatemala comme dans toute l'Amérique centrale et les Caraïbes, mais curieusement à la fin du livre l'auteur laisse glisser des allusions sur les dérives néfastes des régimes et des personnes qui choisissent de se raccrocher à l'union soviétique ou à la lutte armée, brouillant un message qu'on pensait évident. le récit est captivant et on aimerait qu'il en dise plus sur d'autres acteurs essentiels mais à peine évoqués comme par exemple les dirigeants d'United Fruit. Un bon livre mais on imagine ce que Don Winslow aurait fait d'un tel sujet, il est vrai que ce dernier n'est pas prix Nobel.
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Si l'histoire du commerce de fruits en Amérique centrale vous passionne, vous allez adorer. On y retrouve nombres de personnages historiques, de dates, de lieux. Bref, bien que considéré comme un roman,primé de surcroît , on a bien d'avantage l'impression de suivre un cours universitaire sur le sujet. J'ai trouvé le tout suffisamment indigeste pour ne pas terminer la lecture de ce bouquin.
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Dans la lignée de la fête au Bouc, ce livre de Vargos Llosa nous emmène sur les terres du Guatemala. Pays qui se voit succéder des dirigeants et des événements violents. Aussi, l'aide que veut apporter les États-Unis va toujours dans son intérêt. L'auteur décrit avec minutie les différents coups d'état ainsi que les relations entre les personnes clés de ce bouillonnement historique des années 50.
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Ce livre retrace le coup d'état militaire organisé en 1954 par les États-Unis au Guatemala et l'implication en sous main de la compagnie United Fruit. L'auteur explique les dessous de ce coup d'Etat au travers du destin des protagonistes impliqués, le président en fonction Jacobo Arbenz, Carlos Castillo Armas qui a mené ce coup d'Etat, sa maîtresse Miss Guatemala, son chef de la sécurité Enrique Trinidad Oliva et Abbes Garcia un mercenaire au service du dirigeant Domician Trujilo Il commence par un préambule sur l'histoire de l'United Fruit.
Bien documenté, il permet de comprendre cette histoire. Les chapitres se concentrent alternativement sur les divers protagonistes, avec un récit commençant avant le coup d'état et couvrant aussi les années qui ont suivi. le livre finit avec la rencontre entre l'auteur et Miss Guatemala un personnage ambigu et mystérieux, qui finalement reste opaque.
J'ai eu quelques difficultés à suivre, parfois le récit manque de souffle, cela reste très documentaire, contrairement à d'autres livres de Vargas Llosa plus épiques. Il n'y a pas de héros dans ce récit juste des faits, des actes, des personnages broyés par la logique implacable des relations internationales, de la domination économique et aussi des opportunistes, des tortionnaires.
Il adopte à la fois un ton factuel et démonstratif. L'objectif de l'auteur est de démontrer les implications de ce coup d'état sur l'Amérique latine pendant des décennies, d'où un côté didactique parfois gênant pour la lecture. le livre se termine sur ce constat : «  Tout compte fait l'intervention américaine au Guatémala a retardé la démocratisation du continent pour des dizaines d'années et a provoqué des milliers de morts ».
J'ai trouvé quand même ce récit historique passionnant malgré ces réserves.
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Roman qui nous permet de nous plonger dans l'histoire sombre des dictatures sud américaines, des intérêts économiques alliés à la puissance américaine qui déséquilibrent les faibles espoirs de démocratie. Avec des personnages hauts en couleur que je pourrais presque avoir envie d'aimer alors que ce sont des êtres assez amoraux et impitoyables . Donc à lire absolument pour l'écriture et l'histoire avec un petit et grand H .
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